On était à
Château Perché 2019, pérégrinations sous une pluie mystique

Le festival Château Perché mise chaque année sur une communication mystérieuse et un lieu auvergnat idyllique. Pour cette édition, le festival investissait l’arboretum de Balaine, jardin botanique à l’architecture anglaise du XIXe siècle, situé dans la bourgade de Villeneuve-sur-Allier. À Château Perché, c’est une ribambelle d’artistes souvent peu connus mais talentueux qui défilent sur plus de dix scènes pendant 4 jours. Préparez-vous, décollage imminent.


Jour 1. 22h00, arrivée fantasque et premières bourrasques

Nous avons quitté Paris et sa chaleur à toute vitesse. Après trois heures de route agrémentées d’un apéro-mobile pour se motiver, nous arrivons dans la commune de Villeneuve-sur-Allier. La nuit tombe déjà et nous devons traverser le parking pour rejoindre le camping, immense terrain vague. À noter cette année qu’il n’y a aucun bouchon, optimistes donc, nous sommes certains que les organisateurs ont pris du galon.

Il fait déjà nuit noire lorsque nous arrivons. Il semblerait qu’il n’y ait qu’un seul camping, où chaque allée est numérotée et où par miracle, toilettes et douches sont équipés. À peine les tentes installées - ou plutôt jetées - nous enfilons nos déguisements de fête : maquillage à paillettes (bio, les paillettes) en place, nous remplissons nos gosiers de mélanges maison joliment présentés dans des bouteilles en plastique avant de se lancer dans la mêlée. Le stand de cashless au camping ferme déjà, il faudra donc s’aventurer à l’intérieur pour pouvoir équiper de nos richesses la puce de notre bracelet. Il va falloir apprendre la patience, ce week-end. Un premier checking bracelet à la sortie du camping. Puis nous marchons pendant plus de cinq minutes le long d’un chemin entouré d’arbres. Aucune signalétique lumineuse ne nous indique où nous mettons les pieds. Seuls les festivaliers portant des leds, telles des petites lucioles dans la nuit éclairent le chemin et c’est bras dessus bras dessus que nous avançons à tâtons dans la boue. Au bout du chemin nous attend la fouille. La sécurité est désagréable, impolie, prenant le public pour du bétail camé.

1h00, la chapelle mystique illumine la nuit

Première claque de la soirée face à l’immensité de cette plaine. Nous entamons nos premières déambulations nocturnes dans l’arboretum de Balaine. Nous passons devant la scène Cyprès Chauve où nous assistons à une déclamation de poésie et où nous entendons Etienne Daho, seulement le projet du week-end est loin d’être Rome. Nous continuons donc notre chemin, à gauche une performance de mimes derrière un drap blanc, à droite une immense statue illuminée. Il est difficile de se repérer, nous en prenons plein la vue grâce à une scénographie dantesque mais aussi à des festivaliers qui ont joué le jeu du déguisement. Certains sont déjà perdus, d’autres ont été astucieux et se déplacent en troupe, ballon lumineux accroché au dos. La chapelle mystique est parée de lumières roses et blanches, entourée de colonnes grecques et de statues d’anges. Nous donnons notre premier coup de pied sur de la micro-house.
 

3h00, le Lavoir d’Antan

Nous retournons près de l’entrée du festival où se situe pléthore de food trucks et l’une des scènes principales. Le Lavoir d’Antan surplombe le lac. Des champignons lumineux viennent agrémenter la scénographie. De l’autre côté sont en train de traverser des femmes sur échasses. Il faut regarder où l’on marche, faire attention de ne pas perdre les copains mais on a aussi envie de danser, de s’en mettre plein la vue, et il est difficile d’avoir les yeux rivés sur tout. Après nous être fait offert des bières, une pause toilettes s’impose. Quelle belle surprise cette année lorsque nous découvrons que des toilettes sèches ainsi que des urinoirs féminins ont été installés. Une initiative que nous espérons devenir courante d’ici quelques années dans tous les festivals. Nous finissons par rentrer à la tente, exténués de cette première soirée. Nous préférons faire la fête le jour...


Jour 2. 11h00, réveil douceur sous une pluie battante

Et faire la fête le jour, sous une pluie diluvienne ? Qu’à cela ne tienne, nous enfilons nos K-ways ! Juste le temps de nous préparer et de manger un bout à notre tente, que le festival coupe déjà la musique jusque 17 heures, le temps de faire une pause ou une sieste pour certains. Un couple d’amis est venu en camion et caravane. Sous leur bâche nous improvisons une petite fête avant de retourner danser sous la pluie.

Le site est si différent à la lumière du jour : c’est simple, nous ne reconnaissons rien. Nous déambulons entre chaque scène, et découvrons de nouveaux décors, dont la scène de la Verrière où les habitués de la dark techno viennent écraser la poussière. Sur notre droite, des femmes dénudées dansent derrière les fenêtres du château.


22h, le Bel Etang

Pendant que quelques uns de l’équipe abandonnent la bataille, faute d’avoir dormi la veille, nous nous dirigeons vers une scène cachée, le Bel Etang. Sur notre chemin, nous découvrons de nouveau une installation lumineuse. Ce sont sur les notes de « I Feel Love » de Donna Summer que nous entreprenons une danse endiablée. Certains font des bulles, d’autres luttent contre le sommeil et la fraîcheur grâce au stand de thé chaud. La pluie commence à tomber et peu vaillants que nous sommes, nous préférons rentrer afin de garder nos forces pour la sacro-sainte fête dominicale.


Jour 3. 07h00, dimanche idyllique

En pleine forme et par un soleil qui s’annonce radieux, nous prenons un petit déjeuner avant de retourner sur les lieux. Sur le chemin du festival, nous croisons tous ceux qui rentrent, trempés de la nuit... décidément nous faisons tout à l’envers ici ! La sécurité nous fouille sévèrement, jusqu’à avoir des gestes limites et des remarques déplacées. 

Après s’être enfilé un cornet de frites et une bière fraîche, nous restons toute la matinée du dimanche devant la scène de la Plaine qui oscille entre sets de micro-house, tech-house et bass music. Dans les arbres, un tigre en peluche nous surveille. L’après-midi, une pause au bar de vins naturels s’impose où nous dégustons un verre de vin de Loire près du château. Une belle initiative que d’intégrer des produits locaux au sein de ce festival techno. 


15h, Freed from Desire

Nous dansons ensuite devant la scène Verrière où l’Eurodance embrase le sol. Entre French Affair et Gala, le public saute plus qu’il ne se déhanche. Non loin de là se trouve un cabinet de curiosités où l’on peut tendre le bras pour y décrocher un cadeau pour son bien-aimé - si ledit bien-aimé aime les bocaux de boyaux de poupées. Nous terminons la journée devant la scène du Lavoir pour un closing sensationnel où chacun donne de son dernier souffle pour créer une dernière fois la synergie d’un instant parfait.

Alors que toute la musique s’est arrêtée, la fanfare continue à jouer devant les derniers irréductibles. Nous terminons le dimanche soir au camping où la fête bat son plein. Alors que la scène psytrance était fermée pour cause de pluie la veille, les DJ's se sont emparés du podium et nous ont ravis à coups de rapides riffs. Le lundi matin est rude, le camping se vide, des déchets ici et là traînent leurs derniers bouts de vie. Nous nous arrêtons à Nevers pour manger et se baigner dans l’Allier, avant de se confronter à la - dure - réalité de Paris et ses métros bondés.


Le bilan

Côté festival

On a aimé :

- des scénographies improbables
- des performances immersives
- des artistes bourrés de talents à l’énergie communicative
- le lieu magnifique
- les points d’eau potables
- la bienveillance et les sourires des festivaliers

On a moins aimé :

- le manque d’organisation face à la pluie
- le manque de communication entre les organisateurs, les artistes et le public
- la sécurité aux allures de bulldog
- le camping sans coin chill


Infos pratiques

Prix des boissons
2,5 € le verre de jus de fruits
5 € la pinte de blonde
6 € le verre de vin naturel
10 € la bouteille de Prosecco (au camping)

Prix de la nourriture
6 € les beignets de légumes et salade
5 € le cornet de frites

Prix du festival
150 € pour le festival complet

Transports
3h de Paris en voiture ou navettes + gare
2h30 en voiture depuis Lyon
5h depuis Marseille

Conclusion

Après tant d’éditions, nous persistons chaque année à revenir. Mais ce n’est pas tant pour l’expérience festivalière qui, sur de nombreux points, laisse à désirer par un manque d’organisation. Heureusement, la scénographie, les performances visuelles, la bonne humeur des festivaliers sont autant de raisons pour rester planer encore un peu.

Récit et photos : Jacques Zwickert et Manon Beurlion