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Say Yes Dog : "Au Primavera, le public était dingue"

Say Yes Dog c’est trois copains très rigolos qui font du son sérieusement épatant. S’ils n’aiment pas trop se faire prendre en photo, ils adorent balancer des crasses l’un sur l’autre. Nous avons pu parler de tout et de n’importe quoi mais surtout de leurs expériences de festivaliers, avec la conclusion que ce n’est pas les plus sages et les plus ennuyeux sur le terrain. 

Tous Les Festivals : Salut ! Pouvez-vous vous présenter brièvement ? 

Paul : Salut, je suis Paul, je fais de la basse.
Pascal : Je suis Pascal, je fais de la batterie. 
Aaron : Je suis Aaron et je suis malade. 

Nous sommes un peu perplexes, vous venez d’où à la base ? 

Pascal : Je suis luxembourgeois et eux viennent de Berlin. 
Aaron : Je ne comprends pas pourquoi c’est parfois difficile à saisir mais je pense que c’est marrant que ça reste comme ça. Les hollandais par exemple pourraient croire qu’on est hollandais et bien nous aimer du coup. (rires)
Paul : Au départ, quand nous avons créé le groupe, c’était drôle parce que personne n’arrivait à comprendre. Parfois les gens pensaient qu’on était hollandais parce qu’on s’est rencontrés au Pays-Bas et qu’on a crée le groupe là-bas. Pour d’autres gens on est un groupe de Berlin. D’autres encore pensent qu’on est officiellement luxembourgeois parce qu’on a des références culturelles du Luxembourg…
Pascal : On devrait garder ça ! (rires)
Aaron : Même des amis proches pensent parfois qu’on est luxembourgeois, et là je me dis “mais qu’est ce que tu racontes mec ?” (rires)

Comment avez-vous lancé le groupe ? 

Aaron : On faisait nos études à la Haye et on trainait entre nous pas mal parce qu’il n’y avait pas grand chose à faire. La vie nocturne n’est pas au top là-bas … Alors je travaillais sur quelques chansons et nous avons essayé de jouer avec. On se retrouvait régulièrement et on essayait de faire des arrangements. Nous ne pensions pas créer un groupe au départ, on faisait juste de la musique ensemble. C’est devenu plus sérieux quand nous avons postulé pour jouer au Fusion festival à Berlin, juste pour le fun, on ne s’attendait pas à être pris. Et du coup quand ils nous ont dit qu’on pouvait y jouer on était là “wow, maintenant on doit créer un groupe!”
Paul : A l’époque on n’avait qu’une chanson et une courte vidéo filmée par un pote dans laquelle on joue le morceau dans la chambre de Pascal. 
Aaron : Je l’ai regardée à nouveau l’autre jour et c’est vraiment mauvais en fait ! Mais nous avons quand même joué au Fusion ce qui était super, et ils nous ont payé et tout ! (rires)
Paul : Depuis on a essayé de s’améliorer. Mais c’est vraiment comme ça que le Fusion festival fonctionne, c’est comme ça qu’ils programment les artistes : ils donnent une chance à des groupes qui ne sont pas vraiment connus mais qui correspondent vraiment au line-up. Un an plus tard, on avait déjà joué un peu et on ne les intéressait plus tant que ça (rires). 

Vous avez fait pas mal de festivals depuis, vous avez voyagé dans beaucoup de pays aussi. Quel est le meilleur festival allemand que vous ayez fait ? 

Aaron : Pour l’expérience je dirais probablement le Dockville. C’était le meilleur public et niveau concert c’était très avancé. Mais d’un point de vue de l’ambiance ce serait surement le Appletree Garden. 
Paul : C’est un tout petit festival qui monte. Ces dernières années il était sold-out assez rapidement et on y retrouve une ambiance vraiment sympa. C’est juste deux scènes dans les bois et il y a rien qui se passe simultanément. 
Aaron : Chaque groupe qui passe peut avoir toute l’attention. Il n’y a pas de concerts parallèles. 
Paul : Et les gens sont vraiment cool là bas, je sais pas, il y a vraiment un feeling différent par rapport à d’autres festivals. C’est 4 ou 5000 personnes tout au plus. 

Et qu’en est-il des festivals hollandais ? 

Aaron : J’ai bien aimé Into The Woods. C’était super trippant.
Paul : De l’autre côté il y a beaucoup de grands festivals electro, comme Pinkelpop … Non, Pukkel … Non, Pinkpop... bref ! C’est très différent là-bas. C’est comme le Rock AM Ring en Allemagne... 90 000 personnes qui se rassemblent comme un troupeau animal. On est vraiment coincé tous ensemble dans un endroit. Ne vous méprenez pas, j’aime bien aussi, j’en faisais quand j’avais 16 ans, mes premières expériences de festival. Mais aujourd’hui, je préfère faire de plus petits festivals om la musique est plus séléctive.
Aaron : Et où ils savent vraiment qui ils ont programmé. 

Et les festivals français ? 

Pascal : Europavox, c’est le seul qui me vient à l’esprit. Cétait cool même si on a eu quelques problèmes techniques ... 
Aaron : On n’en a pas fait beaucoup en fait. Mais on a fait un concert génial au Nouveau Casino à Paris, c’était extra. On espère vraiment pouvoir jouer en festival en France cette année.  

Alors parmi tous les festivals que vous avez fait, lequel serait le meilleur pour vous? 

Aaron : Je suppose que ce serait le Primavera, en Espagne. C’était vraiment excellent, il y avait vraiment une bonne ambiance.
Pascal : Je suis d’accord, le public du Primavera était dingue. 
Paul : Notre programmeur et manager organise un festival au Luxembourg où nous jouons tous les ans depuis le début, le Food For Your Senses. En fait nous avons une communauté de fans très cool au Luxembourg alors on se sent comme si on rentrait à la maison à chaque fois. C’est étrange parce qu’on n’avait aucun lien avec ce pays avant de rencontrer Pascal et maintenant à chaque fois que nous y jouons on s’y sent encore plus chez nous qu’à Berlin.  
Aaron : Enfin, le Berlin festival était super aussi ! On était très anxieux mais au final on a été très chanceux parce qu’on jouait sur une petite scène entourée de deux grandes scènes sur les côtés et entre deux gros concerts les gens venaient nous voir. Ils était environ 3000 dans le public, c’était comme un festival en soi !  

Meilleur public ? 

Tous en choeur : Le Primavera ! 
Aaron : C’est tout le truc de ce festival, les gens sont fous et ça marche super bien. On sent vraiment quand il y a une connexion quand les gens bougent, dansent, crient. Et en plus on avait un horaire parfait. 
Paul : Un bon concert requiert pas mal de facteurs différents comme l’horaire ou le public... 
Aaron : Un jour on a joué en pleine après-midi, en plein centreville devant un groupe d’enfants et de grand-mères. Ca, c’est vraiment pas terrible. Je me suis dit “mon Dieu, mais qu’est ce que je fous ici?” (rires). Je pense que le mieux c’est quand on est programmé un peu tard et que les gens sont d’humeur pour danser. 

Quel est le meilleur festival que vous ayez fait en tant que festivaliers ? 

Paul : Pour moi c’est le Fusion. C’est très beau, c’est une expérience unique, vous devriez venir ! Ca ne ressemble à aucun autre festival. On se sent comme si on était dans un autre monde, c’est fou. 
Aaron : Enfin, ça n’a rien à voir avec Tomorrowland en revanche ! (rires)
Paul : Quand on fait des festivals commerciaux en tant que groupe, on joue un jour et on repart le lendemain. Au Fusion, on obtient des billets pour la semaine et on est vraiment dans l’échange. On joue un jour, peut-être même deux fois, et ensuite on peut profiter du festival avec les autres festivaliers. 

Alors où pourrait-on vous trouver en festival quand vous n’êtes pas sur scène? 

Aaron : En backstage en train de me bourrer la gueule sévère. Vous ne me trouverez jamais au premier rang mais c’est principalement parce que je suis vraiment très grand et en général les gens n’aiment pas trop quand je suis devant eux. Sauf si je suis super bourré, alors je vais tout devant pour énerver les gens. (rires)
Pascal : Le plus souvent je vais de scène en scène, à la recherche des meilleurs groupes.  
Aaron : Tu slammes pas mal aussi ! C’est un flitzer. 
Pascal : J’essaye de me soigner (rires)
Aaron : Il perd un peu le contrôle en ce moment. On doit l’arrêter pour éviter les problèmes (rires)
Paul : Aaron adore porter des gens sur ses épaules. Généralement c’est le quatrième membre de notre groupe, notre ingé son qui est tout petit alors Aaron le porte pour qu’il puisse voir en festival. (rires)

Qu’est-ce que vous aimez manger en festival ? 

Paul : Encore une fois… Le Fusion festival est le meilleur en terme de bouffe. C’est bizarre, je ne suis pas végétarien, j’aime la viande et ils n’en vendent pas du tout mais ce ne me manque pas du tout parce qu’il y a tant d’autres choses géniales à manger et pour vraiment pas cher. 
Aaron : Moi j’aime bien les trucs au fromage et les trucs gras qui me reboostent et me permettent de slammer.  
Pascal : Perso vous me trouverez le plus souvent au stand des frites. Là où ils ont beaucoup de ketchup. .

Vous êtes plus du genre before en camping ou premiers devant la scène ?

Pascal : Moi j’adore le camping !
Paul : Quand je suis allée à mon premier festival quand j’avais 15 ans, je me réveillais à 11h30 et le premier groupe passait à midi et je ne loupais rien ! 
Pascal : Ouais mais bon, tu fais quoi maintenant ? C’est toujours moi qui doit vous motiver pour aller voir des concerts ! 

Mais tu nous as dit que tu étais du genre camping ! 

Aaron : (rires) tu devrais noter ça ! Il apporte tout un équipement de camping, un grill, un petit frigo ... 
Pascal : Tout à fait, pour faire des raviolis en boîte ! 

Quel est le truc le plus dingue que vous ayez vécu en festival ?

Pascal : Wow c’est pas facile à dire car il nous en ait arrivé des bonnes...laquelle on pourrait choisir ? Peut être la plus absurde serait le coup où Paul était malade. 
Paul : Ouais, c’était au Waves Festival à Vienne et on jouait aussi le lendemain à Bratislava vu que c’est pas loin donc on est y est allé. 
Aaron : C’était la dernière semaine de la tournée, et Paul était vraiment malade, il avait perdu sa voix. D’habitude il chante quand même mais là il était vraiment dans le dur.
Paul : Et on était dans une petite boite miteuse à Bratislava, une cave en gros, et les gens étaient déjà bien bourrés quand on a commençé à jouer. Perso c’est l’un de mes concerts les plus chelou car j’avais pas de micro… J’avais l’impression de ne rien comprendre à ce qu’il se passait, j’étais juste debout en train de jouer et de transpirer en regardant des gens bourrés tomber dans les vapes ! (rires)
Aaron : Je me rappelle aussi d’un autre concert où une fille criait “fuck me” super fort à Pascal et il en a perdu ses baguettes. C’était en France d’ailleurs !
Paul : Oh et tu te rappelles de celui où ils ont fait une faute à notre nom ? En plus on était l’un des plus gros noms ce soir là et ils avaient un énorme projo qui projetait sur une maison au milieu d’un superbe paysage et à la fin du concert j’étais en train de filmer la vue et là je vois notre nom marqué : “Say Yes….God”! J’en revenais pas.

Vous êtes plutôt du genre ultra-connectés/accros au selfies en festival ou un peu hippies qui restent à l’écart de tout ça?  

Aaron : (rires) Ouais on adore les selfies ! On a des énormes selfies sticks, j’en ai un de six mètres mais Pascal s’entraine toujours sur celui de 5 mètres (rires). On voulait en faire un super long et pour l’utiliser il faudrait porter un costume spécial et ça permettrait de faire des prises de vue de folie.
Pascal : Quand on était à Montmartre, les touristes s’arrêtaient toutes les 5 marches pour prendre des selfies, ça nous a inspiré.

Avez-vous découvert un artiste en festival qui vous a plu l’été dernier ? 

Aaron : Perso ce serait Son Lux, il m’a vraiment scotché. Je l’ai vu l’année dernière au Food For Your Senses au Luxembourg.
Paul : J’ai vu Metronomy pour la première fois au Primavera l’année dernière. C’était vraiment cool à tout point de vue. Et aussi Earl Sweatshirt, je suis un grand fan.
Aaron : J’aime aussi beaucoup BRNS. C’est clairement le genre de groupe qui envoie plus en live qu’en enregistrement. Je viens de les voir il y a deux semaines, c’était fou !

Si vous deviez organiser votre propre festival, il ressemblerait à quoi?

Aaron : Je ne le ferais jamais, c’est trop de boulot !
Paul : J’aimerai qu’il soit plutôt tourné vers des musiques diverses et variées, pas juste un festival rock ou éléctro. Je l’imagine avec pleins de styles, du hip-hop évidemment, et un peu de rock ou d’éléctro quand même.... 
Pascal : Moi je ferai exactement le même que Primavera (rires), quelque chose de simple et de cosy. Pas le truc prise de tête, pas plus de 5000 personnes.
Aaron : On pourrait avoir une scène volante, qui tourne ou qui flotte…
Paul : Et il n’y aurait que des filles. (rires)

Vous connaissez votre programme pour cet été?

Aaron : Je sais qu’on a 4 ou 5 festivals confirmés, mais on va balancer les dates très bientôt.
Paul  : On va faire quelques très bons festivals en Suisse et on a hâte !
Aaron : Là on est vraiment en train de finir l’album. Il est fini mais il reste quelques mixages à faire. Donc bien travailler sur l’album, enregistrer un clip, répéter pour les concerts, c’est ce qu’on fait en ce moment. L’album va sortir courant 2015 et quelques morceaux arrivent très vite.

Des propos recueillis par Anja Dimitrijevic