On était à
Solidays 2023, on a fête les 25 ans en famille

Enfin de retour ! C’est un euphémisme de dire que nous avons attendu ce 25ème anniversaire et nous n’étions pas les seuls puisque près de 260 000 festivaliers se sont réunis autour de la même cause à l’origine du festival : la lutte contre le sida. Retour sur deux jours de partage au coeur de l’Hippodrome de Longchamp. 

Jour 1. Samedi 24 juin, 17h49, une déferlante solidaire

Quel bonheur de retrouver le Solidays et sa convivialité dès l’entrée sur le festival. Accueillis avec les grands sourires des bénévoles, nous faisons un don en achetant un programme des concerts du week-end. Le site n’a pas trop changé depuis l’an dernier et nous retrouvons facilement nos marques. Pour le moment, la circulation est fluide et nous entrons dans le Village Solidarité pour découvrir quelques initiatives qui font bouger les choses dans le domaine du social, de l’environnement et de la santé, au cours de discussions passionnantes avec des jeunes engagés en Service Civique dans des associations, et notamment avec jeune qui accompagne les seniors à faire du sport dans un EHPAD du 92. Dans quelques jours aura lieu une compétition inter-établissements sur Wii Bowling et il espère que l’un des résidents se qualifiera pour participer à la finale régionale Île-de-France lors de la Japan Expo.

Interpellés par une pancarte qui ferait la promotion du prochain album du collectif l’Entourage (photo), nous échangeons avec le bénévoles à l’origine de ce coup de com’, l’application qui se cache derrière ce nom évocateur. Réunissant déjà plus de 150 000 utilisateurs dans les grandes métropoles du pays, cette solution permet de mettre en relation des personnes sans domicile fixe, défavorisées et isolées avec d’autres qui souhaitent se séparer de vêtements par exemple. Objectifs : créer du lien et remobiliser les personnes exclues pour les faire participer à la vie de la société. Une mission soutenue par l’association homonyme et ses bénévoles dynamiques. 

20h17, infatigables

Il fait déjà chaud sur Solidays et nous avons besoin d’un rafraîchissement. Un verre de pastèque (5€) au stand oriental vient apporter un peu de fraîcheur à notre corps déjà marqué par les rayons du soleil. On patiente quelques instants avant le prochain concert sur la scène Paris dont le décor reste inchangé. Nous discutons avec un groupe assez loufoque qui confie ne pas avoir vu un seul concert alors qu’il vient chaque année depuis dix ans. Heureusement, cette année ils comptent bien pallier à cette malédiction. Ils vont commencer par assister au début du show de Bigflo & Oli. Leur tournée donne le tournis tant ils enchaînent les dates entre zénith et festivals. Quand nous mettons quelques jours à se remettre de 3 jours de festivals, on se demande quelle est leur recette pour tenir un tel rythme. Sur scène, leur énergie est communicative. Leur medley « Comme d’hab, Pour un pote, Nous Aussi, Alors Alors, Gangsta, Demain » souffle un vent de nostalgie chez nous. Wawad transforme la scène en discothèque avec son talent de beatboxer (photo) et le public reprend en mode karaoké le tube « Dommage ». Pour fêter l’anniversaire de la sortie de l’album « Les autres c’est nous », un gros gâteau arrive ce qui étant donné l’heure nous met aussi en appétit. Au fil du concert, on a perdu de vue nos nouveaux copains de festival mais on est certain qu’ils ont enfin pu découvrir à quoi ressemble l’ambiance pendant un concert à Solidays. 

22h31, qué calor en la ciudad

Côté restauration, Solidays est un paradis des goûts, on peut vraiment manger de tout ; nourriture indienne, indonésienne, sénégalaise, argentine, camerounaise, thaïlandaise, c’est un carrousel de saveurs auxquels nous faisons face pendant que Josman performe sur la scène Bagatelle. Nous optons pour un Bali burger au poulet mariné avec une sauce mayo épicée (15€) qui fait grimper la température de notre palais que l’on tempère avec une salade mangue et ananas (6€). Si il fait toujours chaud sur le festival, l’artiste qui s’apprête à se produire sur la grande scène risque encore de faire monter le thermomètre. Avec J. Balvin, Solidays frappe un grand coup tant la venue du colombien a fait déplacer les foules de tout le pays. Après un début de concert un peu timide, le « Prince du Reggaeton » nous emporte dans son univers et fait se déhancher nos corps. Monté sur une structure gonflable en forme de 4x4 et faisant face à son Dj sur la même installation, il enchaîne avec brio les titres « Con Altura, Mi Gente, Loco Contigo, In Da Getto ». On termine le concert en testant des nouveaux pas de danse. Certains s’avèrent plus concluants que d’autres mais on aura bien transpiré et réalisé une vraie séance de sport pendant ce live. 

23h18, emportés par la foule

La sortie du concert de J.Balvin avec le public qui se dirige majoritairement vers la scène Bagatelle pour Kungs est un peu chaotique. Si l’affluence y est pour quelque chose, la gestion des flux avec un passage privilégié par l’ensemble des festivaliers pour se rendre à la scène est aussi la raison de cette cohue qui se déroule toutefois dans le calme. Nous prenons un peu de hauteur pour apprécier le set du français très attendu par les clubbers du soir. Bien qu’il utilise la même scénographie que l’an dernier, sa playlist est composée d’edits de ses derniers titres comme « Lipstick » et aussi de nouveaux sons.

De notre point de vue, on observe l’immensité de la superficie du festival et la densité qu’il accueille en ce samedi soir où les détenteurs de pass nuit sont arrivés. On arrive juste à temps pour le discours du directeur du festival qui nous prévient d’une surprise inédite pour les 25 ans du festival, le lendemain soir. Le rituel de l’hommage aux bénévoles sur « I Will Survive » suit cette intervention avant une prestation tonique de Parov Stelar

1h48, du son mais que pour les premiers rangs

La cabane des jus de fruit frais nous a fait de l’oeil toute la journée et nous profitons de la faible affluence devant celle-ci pour nous commander deux grands verres à 7,5 € pour 50 cl, de smoothie orange, banane, coco. Nous nous posons devant la scène Dôme sous laquelle il nous est impossible de rentrer car du monde s’est massé pour voir Vladimir Cauchemar. Le concert démarre avec de grosses basses et des morceaux qui claquent. Oui mais voilà là où nous sommes, il y’a un problème. Nous n’entendons que peu la musique, la faute aux enceintes non fonctionnelles qui donnent en dehors du chapiteau. C'est un peu du recyclé que nous sert le squelette et on quitte finalement le set pour nous prendre une glace deux boules (5€) tout en regardant les plus courageux se retourner la tête dans le manège Techno Power. Nous serions bien restés pour Billx mais sa programmation à 3h du matin est trop tardive pour nous et nous préférons garder nos forces pour une arrivée tôt le lendemain pour découvrir le reste du festival. Nous rentrons donc grâce à la navette et au noctilien.

Jour 2. Dimanche 25 juin. 16h07, je suis (une légende) music

Il fait encore plus chaud que la veille, la crème solaire ne sera pas de trop pour se protéger des coups de soleil.  On se désaltère avec une bière (10€) et partons découvrir la partie est du festival où se dressent les deux scènes sous chapiteau : Dôme et Domino. Sous la seconde, une belle boule disco annonce la couleur du concert que l’on s’apprête à voir. Le pape du disco Cerrone se présente sur scène avec un bassiste et une claviériste. Son tube « Supernature » emporte le public qui s’abandonne au dancefloor. On est conquis par le live band (photo) et chose rare l’artiste prend la parole pour remercier le public pour son énergie et son enthousiasme et il terminera son concert à la batterie. Il est l’heure de se diriger vers un autre passage obligé de Solidays. Nous enfilons alors notre masque et un sac poubelle pour protéger nos affaires de la Color Party qui nous avait marqué l’an dernier. 

18h15, la vie en rose, bleu, vert

Contrairement à l’an passé, nous n’avons pas eu beaucoup d’attente avant de finir ensevelis par un épais nuage coloré (photo). Sous les encouragements du public, les personnalités et le directeur du festival célèbrent une nouvelle année de réussite pour Solidays. Tout le monde ressort dans la grande poussière avec le sourire. Prendre notre masque aura été une bonne idée, on respire facilement alors que ceux qui vivaient leur première expérience ont pris un peu de poudre dans la bouche et se rendent vers les points d’eau pour se rincer la gorge. Après un passage écourté chez Pioneer Dj pour découvrir les nouveautés et mixer quelques minutes, la fougue de Rema, nouveau prince de l’afrobeats nous happe comme nous de nombreux spectateurs. Découvert avec son tube « Calm Down », le jeune chanteur et danseur délivre un message d’unité qui colle parfaitement avec l’identité de Solidays. 

20h57, partition parfaite

La tête d’affiche du dimanche voire du festival est bel et bien Angèle. Des enfants sont sur les épaules des parents près de la régie et on a du mal à se frayer un chemin pour le début du show. Sur l’écran on voit les images aériennes filmés par drone qui nous font réaliser combien il y’a de personnes pour voir la belge qui cartonne avec son Nonante-Cinq Tour (photo). Chorégraphies léchées, chansons engagées et rythme effréné, pendant une heure elle fait fondre les festivaliers qui reprennent en choeur presque toutes ses chansons. 

21h, la quête 

Nous partons en recherche d’un truc frais. Les milkshakes étant en rupture de stock, on se rabat sur un jus de fruit seul équivalent frais à ce stade du festival. Pour la nourriture, même combat. Nous ne trouvons plus grand chose mis à part les classiques burgers alors qu'on cherche quelque chose de froid. Finalement à côté de la scène César Circus que nous jetons notre dévolu sur une salade qu’on paie moitié prix car il manque certains ingrédients. Décidément en matière de stocks, les food-truck ne semblent pas avoir anticipé. Côté bar, il ne reste plus qu’une sorte de bière depuis le début de l’après-midi en dehors des bars spéciaux. On attrape un peu du contenu des ultimes fûts après quelques minutes de marche pour se rapprocher de la scène Paris pour l’ultime live de cette édition 2023. 

23h12, des adieux déchirants


 
Pour commencer leur tournée d’adieu intitulé « The Final F#*ked Up Tour », quel meilleur endroit que la plaine de Solidays pour Shaka Ponk. Nous découvrons une scénographie avec des piles de livres et des choristes en robe longue. Le groupe de rock est de retour plus en colère que jamais. L’éducation, les réseaux sociaux, les politiques, tout le monde passe à la casserole. Toujours en communion avec ses fans, Shaka Ponk fend le public pour se retrouver en son cœur (photo). Sam, termine le concert en pleurs dans les bras des fans du premier rang, pendant que Frah porté par la foule s’éloigne peu à peu pour rejoindre la scène. Un dernier morceau qui nous invite à « être qui l’on veut être ».

Le directeur du festival leur succédera pour nous annoncer que la surprise n’aura finalement pas lieu. Le vent s’étant fortement levé pendant le concert de Shaka Ponk, le show de drones qui devait conclure cette édition est annulé. Malgré la déception, les festivaliers repartent en chantant « I Will Survive » et s’engagent dans la semaine qui suit à faire une bonne action pour aider les plus démunis. Là est aussi la force de Solidays, qu’importe les déceptions et les aléas, tout le monde garde le sourire et repart de ce week-end heureux ! 

Bilan : 

Côté concerts :

Ceux qui cachent un secret :
Bigflo & Oli, leur recette pour enchaîner les concerts avec une telle énergie est aussi bien gardée que celle de la potion magique de Panoramix, à moins qu’eux aussi ne soient tombés dedans…

L’excellent coup :
J. Balvin, le prince du reggaeton a enflammé Solidays avec ses danseuses.

La pro
Angèle, désormais rodée à l’exercice, le show est de haut niveau et on en reprendrait sur chaque festival.

La dernière séance
Shaka Ponk, leur énergie et leur humanité vont laisser un vide dans le paysage des festivals français, un groupe engagé dont le dernier baroud d’honneur est à ne pas manquer. 

Côté festival : 

On a aimé : 

- Rencontrer et discuter avec des jeunes engagés dans le Village Solidarité et découvrir des dizaines d’initiatives et actions importantes pour améliorer le quotidien de tous
- La joie de vivre des festivaliers
- La politique de prévention du festival dès la sortie du métro
- La sécurité qui arrose le public au jet d’eau pendant les concerts du dimanche pour le rafraîchir

On a moins aimé : 

- La consigne du verre qui s’élève à 2€ 
- Les enceintes au devant du chapiteau Dôme qui ne fonctionnaient pas le samedi soir
- La pénurie côté boissons et nourriture le dimanche après-midi

Infos pratiques

Prix des boissons :

- Bière (50 cl) : 10-12€
- Softs (sodas, citronnade) 4€
- Smoothie : 7€
- Eau : 2,5€

Prix de la nourriture :

- 12€ en moyenne, présence de foodtrucks et de multiples zones de restauration dont un espace « cuisine du monde » (burger, mafé, pizza, pokebowl, rougail, raclette, charcuterie, fish & chips, chili con carne, pastèque, gâteau oriental, glace, crêpe…)

Transports :

- En navette : Navettes-bus gratuites depuis la Porte Maillot et la Gare St-Lazare
- En métro : Ligne 10 – Boulogne Jean Jaurès, Ligne 1 ou RER C - Porte Maillot
- En vélo : Parking à l’entrée du festival et station Vélib’ 

Conclusion :

Depuis 1999, plus de 4 millions de personnes ont foulé le sol de Solidays, des centaines de milliers se sont engagés en tant que militants, bénévoles ou ont crée eux-mêmes leur propre association pour soutenir une cause qui leur tient à coeur. 25 années où le festival a contribué a créer du lien social, à rapprocher les gens, à mettre en lumière des actions solidaires et à tout faire pour sensibiliser les festivaliers à faire du bruit contre le Sida. Cette année à nouveau, 80 concerts, 3 hommages, 1 Color Party, 83 associations et 11 talks ont marqué les 3 jours et 2 nuits du festival où se sont réunis 259 735 festivaliers. L’objectif des 25 000 vocations lancé par Solidarité Sida a été atteint. Accessible à tous, le festival réunit des gens de tout horizons. Dans quel autre festival, pourrait-on rencontrer Denis Brogniart au comptoir du stand merchandising ? Avec les Jeux Olympiques l’an prochain, le festival devra trouver de nouveaux mécènes pour que la fête perdure encore des années. En 2024, la barre des 300 000 spectateurs sera t-elle atteinte ? Nous en tout cas y serons, festivaliers ou reporters car nous sommes dans cette longue chaîne solidaire et membres de la famille Solidays. 

Récit : Alban Sauty 
Photos : Louis Duttier