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Too Many Zooz : «Tu ne verras jamais une de nos chansons jouée deux fois de la même manière»

Repérés dans le métro new-yorkais, les trois gars de Too Many Zooz sont désormais à l’affiche d’une vingtaine de festivals cet été. Ce trio trompette, saxo et percussions devrait séduire tout festivalier avide de fête et de bonne humeur. Rencontre au Printemps de Bourges avec deux des membres du groupe, Matt et King of Sludge.

Tous les Festivals : Vous connaissiez le Printemps de Bourges avant de venir ?

King of Sludge, aux percussions : Non, pas du tout. Nous venons d'atterrir en France il y a seulement quelques heures. Pour le moment, nous n’avons fait que les Transmusicales.

Justement, c’est là-bas que l’on vous a découvert, et c'est grâce à ce passage que beaucoup de festivals vous ont repéré. Vous avez même joué deux trois fois pendant le festival ?

Matt, trompette : On a joué presque 50 fois là-bas ! On était le fil rouge, et pas mal de fois dans le métro de la ville. On avait déjà joué pas mal de fois dans le métro à New-York. Mais aux Transmusicales, même avec le linecheck, tout partait en vrille à chaque fois. C’était cool, mais un festival très imposant, une longue semaine.

En France, c’est l’endroit parfait en décembre pour s’y révéler et être repéré par les autres festivals. Finalement ça s’est bien passé vu votre tournée à venir ?  

Matt : C’est vrai que c’était fou. J’ai découvert énormément de groupes que je ne connaissais pas, comme Jungle by Night, et plein d’autres dont je ne me souviens pas. Normalement en festival aux Etats-Unis, c’est toujours la même chose, les mêmes groupes, et c’est sans doute la même chose en France.

King of Sludge : Ouai c’est sûr !

Du coup, vous allez passer la plupart de votre été en France. Comment vous expliquez avoir séduit les programmateurs français ?

King of Sludge : Tout autour du monde, je pense que les gens recherchent autre chose, quelque chose de frais, une manière différente de jouer de la musique et la percevoir.

Matt :  C’est internet aussi ! Les réseaux sociaux. C’est putain de fou. Il y a 10 ans, de 2002 à 2005, les artistes n’ont jamais vendu autant de disque. C’est comme ça que tu ramenais de l’argent comme musicien. Maintenant, tu ne peux plus. Plus personne n’achète de CD. Mais c’est cool, les gens utilisent internet, et cela explose ou pas. Nous on ne peut rien contrôler là-dedans. Mais tu peux désormais faire ta carrière seulement grâce à Facebook, Instagram et Twitter. Et c’est top parce qu’on vit dans un monde ou des personnes qui jamais n’auraient été reconnues pour ce qu’elles font avant sont maintenant dans le coup. Musique, vêtements … c’est une nouvelle industrie. Et ce n’est plus seulement des professionnels qui jugent, c’est tout le monde. Et cela a beaucoup à voir avec le fait qu’on nous connaisse de la côte ouest des Etats-Unis à la France. Ca devient viral, même si c'est pas viral partout, c’est bizarre.

Il y a une philosophie particulière pour vous quand vous jouez en festival ? Une manière différente d’aborder les choses par rapport aux salles ou au métro ?

Matt : Le fait de jouer en festival devient petit à petit normal à force d’en faire. Il y a certains festivals que j’adore, et d’autres que je déteste. Notamment à cause la consommation excessive de drogues. Beaucoup trop de gens aux Etats-Unis y vont pour se foutre en l’air, et cela n’a plus rien à voir avec la musique. Pour cette raison c’est différent : quand tu joues devant 5000 personnes, tu ne vas pas te connecter avec eux, alors que dans le métro tu as une certaine intimité. C’est cool de jouer devant des tas de personnes, il y a une énergie folle. Mais il y a toujours cette histoire de drogue … et ça c’est la honte.

On a le même souci en Europe …

Matt : Je peux comprendre peut-être, mais c’est fou … Coachella, 5 ou 10 personnes meurent tous les ans à cause de ça. Ca ne devrait pas arriver. Personne ne devrait mourir en festival. C’est la partie sombre. Quand j’y vais, j’adore y aller pour la musique, des artistes que je ne connais pas ...

Et vous ressentez le côté drogue quand vous êtes sur la scène ?

Matt : Ouai ! Des fois tu joues devant 5000 personnes, et c'est tous des zombies. Les gars ont mis de l’argent de côté toute l’année pour venir, tout ça pour se transformer en zombies. J’aimerais que les gens prennent moins de drogue et écoutent plus de musique. Attention, je ne suis pas contre la drogue ! Je veux juste que la musique soit la priorité numéro 1, avec le fait de partager un moment tous ensemble. Mais j’adore aller en festival avec mes potes et perdre un peu le sens des réalités.

On a regardé les dates de votre tournée. Vous aller jouer à Glastonbury en juin, mais également pour le départ du Tour de France. Quel moment vous attendez le plus ? Attention vous êtes en France, on ne peut pas critiquer le Tour de France.

King of Sludge : Franchement c’est plus par rapport à l’endroit. Si on s’amuse, et que tout le monde est dans le coup, c’est le pied. J’ai vu plein d’artistes rentrer dans une routine, et avec eux on a toujours la même chose. Avec nous on ne sait pas vraiment ce qu’il va arriver. Tu ne verrais jamais le même concert deux fois, et tu ne verras jamais une de nos chansons jouée deux fois de la même manière. Nous on veut apprécier le moment où on joue la chanson.

Matt : Je suis tellement content qu’on joue à Glastonbury, il y a tellement d’artistes là-bas… Je sais pas vraiment qui d'autre y sera mais j’ai appelé notre tour manager pour savoir si on pouvait rester au festival et annuler nos autres dates. Les choses que j’adore en festival aussi c’est de rencontrer d’autres artistes et de créer des collaborations avec eux. Tant d’artistes se sont rencontré à Glastonbury et sont parti ensuite en studio. J'ai tellement hâte… j’espère qu’il ne pleuvera pas ! (rires)

King : Je pense qu’il pleut déjà (rires)

En festival cet été : Les Nuits Zébrés le 5 juin, Les Folies de Maubege les 6 et 7 juin, Social Club le 13 juin, Jazz à Vienne le 26 juin, Glastonbury le 28 juin, Au Foin de la Rue le 3 juillet, Nice Jazz Festival le 7 juillet, Décibulles le 11 juillet, Terres de Son le 12 juillet, Jazz à Luz le 13 juillet, Paléo festival le 20 juillet, Esperanzah le 2 août, Chausse tes Tongs le 7 août, Sziget Festival les 13 et 14 août, Musicalarue le 15 août.

Propos recueillis par Morgan Canda et Quentin Thomé