Moonlight, c’est le nom de son troisième album. Hanni El-Khatib, c’est du rock’n roll brut, garage et vintage parsemé de riffs de guitare précis, et avec comme emblèmes les tatouages, LA, les serpents et la gomme dans les cheveux. On espère le voir sur plusieurs dates cet été en festival, on l’a rencontré entre deux concerts, autour d’un verre de rouge bien tannique.
Tous les Festivals : Bonjour Hanni, si je te dis festivals de musique, qu’est ce qui te vient en premier à l’esprit ?
Hanni El-Khatib : Je pense à plein de groupe sur un grand week-end, et en fonction du temps qu’il fait, je pense à de la boue. Parce que souvent cela se transforme en un terrain de boue immense, en un sale truc.
Tu as une philosophie particulière à jouer en festival ? Tu abordes la chose différemment que lorsque tu joues en salle ?
C’est assez différent oui, personnellement je ne préfère pas les festivals. Il y a seulement quelques fois où j’ai réellement aimé jouer en festival. Il y a tout contre toi : tu n’as que 10 minutes pour faire ton changement de plateau, tu joues en extérieur, et à un moment où pas grand monde fait attention à toi. Mais on attend de toi que tu fasses un meilleur live que lorsque tu es en salle! C’est compliqué de capter ton audience, sauf si tu es une grosse tête d’affiche. Mais dans mon cas, tu es comparé à une centaine d’autres groupes et la compétition est rude.
C’est plus compliqué de jouer ta musique, du rock plutôt technique et recherché, en festival ?
C’est plus compliqué de transmettre toutes les vibrations de mon live, oui. Quand on a joué à Rock en Seine, on a eu un bon moment, la météo était bonne, le son bien mixé, et on jouait de nuit. La plupart des lives, et en particulier le mien doivent être vus de nuit. Et comme spectateur, je préfère voir des concerts de nuit. Il y a très peu de groupes que j’aime voir en journée.
Tu n’aimes pas du tout jouer en journée ?
Fuck that ! C’est bizarre de jouer du rock’n roll de jour. Le rock'n roll, ça se joue de nuit ! Après je ne dis pas que je n’aime pas jouer en festival, mais le public passera un meilleur moment si on peut contrôler totalement notre set. Après, si j’ai déjà vu des bons lives en festival ? Oui, carrément ! J’ai joué à Coachella il y a deux ans, et tu connais Make up ? C’est un mélange de garage et de soul, genre années 90. Je suis un vrai fan de leur musique, c’était tôt dans la journée, et seulement les fans les plus durs étaient là. Et c’était top, contre tous les éléments. Après certains groupes sont meilleurs en festival.
Quand tu étais plus jeune, tu aimais aller comme spectateur en festival ?
J’aime toujours. Mais j’aime surtout aller voir des concerts, je vais en voir tout le temps. Et j’adore les petites salles, et j’aime surtout les salles style l’Olympia ou la Cigale. Mais pas un truc plus grand que l’Olympia ! Comme la Gaîté lyrique où j’ai joué cette semaine, c’est genre 700 personnes, c’est top.
Tu peux sans doute nous conseiller des festivals aux Etats-Unis, autre que Coachella, des festivals que l’on ne connaît pas en France ?
Tout le monde connaît tous les festivals maintenant ? Ah peut-être pas en France ! Il y en a un très intéressant, où l’on a déjà joué en 2011 et que sans doute les gens ne connaissent pas, c’est le Homeskillat Fest en Alaska, et c’était vraiment top. Mais surtout grâce à l'environnement : on nous a emmené à Sitka, un village de pêcheurs là-bas, et c’était des gens très intéressants. C’est un festival très indé musique, l’année où on a joué il y avait Shabazz Palaces ou Little wings. L’orga était vraiment top : on est resté quatre jours après le festival, et on nous a emmené pêcher, se balader dans la nature. Il y a des évènements qui valent vraiment le coup comme ça, on peut trouver autre chose que de la musique en festival.
Il y a un festival à San Francisco que les Français ne doivent pas connaître, il s’appelle Hardly Stricky Blue Grass, c’est de la country et du blues. Tout se passe de jour, et pour le coup c’est un des seuls qui est bien en journée. La musique marche mieux, c’est des familles qui se font un pic-nic. Cela n’a rien à voir avec Coachella et ses énormes tentes.
Tu a joué en première partie du concert de notre Johnny Hallyday national pour ses 70 ans à Bercy. Comment tu t’es retrouvé là ?
Il m’a choisi. J’étais en Allemagne au festival Rock Am Ring. C’est drôle, je reçois un coup de téléphone de mon label français, et ils me disent “Salut, tu sais Johnny Hallyday joue trois soirs à Bercy, et il te veux”. Je me suis dit au départ que c’était pour un soir, mais non c’était trois ! Et Bercy c’est 18 000 personnes par soir ! Et tous les soirs étaient sold out. C’était fou. C’est une bonne expérience, mais c’était un public compliqué car ils voulaient voir jouer Johnny Hallyday, ils sont venus pour lui.
Tu connaissais sa musique avant de jouer pour lui ? Vous avez des univers très différents aujourd’hui.
Je ne le connaissais pas lui, mais sa musique oui. Quand il fait son live, il y a un passage de son concert qui est très proche du mien, il y a une portion en mode basse, batterie et guitare. Il fait de la musique depuis tellement de temps. Les trucs qu’il a fait au début de sa carrière, c’était vraiment cool, je l’ai vu dans des vieilles émissions de télé sur Youtube et c’était sympa. Je sais pas si je recroiserais Johnny un jour, mais je suis sûr qu'on discutera. Un des soirs de son concert, le gars te fait 2h devant 18 000 personnes, puis il est allé te faire encore 2H dans un petit théâtre. Impressionnant !
Tu viens de sortir ton troisième album, Moonlight. Tu es resté 30 jours enfermé dans un studio pour le réaliser. On va donc faire une interview “30 jours enfermé avec” !
Si tu devais choisir un autre endroit qu’un studio pour être enfermé 30 jours, tu choisirais quoi ?
Je choisirais un désert, un endroit entouré avec plein de chats. J’adore les chats !
Si tu étais enfermé avec quelqu’un pendant 30 jours, tu choisirais ?
Je choisirais mon chien, Harlow ! Un chien c’est cool, pas un humain.
Si tu étais enfermé dans un film, tu choisirais lequel ?
Je peux choisir une série ? Curb your Enthousiasme. C’est une série de Larry David.
Si tu étais enfermé avec Barack Obama 30 jours, tu ferais quoi ?
On se ferait un peu de musique ! S’il est enfermé 30 jours avec moi, je te garantie qu’il jouera de la musique !
Enfermé avec Miley Cyrus ?
Je sais pas, je pense qu’il y a moyen qu’on se pécho pendant 30 jours ! (rires) Elle a l’air d’aimer la drogue non ? (rires) J’ai entendu qu’en faite elle est cool. Ou peut-être on fumera de la weed pendant 30 jours.
Et si tu étais enfermé avec toi-même ?
Je ferais un double album, c’est certain ! (rires)
Tu es aujourd’hui à 3 albums en 6 ans. Si tu continues sur ta lancée, tu seras à 20 albums en 2041 ! Tu t’imagines avec 20 albums dans tes bagages ?
Oh mon dieu ! Non je n’imagine pas ça, mais on m’a dit d’arrêter, de prendre une pause, de me relaxer et de ne pas faire un album direct après. Je veux toujours continuer à faire de la musique, c’est mon problème. C’est plutôt un bon problème. Ce que je devrais faire c’est de trouver d’autres projets sur lesquels me focaliser. Mais oui, je devrais peut-être faire une pause. Ty Segall, il te fait 4 ou 5 albums par an ! Puis Jay Z a dit, “un album tous les étés”. Il y a pire que moi !
