Interviews
Disclosure: « tout ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est ce pédalo ! »

Depuis un peu moins d'un an, Disclosure est devenu un réel phénomène dans le petit monde de l'électro. Settle, le premier album du duo, sorti en juin, n'a pas déçu. Demandés partout, les frères Lawrence nous ont accordé une interview aux Eurockéennes de Belfort... sur un pédalo !

C'est votre premier festival en France, même si vous avez déjà joué aux nuits sonores à Lyon...vous aimez le public français ?

Guy : Oui! À Lyon c'était vraiment bien, et on est content de revenir en France pour ce festival. En plus le site est vraiment incroyable.

Des différences entre le public français et le public anglais ?

Guy : Heu… je ne comprends pas ce qu'ils disent ! (rires) Et la nourriture est meilleure ici !

Quels sont les artistes ou les groupes qui vous ont le plus influencés ?

Howard : On a grandi en écoutant beaucoup de la pop des années 70 et 80 comme Stevie Wonder, Michael Jackson...mais maintenant on écoute surtout de la house, du garage, avec des artistes comme Zed Bias....

Et vous avez tous les deux commencé la musique au même âge ?

Howard : Je ne crois pas mais on était tous les deux très jeunes. J'ai commencé la batterie à 4 ans et mon frère a commencé la basse à 6 ou 7 ans.

Vous vous êtes créés une réelle identité visuelle avec ce visage dessiné sur vos albums... d'où est venue cette idée ?

Howard : En fait on avait juste besoin de quelque chose d'artistique pour notre premier single, et l'un des amis de notre manager a simplement peint ce visage et ça nous a plu. On l'a utilisé trois fois de suite car on ne pouvait pas se payer mieux...et puis on a commencé à superposer cette peinture sur des photos et donc à faire évoluer l’œuvre initiale, et c'est maintenant devenu le visage de Disclosure.

Crédit: Phil Sharp

Vous décrivez votre album comme un album vocal, pourquoi cet intérêt pour la voix ?

Guy : On a baigné dans la musique pop quand on était jeunes, dans laquelle on retrouve beaucoup de voix et de cœurs, et les voix structurent la musique. On a découvert ça il y a 4 ou 5 ans, et on s'est dit que nos morceaux devaient avoir des voix et des cœurs. Désormais on les inclut naturellement à nos compositions. On adore concevoir des mélodies et les voix sont une partie importante de notre processus de création.

Vous savez que votre musique pousse les gens à faire l'amour ! Est-ce que vous donnez intentionnellement cette touche sexy à vos morceaux ?

Guy : Non, c'est naturel ! (rires). De toute évidence, la bass musique et la pop ont des références sexuelles, et donc le fait de mixer les deux donne quelque chose de sexy. Même l'univers du Jazz est sexy ! On adore cette combinaison de sexy et de dance, mais on ne conçoit pas nos musiques pour qu'elles sonnent sexy, ce n'est pas notre but. On aime juste développer les harmonies, les voix, les mélodies...

Vous voulez voir d'autres artistes sur scène ce soir avant votre concert?

Guy : Oui, je voudrais voir ceux qui jouent en ce moment ! (Tame Impala). Donc on devrait tous se lever et y aller ! (rires). Non mais on voit énormément de gens chaque jour, et tout ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est ce pédalo ! (rires).

Vous avez déjà fait des festivals en tant que festivaliers avant de les faire en tant qu'artistes ?

Guy : Oui. Le premier festival auquel j'ai assisté était un festival qui s'appelait le Big Show, et c'était en 2010 je crois. J'y étais avec mes amis et j'ai adoré, on s'est bien marré. Je le ferais encore aujourd'hui si je ne devais pas jouer tous les jours ! C'est l'endroit où l'on vit pendant l'été désormais !

Howard : Moi mon premier festival, je l'ai fait à Reading et j'y suis allé deux fois. J'ai fait pas mal de festivals avec mes potes dont un en Espagne et un à Hawaï où l'on est allé trois années de suite. C'est vraiment bizarre comme sensation de ne plus venir dans des festivals avec nos amis, et en plus d'être sur scène après tous ces festivals passés dans la foule ! J'ai vu Friendly Fires jouer au Bestival deux fois et maintenant on joue sur la même scène, c'est vraiment dingue.


Reading Festival - Crédit: John Fielding

On qualifie souvent votre musique de « garage house »... c'est ce qui correspond le mieux à votre style de musique ?

Howard : Je ne sais pas...on s'inscrit clairement dans la musique house et garage. Mais nos morceaux s'apparentent davantage à de la pop qui serait produite de façon house. Il est clair que pour nous, la house et le garage représentent l'âge d'or de la dance, et on préfère la house à la drum and bass ou à la rave. On aime la techno, mais on aime encore plus le garage, et donc c'est ce que l'on fait ! Après, si vous prenez nos morceaux comme Latch et White Noise, vous pouvez trouver sur Youtube des covers avec piano. Ce sont juste des morceaux normaux, des morceaux pop et c'est ainsi qu'on veut les produire.

Vous envisagez de jouer avec des musiciens sur scène ?

Guy : On joue déjà de nos instruments sur scène et pour le moment, on ne veut pas inclure d'autres musiciens. On préfère jouer nos morceaux et s'éclater nous-même. Peut-être qu'un jour on aura toute une troupe...mais avec des musiciens, ça ne sonnerait pas Disclosure, ça sonnerait comme un groupe qui reprend du Disclosure. Pour l'instant on veut juste jouer nos chansons et prendre du plaisir.

Qu'est-ce que vous sifflez sous la douche ?

Guy : Oh c'est si bon de siffler sous la douche ! Je siffle tout le temps Forget Me Nots de Patrice Rushen !

Howard : Sérieux !? (rires) Moi je ne siffle que des trucs tout simples, rien de particulier !

Est-ce que ce n'est pas trop dur de travailler entre frères ?

Howard : On nous pose souvent cette question, de savoir si on se chamaille ou pas, mais tout se passe bien et on s'entend bien. Si l'on était des frères « normaux », ce serait horrible, mais on est amis autant que frères et donc ça se passe bien.


Crédit: Red Bul Studio

Vous avez déjà réussi à enregistrer votre mère ?

Howard : Oui on l'a fait une fois, un sample pour une chanson mais on n’aime pas trop enregistrer des samples. On lui a demandé de rechanter une chanson qu'on avait composé pour que l'on puisse l'inclure dedans, mais ça n'a pas vraiment marché...elle chante pourtant très bien, mais ce genre de truc ne marche jamais. Les samples que vous enregistrez vous-même ne sonnent jamais comme vous le voulez. 

Des invités ce soir dans votre concert ?

Guy : Non, il n'y aura que nous deux...mais je pourrais siffler si vous voulez ! (rires).

Interview réalisée par David Beltramelli et Vincent Maniey