Interviews
Moodoïd : "On a appris à se construire en public"

Les pieds sur terre et la tête dans la lune, Pablo est un jeune voyageur. Dans son Monde de Mö, les sushis et les makis volent, la pop devient psychédélique, sans trop savoir si l’on est dans un désert, à la montagne ou dans les nuages. Rencontre autour des festivals avec le leader du groupe Moodoïd.

Tous les Festivals : Salut Pablo ! L’un des premiers grands festivals dans votre parcours c'est les Transmusicales de Rennes. Cela a été un véritable tremplin pour vous ?

Pablo : Le festival a la réputation d’être un rendez-vous pour les professionnels de la musique de fin d’année, là où tous les programmateurs viennent chercher leur groupe pour l’année suivante. Pour un groupe c’est un peu comme un examen de fin d’année, tu dois beaucoup te préparer. Notre groupe existait depuis 2 mois, on était plein d’adrénaline. C’était une semaine folle, on a fait de la promo tous les jours, et on avait joué pour les enfants à l’Ubu, puis on a eu notre grand concert au Parc des Expo. On avait aussi fait la couverture du Monde, ça fait une semaine intense avec beaucoup de pression.

Vous êtes ensuite partis en tournée festival en 2014 ? Il y en a qui t’ont plus marqué que d’autres ?

On a ensuite fait notre disque, et quelques festivals d’été, en France et à l’étranger. Le Roskilde festival au Danemark, c’est un beau souvenir. Le We Love Green à Paris c’est marrant, t’as l’impression d’être en plein milieu de la campagne alors que t’es à deux pas de Paris. Les artistes sont dans des tipis d’indiens. Il y a des paons, c’est fleuri, c’est agréable en tant qu’artiste. On a fait aussi un festival en Irlande, à Dublin, l’Electric Picnic, c’est totalement fou, totalement incroyable. C’était un week-end, on est arrivé l’après-midi même et notre matériel est resté coincé dans l’avion. On est arrivé une heure avant le concert, à minuit, dans un pays que tu ne connais pas, et tu rentres dans les coulisses d’un endroit où tout le monde fait la fête et toi tu n’est pas dans ce délire là, t’arrives et tu repars directement après le concert. Ça peut être très intense et étrange comme situation.

Il y a une pression particulière à jouer en festival ?

Non, pas forcément. C’est un format très différent car tu joues en extérieur. Souvent tu dois jouer moins longtemps donc tu ne fais pas ton set en entier. Des fois c’est tôt, il fait jour, cela devient un challenge car on a un univers à nous assez intimiste. Tu dois adapter ton univers à ce contexte là. L'acoustique est très différente. L’année 2014 a été une année de découverte, on a appris en public. Quand on a joué au Fnac Live cet été, il faisait 40 degrés, on ne voyait pas les boutons de nos pédales de guitare, on était obligé d’avoir des ventilateurs, tu ne peux pas vraiment anticiper.

Vous avez le temps de voir d’autres groupes quand vous jouez en festival ?

Oui, au Roskilde on est resté deux jours, on a vu Stevie Wonder. Et quand le planning le permet, quand on a le temps, quand mon hôtel n’est pas trop loin, j’essaye de rester faire la soirée comme un festivalier.

Avant Moodoïd, tu allais en festival ?

Avant je jouais dans Mélody’s Echo Chamber, du coup on a fait énormément de festivals, comme le Glastonbury, pas mal de petits festivals en Angleterre, des festivals très famille, les gens viennent avec leurs enfants, et le soir les jeunes arrivent, il y a un truc très village.

Et de l’autre côté de la barrière, comme festivalier ?

L’été dernier je suis allé à la Route du Rock tout seul comme festivalier. J’ai vécu la chose à fond, je me faisais des amis tous les jours. Quand t’es artiste c’est frustrant de ne pas aller dans le festival, tu n’en vois qu'une partie, et tu ne le vis pas en entier.

Tu en retiens quoi de cette Route du Rock 2014 ?

Je retiens le camping, la boue, pas de douches, on reste sale (rires). Les gens me voyant seul me prenait tous sous leurs ailes, donc je me faisais plein de copains. Et vu que c’était pas vraiment mes copains, je pouvais changer de groupe. C’est une expérience de voyage très drôle et enrichissante.

Il y a des festivals que t’aimerais faire avec Moodoïd ?

Oui faire la route du Rock ca serait cool, j’ai de l’affection pour l’avoir fait comme festivalier. Glastonbury ça serait un rêve d’y retourner. On a joué au Liverpool Psych Fest l’année passée, j’adore les ambiances des Psych Fest, les groupes y sont très bons, ça me parle beaucoup. Si un jour on pourrait aller jouer aux Etats-Unis au Austin Psych Fest, ça me ferait bien rêver.

Si toi tu avais à créer un festival, il ressemblerait à quoi ?

Je n’y ai pas encore réfléchi ! (rires) Je ferais un festival sur le modèle anglais, le truc un peu familial et intimiste, dans la campagne, mais en même temps avec une prog’ de découvertes, et très surréaliste. Un truc décalé et fou, drôle. Avec beaucoup d’alimentation aussi, j’adore les stands de bouffe.

Justement en festival, tu manges quoi ?

Je vais toujours au stand où il n’y a personne, souvent les stands de burgers ou kebab sont pris d'assaut, et il reste des petits, genre bouffe éthiopienne où il n’y a que cinq mecs.

Au caterring, vous demandez des trucs ?

On aime bien le fromage, le classique à la française, charcuterie et vin. Bon et en fait pas mal d’alcool aussi ! (rires)

En 2015, vous n’avez pas encore de festivals au programme ?

Pour le moment rien n’est annoncé, mais c’est en train de se préparer. L’idée est de partir en tournée dès mars. L’année dernière on était que quatre sur scène, on est cinq maintenant.

J’ai croisé une vidéo où t’avais une moustache, là c’est rasé, il s’est passé quoi ? Un signe de maturité pour 2015 ?

Je l’ai rasé aujourd’hui ! (rires) Je l’avais pour le tournage d’un clip. J’avoue que cela cause des gros débats dans le groupe cette moustache. Certaines sont contre. Elles trouvent ma moustache pas crédible.

Propos recueillis par Morgan Canda
Photo de Cécile Nougier