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Feu! Chatterton : “T’as l’impression d’être détendu, mais en festival il faut être des conquérants”

Ils sont cinq et s’unissent sur scène dans un même mouvement. Des textes élégants et lyriques sur un rythme rock progressif, on a rencontré Feu! Chatterton pour discuter de leur nouvelle dimension, de Vita Coco et de leur âme de poètes et festivaliers.

Tous les Festivals : Vous avez gagné le Prix Chorus l’année dernière, cela a une saveur particulière de revenir cette année au festival ? Le grand retour des vainqueurs ?

Sébastien, guitare et clavier : C’était super l’année dernière, et là c’est top de revenir. Rien qu’en arrivant en métro, une fois sur le parvis de la Défense, tu retrouves les émotions et les saveurs de l’année dernière. On était resté longtemps car on jouait deux jours, on avait passé beaucoup de temps dans ce quartier.

Clément, guitare et clavier : En plus du prix c’était un des premiers festivals qu’on faisait, on était tout excité avec le chapiteau, on nous donnait du café et des bonbons ! (rires). On ne peut pas dire que l’on est blasé aujourd’hui mais on a un peu plus l’habitude !

Antoine, basse : On réalise tout le temps qui a passé depuis.

Arthur, chant : Tu vois quand on est arrivé à l’entrée, il y a une rampe qui mène vers le Magic Mirror, la petite scène, et là tu te dis non je vais aller sur la grande. En un an c’est hyper rapide. Mais on revient pas en faisant les vainqueurs ! On passe de petit à … petit grand !

Les tremplins vous en avez fait pas mal l’année dernière ?

Sébastien : Le Chorus c’était le premier avec finale, processus de sélection, passage devant un jury … il a été très utile car il nous a permis de produire notre premier EP et le clip.

Antoine : C’est un festival qui est bien, il est très très condensé, la sélection elle se fait rapidement, tu passes de 50 groupes à 6, tu as 2 jours de concerts et tes résultats tout de suite, et c’est un vrai gros prix.

Arthur : Au moment où l’on concourait, c’était un peu quitte ou double : on ne savait pas encore comment on allait fonctionner, on ne savait pas trop comment gérer ça, trouver des fonds je ne sais où, s’associer, trouver un label. Le prix est arrivé au bon moment pour que l’on conserve notre indépendance, cela nous a permis de rester sur un bon rythme à nous et d’aller vite. C’était dingue. En passant dans le premier couloir il y a l’entrée des artistes pour la scène, c’est ici qu’on attendait avant d’avoir notre prix, on s’en souvient !

Clément : J’étais à deux doigts de pleurer tout à l’heure !

Maintenant que vous êtes véritablement sur l’affiche des festivals, vous appréhendez comment cette tournée ?

Antoine : On a beaucoup tourné à partir d’octobre, une vraie tournée qui a duré deux mois et demi, après on a refait une mini tournée en janvier, une autre en avril, puis ça sera des dates plus épisodiques, quelques festivals avec les Vieilles Charrues, le Poupet, les Ardentes en Belgique. On prépare la sortie de l’album en même temps donc il y aura beaucoup de choses à faire à Paris. Et après la grande tournée en octobre.

Sébastien : Ce que tu disais maintenant on est vraiment sur l’affiche, plus sur les tremplins, et cela fait bizarre, au Chorus il y avait des affiches à nous dehors. Il y a une impression que c’était il y a plusieurs années mais ce n’était que l’année dernière.

Pour jouer votre musique en festival, en extérieur, beaucoup d’artistes doivent adapter leur set, leur univers. Vous avez travaillé dessus ?

Raphael, batterie : Une seule fois dans notre vie on a joué en extérieur, c’était à Rock en Seine. L’après-midi en plein jour, donc c’était un peu différent.

Arthur : On ne s’est pas posé la question parce qu’on avait pas le choix, tu ne peux pas bosser particulièrement les concerts car c’est en plein jour et il y a plein de lumière. C’est juste la taille de la scène qui diffère, on y est allé et très vite on s’est rendu compte que c’était cool de jouer sous le soleil.

Raphael : Le son est différent, tu mets tes amplis beaucoup plus fort, pas de retour de salle, c’est assez bizarre.

Clément : Cet été on va peut être s’amuser à changer des morceaux de place, à tourner l’énergie différemment, mais pour l’instant on n’en est pas là. Il faut avoir un peu d’heures de vol pour commencer.

Maintenant que vous êtes connus, vous avez des demandes plus grosses pour votre cattering ?

Clément : On a rien changé ! (rires) On a demandé de la Cristaline et elle est très bonne. Y’a juste notre ingé son qui est relou et qui demande du Vita Coco.

Du Vita Coco ?

Arthur : C’est de l’eau de coco. C’est pas bon et apparemment très dur à trouver.

Clément : Des salles pensent qu’on est relou, c’est juste notre ingé ! Et vu qu’elles pensent que tout le groupe en veut, on se retrouve avec des caisses de Vita Coco.

Vous avez pensé à faire du deal de Vita Coco ?

Arthur : Il doit en faire oui ! Et les salles sont hyper fières de nous en apporter, vu qu’ils ont passé l’aprem à en chercher dans toute la ville.

Est-ce que quand vous êtes en festival, vous ressentez sur scène une philosophie festival ? Par exemple à votre dernier passage à Rock en Seine ?

Arthur : T’es obligé de l’avoir. C’est tout naturel. Quand tu joues devant un public qui est venu pour te voir, c’est pas le même type d’échange que quand tu joues devant un public qui n’est pas là pour toi et pour profiter d’une belle soirée ou d’un après-midi avec plein de groupes. Tu n’y vas pas avec la même façon de convaincre.

Clément : Le set est construit différemment, on se pose toujours la question de savoir ce qu’on va jouer et dans quel ordre en fonction des endroits où l’on va jouer. La grosse différence c’est salle ou festival.

Raphaël : Même la présence d’autres artistes. On n’a pas encore fait énormément de gros festivals, on a commencé à voir les line-up des festivals où l’on joue, et on s’est dit wahou !

Arthur : Ah ouai ! (rires) Ya genre Placebo qui joue deux heures après nous.

Antoine : Le même jour que nous aux Vieilles Charrues il y a Archive, The Chemical Brothers ...

Sébastien : C’était déjà le cas avec Rock en Seine, il y avait Lana Del Rey, Queen of the Stone Age. C’est une autre ambiance, nous on est tout petit, dans nos concerts il y a notre public, mais une fois en festival on est les plus petits.

Arthur : T’as l’impression d’être détendu mais il faut être plus conquérant car les gens ne te connaissent pas, un petit mélange assez sympa.

Vous avez fait des festivals comme festivaliers ? Si vous avez chacun un souvenir qui vous revient ?

Sébastien : Rock en Seine je pense.

Clément : Ouai, je me souviens de Radiohead les pieds dans la boue.

Antoine : Moi j’ai fait celui dans le Nord là, Les Nuits secrètes.

Arthur : Furia Sound system, trois jours aussi au lycée.

Sébastien : Et Sziget aussi ! Il y avait Manu Chao on avait fait une nuit blanche. Je mettais endormis où ?

Clément : Dans un endroit trop sale pour que je le dise ! (rires)

Arthur : Tu t’es endormi dans les toilettes ?

Sébastien : Non dans les bains à Budapest, ça va ! On y est allé le matin après le festival, avec les vieux qui viennent. Je m’étais réveillé à midi avec un coup de soleil de malade ! (rires)

Clément : On a fait le Boom festival aussi l’été dernier, on est allé camper. Il y a des structures, des statues, un mini Burning Man à l’européenne. Peut-être moins radical.

Pour finir, on dit de vous que vous êtes des poètes du XXIème siècle, des “néo-poètes” ...

Clément : Des néo-pouet ouais ! (rires)

… on va vous tester sur vos connaissances en poésie contemporaine. Je vais vous réciter quelques vers, à vous de trouver les poètes :

Arthur : Va falloir être bon …

Elle répondait au nom de Bella, les gens …

En choeur : Maître Gims !

Vous êtes chauds, vous êtes des fans ? Finissez !

Clément : Les gens du quartier ne voulaient pas la cher-lâ ! La cher-lâ c’est important !

Arthur : Et il y a le passage avec la chaise, que j’aimerais être pour que tu t’asseyes dessus. Il reprend du Brel aussi, l’ombre de ton iench. Maître Gims cite Brel.

De vrais connaisseurs ! On passe à la deuxième : Toi ma belle Andalouse, aussi belle que jalouse, quand tu danses le temps s’arrête, je perds le Nord, le temps s’arrête

Sébastien : Kendji Girac non ?

Très bon !

Les quatre autres : Whou ! Quel talent ! (applaudissements)

Troisième, on passe de l’autre côté de la manche : I don’t wanna go to school, i just want to break the rules. Boys and girls across the world, putting on our dancing shoes

Antoine : ah ! C’est pas Abba ça ?

C’etait la belle Charli XCX.

Raphaël : Je vais aller écouter de ce pas.

Enfin : Tu as pris des pecks, tu veux me faire la guerre, mon glock te mettra à genou, deux trois promenades tu me croyais mort, mon glock te mettra à genou ...

Clément : Ah mais ça c’est un canadien ...

Sébastien : Mais non ! Un bon rappeur français, Kaaris ? Gradur ?

Arthur : Ah ouai Gradur !

Ni l’un, ni l’autre. C’était La Crim’ !

En choeur : Ah mais oui ! On l’a croisé au grec !

Clément : Il avait l’air gentil

Arthur : Gentil je sais pas, mais en tout cas il mangeait bien.

2 sur 4, c’est pas mal. Merci les gars !

Feu! Chatterton à retrouver en festival : Solidays le 27 juin, Les Ardentes le 10 juillet, les Vieilles Charrues le 17 juillet, le Poupet le 23 juillet, le Paléo le 24 juillet.

Propos recueillis par Morgan Canda
Photos par Nicolas Hours