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Vandal : “Je ne jouerai jamais dans un festival commercial"

Vandal, c'est la tranquilité du reggae mêlée à la puissance de la hardtek, autant dire que cet homme a de la ressource et de la bonne humeur à revendre. On l'a croisé autour d'une bière au Cabaret Vert où il nous a raconté sa vie peu commune.

Tous les Festivals : Comment ton histoire d'amour avec la Reggae-tek s’est-elle déclarée ?

Vandal : J'ai commencé à faire des free party quand j'avais 15-16 ans. Ça m'a introduit à la musique électronique, notamment à Bristol où il y avait beaucoup de jungle et de drum'n bass. Et après ça j'ai été à mon premier tecknival en France quand j'avais 17 ans, et j'ai entendu de la frenchcore hardtek pour la première fois et là ça a été le déclic. La puissance et ce côté underground ça m'a vraiment plu. Après ça j'ai commencé à mixer les mélodies du reggae avec la puissance de la hardtek et j'ai jamais arrêté.

Donc la France n'y est pas pour rien dans ton style musical ?

Oui c'était vraiment une grosse découverte pour moi, vous devriez être fiers (rires)

Tu as commencé en free party et maintenant te voilà dans des salles ou festivals devant des milliers de personnes. Comment le vis-tu ?

Ouais j'aurais jamais pu rêver mieux dans ma vie, ça fait tellement du bien. Pour être honnête, je reste toujours super humble. Peut-être que dans quelques années je me dirais que c'était quand même fou ce que j'ai vécu. Mais là, je prend les choses comme elles viennent. Je vois pleins de djs, plein de gens connus et j'essaye juste d'être un gars normal qui fait ce qu'il aime.

Est-ce que tu changes un peu ton set quand tu vas en festival comparé aux free parties ?

Vandal : Aujourd'hui je peux faire un set entier avec ma propre musique, alors qu'avant je devais prendre des sons d'autres djs car mon répertoire n’était pas assez conséquent. Je fais tout de moi-même maintenant et ça fait vraiment plaisir ! Je me rappelle du jour où mon tout premier vinyle à été pressé, c'était il y à 7 ans, ça a été un grand moment dans ma vie.

Est-ce que les choses ont beaucoup changé depuis ?

Vandal : Oui et non, je vis toujours dans la même maison, j'ai toujours la même femme, j'ai toujours mon job en Angleterre aussi. La musique c'est pas mon boulot principal ! (rires) A vrai dire je ne m'arrête jamais, la semaine je travaille et le week-end je vais faire des concerts. C'est une superbe opportunité pour moi, de pouvoir jouer ma musique partout dans le monde. Le rêve est devenu réalité, on verra combien de temps ça va durer. Si les gens continuent à aimer ma musique, cool, s'ils arrêtent, je continuerai à faire de la musique pour moi et je serais toujours heureux ! (rires)

Tu tournes depuis quelques mois maintenant, non ?

Mon premier show en dehors de l'Angleterre, c'était il y a 7 ans en Autriche. Ensuite j'ai commencé à faire de plus en plus de concert surtout depuis les trois dernières années. J'ai fais 67 concerts l'année dernière !

On a vu que t'as été à Dour, c'était comment ?

Incroyable ! C'était vraiment une super ambiance. Je ne savais pas trop comment le public allait réagir et ça s'est super bien passé. Cette année j'ai fais des bons festivals quand même, quelques un en France, genre Garorock ou Emmaus Lescar Pau. C'était des grosses opportunités pour moi.

Alors qu'est-ce que tu penses des festivals français ?

Quasiment les meilleurs du monde, en tout cas les meilleurs d'Europe ça c'est sur. Et je dis pas ça parce que vous êtes français. Je dis ça parce que c'est vrai, la musique est beaucoup plus diverse qu'en Angleterre. Chez nous, il n’y a que des gros festivals commerciaux qu'avec de la musique super commerciale. Jamais de la vie je ne jouerai dans ce genre de festivals ! (rires) La France c'est une grande opportunité pour moi, vous êtes beaucoup plus ouvert à tout les genres de musique.

C'est marrant de voir à quel point tu fais des gros festivals en Europe et pas tant que ça en Angleterre !

J'ai joué la semaine dernière en Angleterre, mais c'était pas une grande scène comme ici. Je joue pas beaucoup en Angleterre à vrai dire, la scène rave underground est beaucoup plus axée sur la drum'n bass et la dubstep, donc ma musique ne va pas forcément avec ce genre de soirées.

Quel est ton meilleur souvenir pendant ta tournée ?

Dure question. J'ai eu tellement de bons souvenirs pendant les 5 dernières années que c'est dur d'en trouver un... ah si ! En Italie, j'étais complètement bourré et j'ai perdu mes chaussures ! (rires)

Qu'est-ce que t'aimes le plus dans les festivals ?

Être en extérieur, rencontrer des gens, avoir la possibilité de montrer ma musique à des grosses foules contrairement au club. Les gens en festivals ne viennent pas forcément me voir, ils viennent écouter de la musique, peut-être que certains se disent que c'est pas mal ce que je fais. Ca ouvre de nouvelles portes.

Qu'est-ce qui t'énerve en festival ?

Vandal : Pas grand chose... Peut être sur certains gros festivals, le fait de devoir marcher tout le temps de scène en scène c'est fatiguant. A Dour c'était un peu ça, on a du prendre un taxi pendant 15 minutes pour aller de l'entrée jusqu'aux scènes.

As-tu déjà été en festival en tant que festivalier ?

Vandal : Ouais carrément ! Mon premier festival j'avais 13 ans, le V98 festival, pour aller voir Green Day ( rires ). J'avais menti à mes parents, je leur avais dit que j'allais voir des amis, et en fait on avait pris un bus pour traverser la moitié de l'Angleterre pour aller à ce festival. Et j'ai touché la main de Billy Joe ! Par dessus la barrière, c'était un rêve de petit garçon de 13 ans, de toucher la main de mon idole (rires)

Quel type de festivalier es-tu ? Plutôt du genre hyper organisé ou tu vois sur place ?

Non jamais de plan, je suis le mouvement, qu'importe ce qu'il se passe. De toute façon même si tu fais des plans, t’arrives jamais à les suivre, donc pourquoi en faire ?

Plutôt du genre camping ou hotel ? Du genre à se doucher tout les jours ou à ne pas perdre de temps avec ça ?

J'aime faire du camping avec mes potes, on se marre bien. Si j'ai l'opportunité de prendre une douche vite fait pourquoi pas, mais sinon je m'en moque un peu. Certains weekends, je me douche pas du vendredi au lundi donc en festival c'est pas ma priorité ! (rires)

Plutôt du genre à boire les bières du festivals ou à essayer de faire rentrer de l'alcool en douce ?

Vandal : A faire rentrer mon alcool oui. Je fais toujours rentrer des bouteilles d'eau en plastique remplies de vodka, personne n'a jamais checké et de toute manière personne ne voudrait boire ça pur, sauf moi (rires). Mais maintenant j'ai plus tellement à me soucier de ça, comme je suis du côté artistes, mais dans le temps je faisais tout le temps ça !

Plutôt du genre à tout filmer sur ton téléphone où à le perdre dès le premier jour ?

Vandal : Je perds mon téléphone à chaque soirée, c'est horrible mais j'arrive jamais à le garder. Je suis pas vraiment organisé comme gars à vrai dire. Mes deux ennemis : l'organisation et les deadlines ! (rires)

Si tu faisais ton propre festival, à quoi ressemblerait-il ? Qui est-ce que t'inviterais ?

Vandal : Je ferais un festival avec plein de musiques différentes, une scène réservée pour les groupes, une autre pour de la musique électronique, etc... J'essayerais de ramener des gens de tout les horizons, un peu comme à Dour. Mais en tout cas ça ne serait pas en Angleterre ! On a trop de restrictions au niveau du son, on peut pas faire péter à fond. J'irais bien en Europe de l'est, où ils n'ont pas de restrictions de sons, et à vrai dire pas de restrictions tout court (rires). J'ai joué il y a 3 semaines dans un festival, près de Vilnius, j'avais jamais entendu un sound system aussi fort de toute ma vie, le son était tellement puissant que mes yeux vibraient ! En comparaison à la semaine dernière, au Boomtown, l'un des plus gros festivals en Angleterre, c'était dingue ! En ce qui concerne la line up, j'inviterais mes djs favoris comme Radium, les gars de Narkotek, Floxitek, enfin tous ceux qui m'ont inspiré.

Propos recueillis par Kilian Roy et Anja Dimitrijevic