Après deux années blanches liées à la crise sanitaire, l’Imaginarium Festival faisait son grand retour. Malgré des conditions climatiques difficiles lors de la première journée, l’Imaginarium Festival, porté par son public et par une organisation plutôt bien rodée, a fait preuve de résilience pour offrir aux festivaliers un bel évènement empreint de multiples découvertes musicales. On vous raconte notre expérience.
Jour 1. 16h43, ambiance clubbing
Après un peu moins d’une heure de train et quelques minutes en voiture depuis Paris, nous arrivons à Compiègne, aux portes du festival que nous franchissons en moins de cinq minutes grâce à une ingénieuse solution de file dédiée aux festivaliers allant au camping. Sous un soleil radieux nous découvrons la nouvelle disposition du festival. Des toilettes ont été rajoutées dès l’entrée, la troisième scène s’est déplacée en laissant la place à des food-trucks et à des banques de rechargement cashless. Alors que le thermomètre affiche 28°C, nous nous engouffrons sous le chapiteau pour apprécier la prestation de Mona San (photo). Pas le temps de s’humidifier la nuque, le jeune producteur enchaîne les banger dont son dernier titre « Cauchemar » devant un public déjà très chaud. A la fin de son show, le temps se couvre et un premier message sur les écrans indique de rester prudents car un épisode orageux arrivera dans la soirée...
18h11, « même si le f*** ne veut pas, de la trompette on en jouera »
Tandis que Bianca Costa ramène le soleil sur la scène principale, nous découvrons le village animations/associations. Entre conférences sur le développement durable, stands de sensibilisation aux violences sexuelles, jeux picards, structure gonflable géante, pétanque finlandaise ou baby-foot humain, les façons de se dépenser ou de se cultiver ne manquent pas. On opte de notre côté pour un spectacle de danse sur la petite scène et découvrons un nouveau bar baptisé « Pierre ». Nous sommes happés par une ritournelle bien connue des amateurs de bandas : une fanfare menée par plusieurs étudiants reprend des rythmes bien connus dont le célèbre « Maman n’veut pas » (Maréchaussée Remix). Nous ne sommes pourtant qu’une trentaine autour du groupe mais notre joie est si communicative que le bruit provoqué résonne jusqu’à la scène conférence. Alors que le temps semble stable, des nuages sombres recommencent à peupler l’horizon et le vent commence à bien souffler...
19h42, déferlante
Nous partons nous mettre à l’abri au sein de la SG Arena pour découvrir Georges. Accompagné par les lasers du chapiteau, l’artiste propose un concert dans une vibe électro-funk. Le public esquisse des pas de danse et quelques têtes se mettent à bouger en rythme. Georges, plutôt timide dans son attitude envers le public, reçoit une belle ovation. Plusieurs festivaliers nous confient être heureux d’avoir découvert l’univers de cet artiste alors que nous quittons le chapiteau pour la main stage où Iseo & Dodosound font leur apparition (photo). Cette dernière est de courte durée puisqu’un violent orage accompagné de fortes rafales de vent s’abat sur le festival obligeant le groupe à quitter la scène et les festivaliers à se réfugier d’urgence sous le chapiteau. On assiste alors à une scène de solidarité exemplaire où certains festivaliers viennent prêter main forte aux équipes techniques pour descendre les enceintes et fermer les scènes extérieures. Dans la foulée, la majorité des décors sont démontées et les banderoles arrachées par la tempête alors que des éclairs surgissent. Une cellule de gestion de crise se met rapidement en place et décide de poursuivre les concerts initialement prévus, sous le chapiteau.
21h20, un grilled cheese pour chasser la pluie
Tandis que nous apprenons de nos confrères à We Love Green que la fête est finie pour eux pour ce soir, on commence à se questionner sur la suite de notre propre soirée qui ne vient que de débuter. Peu d’informations filtrent si ce n’est que le rappeur Edge, initialement prévu à 21h, débute son concert plus tôt et qu’il sera suivi d’artistes prévus sur la troisième scène définitivement fermée pour ce soir. Tandis que les artistes se succèdent, l’interrogation de la tenue du concert de Skip The Use, tête d’affiche du jour, commence à se poser aussi bien du côté du groupe que des festivaliers. Un technicien vient finalement prendre la parole vers 22h pour assurer que les concerts vont continuer uniquement sous le chapiteau et que la main stage ne rouvrira pas ce soir. Certains festivaliers attendent l’accalmie pour quitter le festival, d’autres pour aller vérifier l’état de leur tente tandis que Guy2Bezbar puis Macee performent et que nous allons nous restaurer avec un grilled cheese à 9 € (photo).
22h18, skip the communication
La pluie s’est enfin interrompue. Certains pensent encore que Skip The Use va bientôt se produire mais les organisateurs restent muets sur la prestation du groupe qui s’apprête à quitter le festival à bord de leur mini-van. L’officialisation de l’annulation de leur prestation n’interviendra que bien plus tard vers 23h15. Autant, la gestion des festivaliers aura été exemplaire autant la communication que ce soit de manière directe ou via les réseaux sociaux aura été assez désastreuse ce soir. Finalement, un communiqué apparaît sur l’écran de la main stage et sur les réseaux sociaux (photo). Sous le chapiteau joliment décoré les concerts continuent et Iseo & Dodosound se produisent enfin, au moment où les festivaliers rapatrient leurs tentes et leurs affaires totalement trempées dans le grand hangar de l’aérodrome.
01h05, sacré bordel
Bien décidés à brûler notre énergie, on termine la soirée devant Apashe où nous enchaînons les pogos. Le DJ belge débarqué fraîchement de Montréal enchaîne ses tubes dubstep et trap dans une ambiance survoltée. Après quelques headbangs et un set parfaitement calibré pour enflammer l’Imaginarium festival, Apashe rejoint le public pour immortaliser cet instant (photo) avant de s’envoler pour l’Italie. Nous aussi, décidons de quitter le festival pour être en pleine forme pour le lendemain. Durant une grande partie de la nuit, les organisateurs travailleront à trouver des solutions pour les festivaliers campeurs et pour préparer au mieux la deuxième journée qui s’annonce aussi pluvieuse selon les prévisions de Météo France.
Jour 2 17h19, après l’orage il ne reste plus que la musique
Tandis que Rafael Nadal achève de conquérir son quatorzième titre à Roland-Garros, nous nous posons devant les containers de la scène Cosmodocks pour assister à un DJ set original mélangeant rap et disco. Les festivaliers sont un peu moins nombreux que la veille mais l’ambiance reste chaleureuse. La timetable a été réorganisée mais malheureusement, les intempéries de la veille ont eu raison du village animations / associations qui restera fermé aujourd’hui ainsi que de la ligne de train Compiègne/Paris fortement perturbée en ce dimanche de Pentecôte. L’heure du goûter approchant on cale notre faim avec une crêpe beurre-sucre.
19h36, fashionista
Initialement programmée pour l’édition 2021, Poupie se présente au public de l’Imaginarium 2022 en survêt, lunettes de soleil et baskets blanches aux semelles compensées. On la connaissait pour sa collaboration avec Jul mais ce concert nous donne l’occasion de voir une autre facette de la personnalité musicale de la jeune artiste. Elle jongle avec aisance entre le français, l’anglais et l’espagnol pour nous raconter des histoires parfois intimes sur des productions pop / trap. On se pose derrière le public puis au niveau du coin chill pour apprécier tranquillement cet instant.
20h41, together we stand under the sun
Après un passage remarqué en 2019, nous retrouvons Myd pour un show totalement différent de ce qu’il a pu nous offrir avant la crise sanitaire. Désormais accompagné de deux musiciens et d’une scénographie inspiré de l’univers de son clip « Muchas », le producteur nous propose un show bondissant à la découverte des sons pop / électro de son album « Born A Loser ». Dj mais aussi chanteur, Myd nous emmène dans son univers champêtre avec ses mouvements de danse du bassin assez originaux. Très heureux de pouvoir donner un concert après celui annulé la veille du côté de Paris, le natif du label Ed Banger nous dévoile son prochain morceau « Domino ». Une pastille pop qui conquis le public de l’Imaginarium et pourrait bien s’imposer comme l’un des hits de l’été.
22h27, fast-food & furious
A la vue de la scénographie de Gazo (une tête géante cagoulée en noir) on craint un peu de tomber dans le cliché du mouvement drill. L’arrivée du rappeur accompagné de plusieurs amis sur scène renforce cette impression. Pourtant, alors que l’on s’attend à un concert assez violent dans l’attitude qui pourrait se dégager de l’artiste et du public, on découvre un rappeur plutôt tranquille sur scène. On suit donc le concert de loin le temps de déguster une grande poutine au poulet à 10 €. La nouvelle organisation de l’espace restauration avec des food-trucks répartis sur l’ensemble du site du festival permet de fluidifier le temps d’attente. Les années où nous devions attendre près d’une durée d’un concert pour être servi semblent désormais bien lointaines et c’est vraiment appréciable.
00h18, pleins phares
Au Chorus festival, nous n’avions pu qu’apprécier la fin du show de French 79 et en extérieur. Or, le live prend tout son sens en intérieur car ce que nous propose l’artiste est aussi bien une performance sonore que visuelle. Dans l’ombre pendant une grande partie du concert, l’artiste s’efface pour laisser place aux sonorités du courant french touch qu’il représente. Les stroboscopes amènent un effet saccadé aux corps qui se déhanchent et nous enjoignent de fermer les yeux pour profiter à fond du moment. On donne tout ce qui nous reste sur « Hold on » sans prêter attention à la pluie qui est de retour. A la fin du concert, French 79 est chaleureusement applaudi et la pluie s’arrête comme un signe pour nous dire qu’il ne fallait surtout pas rater ce live. Nous partons vers la main stage pour suivre le set de Tha Trickaz mais accusons déjà un peu de fatigue. La saison des festivals d’été n’étant qu’a à son début pour nous, on quitte donc l’Imaginarium non sans prendre une dernière crêpe à la confiture. Malheureusement pour les festivaliers qui décident de rester, une averse commence à s’abattre sur le Tigre. Les éléments climatiques n’auront pourtant pas raison des quelques courageux qui tiendront jusqu’au closing prévu vers 3h du matin.
Le Bilan
Côté concerts
Le son & lumière
French 79 qui nous a proposé un show très abouti qui s’apprécie bien mieux en intérieur qu’à l’extérieur tant les jeux de lumières et stroboscopes sont parties intégrantes du live
Celui qui s’est enfin trouvé
Myd, avec son live band il a trouvé la bonne formule pour qu’on entre dans son univers
L'exclu
Apashe, amateur d’électro nous mesurons la chance d’avoir pu assister à son set bouillant alors que ses dates en France sont très rares, chapeau à l’organisation pour l’avoir programmé !
Côté festival
On a aimé :
- La gestion de crise des organisateurs du festival qui a permis de maintenir la majorité des concerts le samedi soir et de trouver des solutions aux festivaliers campeurs ainsi que d’assurer la sécurité de l’ensemble des festivaliers
- Le courage de certains festivaliers qui ont aidé les équipes techniques à démonter les scènes en plein orage
- Le village associations / animations avec des stands pour sensibiliser les festivaliers aux enjeux actuels et de nombreuses activités pour se dépenser
- L’application du festival, intuitive, pratique et interactive avec des défis à relever sur le thème de l’écologie pour gagner des goodies ou des places pour la prochaine édition
- La réorganisation générale du festival avec plus de toilettes et une meilleure répartition des espaces de restauration
On a moins aimé :
- La communication de crise du festival : lors de la première soirée aucun représentant n’est monté sur scène pour expliquer la solution plébiscitée par la salle et il a fallu attendre très tard pour se voir confirmer l’annulation de Skip The Use via un message diffusé sur écran ou sur les réseaux sociaux du festival
- Toujours pas d’habits de pluie du côté des goodies, on pinaille un peu mais ce n’est pas la première édition où un tel vêtement aux couleurs de l’Imaginarium aurait trouvé son utilité
Infos pratiques
Prix des boissons (30 cl) :
- Environ 4 € pour une Delirium Tremens, une Silly, Blanche des Neiges ou un verre de blanc / rosé
- 2 € pour un soda et 1,5 € pour un jus de fruit
- 1€ de consigne pour l’éco-cup
Prix de la nourriture :
Environ 10 € en moyenne, présence de nombreux food-trucks (poutine, burritos, burgers, paninis, galettes, crêpes, cookies, kurtos)
Transports :
En train 40 minutes depuis Paris, arrivée gare de Compiègne,
En voiture à 1h00 de Paris et à 1h30 de Lille via l’A1.
En bus : navettes vers le Tigre et depuis le Tigre du début à la fin du festival.
Prix du festival (hors frais de billetterie) :
Pass 1 jour : 34 € (avec camping = 40 €)
Pass 2 jours avec camping : 62 €
Conclusion
Grâce à des innovations et une redéfinition astucieuse du site du festival, l’Imaginarium festival offre encore une expérience unique aux festivaliers après deux années d’absence liée à la pandémie de la Covid-19. Pas épargné par les conditions climatiques notamment leur de la première journée, le festival a su faire preuve d’une capacité d’adaptation remarquable pour proposer une neuvième édition où nous sommes fiers de dire « nous y étions ». Misant sur une programmation de jeunes talents et de quelques artistes confirmés, l’Imaginarium festival 2022 a aussi offert de nombreuses animations et une belle sensibilisation sur certains enjeux sociaux ou sur les enjeux de développement durable. De nouveau, alors qu’il tombait dans un premier week-end de juin assez chargé en termes de manifestations culturelles en Nord de France, l’Imaginarium a démontré sa force d’attraction tout en gardant sa dimension humaine. On a déjà hâte de le retrouver les 27 et 28 mai 2023 avec on l’espère une météo favorable pour son dixième anniversaire.
Récit et photo : Alban Sauty