On était à
The Sound You Need, de la playlist au festival

La célèbre chaîne Youtube s’est jetée à l’eau : le premier festival électro The Sound You Need a pris place dans la capitale. Trois lieux étonnants pour deux jours de mix, un programme à la fois alléchant et mystérieux.

Jour 1. 00h22, débarquement dans le labyrinthe

Deux choix s’offraient à nous pour ce vendredi soir : le Yoyo, salle du Palais de Tokyo, et le Tunnel du côté d’Issy-les-Moulineaux en banlieue parisienne. Direction la deuxième option et la découverte d’un lieu inconnu et underground. Un before arrosé, un coup de métro, 25 min à pied, et nous voilà arrivés devant l’entrée d’un étrange conduit bâti de pierres blanches. On se retrouve dans un vrai labyrinthe, dans lequel on s’enfonce petit à petit. L’odeur authentique de ces anciennes carrières de craies se transforme vite en sueur de la nuit. La musique monte, on tombe devant un vestiaire, nous voilà au coeur d’un club sous terre. Here we go !

02h02, la liberté résonne parfaitement

Le lieu est étonnant. Une petite scène est positionnée au croisement de trois couloirs. La qualité sonore est hallucinante, les basses résonnent dans tous les sens et cela bouge pas mal un peu partout. Par contre, impossible de savoir quel DJ mixe quand, les programmes étant affichés nul part : Waze & Odessey, Taches ou De$ignated sont passés derrière les platines, mais on ne sait pas trop dans quel sens. 

Des bars sont disposés à droite et à gauche, il n’y a pas de queue. Mais les prix sont exorbitants : 8€ la Pinte, 12€ le vodka Red Bull…  On se prend une bière qui n’est pas des meilleures, et un festivalier nous demande une gorgée pour pouvoir avaler ses cachets. Les gens fument à l’intérieur sans que les vigiles n’interviennent. Un parfum de liberté souffle.

03h43, l’oppressante obscurité

On se pose sur des palettes en bois qui servent de fauteuil, mais impossible de prendre un break. Même si des ventilateurs sont positionnés un peu partout, on se sent vite oppressé. Il n’y a pas de réel endroit de repos, plus au calme pour discuter. On a besoin d’air. Au bout de quelques heures, on tourne un peu en rond, et la musique reste la même.

Jour 2. 15h30, sur les toits de Paris

Après une courte nuit, on se remet d’aplomb pour la suite. Ca recommence déjà à midi ! On arrive sur les coups de 15h, malheureusement sur la fin du live de Jabberwocky. Dommage on aurait bien aimé les voir … Encore aucune info sur l’horaire de passage des artistes, ni sur le site internet, ni dans la salle. On fera avec.

Le lieu surplombe la capitale, avec vue sur la Tour Eiffel. On se trouve au quatrième étage d’un des halls de la porte de Versailles, dans la salle Electric. Un tronc d’arbre géant en carbone creuse son sillon devant de grandes baies vitrées. La salle est déjà bien remplie.

16h45, Flipper et coupe tiff’

A l’extérieur, le balcon est agréable mais aurait pu être plus chaleureux si le temps n’était pas à la grisaille. On monte deux trois marches et on se retrouve sur une petite esplanade avec foodtrucks et quelques activités : un tatoueur, un ostéopathe et un coiffeur pratiquent leur art, tout comme un sérigraphiste sur toiles et t-shirts. Activités payantes mais bonne idée pour égayer le bonheur des festivaliers.

On choisit de retourner à l’intérieur pour se décontracter avec quelques parties de flipper, et une de baby perdue sur la dernière balle 5-4. On est amer, rien de mieux qu'une bière pour se remettre sur les rails.

18h02, festival chic et classe

Un ByPass est mis à disposition pour faire nos emplettes, plutôt pratique. Une bouteille de Carlsberg designé par Sébastien Tellier est la seule bière en vente, à 6€. Il y a aussi du champagne, 10 balle le verre. Les serveurs sont en chemise et cravate noire, d’autres sont spécialement présents pour ramasser nos bouteilles vides. On met les petits plats dans les grands ici.

Retour à la musique : un troisième DJ monte sur scène, style house un peu moins deep que le précédent. On ne sait pas si c’est Saje, Cherokee ou LeMarquis, mais on aime. L’ambiance est au rendez-vous, et les festivaliers sont sortis sur leur 31. Des canapés sont disposés au bas des grandes vitres. On aimerait bien y poser nos fesses, mais ils sont “réservés” à ceux qui peuvent se payer une bouteille de Vodka. Privilège de riches !

20h23, Saveur italienne pour sonorités berlinoises

Il se fait faim. Et chez Tous les Festivals, on aime bien manger. Contrairement à la veille, des foodtrucks sont donc à disposition des festivaliers à l’extérieur. Bô Bun, Burger “authentique” ... on choisit nous de la jouer soft avec un Foccacia, sorte de large panini imbibé d’huile d’olive avec speck et buffala. Miam.

Retour dans la salle principale : c’est le club berlinois, avec quelques touches plus musicales et électriques (photo). La nuit est tombée, des rideaux sur les vitres aussi où des projections de spectres de couleurs ponctuent les basses. On change d’atmosphère. Mais vers 20h30, le son coupe brutalement … Mais le DJ revient à la manoeuvre deux trois minutes plus tard et se permet de remixer du Indeep, Daft Punk ou Mr Oizo version techno. La coupure est vite oubliée.

22h56, Saint-Denis Electro Style

Après 45 min de métro, direction l’autre bout de la ligne 12. On débarque dans un hangar de pierres rouges au milieu du complexe de production de la plaine Saint-Denis. Il est presque vide, si ce n’est des bénévoles qui s’activent au bar. Le son est parfait, l’espace est large et respirable, un vrai bel endroit à festival. Niveau ambiance, le Seine Saint-Denis Style fait place aux platines techno et house.

00h21, La playlist sans visage

Encore très peu de monde présent. La salle est grande et ce n’est pas forcément plus mal. Et là encore, aucune indication sur quel DJ passe quand ! On en vient à se demander si ce n’est pas fait exprès, pour tout harmoniser derrière la “playlist” de The Sound You Need. La scène est belle, un écran vidéo coupé en plusieurs lamelles diffuse des vidéos de la chaîne qui accompagnent les artistes. On retrouve le ByPass, la même bouteille de bière qu’à l’Electric. La salle possède de vraies toilettes, avec lunette scotchée avec force pour éviter les débordements urinaires.

01h32, Fakear aux mains d’argent

A peine le DJ pull à capuche sur les épaules monté sur scène, tout le monde se masse pour l’écouter. Deux pads tournés vers le public, un ordinateur au milieu, et voilà que démarre la fabuleuse histoire musicale de Fakear (photo). Ses doigts se lancent dans une danse au dessus des multiples touches et produisent une belle osmose entre douceurs vocales féminines et frémissements subtilement électroniques. Le 1936 est sous le charme : à coup sûr l’une des attractions musicales de l’été.

03h23, Faim, fatigue et repos dominical

La musique s’enchaîne, et devient plus énergique, plus violente, avec Rustie (photo). Notre fatigue aussi. On tente de se rassasier avec un burger à l’extérieur, entre comté et sauce au poivre. Les esprits s'échauffent pour savoir qui le croquera en premier, l’unique foodtruck étant vite dépassé devant la faim des festivaliers. Même un Red bull 5 euros pièce n’y changera rien. Il est temps de plier bagages, laissant une salle bien remplie.

On choisit un dimanche repos : une dernière soirée était organisée le lendemain, avec notamment Tchami et Duke Dumont, une nouvelle fois à l’Electric.

Côté scène

On ne sait pas trop qui a joué quand, si ce n’est Fakear qui sera un des artistes à suivre cet été en festival.

Côté festival

On a aimé :

Un pass 2 jours à 65€ plutôt abordable
Trois lieux originaux qui changent
Un esprit festival
Un ByPass pour acheter ses consommations

On a moins aimé :

- Beaucoup de festivaliers ne conçoivent pas un tel évènement sans prendre des kilos de cachetons.  
Aucune information sur l’ordre de passage des artistes
Manque d’endroits pour se poser tranquille
Le prix exorbitant des consommations

Conclusion

Entre un tunnel, un hangar et une vue sur la tour Eiffel, The Sound You Need nous a offert un panorama de choix. Jouant sur des soirées entre chic, classe et fun, le rendez-vous se positionne comme un véritable festival, entre électro, techno et house. Pas sûr qu’il soit pour autant à la portée de toutes les bourses et toutes les oreilles.