On était à
Solidays 2022, retour d’un cocktail gagnant d'amour et de solidarité

Prenez 247 000 festivaliers, ajoutez-y de la bienveillance et de la bonne humeur, un zeste de solidarité, beaucoup de jeunesse, une programmation exceptionnelle, des personnalités d'internet et d'ailleurs, de l’engagement sous toutes ses formes et du gros boom boom... et vous obtenez la recette d’une édition parfaite de Solidays 2022 que nous avons eu la chance de vivre. Récit de trois jours qui resteront dans nos mémoires.

Jour 1. Vendredi 24 juin. 16h08, arrivée dans l'immense pays de la solidarité 

C’est dans la navette qui nous mène jusqu’aux portes de l’hippodrome de Longchamp que nous commençons à nous questionner sur la météo du weekend. Les prévisions sont peu encourageantes avec de grosses rafales de vent et des averses orageuses. On craint un peu de revivre l’épisode de la première journée de l’Imaginarium Festival où nous étions passés pas loin d'une annulation. Sur site après une fouille réglementaire et un don à Solidarité Sida pour obtenir le programme des 3 jours, on se prend une grosse claque. L'endroit est immense, bien loin de l’espace que nous avions l’an passé lors de l’édition spéciale soignants. il est évident que nous allons parcourir de nombreux kilomètres ce week-end. Un peu perdus, nous nous divaguons jusqu’au village des associations. 

17h37, premiers et derniers soins  

Si le site du festival dédié aux concerts est immense, celui réservé au village des associations n’est pas en reste avec pas moins de 100 représentants de la solidarité internationale, de la santé sexuelle ou de la lutte contre l’exclusion. On révise nos bases de secourisme en compagnie de la Croix Rouge et on est sensibilisé à la question du droit à mourir dans la dignité. On poursuit notre intérêt pour le sujet devant le Social Club où Victor Castanet, reconnu pour avoir révélé les morbides secrets du leader mondial des EHPAD, explique l’urgence d’établir une loi sur le grand âge pour garantir à nos aînés un meilleur traitement et accompagnement dans la fin de vie. On est pris par son récit particulièrement poignant qui nous appelle à faire preuve d’une plus grande vigilance sur la situation dans les maisons de retraite et dans les établissements pour personnes âgées. 

20h21, il fait toujours beau pour les belles causes

Alors que nous nous dirigeons vers la scène Bagatelle, nous observons Léa Salamé vendre des tee-shirts au stand merchandising. Il s’agit d’une nouvelle initiative mise en place par Solidays cette année et on pourra croiser pêle-mêle sur tout le week-end Denis Brogniart, Kad Merad, Antoine de Caunes, Roschdy Zem ou encore Tony Estanguet, président de Paris 2024.

On continuera notre balade pour aller applaudir le trio 47Ter puis Polo & Pan qui nous font voyager dans la canopée avec Victoria Lafaurie qui termine le concert en maillot de bain. Nous avons de la chance car le temps reste au beau fixe et ce n’est pas les premières notes de « La pluie » entonnées par Orelsan, devant le public massé en scène Paris, qui vont y changer quelque chose. 

00h54, soirée clubbing jusqu'à épuisement

Cela faisait dix ans qu’Orelsan n’avait pas foulé la pelouse de Solidays, dire alors qu’il était attendu relevait de l’euphémisme. Le pilier du rap français des années 2000, balance ses punchlines et ses phrasés issus de son dernier album « Civilisation ». A la manière d’un sociologue, il dépeint la société avec beaucoup de détails mais aussi sa vie d’adolescent à trainer dans les rues de Caen. Sa prestation est réglée comme du papier à musique. Tout le contraire de celle de Marc Rebillet qui se déroule dans une improvisation totale. L’américain particulièrement remonté contre les Républicains à la suite de la décision de la Cour suprême américaine de mettre à la protection fédérale du droit à l’avortement, est déchaîné. Lui aussi, finira en caleçon alors que le public lui demande de se mettre totalement nu.

Devant ce spectacle inédit, on attrape une pizza margherita (10€) avant de nous devant la grande scène pour le début du set de Justice. Ces derniers nous régalent avec un set reprenant les mash-up de leur dernier album ainsi que quelques pépites et morceaux des années 80 comme « Maniac » ou « I’m so excited ». Léger regret toutefois côté scénographie puisque la grande croix a laissé place à un écran où sont diffusés les visuels du duo. On donne ce qui nous reste d’énergie devant la fin du concert de Soso Maness qui s’est lancé dans un grand concours de la ville qui réalisera le meilleur pogo. Sachant qu’il nous reste encore deux jours, on prend la sage décision de s’arrêter ici pour aujourd’hui. 

Jour 2. Samedi 25 juin. 16h49, le warm-up sera assuré par les festivaliers

Les jambes tirent un peu mais nous sommes prêt pour une nouvelle cavalcade. Direction tout d'abord le stand Pioneer DJ pour y découvrir les nouveautés et parfaire nos techniques de mix. Une pluie fine tombe sur le festival mais pas de quoi entamer la belle ambiance sous le stand où de nombreux festivaliers trouvent refuge. 

Sur la scène Paris, après le concert de Tsew The Kid, c'est l'hommage aux militants qui est présenté par l'animateur télé Sébastien Folin. Venant de trois continents, ils partagent depuis la scène leurs expériences et arguent que le virus du SIDA pourrait être éradiqué avec une véritable volonté politique. Des discours qui appellent à l’action et qui sensibilisent le public. Là est aussi la force de Solidays, créer de l’engagement. Avant chaque concert, un militant ou une personne de la production vient nous rappeler l’objectif du festival et présenter son propre engagement au service des plus démunis ou de la lutte pour la dépollution des océans, par exemple.  

19h52, pérégrinations gastronomiques autour du monde

Le concert de Ckay, fer de lance du renouveau de la pop Made in Africa, dont c’est la première date française nous laisse avec une impression d’inachevé. Le chanteur n’assure finalement que 30 minutes de show, l’autre moitié du concert étant dédiée à son DJ.

Sur le site tout un espace est dédiée aux nourritures du monde. Syrie, Afghanistan, Sénégal, Thaïlande, Brésil... Pour nous ce sera La Réunion (photo) et un sandwich rougail saucisses qu’on déguste devant Ronisia puis Gaël Faye qui fait boomer les boomers. Tandis que tudo bem pour Oboy sur la scène Bagatelle, on discute avec nos voisins de fosse qui font le même constat que nous sur la journée d’hier : service rapide en ce qui concerne la nourriture mais légèrement plus long s’agissant des bars, les boissons n’étant pas préparées à l’avance. On regrette aussi le faible nombre de point d’eau potable sur l’ensemble du site... Deux pour l'ensemble de la troupe. 

22h49, louder !

Emportés par le foule, nous suivons ses mouvements, main en l’air pour battre la mesure des beats de Damso. La tranquillité du rappeur contraste avec le brasier allumé par le public, on est sur un sacré bordel en fosse, ça chante, ça crie et ça pogote. On retrouve cette ambiance si caractéristique des festivals qui nous avait tant manqué. Sous le chapiteau du César Circus, avec Gargäntua les BPM augmentent. On fait face à deux artistes grimés qui oignent le public avec une branche d’arbuste. Nous sommes déconnectés de la réalité pendant une heure où nos corps s’entremêlent aux autres et bien qu'on ne comprenne pas tout à fait ce qui se passe sur scène, on passe un moment hors du temps. 

Valeur sûre, les Black Eyes Peas livrent un show explosif. Le trio originel de Los Angeles chauffe le public avant l’arrivée de la chanteuse J.Rey Soul pour les titres plus récent du groupe dans un style latino. Nous sommes subjugués par son charisme qui incarne avec puissance le nouveau style du groupe. Porté par le public, chaque membre se lance dans un défilé de mode - Fashion Week oblige - remporté haut la main par Will.i.am sapé comme jamais. On attendait un peu de pyrotechnie mais finalement, peut-être pour des raisons écologiques, il n’y en aura pas eu du week-end. 

Jour 3. Dimanche 26 juin. 15h22, le fin gratin de la solidarité

Aucune attente pour prendre la navette, nous arrivons pour le début du cycle de conférences du Social Club. Aujourd’hui Maïtena Biraben est à la présentation et elle inaugure cette ultime journée par Antoni Lallican, photojournaliste, dont les photos nous rappellent la dure réalité de la guerre et qui raconte sa couverture dans le Donbass. La conférence est doublée en langue des signes et accessibles aux personnes en fauteuil roulant. Sur le sujet de l’accessibilité, le festival Solidays est un idéal-type à suivre pour tous les organisateurs de festival. 

L’ambiance lors du concert de Jahneration puis de Suzane montre que beaucoup de festivaliers sont présents surtout pour la Color Party et tous se pressent devant la scène Paris pour participer à cette grande fête colorée. Sur scène, le directeur du festival est rejoint par de nombreuses personnalités : Mr Poulpe, Antoine de Caunes, Roschdy Zem, plusieurs influenceurs, Oli ainsi que Denis Brogniart grandement applaudi pour sa première participation à Solidays. 5, 4, 3, 2, 1... nous ne voyons plus rien comme si la nuit était tombée subitement. Nous comprenons que nous devons garder la bouche fermée le temps de sortir de cet arc-en-ciel humain. Dommage que les douches ne soient pas fonctionnelles, on aurait plongé dessous. 

20h56, emportés dans la rêvalité 

Sous le chapiteau de la scène Domino nous attend Folamour. Le Dj coiffé de son bob nous embarque dans son univers disco, le sourire aux lèvres. On termine de suivre le set un peu plus loin devant le food-truck de BBQ coréen. Pour une dizaine d’euros, on obtient une barquette bien remplie de poulet avec du riz sauce soja et des carottes, qu’on déguste dans l’herbe devant le virtuose multiplement césarisé Rone. 

Tout comme l’an passé, le festival fait appel à Matthieu Chedid pour clôturer son édition en beauté. Avec un tout nouveau live et une nouvelle scénographie, -M- et ses musiciens proposent un concert abouti et énergique. Nous apprécions particulièrement le passage où l’ancienne bassiste de David Bowie reprend un titre du chanteur britannique. En fosse, on s’arrache les cordes vocales pour « Manitoumani » vs « Bal de Bamako ». Le directeur du festival remontera une dernière fois sur scène après ce karaoké géant pour un ultime hommage avant de nous souhaiter un bon retour et nous donner rendez-vous pour l’édition 2023. 

Le bilan : 

Côté concerts 

Celui qui pose les bases de la « Civilisation »

Orelsan, on ne veut plus attendre aussi longtemps pour revivre l’ambiance d’un de ses concerts en festival 

Celui qui devrait être à l’affiche de tous les festivals

Damso, au-delà d’un show explosif , il met tout le monde d’accord 

Celui qui a raté sa première apparition sur le sol français

Ckay, 30 minutes de show, c'est vraiment léger 

Ceux qui sont là pour faire la fête all night long

Black Eyed Peas, Folamour et Gargäntua, chacun à leur manière ont enflammé le festival et distribué beaucoup d’amour

Côté festival

On a aimé : 

  • L’engagement des bénévoles notamment de l’équipe propreté qui ont fait un travail exceptionnel

  • L’espace « cuisine du monde » pour découvrir des cultures culinaires 

  • La bienveillance des festivaliers

  • Les conférences signées en LSF du Social Club pour rencontrer des personnalités inspirantes 

  • Les interventions des militants d’associations avant chaque concert 

On a moins aimé : 

  • Les files d’attente pour les toilettes

  • Le peu de points d’eau potable comparé à l’immensité du site du festival

  • Le sol en terre sous les chapiteaux qui produit beaucoup de poussière

  • La non-communication sur l’heure de début des concerts du vendredi sur les grandes scènes (19h) ce qui a créé un sacré bouchon au niveau des navettes dès 15h

Infos pratiques

Prix des boissons :

Bière : entre 7 et 9€ la pinte
Vin : 7€
Softs : 3€
Eau : 2,5€

Prix du festival :

Pass 3 jours sans camping : à partir de 39€ / Pass nuit : 29€

Transports :

En navette : Navettes-bus gratuites depuis la Porte Maillot et la Gare St-Lazare
En métro : Ligne 10 – Boulogne Jean Jaurès, Ligne 1 ou RER C - Porte Maillot
En vélo : Parking à l’entrée du festival et station Vélib’ 

Conclusion : 

On pensait avoir découvert Solidays lors de l’édition spéciale soignants de 2021. En réalité, il ne s’agissait que d’un apéritif de l’édition exceptionnelle que nous avons vécu cette année. Au-delà de la programmation musicale sur les 8 scènes, c’est surtout la joie de vivre des festivaliers, l’engagement des bénévoles et la rencontre avec des militants et des personnalités inspirantes que nous retenons. Malgré la crise de la Covid-19 et ses conséquences directes sur l’organisation du festival et le travail de l'association Solidarité Sida, Solidays a su faire preuve d’une résilience exemplaire. Et même si nous avons parcouru l'équivalent d’un semi-marathon chaque jour, on est déjà prêt à rechausser notre paire de baskets pour contribuer à financer des programmes d’aide aux malades et de prévention en santé sexuelle, dans plus de 20 pays... en musique !