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La Fine Equipe : “On a vraiment envie d’aller conquérir les festivaliers”

Ils sont loin d’être des débutants, et pourtant ils continuent de se réveler au fil des festivals. La Fine Equipe, c’est quatre beatmakers qui ont la danse au corps, et le bout des doigts magiques pour jouer avec leurs platines. On a rencontré oOgo, Gib et Chomsky lors de leur passage à Papillons de Nuit.

Tous les festivals : Salut la Fine Equipe ! C’est le début de la saison festival, dans quel état d'esprit êtes-vous ? 

oOgo : Ça fait du bien !

Gib : C’est vraiment cool, car qui dit gros festival dit grosse scène et beaucoup de monde. Tout va vite, c’est assez excitant. T’as pas énormément de temps pour t’installer, il faut faire ça bien.

Chomsky : On a travaillé le live toute l’année avec pas mal de concerts, donc on arrive avec un show aboutit. En festival le temps de live est plus court, il faut savoir être encore plus efficace.

En festival, votre show est calibré de A à Z ou vous vous laissez des plages d’improvisation ?

Chomsky : On se doit d’être très calibré, comme le temps est réduit, on fait les morceaux les plus efficaces.

oOgo :  Le truc cool c’est qu’on rencontre plein de gens, plein d’artistes. Vu que l’évènement dure que quelques jours tout est plus intense que si on va juste jouer dans une salle qui fait des programmes des groupes toute l’année.

Vous sentez l’atmosphère festival quand vous êtes sur scène ?

Chomsky : On le ressent plus quand on se balade que quand on joue.

oOgo : Mais c’est clair que c’est un autre public. En plus il y a le fait que c’est tout le temps dehors ou sous un chapiteau. C’est une autre ambiance, c’est vraiment différent.

Vous préférez jouer en festival ou en salle de concert ?

Gib : La différence est telle que c’est pas mieux ou moins bien.

oOgo: C’est juste que ça fait du bien. Moi, là j’attends vraiment de démarrer ça, on a fait beaucoup de salles depuis octobre, du coup ça a une petite odeur de fraicheur et de vacances.

Gib : C’est la période d’été, il y a une vraie excitation. On a vraiment envie d’aller conquérir les festivaliers, de proposer notre musique au plus grand nombre, surtout s’il y a des gens qui te découvrent. Par rapport à un concert où on est la tête d’affiche, c’est clair que c’est pas la même démarche vers le public. Mais après ça peut être plus simple parfois de ne pas être connu du public parce que ça nous motive, on a la hargne de les conquérir. Un sentiment qu’on a peut être moins lorsqu’on joue pour un public qui nous connait.

Vous avez fait des festivals comme festivaliers ?

Gib : Un peu, il y a longtemps !

Chomsky : J’ai fait la Route du Rock l’année dernière avec Portishead et Baxter Dury, c’etait chouette. Mais il y avait beaucoup de boue. Après je ne suis pas hyper fan de festival en tant que spectateur.

Gib : Ouais, il faut être en forme pour le faire, aller dormir sous la tente. Je suis allé à Dour l’année dernière et c’était assez hardcore quand même. T’es dans la terre, il pleut à chaque fois. C’est cool mais ça dépend de l’âge que t’as.

oOgo : On fait Dour cette année, mais en tant qu’artiste. Je pense que c’est mieux, on aura le confort en plus.

Donc si aujourd’hui on vous dit de faire quatre jour de camping en festival vous allez où ?

Gib : Au sud, là où il fait beau ! Un festival en Espagne. Mais pas Dour c’est sûr, trop de risques de passer les quatre jours sous la pluie !

Vous qui avez un aspect hip hop, est-ce que vous ne pensez pas qu’il manque un vrai festival de hip hop en France ?

Gib : Il y a un vrai débat la dessus, concernant le rap français aussi. Il y a beaucoup de musiques électroniques proche du hip hop comme nous, il y en a de plus en plus. C’est vrai qu’en regardant les noms des festivals, ils s’appellent toujours « rock » quelque chose. De manière général, par rapport à ce qui se passe en France on entend du rap et du hiphop de partout à la radio. Et c’est vrai que quand on regarde les têtes d’affiche de festival, ce n’est pas représentatif de ce phénomène. L’explication un peu négative c’est de dire que les programmateurs ne les choisissent pas, de peur que cela amène des gens qu’il n’ont pas envie de recevoir. Et de l’autre côté, c’est aussi dû aux organisateurs qui n’ont pas cette culture, qui sont plus dans l’alternatif plus rock, pop.

Fakear est devenu l’un des chouchous du public français. Il est sur votre label Nowadays. Qu’est-ce que vous pensez de son succès ?

Gib : Il n’y a pas grand chose à dire à par qu’on est super content pour lui. C’est un des premiers artistes qu’on a produit en dehors de La Fine Equipe. On avait crée ce label avant tout pour nous. Et donc c’est génial, ça fait partie de la mouvance du développement du label. Le succès en soi : lui en tant qu’ami je suis trop content pour lui, c’est un mec super cool. En dehors de ça c’est génial pour les opportunités, ça crée une belle dynamique. Des gens découvrent ce mouvement du Beatmaking, même si Fakear n’est pas dans la même phase que nous. On utilise les même outils mais il est beaucoup plus pop. ça fait découvrir à plein de gens cette musique.

Vous avez travaillé avec Guts. Vous l’avez déjà vu sur scène ? Le leader à un bermuda, un bob et on a l’impression qu’il n'en fou pas une … nous on rêve d’être lui. Pas vous ?

Chomsky : C’est un chef d’orchestre, un ambianceur !

Gib : Mais c’est surtout un super beatmaker, c’est ce qu’on appelle un “digger”. Il va chercher des disques introuvables. Il produit avec sa MPC, dans son show il n’y a pas de batterie alors qu’il y a plein de rythme de percussion. Il utilise des machines, un peu comme Fakear. La différence c’est que Fakear joue beaucoup sur ses pad, alors que Guts il envoie une boucle et boum !

C’est quand même un sacré personnage !

Gib : C’est clair, il vit à Ibiza sous le soleil, sa musique et sa façon d’être transpire ça.

Chomsky : On a beaucoup de respect pour la manière dont il travail.

Gib : Pour la petite anecdote c’est moi qui ai mixé son album en studio, et ça a été des grands moments de soleil dans mon boulot d’ingénieur du son. Quand il arrive le studio est plus chaud.


En festival : Megascène le 27 juin, Les nuits carrées le 3 juillet, 10 juillet aux Francofolies de la Rochelle, Terre du son le 11 juillet, Dour Festival le 17 juillet, Vieilles Charrues le 19 juillet, Les Transes Cevenoles le 25 juillet, Ecaussystème le 2 août.