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Coely : "Je parle au public comme si je parlais avec mes copines"

Si elle est s’est retrouvée en première partie de Snoop Dogg, Kanye West ou Kendrick Lamar, c’est loin d’être le hasard. Chez elle en Belgique, elle s’est révélée sur la scène des festivals grâce à son énergie de fou et son hip-hop ravageur. Après la claque Stromae, nos amis belges nous envoient un nouvel OVNI : Coely.

Tous les Festivals : La dernière fois que l’on t’a vu, c’était au Chorus festival. Comment tu avais vécu ce moment après quelques mois de pause ?  

Coely : Je ne sais pas comment te dire, le dernier concert que j’ai fait c’était à la fin novembre, il fallait que je me remette dans le bain pour ce premier concert. Je me demandais si j’allais être bien là-dedans. Je me suis laissé aller, au début du concert il n’y avait pas grand monde. Et à la fin la salle était pleine, les gens assis s’étaient levés. Ca me fait du bien d’être là avec tout ces gens que je ne connais pas. Je leur donne quelque chose, ils me le renvoient, et chaque concert c’est comme ça.

C’est sur scène que t’exploses vraiment ? Lors de ton live on a adoré te voir capter du regard un par un chaque personne de ton public …

Oui, j’aime créer un connexion. J’ai 21 ans, je suis très sociable, je ne veux pas être trop artiste. Sur scène, je parle au public comme si je parlais avec mes copines. J’aime aller parler à certaines personnes, leur clamer mes textes dans les yeux, et je vois qu’elles sont touchées, et ils se disent même si je ne comprends pas ce qu’elle dit, je la sens, yeah !

Tu as été couronnée par la radio Studio Brussel “Reine des festivals” en 2013. Rien que ça, avec 34 festivals au compteur ! L’ambiance festival, c’est quelque chose qui te parle ?

Ouais ! Quand je vais en festival, je regarde partout, qui est là, j’aime quand c’est multiculturel, tout le monde est là pour faire la fête, et j’aime faire ça. Avant je ne partais pas en club, je ne partais pas faire la fête, c’était strict avec mes origines africaines. Quand je suis sur scène, si les gens s’enjaillent, je le fais aussi. Let’s go have fun ! Chaque fois le public devient plus grand, c’est un sentiment de chaleur, il y a beaucoup d’amour, un sentiment merveilleux.

T’as un souvenir particulier d’un festival que t’as pu faire en Belgique ?

Ouais, j’ai tellement de souvenirs de festival. Tu connais Sakifo à la Réunion ? J’ai fait ça en 2014, un truc de dingue. On a passé 10 heures dans un avion, je priais pour qu’on arrive là-bas, s’il-te-plaît seigneur ! On est arrivé, on était dans une grande maison avec piscine, il faisait beau, et le jour du concert, j’étais sur le podium en face de l’Océan Indien. C’était énorme, what the hell, c’était bleu, c’était magique. Un moment magique, et les gens qui sont là, ils me connaissent pas. J’étais sur scène et les gens les pieds dans l’eau.

Sinon la même année, le Werchter m’a appelé pour que je joue là-bas. Wahou ! Tout le monde était super content, j’étais chaude. Deux semaines avant, j’ai commencé à avoir mal au ventre, je marchais pas bien, je me demandais ce que c’était. On est parti chez le docteur, il m’a dit tu dois aller vite à l’hôpital pour savoir si tu as peut-être l’appendicite. L’appendicite ? C’est quoi ce truc ? Je croyais que j’avais mangé quelque chose de mauvais …  Je disais seigneur aide moi, pas maintenant, not now ! J’ai dû rester à l’hôpital … Le lendemain, on m’a opéré de l’appendicite. Appendicite de merde ! On a mis ça sur twitter, facebook … une semaine est passée et j’avais toujours trop mal, j’ai pris trop de médicaments, et je n’ai pas pu aller au Werchter. On m’a dit ok, reste au calme. Je n’ai pas fait le Werchter...

Tu vas le faire cette année ?

Je ne crois pas, on ne m’a pas encore parlé de ça. Après les Ardentes arrivaient, et j’ai pu y aller. Et là, c’était une vraie expérience, car beaucoup de gens qui voulaient me voir au Werchter sont venus aux Ardentes, la salle était pleine. C’était une expérience de fou.

Ah si, j’ai une dernière anecdote avec Dour. J’étais à la maison, on m’appelle pour me dire que j’allais remplacer un artiste américain à Dour. Tyler The Creator, c’était la tête d’affiche du jour. Et on me demande moi ! 8000 personnes devant moi, c’était si grand. Au début tout le monde était fâché, et petit à petit le public s’est mis dedans. Quand j’ai demandé à tout le monde de mettre les mains en l’air, wahou. A la fin de mon concert, j’ai lancé un “Dourreeee”, et le public m’a répondu, c’était un truc de fou ! Je n’oublierais jamais ce moment de ma vie, quand j’y pense ça me donne encore la chair de poule.

Et tu en as fait comme festivalière ?

Non, je les connaissais de nom, je voyais ça à la télé. Je me suis dit cette année en 2015, si je ne fais pas trop de dates, je vais aller à des festivals comme festivalière, on va par exemple aller aux Ardentes pour voir Kendrick Lamar avec tout mon crew, une petite journée à nous. Ca me fera du bien ! Juste pour me balader tranquillement.

Maintenant que tu as conquis la Belgique, tu espères conquérir la France ?

Je vais essayer … je faire ça doucement doucement tu vois. On ne peut pas avoir tout en même temps. Il faut être réaliste, tu ne sais jamais. Tout le monde parle français donc je me sens à l’aise.

Vu que tu es belge, on ne pouvait pas éviter le sujet de la bière belge … est-ce que le manque de bonnes bières en festival français pourrait te freiner dans ta carrière ?

Je n’aime pas la bière. Excusez-moi, je n’aime pas la bière. Je bois seulement de la bière une fois que je suis déjà un peu saoule, après un whisky ou un rhum. Si je suis wouzy-wouzy, la bière ça passe très bien. Mais Je comprends le souci en France ! Dans mon crew ils disent tous “Heineken Heineken … beurk … on veut de la Jupiler !” J’entends ça à chaque fois, je les laisse faire.

Attends, on ne refuse pas une bonne Duvel ?

Je te la laisse ! (rires)

Propos recueillis par Morgan Canda