Interviews
Aaron : « On veut que notre musique déclenche une sensation »

Aaron, le duo français de pop-électro sortait son troisième album We Cut The Night à la rentrée. L’occasion de faire le point avec eux sur leurs nouveaux projets.

Tous les Festivals : Bonjour Aaron ! Il y a 5 ans, vous sortiez votre deuxième album. On commençait à perdre espoir...

Olivier : Cinq ans c'est le temps entre les deux derniers albums, mais nous avons quand même été en tournée pendant deux ans. Depuis, trois ans se sont écoulés, mais on a pris un moment pour consacrer du temps aux amis, à la famille, aux voyages. On voulait recharger les batteries. Aaron c’est génial mais des fois ça peut prendre beaucoup de place.

Simon : On a mis un an à faire « We Cut The Night ». Quand on compose, personne ne rentre dans le studio, on est dans notre petit monde. On sait où on veut aller et ce qu’on veut faire. C’est très anarchique notre manière de procéder.

Comment s’écoute « We Cut The Night » ?

Simon : Je pense qu’il ne faut pas guider l’auditeur. Un album, une chanson ou n’importe quelle forme d’art, c’est toi qui la colore avec qui tu es, ton passé et ton rendez-vous avec la musique. L’important, c’est que ça déclenche une sensation. Une personne va dire « j’ai envie de danser », une autre « j’ai envie de pleurer », « j’ai envie de courir ». C’est important d’avoir une appréciation différente d’une chanson.

Pouvons-nous parler d’innovation sur cet album ?

Olivier : On aime bien recommencer de zéro à chaque fois. Même si on a fait que trois albums, ce qui nous intéresse c’est d’aller vers l’inconnu, c’est beaucoup plus excitant. 

Simon : On a étiré, écartelé, vécu jusqu’au bout chaque album composé jusqu’à ce que la tournée et le chapitre s’arrête. C’est vraiment comme un premier album à chaque fois. 

L’or est présent partout dans votre univers : sur la couverture d’album et dans les titres. Qu’est-ce que ça représente pour vous ?

Simon : Sur la pochette, l’or c’est une couverture de survie. Et la symbolique nous intéressait parce qu’on a lu le livre « Le passe-muraille » (ndlr : nouvelle fantastique de Marcel Aymé). Dedans, la métaphore nous a intéressés : la nuit, les ombres s’effacent et les personnes peuvent passer à travers les murs. Il y a cette idée dans la musique : tu ramènes ta propre expérience dans tes paroles et tu la donne aux autres. Et puis le doré et la couverture de survie, c’est une pulsion de vie qu’on essaye de sauver. C’est fascinant.

Vous avez joué cette année au Printemps de Bourges sous le pseudo "Blouson Noir" plutôt qu’Aaron. Pourquoi ?

Olivier : On voulait présenter notre musique avant d’être labélisé « Aaron ». C’était important pour nous de revenir par la musique et non pas par le nom qui nous a fait connaître. Je trouve qu’aujourd’hui, on met le contenant avant le contenu. 

Quels sont vos coups de cœur musicaux rencontrés sur le début de votre tournée ?

Simon : On vient de faire une date à l’Olympia le 28 novembre. Jusque-là, on n’avait pas encore eu de coups de cœur tonitruants. Ce jour, on a découvert le set de la sud-africaine Alice Phoebe Lou qui faisait notre première partie. Elle dégage quelque chose de mystique ! 

Quel est votre meilleur souvenir en festival ?

Simon : C’était en 2011 au Paléo festival, sur la tournée de notre deuxième album « Birds In The Storm » !

Olivier : On avait partagé l’affiche avec Portishead, un groupe qu’on écoutait quand on était déjà adolescents. C’était un superbe moment.

Y-a-t-il un pays où le retour du public vous a particulièrement marqué ?

Olivier : La Belgique ! A chaque fois, ils nous ont accueilli avec la même chaleur et ils sont toujours aussi curieux de nos nouveaux albums. On va y rejouer cet hiver, en février à l’Ancienne Belgique (AB). On a hâte !

Propos recueillis par Lucile Moy et Sophie Lafranche