On était à
Download Festival Paris, retour en adolescence

Ce n'est pas pour cette deuxième édition que nous allons gagner en maturité. Greenday, Linkin Park, System of a Down, les années 90-2000 étaient plus que jamais d'actualité pour le Download festival 2017 version française. Casquette en arrière, baggy avec 10 francs dans la poche et t-shirt XXL de notre groupe préféré, on vous raconte nos trois jours punk-metal sous le soleil de Brétigny-sur-Orge. 

Jour 1. 16h40, 5 kilomètres à pied, ça use, ça use

Changement de lieu pour cette deuxième édition. Fraîchement arrivés à la sortie du RER C à Brétigny-sur-Orge, nous empruntons l’une des navettes gratuites pour nous rendre sur l’aérodrome festif. Grossière erreur, on met quatre plombes à atteindre l'arrivée dans une boîte à sardines surchauffée à cause des bouchons devant les parkings en ce premier jour. Une entrée fluide, mais 20 min de marche supplémentaires depuis la station où nous dépose la navette. Pas de répit pour nos mollets, le tout sous le lourd soleil de l’été parisien (si,si). Pas de soucis pour les sacs à dos à l’entrée, la fouille est méticuleuse mais aucune consigne de sécurité contraignante n’est imposée. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’on est soulagé : une gourde d'eau fraîche ne sera clairement pas de trop dans nos sacs de festivaliers ce weekend.

18h21, premières gouttes de metal

On fait le tour du patrimoine en empoignant une pinte d’H71 à 8€, nouvelle création du géant Heineken, du côté de la Beer Factory qui propose differents styles de bières (IPa, ambrée..). On rejoint ensuite la War Bird stage pour Dagoba et commencer les premiers chants du weekend. Les sympathiques marseillais sont toujours en super forme 15 ans après leur premier album, mais on regrette de ne pas pouvoir s’approcher davantage de la scène à cause de la tente Metal Expo calée juste devant  

19h25, la chorale de la boue 

L’heure est venue pour le premier gros nom du weekend, Blink 182 (photo), à l'ancienne totale. Le son est un peu trop réglé sur la batterie mais tant que c’est Travis Barker qui s’en occupe, ça ne nous fait même pas raler. On quitte nos potos d'adolescence à mi-set pour aller voir la fin des bourrins Hatebreed en faisant une sérieuse petite randonnée sur le site avant de trouver les toilettes, placées de part et d’autre du festival. Tant pis, ça fait les cuisses. Malgré la boue sous le chapiteau (eh oui Jeannot, si tu optes pour une scène couverte et qu’il pleut des trombes la veille, t’as beau invoquer tout le soleil des tropiques, ça ne séchera pas en une nuit), on est en famille entre hardcoreux et c'est un concert presque intimiste avec des circle pits a la fraiche et une grosse contagion de pêche collective. On en sort tous transpirants et sans voix, mais ça tombe bien, le chanteur nous avait demandé d'être complètement aphones demain. Mission accomplie. 

20h54, Y’a d’la pomme ?

On fait une petite halte à la Cidrerie pour pallier au goûter qu'on n'a pas eu le temps de prendre dans l’aprèm. La pinte de cidre d’une qualité un peu douteuse est tout de même à 8€. On se cale sur un mini brin de pelouse devant la Main Stage 2 pour observer le phénomène Gojira. Le son semble meilleur de loin, tant pis pour le spectacle, on apprécie bien mieux tous les instruments que dans la fosse de Blink juste avant. Une question de vent peut-être ?

22h04, Linkin Park c’était mieux avant

On savait que Linkin Park (photo) avaient changé, il suffit d’écouter leurs derniers albums et de pleurer sur l’époque d’Hybrid Theory et Meteora. Mais on espérait au moins qu’ils adapteraient leur setlist à la thématique du festival. Faux. Le concert est principalement constitué de sons électro et dès les premières chansons on se tâte à lâcher l'affaire. Allez savoir pourquoi on a persévéré jusqu'à la fin, on aurait mieux fait de se payer un concert d’Imagine Dragons. Désespérant et aucunement adapté à un festival de musiques extrêmes. Linkin Park, vous et nous, c’est fini.

Jour 2. 16h11, I whip my hair back and forth

Arrivée sur le festival après 45 min de marche sous le soleil tapant. On n’a pas voulu retenter l'expérience de la navette, traumatisés de la veille, et on a décidé de faire le chemin depuis la gare à pieds. On apprendra par la suite que les choses étaient rentrées dans l’ordre et que la circulation était à nouveau presque fluide. Encore loupé. On arrive pile à temps pour découvrir Code Orange, groupe d’agressive hardcore de Pennsylvanie. Un peu de bon gras des familles pour entrer dans le mood du jour, c’est le minimum syndical. Par contre le groupe en fait des tonnes sur scène, entre rugissements, têtes de super vénères et secousses de cheveux à tout va... Ca en devient agaçant.

17h44, punk sauce mayo

L’appel de l'estomac creux se fait bien sentir en cette fin d’après-midi. On teste le camion des Grilled Cheese sur l’un des deux espaces Food du festival. Pour 10 balles un grand sandwich et des frites, c’est convenable mais on regrette un peu le manque d’originalité culinaire de la plupart des stands. Les kebabs et autres burgers c’est so 2010 quoi. On se pose sur le côté de la scène Spitfire, la plus petite du festival, pour profiter du live de The Living End.  Le son nickel aujourd’hui et on prend beaucoup de plaisir à découvrir ce groupe de punk-rock australien à la fraîche qui dépote.

18h10, la sécheresse de Brétigny

Prochaine mission de l’équipe, chercher de l'eau. La panique commence à s’emparer de nous à la vue des queues interminables devant les points d'eau. En fait les queues sont partout aujourd’hui et on n’a pas besoin de faire un recensement pour réaliser qu’il y a bien plus de monde que la veille. On écoutera la fin du live d’Epica de loin, dans l'herbe, un nestea pêche frais comme le coeur de ton ex, en main. Il est 18h, c'est la fournaise à Brétigny. Côté concert, autant le metal symphonique c'est toujours pas notre truc, mais un wall of death massif sur de la musique de guerre épique c'est quand même le summum du badass. RUN YOU FOOLS !

19h06, les reines du shopping

Le réglage son est visiblement un peu limite sur la Main Stage 2 et ce depuis ce matin d'après François, notre voisin dans la fosse. Pendant le live de Paradise Lost, le mic et la basse nous donnent presque des migraines mais on les oublie rapidement tellement le groupe de death doom britannique est tout sourires et compliments. En revanche, on se dit qu’ils doivent crever de chaud tout de noir habillés sur la scène face au soleil brûlant. Déjà que nous en petit shorty on en chie… On prend un peu de temps pour faire le tour des très nombreux stands de vente sur le Market (photo). Tshirts, vinyles, patchs, robes, cornes de vikings et même tétines. Pour les cadeaux d’anniversaire, nous on est tout bons.

20h25, trop grandes espérances

Ils sont chauds sous la War Bird. Soilwork, c’est le choix parfait pour débuter la soirée : ça chante en choeur, ça tape dans les mains et des pieds, et ça slam dans tous les sens. Trente minutes de queue et une bière dans les mains, on va se positionner devant la grande scène avant le début du concert des légendaires System Of A Down. Sauf qu’on n’est pas les seuls à avoir eu cette brillante idée… nous voilà serrés comme des maquereaux en boîte dans une foule qui ne sent pas la tulipe hollandaise. Qu’est-ce qu’on ne s’infligerait pas pour un petit Toxicity des familles... Pour le concert, musicalement, c’est parfait. Mais niveau ambiance, c’est franchement mou. Le groupe ne s’adresse au public qu’une ou deux fois pendant la soirée, reste extrêmement statique sur scène et ce malgré des effets lumière déconseillés aux plus épileptiques d’entre nous.  Le coeur un peu serré, on rejoint les navettes et le dernier RER qui nous emmènera à Paris directement et en un rien de temps. Que demande le peuple.

Jour 3, 15h50, séquence émotions avec Architects

 On décide de commencer la journée par une petite virée au camping, accessible avec une simple petite inscription sur le site. On fait un tour au stand de recharge Global Charger qui prête des batteries externes aux festivaliers pendant les trois jours pour tenir le coup, sur un petit marché de fruits et légumes locaux qui propose pommes, pastèques et autres salades de fruit à gogo (photo), et on finit bien entendu par un tour au bar pour se servir une 33 Export a 6€ la pinte. La bière à l’eau la plus chère de nos vies en somme.

On attaque les choses sérieuses avec Architects sur la Main Stage 2 et un concert qui explose bien comme il faut, comme d’habitude. On sait d’ailleurs pas qui est plus content d'être là, eux ou nous. Beaucoup de moments émouvants et d'hommages rendus aux victimes du Bataclan et à Tom Searle, guitariste du groupe décédé en août dernier des suites d’un cancer. RIP. 

17h14, you can't bring Paris down

Next step, Suicidal Tendencies pour se mettre dans le mood punk hardcore de la journée. Ca fait plaisir de les voir sur une grande scène pour une fois même si ça ne bouge pas des caisses dans le public. Public d’ailleurs très famille cet après-midi. On ne manque pas de croiser des petits harcoreux d’une dizaine d’années qui headbangent devant les crash barrières, oklm. Passage en courant sur la Main Stage 2, à quelques mètres de là, pour rejoindre les légendes vivantes Mastodon (photo), notre seule dose metal de la journée, à base de solos grinçants et de cheveux grisonnants qui volent. L’amour au premier regard.

19h25, l’heure de danser

On a attendu ce moment tout le weekend, on va enfin pouvoir trémousser nos corps cramés par le soleil sur Rancid (photo) devant la Main Stage 1. L'iconique groupe de punk-rock californien des années 90 nous sert comme toujours un moment de folie sur un plateau explosif, des pogos à gogo, des pas de danse frénétiques et des chenilles improvisées. Peut-on penser à les programmer à chaque festival désormais s’il vous plaît ? Le concert de Prophets of Rage, nous on l’a vécu comme un karaoké géant tournant autour de la thématique Rage Against The Machine, Public Enemy et Cypress Hill. Le public lui a été majoritairement conquis par la prestation. On a effectivement pu entendre Killing en live, mais de loin, car déjà partis réserver notre place au chaud devant la grande scène en attendant l'arrivée des headliners de la soirée. Tu es un fanzouze ou tu ne l’es pas.  

22h05, flammes, confettis et nos années lycée

L’application du festival qui nous permet de recharger nos bracelets cashless ne fonctionne plus depuis l’aprèm. Pour les bières c’est donc bel et bien fini. En revanche, c’est sympa de la part du Download de penser à nous préserver d’un dur retour à la réalité le dimanche matin. Ni une ni deux, Green Day envoie la sauce à coup de flammes, et tonton Billie Joe raconte ses histoires et blagues du dimanche midi. On note beaucoup (trop) de “Hey Ho” et de présentations des différents membres du groupe. Normal, il faut bien meubler les 2h30 allouées au groupe sur la programmation, mais est-ce que c'était vraiment nécessaire ? Un concert sous le signe de la pêche ultime de la part d’un groupe qui n’a pas pris une ride depuis Basket Case. Mais comment font-ils pour continuer à nous épater 20 ans plus tard ? Alors que d’autres ont énormément apprécié la prestation de Carpenter Brut, c’est avec la banane qu’on repart tous chez nous, dans nos vies d’adultes.

Le Bilan

Côté concerts

La valeur sure
Green Day, ça ne vieillira donc jamais American Idiot

Les imposteurs
Linkin Park, si les extraterrestres pouvaient nous rendre les mecs qui faisaient des super sons dans les années 2000 ce serait cool

La découverte
Soilwork, la qualité nordique au summum de son art

Le gros bal
Rancid, dès que les mecs se lancent tes pieds ne s’arrêtent plus de danser

Le what the fuck
Prophets of Rage, on n’a toujours pas compris le concept derrière cette charmante petite assemblée de stars

Côté festival

On a aimé :
- Le site est super propre tout le temps
- Une programmation chouette et variée qui laisse plein de choix pendant tout le weekend
- Pas de queues à l'entrée et un système de navettes finalement géré à la perfection
- De l’espace, tellement d’espace ! 

On a moins aimé :
- Les 20 minutes de marche entre la navette et le site du festival, sous 30°C.
- Le papier toilette porté disparu depuis le vendredi 9 juin 2017 aux alentours de 17h
- Des problèmes de réglage de son sur les 2 grandes scènes pendant certains concerts. Ou étions-nous très mal placés à chaque fois ?
- Le cruel manque de points d’eau un weekend de canicule

Conclusion

Après une première édition prometteuse en 2016, le Download version française confirme le tir en 2017. Des têtes d'affiche de classe dans une programmation de qualité, une ambiance festival comme on les aime à base de bières et de soleil, les ingrédients étaient réunis à Brétigny. Avec une identité propre trop timide qui ne demande qu'à être afirmée, et un lieu fixe et définitif pour s'encrer, le festival deviendra l'un des rendez-vous incontournables des punks, rockeurs et métalleux de l'hexagone d'ici quelques éditions. 

Photos de Morgan Canda