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Julien Touzaint : "La prog' des Bouffardises est liée aux goûts de Maxime, qui était un grand fan des Foals"

Julien Touzaint, est co-organisateur du festival Les Bouffardises, festival de rock à Coux et Bigaroque en Dordogne crée en hommage à Maxime, qui a perdu la vie au Bataclan le 13 novembre 2015, par ses potes et ses plus proches.  

Tous Les Festivals : Peux-tu nous présenter votre festival, Les Bouffardises ?

L’idée du festival a été évoquée au moment de l’enterrement de notre pote Maxime et c’est vraiment ressorti en janvier 2016. On s’est dit on s’y met on essaye de vraiment faire ce truc, pour lui rendre un hommage qui lui ressemble. Il a fallu trouver un nom et ça ça a été très simple. A l’époque Maxime s’amusait à nous faire croire des énormités et dès qu’on comprenait que c’était une connerie on lui disait « arrête tes ‘bouffardises’ ». On a trouvé ça rigolo et on a gardé ce nom qui a plu à tout le monde, et notamment ses potes du Périgord, d'où il est originaire, et qu’on a rencontré dans la foulée.  

Pour le choix du lieu, ça a été une simple évidence. En fait, une fois Maxime avait fait venir tous ses potes de Paris dans le Périgord pour un nouvel an et on est tombé amoureux de sa région natale. Ca venait de soi qu'on allait faire le festival à cet endroit-là, on ne s’est même pas posé la question.

De janvier à juillet on a essayé de monter ce projet qu'avec des gens qui n’avaient jamais fait ça même si les « locaux » avaient un peu plus l’habitude d’organiser des petits trucs, mais pas sur cette échelle-là et pas sur des concerts qui demandent beaucoup de choses à gérer au niveau des artistes… On a des potes graphistes qui nous ont filé un coup de main pour les affiches... On a réussi à se répartir les rôles et on a réussi à faire cet événement dont on était plutôt très contents parce qu’on a eu 2000 personnes qui sont venues l’année dernière et qu’on a eu des très bons retours.

Qui compose l'équipe des Bouffardises ?

Sur les 100 bénévoles présents l'année dernière, il n’y avait que des gens Maxime connaissait. Pauline était à la communication et a tout géré tout toute seule, Paul-Arnaud qui est l’autre co-président, a géré les équipes du Périgord et les démarches logistiques sur place, Pierrick gère la partie sponsoring parce que le but du jeu était de péréniser le festival donc on a dû trouver des fonds. La sœur de Maxime a trouvé des partenariats à droite et gauche... Sur place ils se sont bougé pour trouver des barrières, les services de restauration, la buvette, l’aménagement du site du festival… Le lieu nous a été prêté gentiment par un habitant.

L’année dernière, on avait mis 4 personnes à la programmation. Que des potes proches de Maxime : sa copine, son colloc’… qui ont choisi les artistes en fonction des goûts qu’il avait et on pense que c’est que des groupes qui lui auraient plu. La programmation cette année, c’est pareil, ça reste notre manière de réfléchir. La prog' est liée aux goûts de Maxime, qui était un fan inconditionnel des Foals, qu’on a évidemment contacté mais c’était un peu plus compliqué de les faire venir au fin fond de la Dordogne (rires). Ce qui était super sympa en 2016, c’est que tous les groupes sont venus gratuitement pour l’événement. C’était un très beau geste de leur part.

L’année dernière on a pris en charge tous seuls la restauration et la partie boissons. On a dû cette année refuser des gens qui voulaient venir avec des food trucks, on verra les années suivantes si on arrive à être prolongés mais pour l’instant il y a l’envie de faire de la débrouille (rires).

Comment avez-vous abordé le travail titanesque qu’est l’organisation d’un festival alors que vous êtes amateurs ?

Il y a eu pas mal d’impro (rires), mais au final il y avait beaucoup d’envie. L'année dernière, je suis descendu un peu plus tôt pour filer un coup de main mais les gens sur place avaient déjà fait énormément de choses !

Cette année on va aller distribuer des flyers sur le marché du coin, on va essayer de faire un peu plus de choses des choses sur lesquelles on n’a pas forcément été très bons l’année dernière. On a fait un site internet… L’année dernière on a eu 2000 Personnes mais c’était plutôt des gens qui venaient pour la cause et pas le festival en soi. Aujourd’hui le but du jeu si on veut que ça continue, il faut aussi que les gens viennent pour le festival en lui-même.

​Comment s’est passée la 1e édition en 2016 ?

La première édition s’est très bien passée, on n’a eu aucun souci. Quand les premières personnes sont arrivées sur le site une fanfare commençait à jouer. Au moment des premiers concerts on n’était pas encore trop nombreux et ça nous a permis de nous retrouver un peu entre nous. Ce moment-là a été assez fort en émotions. On a réalisé qu’on avait réussi à le faire ce truc. On était très fiers. Et à la fin du festival tous les bénévoles sont montés sur scène pour chanter une chanson que Maxime kiffait et on s’est accordé pour dire que c’était un beau moyen de rendre hommage à notre pote et qu’on avait réussi notre pari. Le soir même, on s’est dit qu’on ferait une deuxième édition.

Qu’est-ce que vous avez appris grâce à cette expérience ?  

On s’est rendu compte que c’était quand même beaucoup de boulot (rires) ! Après ce qui est rigolo c’est de réussir à coordonner le travail de tout le monde. Sur toute l’année dernière c’était un peu brouillon, il y avait des idées qui volaient dans tous les sens : est-ce qu’on proposerait pas telle bière, est-ce qu’on mettrait pas un stand de café... Au début c’était des réunions à 25-30 et c’était pas tout le temps très efficace, ça reste des réunions où les gens arrivent avec des bières, c’est pas des réunions de bureau (rires). Mais il y avait un engouement de tout le monde, il y a quand même eu beaucoup d’investissements autour de ce projet et c’est grâce à ça qu’on a réussi la première édition.

Que réserve l’avenir aux Bouffardises ?

L’idée qui nous fait vraiment envie à tous c’est de réussir à refaire ça tous les ans déjà. C’est vrai que c’est le meilleur moyen, pour nous, de rendre hommage à Maxime et de penser à lui, et ça nous permet à tous retourner dans le Périgord et c’est symbolique. Faut espérer que cette année on puisse s’y retrouver dans les comptes. On ne souhaite pas forcément grossir et devenir un gros festival mais l’idée c’est de voir dans la durée, avec de la bonne musique, bien entendu (rires) !

Le festival Les Bouffardises se tiendra le 8 juillet 2017. Les pass en prévente sont à 10€ sur le site web du festival. 

Propos recueillis par Anja Dimitrijevic