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Chassol : “J’ai souvent été épaté par les festivaliers”

Sur la route des festivals avec son album “Big Sun” , Christophe Chassol propose une performance entre musique live piano batterie et accompagnement avec un film documentaire projeté sur un écran derrière lui. De passage à La Ferme Electrique, il nous raconte son choix d’être passé par ici, son admiration pour les festivaliers et son concert en plein milieu du désert.

Tous Les Festivals : Salut ! Pourquoi as-tu choisi de venir jouer ici, à la Ferme Électrique ? Apparemment ce n'était pas prévu dans ton tour de départ ?

Chassol : Effectivement, mon tourneur s'est désolidarisé de cette date parce qu'il n'y avait pas assez d'argent. J'ai décidé de le faire un peu par intuition, parce que mon ingé son Yohann Levasseur connaissait le festival et m'en a dit du bien. J'ai aussi senti plusieurs choses : je me suis dit déjà qu'il ne fallait pas refuser parce qu'il n'y avait pas assez d'argent et ensuite parce que il y avait plusieurs groupes que j'aimais bien qui y étaient passés. J'ai parlé avec Guillaume Gilles (ndlr : programmateur du festival) et j'aimais bien l'état d'esprit... je suis un ancien keupon ! Je suis venu pour ce genre de raisons, pour les gens, pour la programmation, pour l'esprit que je sens assez partageur.

Quand on regarde ta tournée, tu joues le plupart du temps dans des théâtres et des cinémas. Est ce que cela demande des installations en plus pour des sets en festival ?

Non, c'est simple, il y a juste un écran en plus d'un groupe traditionnel. Il n’y a pas grand chose en plus, moi j'ai de claviers, il y a une batterie et c'est tout aussi simple. Ce dont je me suis rendu compte avec cette musique, ou en tout cas ce spectacle, c'est que c'était ce qu'on appelle un spectacle assez crossover. Je l'ai joué dans des festivals de musique électronique, dans des festivals plus rock, dans des festivals de jazz, de musique contemporaine et ça passe à chaque fois. Je suis assez content de ça... que ça puisse s'entendre dans un truc plus pop, un peu plus mainstream, vraiment électronique, tard le soir, dans des clubs, dans des théâtres, à l'extérieur.

Et à chaque fois tu arrives à capter l'attention de tout ton public ?

La force des images sert beaucoup parce qu'elles attirent l'oeil. Quand tu as une télé, même petite dans une pièce, ton oeil est toujours attiré. L’autre jour, on était à Marseille, au Cabaret Aléatoire, on jouait à minuit, entourés de DJs. A priori rien à voir, les gens étaient debout, il devait y avoir 2000 personnes et ça commence de façon très précieuse avec ma voix qui dit : "il me disait qu'il voyait la musique indienne comme deux lignes horizontales" et je leur dis : "voilà, on est parti filmer les images en Inde, j'espère que ça va vous plaire” et j'entends "Allez balance la soupe ! Allez balance la purée !" Après au fur et à mesure on les gagne en étant bien focus, bien en musique et en lâchant pas. Du coup les gens rentrent dedans et je suis assez content de ça.

Si tu pouvais créer ton propre festival de musique, il serait comment ?

Ce serait un festival dans un lieu génial, en montagne, dans le désert, un truc comme ça. Il y aurait surtout le line up qui serait dingue. J'essayerai qu'il n'y ai pas de préfabriqués, qu'il y ait des chiottes en dur. Je ferai en sorte que ce soit à un moment où il fait beau, qu'il n'y ait pas boue. J'ai du mal avec les grandes scènes/petites scènes j'aime pas trop. J'aimerai qu’il soit à taille humaine, qu'il n'y ait pas des chapiteaux, trop de choses. Ce serait le line up surtout qui ferait tout.

Il y aurait qui?

J'aimerais qu'il y ait Teddy Riley en même temps que Aquaserge (ndlr: programmé à la Ferme Électrique 2015), en même temps que des expos, des films projetés. Un truc multimédia.

Est-ce tu aurai une anecdote, un souvenir particulier de festival que tu pourrais raconter?

Je n’ai pas fait tant de festivals que ça en tant que festivalier. J'en ai fait beaucoup en jouant, mais où du coup je vais voir les autres concerts. Mais là quand je pense à "festival" je pense à un truc qui s'appelle la technique du crabe. On se foutait de la gueule des mecs qui étaient un peu mal dans leur baskets et qui sont dans un festival en plein air avec leur meuf et qui les prennent en crabe, qui les entoure avec leur bras, et qui leur font des bisous dans le cou. En fait ces mecs ont peur que leur meuf aille autre part (rires). J'ai souvent été vraiment épaté par les festivaliers, surtout dans les festivals anglais où je voyais plein de gens arriver avec leur tente, venir camper. C’est leur côté curieux, aller à des trucs, aller à des festivals, aller écouter de la musique, enfin sortir de chez eux quoi. Ça m'a impressionné parce que j’étais assez casanier.

Qu’est-ce qui te déplaît dans les festivals ?

J’ai jamais vachement fait de festivals parce que j'aime beaucoup le studio, les albums de studio plus que les concerts. Pendant longtemps j'ai toujours préféré les albums à écouter chez moi plutôt qu'aller en concert, je trouvais le son des concerts pas génial, les enceintes ça fait des cris énormes comme s'il fallait gonfler ça à bloc. J'aime pas trop les sons qu'il y a en festival, enfin en concert en plein air, en général.

Quel festival t’a le plus marqué?

J'ai adoré le Desert Festival. J'y ai fait le dernier concert d'une tournée de trois semaines que j'ai faite en Inde où on allait partout dans le pays. On a fini dans le désert de Jaisalmer, au Rajasthan, à 7h de taxi. C'est au milieu du désert, avec des gens géniaux, des espèce d'hipsters indiens qui ont monté ce festival au milieu de nulle part, dans le désert, avec des groupes electrogènes. On a joué là, sous la pleine lune, dans les dunes, c'était dément. Et après, l'autre concert était à minuit, on est parti, il y avait des DJ set un peu partout et on est allé comme des pélerins dans les dunes en marchant avec le son qui se rapproche. Et puis t'arrives et il y a un feu, des gens, la pleine lune, t'es au milieu de nulle part, tu prends des drogues et c’est assez agréable.

Et même en tournée en Inde, dans ses coins au milieu de nulle part, tu as ton écran avec toi ?

Oui, on jouait le film sur l'Inde là aussi. Ce n'était pas une partie de plaisir dans le désert mais c'est le principe de la performance, c'est toujours différent.

Pendant ton set tu as toujours le même film qui passe... Est-ce que tu fais toujours la même performance musicale ou tu peux te permettre d'improviser ?

J'ai de la marge pour pouvoir improviser. J'ai un canevas très précis, il y a des choses très, très, très écrites. Il y a le film qui passe qui ne change jamais et la musique pré-enregistrée que je laisse sur le film qui ne change pas. Autour je peux me balader. En gros si tu demandes à trois musiciens de jouer l'accord de do majeur, tu auras trois façons de le jouer, donc à chaque fois que je vais jouer je vais jouer de plein de façons différentes, j'ai vachement de marge pour improviser.

A retrouver en festival : le 15 juillet à la Côte d'Opale, le 25 septembre au Festival d'île de France, le 15 octobre au Tourcoing Planète Jazz, 

Propos recueillis par Cécile Nougier