Interviews
Brns: « A Dour il y a avait des batailles de poubelles au camping »

Tout le monde connait « Mexico » le tube qui a révélé les Bruxellois de Brns il y a un peu plus d’un an. Depuis, les quatre Belges enchaînent les dates. C’est au Creusot pour les Giboulées qu’on rencontre Antoine et César pour parler Belgique et festivals quelques minutes après leur concert.

Tous les festivals : Pas trop dur d’ouvrir une petite scène de festival ?

César : Ca faisait longtemps que ça ne nous était plus arrivé d’ouvrir un festival mais je crois au final qu’on a trouvé notre compte et les gens présents ont semblé contents du concert. Même s'il y a peu de monde on donne tout, peu importe l’endroit ! Le seul problème c’est qu’il faisait vraiment froid !

Donc pas un mauvais souvenir ?

Antoine : Non, on a l’habitude de faire des petites scènes, on a fait quarante fois pire ! On ne se plaint pas on joue on est déjà heureux !

L’avantage d’ouvrir un festival c’est que ça laisse le temps d’aller voir d’autres groupes…

César : On va aller voir les collègues aussi

Antoine : Evidemment, 2manyDjs ! Pour moi, ils resteront les belges qui terminaient le festival de Dour pendant pas mal d’années avec un set annoncé de minuit à 6h du mat mais qui en fait ne s’arrêtait jamais. Pour dire la vérité on ne savait pas qu’ils existaient encore !

Vous parlez de Dour, des souvenirs ?

César : Oui on l’a fait aussi bien en tant que spectateur que sur scène.

C’est une référence ?

Antoine : En Belgique il y a deux grands festivals, Dour et Pukkelpop. Ce sont deux esprits différents. Dour a évolué : avant c’était forcément foireux, méga bordelique, la défonce intégrale. C’était un carnage pendant quatre jours. Tu pouvais retrouver ta tente brulée ou sous un tas de déchets, il y avait des batailles de poubelles dans le camping.

César : Maintenant la programmation a monté en gamme donc il y a aussi des gens qui viennent pour les concerts (rire général).

Antoine : Pendant les belles heures du ska punk et de la drum and bass, il y avait des gens qui venaient, qui se réveillaient vers 10h du soir, ils prenaient 2 ou 3 kelogs pour sortir vers 2h du mat’ et là c’était parti jusqu’à 3h de l’aprem. Dans le camping c’était impossible de dormir, un vrai carnage. Et donc les 2manydjs ont participé pas mal de fois à ce massacre.

On parle des 2many, vous avez des envies de collaboration avec des Djs ?

Antoine : Pas spécialement, on a déjà eu des remix. On ne maitrise pas réellement les machines, on n’est pas des geeks des synthés.

Pour en revenir aux festivals, vu la tournée de l’an dernier vous en avez parcouru pas mal sur scène, mais il y’en a un qui vous a marqué en tant que spectateur ?

César : j’ai fait une fois le Midi Festival en France, c’est mon meilleur souvenir. C’est le seul festival qui allie une affiche de dingue avec uniquement de la découverte, un cadre magnifique et 500 personnes devant chaque concert.

Antoine : Je ne suis pas un énorme bourlinguer de festival. Je ne suis pas fan des campings, c’est peut-être à cause de mes expériences à Dour. Généralement j’y allais tôt voir des concerts et je finissais à dormir dans un vieux champ à côté dans un sac de couchage avant de rentrer. Les festivals en Belgique c’est souvent le bordel ou alors du gros flicage pour vérifier que tu rentres rien d’illégal sur le camping…

On a écouté quelques interviews de vous avant de vous rencontrer et c’est toujours les mêmes questions qui reviennent. On ouvre donc la session « Vous en avez pas marre ? ». Première question : vous en avez pas marre qu’on vous parle de la scène belge en permanence ?

Antoine : Evidemment qu’on en a marre ! C’est un truc qui est totalement fictif. Y’a pas de scène belge tout simplement parce qu’il n’y a pas une seule Belgique. La Belgique c’est trois communautés qui ont peu en commun avec différentes vitesses, différentes histoires, influencées par différentes choses. On ne peut pas comparer Girls in Hawaii avec Balthazar ! Ce qui est hallucinant, c’est de se rendre compte qu’en France personne ne comprend cette scène belge. Même des gens qui sont dans la musique…

César : En France, des gens ont décidé de créer une scène, on parle de la scène Nantaise par exemple, en Belgique ce n'est pas le cas.

Antoine : A Liège il y a une scène, avec les mecs de Jaune Organe qui font le Micro Festival, là on peut parler de scène. C’est hyper fédéré.

Les gens se sentent obligés de vous mettre dans une catégorie...

Antoine : Oui, et on nous ressort parfois des noms comme Brel ou Deus des années nonente (90), on hallucine ! Deus a commencé on avait 5 ans. Donc non, on n’a pas été influencé par Deus !

On continue dans le « Vous en avez pas marre »: Vous en avez pas marre qu’on vous compare à Wu Lyf ?

César : J’en étais sûr !

Antoine : Tellement prévisible !

César : Si et c’est toujours la même réponse. Le début de Brns concorde avec le début de Wu Lyf donc il n’y a pas un groupe qui a copié sur l’autre. Donc oui c’est un peu chiant.

Antoine : Le premier mec, qui a du chroniquer Brns, a fait cette comparaison donc maintenant tout le monde le fait. Le mec aurait pu dire n’importe quoi ça aurait été pareil ! On n’est réellement pas influencé par eux. Notre musique vient de choses qu’on a écouté il y a des années et qu’on a digéré. Les groupes ne s’influencent pas entre eux à une même époque. Animal Collective, Flaming Lips ce sont des groupes qui ont décloisonné plein de truc, eux nous ont influencé.

Dernière question cliché : le nom du groupe est tiré d'un film, vous en avez pas marre qu’on vous demande si vous êtes influencé par le cinéma ?

Antoine : (Rire) tu viens d’écouter l’interview d’avant toi !

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Antoine : oui et non pour répondre à ta question. Ce qui est décevant c’est qu’on aimerait qu’on nous parle cinéma. Les gens ont certaines limites. On a des connaissances dans le cinéma on aimerait en parler en interview. A mon avis, on parle plus de soi ou de sa musique en parlant de nos goûts qu’en expliquant depuis combien de temps on existe.

Alors parlons cinéma, c’est quoi le dernier film qui vous a marqué ?

Antoine : Gregg Araki, Mysterious Skin, un film à la Larry Clark hyper glauque. J’aime beaucoup les Larry Clark. Dans ce film de Gregg Araki il y a une démarche encore plus premier degré, c’est super triste.

César : J’ai vu Habemus Papam dernièrement, un bon film.

Avant de conclure, vous êtes belges on est obligé de vous poser la question : Stromae a fait l’hymne de la Belgique pour la coupe du monde, vous n’auriez pas préféré que ce soit le Grand Jojo qui fasse ça ?

César : (rire) Pour des français vous êtes vraiment bien renseignés !

Antoine : On parle tout le temps du grand Jojo nous !

César : il a quand même dit que si la Belgique se qualifiait à la coupe du monde il ferait un nouveau disque, donc on attend !