Interviews
Mass Hysteria : « si on n’avait pas la scène, Mass Hysteria n'existerait plus»

Quatre concerts aux Eurockéennes depuis 1997, les Mass Hysteria sont des habitués de la presqu'île du Malsaucy. En 2013, ils montaient donc sur la scène pour la cinquième fois, l'occasion pour nous de leur poser quelques questions !

Vous sortez votre 7ème album intitulé L'Armée des Ombres, et donc première question, qui est donc cette armée des ombres ?

L'armée des ombres, c'est la résistance actuelle, et si l'on part de ce qu'il y a de plus visible, on peut citer les indignés par exemple... Le postulat, c'est qu'aujourd'hui, avec la dictature bancaire, l'exploitation toujours plus grande d'une minorité sur une majorité de gens qui galèrent provoque la mise en place d'une résistance, visible ou pas. L'armée des ombres, c'est tous ceux qui résistent au système ou aux abus du système, ou même la résistance créative à travers toutes les formes d'art. Cela représente donc toute cette résistance, qu'elle soit relayée ou pas, qu'elle soit organisée ou non.

Mass Hysteria et les Eurockéennes c'est une longue histoire qui a commencé en 1997, racontez-nous !

La première fois en 1997, on a joué à la « première plage », qui était alors la scène C. Ensuite on est venu en 1999 avec Metallica. En 2001 on a fait la grande scène, et de nouveau en 2005 où on remplaçait Sum 41. Et donc c'est notre cinquième concert aux Eurocks.

Est-ce que parmi ces concerts, certains ont été importants dans votre parcours ?


Eurockéennes 2013 - Photo Olivier Hoffschir

En 1999, la première sur la scène B (actuelle Green room), sous le chapiteau, c'était exceptionnel. En 2001 sur la grande scène à 20h, c’était un beau cadeau aussi. C'était chaud quand même car c'était juste avant la sortie de l'album et on avait jamais joué les morceaux en live, donc il y a eu quelques petits ratés, mais c'est ça le Rock'n'roll aussi ! Mais 1999 reste le concert emblématique aux Eurocks pour nous.

Des anecdotes particulières qui vous ont marqués ?

Rien que de jouer aux Eurockéennes, c'est fort. Faire partie d'une telle affiche, d'une telle aventure, c'est gratifiant pour nous et pour n'importe quel groupe d'ailleurs. Le souvenir c'est vraiment d'avoir participé aux Eurocks telle année et d'avoir fait partie du truc. A chaque fois ça se passe très bien car tout est fait pour : le public est cool, la technique est mortelle et les afters dans le bar VIP sont terribles. Après, on a des anecdotes mais on ne peut pas les raconter ici... (Rires)

Vous avez fêté les 20 ans du groupe à l'Olympia, ça reste un grand moment ?

Un immense moment j'ai envie de dire. Ça symbolisait beaucoup de choses, les 20 ans du groupe, l'arrivée d'un nouveau membre, avec en plus une captation DVD qui va bientôt sortir pour que les absents, ayant toujours tort, puissent bénéficier d'une séance de rattrapage.

20 ans c'est l'heure des bilans non ?

Bah ... ouais. On a commencé timidement en 1995 à faire notre première maquette en Belgique en prenant le Renault espace d'un pote et une remorque toute pourrie avec une bâche, et maintenant on se dit qu'on en a fait de la route. A cette époque, après cette maquette et une petite tournée, on s'était dit que même si l'aventure s’arrêtait là, on serait fier d'avoir croqué un bout de la pomme, et là on n’arrête pas d'en bouffer de la pomme ! On compte plus les kilos ! On a tout fait, pommes au four, pommes d'amour... (Rires)

C'est quoi le secret pour durer ?

L’amour ! (rires) Franchement je pense que dans Mass Hysteria, ce qui nous permet de durer c'est la complicité, on se dit tout. Alors ça froisse, mais on ne se cache rien, et quand il y en a un qui casse les pieds pour une raison, tout le monde lui dit pourquoi il casse les pieds. Après chacun se corrige, et on est toujours là. Il n'y a pas de non-dits. En plus, il n'y a pas de leader à proprement parler. Il n'y en a pas un qui dit « c'est moi qui tire la charrette, c'est moi qui fait les interviews etc... » Tout le monde fait son même lot de boulot. Quand il y a des décisions à prendre, c'est à la majorité, on est cinq et la majorité l'emporte. Je crois que c'est ça qui contribue à notre longévité.

L'intégration a été facile pour les nouveaux arrivants ?

Oui ils ont juste à fermer leur gueule ! (rires). (Vincent, le bassiste arrivé en 2012, prend le micro)  Non on a été bien accueilli. Quand on arrive dans Mass Hysteria, il y a des choses à accomplir et il faut les accomplir correctement. Parfois on se fait un petit peu taper sur les fesses mais ça fait circuler le sang... (Rires). T'aimes bien la fessée toi hein !?

Quels sont les temps forts de votre concert ?


Eurockéennes 2013 - Photo Julie Vincelot 

L'intro, le milieu et la fin. (rires) Non mais le pire c'est que c'est vrai ! On fait attention à tout, on regarde des vidéo pour savoir comment être plus efficaces etc., sans trop se prendre la tête mais juste pour faire bien les choses et tout donner. On n’a pas trop d'artifices donc on mouille le maillot. Mais quand il y a un moment fort dans le concert, c'est qu'il y a une interaction avec le public. Quand on descend dans la foule pour faire un circle pit ...et quand tu fais un circle pit dans un festival bien rock, les gens connaissent, mais hier on était au festival Les Feux de l'été à Saint Prouant avec Gogol Bordelo, Sinsemilia... donc ils ont fait un circle pit au début mais après ils se sont agglutinés sur nous et c'était le bordel ! Moi je me suis sauvé, il y a des gens qui me sont tombés dessus et tout, c'était dangerous !

Le truc le plus fou que vous ayez fait en concert ?

Le plus fou c'est de se casser quelque chose sur scène. On a tous été à l’hôpital à un moment ou un autre, des blessures de guerre quoi ! On en a chié les mecs putain... (Rires) N'empêche qu’aujourd’hui on fait les fanfarons mais je ne sais pas dans dix ans au niveau du dos, des articulations, je crains le pire quoi ! Mais the show must go on !

Aujourd’hui vous pensez à quoi quand vous préparez un nouvel album ?

Eux, les musiciens, ils sont tranquilles, ils ne pensent à rien. Moi quand l'album arrive, je vois une pyramide à construire, c'est un peu abyssal comme vision. Eux ils ont 150 riffs, 30 morceaux, ils font le tri, ils coupent, ils découpent, ce n’est pas vraiment le même taf mais au final ils me réconfortent, ils me rassurent et ça fait 20 ans que ça dure.

La scène ça a toujours été important pour vous, c'est ce qui a construit la réputation du groupe, est-ce toujours vrai aujourd'hui ?


 Eurockéennes 2013 - Photo Mass Hysteria

Carrément, si on n’avait pas la scène, je pense que Mass Hysteria n'existerait plus. Aujourd'hui, avec la chute du cd, nous c'est ce qui nous permet de vivre. Et en plus c'est là qu'on est le plus fort. On a une phrase qui dit «  on goûte au plus puissant des stupéfiants, le bruit d'un public impatient ». Ces 5 minutes avant de monter sur scène, quand le public commence à hurler, c'est magique, c'est un frisson total. C'est ce moment un peu intime qui fait toute la beauté de ce boulot. 

Il y a deux semaines, vous étiez au Hellfest, en Backstage vous avez croisé le petit journal et vous avez voulu délivrer un message. Quelques jours plus tard, on a vu le résultat, en êtes-vous satisfaits ?

Ce qu'il faut savoir, c'est qu'on a donné une interview au petit journal, et ils nous ont demandé de demander à tout le public de baisser leurs frocs, et on a catégoriquement refusé car ce n’est pas l'image qu'on aime dégager du métal, même si ça existe. Ils sont quand même venus à notre concert, et Mouss a demandé au public de montrer qu’on n’était pas que ça. Après, ils ont fait leur petit montage...C'est un peu ironique car aujourd’hui, c’est un des seuls gros média qui parle du métal. J'ai vu le reportage après et j'ai trouvé que ce n’était pas pire que d'habitude, et les connaissant ils auraient pu faire bien pire. J'ai trouvé ça plutôt cool même s'ils n'ont pas mis le message en entier. En plus on aime bien le petit journal, ils sont drôles, caustiques, mais c'est vrai qu'ils ont un petit côté réducteur sur certains trucs et pas qu'avec le métal, donc on voulait qu'ils montrent un peu autre chose. Ils montraient le public métaleux comme le public de Justin Bieber, un peu nigaud...alors bien sûr, il y a toujours des nigauds dans une foule que ce soit le public de Metallica ou de Justin Bieber (surtout Justin Bieber d'ailleurs) mais on voulait montrer que le public métal est avant tout un public de passionnés. D'autant plus qu'au Hellfest, quand tu parles avec les pompiers ou les secouristes, les mecs ne dénotent aucune bagarre. Il n'y a que dans les concerts de rap où c'est un peu plus difficile, mais on n'y va pas donc on s'en fout !

Pour finir, après 20 ans de concerts, acouphène à droite ou à gauche ?

Mouss : Moi gauche
Yann : Un léger à gauche.
Vincent : Moi les deux
Raphaël : Moi j’entends plus grand chose !
Et nico ? A gauche !