Plus de vingt ans d’activité, des textes essentiellement français, un son dur et hargneux : Mass Hysteria est devenu la référence en matière de metal français depuis les années 90. Nous nous sommes entretenus avec Mouss, le chanteur du groupe, juste après leur passage au Download Festival le 10 juin dernier.
Salut Mouss ! On vient de vous voir sur scène, c’était dingue et on s’en remet encore ! Vous l’avez vécu comment de votre côté ?
On n’a pas fait beaucoup de festivals depuis le début de l’année et le Download est le premier gros festoche qu’on fait. On démarre à peine et aujourd’hui on avait un peu la pression avant de monter sur scène. Dans les gros festivals de metal, le public est composé essentiellement de metalleux et il est donc assez exigeant en la matière. Mais on est conscient de ce qu’on peut faire. J’ai commencé à réaliser qu’il se passait quelque chose à partir du troisième morceau, quand j’étais essoufflé et déjà en nage et que j’ai pensé qu’il fallait que je me calme un peu. Avec les gars, on s’était dit que s’il n’y avait que la fosse de remplie on serait déjà super contents, et quand j’ai vu la foule immense qui s’étendait devant nous j’étais ravi. Et donc à partir du troisième morceau je me suis dit « c’est bon, c’est là que ça commence » On a vécu un super moment avec le groupe. Et pour une première édition on a vu un public réactif en plus de notre fanbase à nous et c’était assez inattendu.
C’est souvent aussi animé les concerts de Mass Hysteria ? Y’a toujours des bravehearts et des pogos ?
Faut dire qu’aujourd’hui c’était la fête aux bravehearts. Normalement on en a toujours un petit, souvent pendant le morceau « Plus que du metal », mais là c’était systématique. On a rien eu besoin de dire. On les encourage souvent un peu mais aujourd’hui ils se sont donnés tout seuls jusqu’à la fin, c’était assez chaud.
Vous avez joué deux fois au Hellfest. Tu vois une différence notable entre le Download et le Hellfest ?
Je ne vais pas faire de comparaison entre les deux, malgré la petite guéguerre qui commence entre les pro-Hellfest et ceux qui défendent le Download. C’est la première édition de ce dernier donc évidemment c’est moins cher, y’a moins de groupes et c’est presque intimiste au final. Le Hellfest, lui, est une institution qui s’est construite avec les années, avec la volonté, le cœur, le bénévolat. Aujourd’hui les gens adhèrent à cet état d’esprit du Hellfest. Mais je suis très agréablement surpris par cette première édition du Download. Le boulot qui a été fait pour monter toute la structure et le matos est proprement hallucinant. Y’avait un challenge à relever et ils l’ont relevé en à peine quinze jours alors que mettre en place un festival, ça prend souvent trois semaines. Je m’attendais à quelque chose de moins abouti, moins classe que ça, plus roots. Et finalement y’a presque aucune fausse note, c’est cool.
Vous avez fait beaucoup de festivals à l’étranger ?
Pas tant que ça. On a beaucoup tourné au Québec et on a fait un festival en Irlande il y a de ça quinze ans. On a fait le Sziget une fois aussi et c’était vraiment mortel, j’ai adoré.
Parmi les têtes d’affiche du Download, y’a-t-il un groupe que tu aimerais voir en particulier ?
Je suis un fan absolu de Jane’s Addiction donc mon cœur irait directement les voir. Korn on les connaît un peu, on a joué avec eux quelques fois et on adore ce qu’ils font. Après y’a Anthrax que je trouvais pas ouf depuis une dizaine d’années avant de les voir en première partie de Slayer au Zénith. Je ne les écouterais pas chez moi, mais sur scène c’était mortel, c’était rock’n’roll à bloc et le chanteur haranguait la foule alors qu’il y a dix ans c’était long et chiant. Y’a Deftones, qui sont passés hier, mais il paraît que le son était dégueu. Il y a trop de groupes que j’aurais envie de voir en fait : Lofofora, Saxon, Gojira, Rammstein… J’ai jamais vu Rammstein en live et c’est un truc à faire au moins une fois dans sa vie. Mais Iron Maiden je serais moins excité par exemple, ce n’est pas un groupe que j’ai beaucoup écouté et il ne m’a pas franchement marqué.
Et ton line-up parfait à toi ce serait quoi ?
En super tête d’affiche je mettrais Paul McCartney parce que je ne l’ai jamais vu et que je suis fan des Beatles. Ensuite je demanderais au groupe Police de se reformer. Je les avais vus une fois et j’en avais presque pleuré, c’est l’un des meilleurs groupes du monde pour moi. Je mettrais Björk aussi, et Rammstein parce qu’il paraît que c’est une vraie claque. Je prendrais Bad Brains, c’est un groupe de reggae et de hardcore composé de quatre blacks avec des dreads jusqu’au cul. Ils avaient commencé à faire entendre parler d’eux juste après la période punk des années 70 et avaient encore toute la hargne de cette époque. Ils alliaient punk et reggae, c’était assez dingue. Ils ont un morceau qui s’appelle « Attitude » qui est à l’origine de ma philosophie de vie et de mon positivisme.
Lors de votre passage sur scène vous avez rendu beaucoup d’hommages. C’est quelque chose que tu fais souvent ?
Il faut toujours remercier les personnes qui étaient là avant nous, il faut se rappeler d’eux. On a perdu des amis en novembre dernier, d’autres s’en sont sortis. On ne les a pas mentionnés au micro parce que c’est encore trop frais et trop dur, mais il faut se rappeler, ça me semblait être une chose à faire. J’avais fait un morceau qui parlait du fanatisme avant qu’il y ait des attentats et ce morceau prend aujourd’hui tout son sens (« L’Enfer des Dieux » ndlr). J’ai hésité à le rejouer sur scène pendant un temps parce qu’il sonnait beaucoup trop vrai et ça faisait presque peur. J’aurais préféré que ce morceau reste ce qu’il est au lieu de devenir une réalité. Le 13 novembre, quand on a appris ce qu’il se passait au Bataclan, on était paniqués. On avait des potes là-bas et si on n’avait pas dû faire un concert le soir-même, on aurait pu y être parce qu’on aime beaucoup Eagles of Death Metal. Aujourd’hui encore ça semble assez surréaliste tout ce qu’il s’est passé. Donc oui, les hommages me semblaient de mise. Après il y a une frontière assez fine entre en faire trop et dénigrer ou oublier. Mais comme on s’est sentis personnellement concernés, on a préféré se souvenir.
En tout cas nous on n’a pas trouvé que c’était trop et on a passé un super concert. On a l’impression que les groupes français se débrouillent pas mal en ce moment.
C’est marrant que vous disiez ça parce qu’on a passé un pari avec Yann, notre guitariste. Il nous a dit « Vous allez voir les gars, je suis sûr que les trois groupes qui feront le plus sensation au Download seront Gojira, Mass Hysteria et Lofofora » et ce serait incroyable si c’était le cas, que des Français se réapproprient un festival qui est anglais à la base. Mais c’est cool de voir une aussi grande diversité dans les groupes ce week-end.
Tu as un dernier mot à ajouter ?
Allez voir des festivals, de bons festivals. Sortez de chez vous, éteignez vos écrans et allez voir des concerts. Et restez positifs à bloc.
Propos recueillis par Antonia Louveau