On était à
Download Festival France, ambiance pogos sur la base aérienne

Retour en terre de Plessis-Pâté cette année pour un long weekend de headbanging et de coups de soleil à souhait. A peine remis de nos courbatures et d'une longue gueule de bois, on vous raconte nos 4 jours au Download Festival France. 

Jour 1. Vendredi 15 juin. 15h12, échauffement vocal

Le weekend est là, le soleil est radieux, et on a pu s'arracher du boulot plus tôt que prévu. L'algorithme parfait pour que tout tabasse bien comme il faut pendant 4 jours. Après le doux périple du RER parisien pour nous rendre à Brétigny-sur-Orge, nous embarquons à bord de la navette spéciale Download où nos compères tout de noir vêtus, et tout de gras chevelus, entament déjà les premiers screams du festival. Petite déception à l'arrivée, le point de chute de la navette n'a pas bougé depuis l'année dernière et c'est encore 20 minutes de marche qu'il va falloir faire deux fois par jour pour accéder au festival et en repartir. Une fois sur la Sainte Terre du metal, c'est le groupe allemand de power metal Powerwolf qui nous accueille sur la grande scène (photo). Ce n'est habituellement pas notre tasse de thé mais aujourd'hui on cède à cette messe du kitsch en cuir qui fait office d'échauffement parfait. 

18h55, les pirates échoués

Pas une seconde de répit en ce début de festival, à la fin du concert on n'aura que quelques pas à faire vers la gauche pour nous retrouver devant la Main Stage 2 et profiter du joyeux bordel norvégien nommé Alestorm (photo) et leur immense canard gonflable. Malheureusement, cette année encore, on a l'impression que le son de la scène a été réglé avec les pieds et on entend parfois à peine la voix du chanteur (qui pourtant n'est pas le dernier à beugler en général) ou le synthé. Le public est lui aussi un peu mitigé, à peine quelques tentatives timides de wall of death et puis s'en va. Deux blogueuses Instagram s'offusquent derrière nous car les gens pogotent... Hé, les meufs, We Love Green c'était y'a deux semaines, hein ? 

19h40, instant émotions

Il est l'heure de la première bière du weekend... mais aussi de la première sieste posés tranquillement dans la brousse derrière les grandes scènes, bercés par la 'douce mélodie' d'Opeth dont les basses font trembler la terre sous nos arrière-trains. Bon et du coup on se fait avoir, on pionce comme des ours et on est complètement à la bourre pour le concert d'Underoath sous le chapiteau du Warbird Stage (photo). Bien qu'on n'en profite que les 15 dernières minutes, le groupe, mochement séparé il y a quelques années, a amplement le temps de nous communiquer une grande émotion et un attachement fort à son public dont il puise l'énergie pour revenir encore plus fort. On lacherait presque une larmichette mais vous savez, avec tout ce headbanging, c'est pas évident. 

20h45, de loin, c'est tout aussi bien

"France, are you with us ?". Décidément pas vraiment, Ghost (photo). Après une belle déception au Hellfest il y a deux ans, on a voulu donner une seconde chance au groupe suédois mais encore une fois on a du mal à rentrer dans la sauce. Heureusement, leurs fidèles fans, eux, répondent à l'appel et on peut pour notre part chômer tranquillement au fond, en buvant de la Lagunitas IPA de la Beer Factory, le stand aux bonnes bières du festival, miraculeusement désert pendant les concerts des têtes d'affiche. Pendant ce temps-là, nos copains parisiens qui travaillaient jusqu'à 19h se retrouvent bloqués sur le RER C suite à une panne de signalisation et exténués... Il n'arriveront jamais à bon port. C'est dommage quand on se dit que de vrais efforts sont faits pour permettre un trajet plus que fluide de Paris à Brétigny, des trains supplémentaires le soir et un achat de billets facilité par les agents SNCF.... 

21h52, le phénix Ozzy

Alors qu'on croyait sa carrière définitivement enterrée suite à sa perf plus que médiocre lors de la tournée d'adieu de Black Sabbath, c'est un homme nouveau qui monte sur scène au Download cette année. Ozzy Osbourne n'a pas peur de ses 69 ans, il casse la baraque avec un Bark At The Moon dès l'entrée du jeu, il joue avec le public, il court à droite et à gauche, il se marre... et le public n'a pas fini de scander des Ozzy ! Ozzy ! Ozzy ! Il est accompagné d'une fantastique bande de musiciens qui nous offrent des solos de guitare faits derrière la tête, avec les dents, au milieu du public... l'extase est totale, nos cordes vocales brisées.  

Jour 2. Vendredi 16 juin. 14h30, le metal est nippon

On arrive tôt pour pouvoir bien profiter du Food Market. L'avantage du Download c'est qu'il y a une spectaculaire offre gastronomique et que presque tous les stands proposent des options végétariennes et vegan, pour nous autres, bouffeurs de graines. On optera pour un mafé et un pad thai vegan à 9€, au soleil, sur une des nombreuses tables collectives de l'espace bouffe. Du coup c'est le ventre bien plein qu'on attaque les pogos de la journée sur la grande scène avec Crossfaith (photo), le groupe tout droit venu du Japon. Ambiance explosive, walls of death de post-déjeuner et un groupe hyper sympathique qui est vraisemblablement ému d'avoir touché le public français. Ni de un, ni de deux, on les sauvegarde bien au chaud dans notre playlist Spotify. 

17h25, une dose de strass et paillettes

Un petit passage par la Cidrerie du site, petite pinte de cidre brut artisanal en main, on va faire un tour aux stands de merch du festival craquer un ou deux PEL dans des t-shirts Alestorm, Offspring et NOFX à 25€. Le t-shirt officiel du festival reste trop cher pour notre bourse (30€) pour un design relativement sans intérêt. Dommage. Du côté de la grande scène, c'est la fête foraine de punks en short avec Turbonegro (photo), qui mettent une sacrée ambiance dans le public : slams, pogos, sourires... le cocktail est efficace.
Après une brève pause pour reprendre nos esprits, on enchaîne avec les californiens Hollywood Undead qu'on découvre en live pour la première fois. Bien que l'ambiance soit de type "NRJ 12 du metal", l'ensemble du groupe participe au micro et c'est une énergie survoltée et pleine de fraîcheur qu'ils arrivent à communiquer au public. Le show est évidemment emprunt d'une bonne touche américaine bling-bling entre masques, palmiers, feux d'artifices et effets de lumière, mais le groupe restera très abordable tout le long de la performance. 

19h20, le punk-rock survit encore, malgré ses rides

En 2018, la programmation du Download est encore à la nostalgie. Après Blink 182 l'année dernière, le dernier cru nous propose les bons vieux copains crasseux de NOFX (photo), avec un Fat Mike en petite robe et collier à perles et leur fameuse scéno composée d'un vieux carton peint dans le tourbus avec 4 bières et 3 crayolas. Ils sont toujours complètement à l'arrache, et bien qu'on ne s'attendait pas à ce qu'ils aient radicalement changé du jour au lendemain, on aurait aimé qu'ils travaillent davantage leur set pour éviter les interminables blagues et private jokes balancées depuis la scène qui s'éternisent, et une setlist inchangée depuis 2 ans. Et comme si on ne se sentait pas assez vieux comme ça, ça enchaîne juste à côté avec les mythiques The Offspring. Malheureusement, la voix ne suit pas, la guitare peine, le tout est un peu mou, mais finalement on ne leur en tient pas rigueur. Ils jettent des fleurs au public français, qui le leur rend en chantant tous leurs tubes à pleins poumons. Après tout, on a le droit de se remémorer nos années collège sans pour autant sombrer dans la critique musicale pédante, non ? 

22h15, glam rock is bel et bien dead en revanche...
 

C'est un peu déssechés qu'on sort de la foule et qu'on se lance à la recherche des points d'eau qui avaient tant manqué l'année dernière. On est un peu surpris de n'en trouver qu'un, sponsorisé par Eaux de l'Essonne et qu'aucun des membres du staff ne connait. Heureusement qu'il fait moins chaud qu'en 2017 sinon rebonjour le fiasco... En revanche, un grand effort a été fait sur le nombre de toilettes dispos sur le site. Durant les 4 jours on n'aura fait que très peu de queue et le PQ coule à flots. Soulagement. Le dernier concert de ce samedi est assuré par le bon vieux Marilyn Manson, qui débarque sur scène avec une tenue en soie ressemblant fortement à un pyjama. Il est un peu cassé Marilyn, même si sa voix est toujours aussi envoûtante. On a parfois l'impression d'être face à quelqu'un qui s'est échappé d'un Ehpad et qui a oublié où est-ce qu'il allait. On se pose au fond de la fosse, pour regarder un bout du spectacle de loin avant de capituler et céder à la tentation du RER direct pour Paris. 

Jour 3. Dimanche 17 juin. 18h30, l'apéro à l'heure anglaise

Force est de constater, il y a beaucoup moins de monde au Download cette année, ce qui n'est pas pour nous déplaire. On n'a aucun mal à se frayer un chemin sur les immenses pelouses, aucune attente du côté des foodtrucks, on croise sans cesse des copains devant les scènes ou... au bar à vin, comme de par hasard. Le Download a pensé aux goûts de chacun, l'offre de bières est énorme pour un festival : blanche, IPA, chère, moins chère... mais aussi vin, cidre et même thé à la menthe. Bien désaltérés (ou pas), on regardera les bêtes de scène Royal Republic de loin, conquérir tous les coeurs fragiles du public avant de s'engouffrer sous le petit chapiteau au bout du site pour les retrouvailles avec Slaves (photo). Le chapiteau grouille de britanniques bien éméchés, la batterie fracasse, les slams fusent, la poussière se lève... le duo est moins à l'arrache que la dernière fois qu'on les a croisés à Rock en Seine mais ils ne perdent rien de leur explosivité et, disons-le nous, leur étrange sex appeal. 

19h20, objectif summer body

On se sent entrainés comme par magie vers le stand de Grilled Cheese à la française (photo) pour reprendre un peu de forces. Mais comme une belle bouée au bord de la piscine cet été, ça se mérite, il nous faudra 40 minutes pour obtenir le Saint Graal fumant. Les victuailles ressemblent fort à une raclette d'été et on suinte par tous les pores, mais heureux nous sommes. On loupe donc le début du concert de The Hives et on se retrouve sur le côté, dans un fossé, à ne rien voir. C'est con, leurs costumes avaient l'air sympa. Le concert, lui, est un peu plus inégal entre les gros tubes qui nous font danser comme dépossédés de nos moyens et les très longs moments de blabla de Pelle Almqvist qui finit par bien nous gonfler. 

21h05, tout le monde aime Dave

En nous promenant sur le site on voit de loin que Mass Hysteria, que nous avions décidé de bouder, avaient ramené du sacré monde sur scène : cheerleaders, danseuses brésiliennes, horde de percussionistes... et une folle scénographie. Même si on n'apprécie pas forcément le genre, la show est, lui, cuisiné aux petits oignons. Par contre, quid de l'engagement écolo du groupe avec tous ces ballons et ces cotillons balancés dans la nature ? Bière fraiche à la main, on se dit qu'on va être plus malins que les autres et aller se placer devant la grande scène avant le grand concert de la soirée. On aurait surement pu se douter qu'on n'était pas les seuls fans des Foo Fighters dotés de neurones, et on se retrouve malgré l'anticipation contraints à camper sur le côté de la fosse, devant l'épaisse foule déjà installée. Ca nous empêche pas pour autant d'apprécier un groupe sympathique, abordable, motivé, même si pas toujours très juste. Le summum est atteint lorsque Dave Grohl s'empare de la batterie et laisse Taylor Hawkins au chant, accompagné du chanteur des Struts pour une superbe reprise de Queen. Si quelqu'un croise Taylor un de ces quatre, n'hésitez pas à lui dire qu'on est disponibles pour porter ses enfants. Merci. 

Jour 4. Lundi 18 juin. 19h25, Hey hey, my my, Guns n' Roses will never die.

Le quatrième jour, ajouté cette année par le festival, est un peu un petit bonus à part, comme un piquant after pour les surexcités qui tiennent encore la route. Etant donné qu'il s'agit d'un lundi, nous ne nous déplaçons que pour le dernier concert de la journée, loupant ainsi Jonathan Davis ou encore Volbeat, mais pas des moindres : Guns N' Roses. Le public est bien plus âgé en ce dernier jour, mais le dress-code est scrupuleusement respecté: aujourd'hui à Brétigny, t-shirt vintage des Guns du porteras. Les légendes du hard rock se font bien entendu attendre, comme à leur habitude, mais livrent un show sans faille et blindé de flammes et de feux d'artifices.On ne peut pas vraiment dire qu'ils soient en communion avec le public en revanche, et Axl Rose et Slash se croisent à peine sur scène, mais ça fait l'affaire. Pour un lundi soir, y'a pire comme programme. 

Le bilan

Côté concerts

La claque

Slaves, le fantastique bordel de rosebeef

L'éternel

Ozzy, engloutir des têtes de chauve-souris rendrait-il immortel ? 

Le mec relou qui mobilise la parole

The Hives, joue plus, braille moins

La découverte

Crossfaith, un groupe aussi hard que cute qu'on espère recroiser très vite

Côté festival

On a aimé :
- Beaucoup d'espace cette année, une herbe on ne peut plus verte et très peu d'attente pour les pits techniques.
- Un choix de consos très complet. Tout un chacun peut être bourré au Download !
- Tout est prévu pour que la grève SNCF n'empiète pas sur le bon déroulé des trajets.

On a moins aimé :
- La consigne de 1€70, et la déconsigne qui ferme à 22h30. Toujours plus.
- Les gourdes interdites sur le site... remarquez vu le manque cruel de points d'eau, s'en serait-on vraiment servis ?
- La marche très longue depuis la navette alors que les parkings eux sont à côté du site
- Le son parfois très mal réglé sur les grandes scènes.
- Pas beaucoup de groupes à découvrir malgré tout, la prog mise beaucoup sur les têtes d'affiche. 

Infos Pratiques

Prix de la bière
7€ la pinte de Heinken, 8€ la pinte de bière artisanale

Prix de la nourriture
Grande barquette frites 5€, Grilled Cheese 12€, Pad Thaï 10€ ...

Prix du pass
240€ les 4 jours

Transports
30min en RER C depuis Paris, compter 14€ le billet aller-retour

Conclusion

Le Download s'est rapidement fait une place de festival de rock incontournable, grâce à une programmation qui mise gros sur les groupes légendaires et les exclusivités. Bien que le festival manque encore un peu de personalité comparé à ses collègues du même style, il mise cette année davantage sur le confort des festivaliers et a su adapter un site en friche en petit paradis du metal-head. Nous espérons que les choses resteront ainsi pour les nombreuses éditions à venir qu'on lui souhaite. 

Récit et photos : Anja Dimitrijevic