Interviews
Rone: « A choisir je prendrais une clé de 12 ! »

Repéré en 2008 par Agoria, Erwan Castex a depuis été révélé au grand public par son sublime "Bye Bye Macadam", extrait de son second album "Tohu Bohu" sorti l'an dernier. Cet été, Rone a parcouru nos festivals français et européens. Nous l'avons rencontré à l'occasion de l'Ososphère à Strasbourg !

Première soirée à Strasbourg ?

En fait non j'en avais déjà fait une il y a 3 ou 4 ans, aussi pour l'Ososphère, mais ça n'était pas à la coop, ça devait être à la laiterie. Donc 2ème soirée pour moi ici à Strasbourg.

En fin de mois tu joues à l'Olympia, tu appréhendes un peu cette soirée dans ce lieu mythique ?

C'est dingue et je n'en reviens pas ! Oui j'ai une grosse pression, honnêtement j'ai une pression sur toutes les dates ! Je suis anxieux de base et je le suis d'autant plus parce que c'est l'Olympia et aussi parce que je suis de Paris. Quand j'y joue il y a souvent des amis, de la famille et bizarrement c'est dans ces moments là que je suis le plus stressé, j'ai peur de les décevoir. Mais c'est aussi super excitant car je prépare un truc un peu spécial.

Des surprises ? Des featuring peut être... ?

Oui justement il va y avoir Gaspard Claus, le violoncelliste qui est présent sur l'album, il va jouer un peu de violoncelle sur le live. On avait déjà fait un live ensemble et c'était assez cool on s'était bien amusé. Et puis il y aura un autre invité c'est un batteur, on est en train de bosser le live actuellement.

Justement tu composes comment ? Tu utilises des samples ?

Je n'utilise pas de samples. En fait, depuis quelques années, j'ai développé un beau petit studio où j'ai pas mal de machine et j'ai vraiment l'impression de laisser parler les machines. Avant je me prenais pas mal la tête pour savoir quelle musique je voulais, comment, quand... bref je ne produisais rien ! La nouvelle méthode, c'est que je vais au studio dès que je me lève, et je commence à faire de la musique et ça vient naturellement. S'il y a un petit truc qui me fait frissonner, je me dis qu'il y a peut être quelque chose d'intéressant, et je vais au bout de l'idée. Souvent je compare ça au boulot de sculpteur, j'ai l'impression de sculpter dans une grosse matière sonore parce que les synthés sortent pleins de sons, et après il faut tailler un peu dedans.

Tu es parti vivre à berlin pour composer ton dernier album « tohu bohu », est-ce qu'il y a un endroit qui te fait « penser » la musique, un endroit fétiche?

Il y a Tempelhof, cet énorme aéroport chargé d'histoire en plein cœur de Berlin. Maintenant c'est un énorme parc où tout le monde vient passer du bon temps avec une certaine liberté, les gens font des barbecues entres amis, les enfants jouent etc. Ça c'est un endroit que j'aime bien car il me permet de me poser, de lâcher prise !

Donc maintenant on sait où te trouver à Berlin !

(Rires) Oui c'est ça !

On t'a vu plusieurs fois cet été notamment à Pukkelpop et à notre plus grande surprise, il n'y avait pas beaucoup de monde devant ton live. C'est pas trop dur à vivre ?

Ça arrive, il y a des dates qui sont plus excitantes que d'autres, mais Pukelpop ne m'a pas choqué. Ce qui compte toujours, c'est l’énergie qui est transmise ! J'ai fait de très bon live et j'ai passé de très bon moment devant de tout petits publics.

A ce sujet, tu as fait une belle tournée de festivals cet été, une anecdote peut-être ? Ton meilleur souvenir ?

Il y a eu beaucoup de belles dates, de bons souvenirs, de belles rencontres.. J'ai beaucoup aimé Montréal. J'y ai fait deux concerts consécutifs et, paradoxalement, le premier a été l'un des meilleurs concerts de la tournée, c'était la folie, alors que le second a été l'un des pires ! Mais sinon il y a eu plein de supers souvenirs, les Veilles Charrues, le Printemps de Bourges, les Nuits Sonores...


Rone - Boiler Room Nuits Sonores 2013

On a pu lire dans certaines interviews que tu ne savais pas vraiment où tu allais aller pour ton troisième album. On a fait un petit quizz pour t'aider à préparer ton prochain album !

C'est reparti, il faut que tu composes le 3ème album, quelle ville tu choisis pour t'exiler ? New York, Tel Aviv ou Pyongyang ?

(Rires) Ah ouai ?! C'est vrai que j'ai pas mal pensé à New-york, la dernière fois que j'ai joué à NY je n'avais plus envie de repartir . Oui je me verrais bien à Brooklyn, avoir un studio là-bas ce serait pas mal !

Tu dis souvent que ta musique c'est comme du bricolage, tu utiliserais quel outil pour composer ? Une scie, une perceuse ou une tronçonneuse ?

J'aurai pris un truc un peu plus subtile, plus minutieux...bon sûrement pas la tronçonneuse parce qu'il faut un peu de précision dans la sculpture...

Tu peux prendre un bonus si tu veux

Ah d'accord, donc à choisir je prendrais une clé de 12 !

Bon, l'album est fini, il est temps de préparer le live. Quelle premiere partie choisis-tu entre Paul Kalkbrenner, Moderat et Patrick Sebastien ?

(Rires) Ah le Patrick national ! Un bon Patrick, bien placé en warm up ! Mais je pencherai plutôt pour Patrick Kalkbrenner !

Même question pour les featuring : Oxmo Puccino, Connan Mockasin ou Francky Vincent ?

(Rires, et hésitation) Peut-être Connan Mockasin, j'ai joué hier sur le même festival que lui et j'adore ce qu'il fait. Il a l'air complètement barge ! Oui oui, Connan Mockasin !

Et pour finir, Il faut trouver un nom pour l'album et lancer la tournée, tu as le choix entre : "Cube", "On Air" ou "Un petit feu sur la pente"... c'est une petite contrepetrie...

(Rires) Intéressant ! "On air" c'est assez bien vu, je n'avais pas pensé à ce jeu de mot, c'est pas mal !

On espère t'avoir un peu aidé pour ton 3ème album, en attendant on pourra te voir à l'Olympia le 31 Octobre pour un live plein de surprises !

Oui, j'ai le nom de l'album, ma première partie, c'est parfait !

Question bonus avant de se quitter, quel a été ton meilleur souvenir de festival, en tant que spectateur ?

Le truc qui me vient à l'idée tout de suite c'est le Sonar. C'est le premier gros festival que j'ai fait à 17ans. J'ai pris une grosse claque, c'est presque ça au final qui m'a ouvert l'esprit sur la musique électronique. Y'avait le live d'Aphex Twin, Four Tet, etc, il y avait même Antipop Consortium ! D’ailleurs c'est un beau clin d'œil car maintenant il est sur l'album ! C'est fou ! A la base j'y étais allé une fois pour découvrir, et au final j'y suis allé trois années de suite !