On était à
Solidays : le pays où il pleut des sourires

De François Ferdinand à Franz Hollande, il y avait du beau monde ce week-end à Solidays. Boue et pluie n'ont pas empêché de voir solidarité et sourires à l'affiche, et un record d'affluence pour cette 16ème édition avec 175 000 festivaliers. On en faisait partie et on vous raconte.

Jour 1. 14h45, navette express

Comme tous les ans, les navettes pour le festival sont à prendre Porte Maillot. Rapide, efficace et bien organisée, on se retrouve en deux temps trois mouvements dans le bus. Les premières canettes sont dégoupillées. On arrive tranquillement à Longchamps : pas mal de groupes sont posés pour l'apéro dans l'herbe. A l'entrée, c'est fluide : les portes ont été ouvertes à 15h cette année.

16h15, l'ami Bill en ouverture

Invité de marque pour ouvrir le festival : Bill gates. 15 min au Forum Café puis 15 min de conférence de presse, c'était un passage éclair. Mais le gars avait l'air d'avoir la pêche, et l'orga heureux de recevoir un "bienfaiteur" de classe mondiale. On se prend de notre côté une bière au bar : un demi à 3,5€, deux choix de bières, pas de pinte possible. C'est pas la joie.

17h02, des jeunes pour les premières notes

Premiers concerts au Ceasar Circus. C'est le groupe Garçon d'argent qui ouvre le bal : lunettes de soleil et chemise en BDE pour le chanteur, on a le droit à de la pop style année 80, genre Etienne Daho. Sympa. C'est la douceur de Mathilde Forget qui prend la suite, avec un joli duo guitare - violoncelle. Pour clôre cette session, les dynamiques et remuants Bel Plaine (photo) qui font monter d'un cran l'ambiance sous le chapiteau.

18h45, slam chez le Rue Ket'

Ces trois là, ils sont fait pour les festivals. Leur bonne humeur sur la scène Bagatelle donne le sourire à Solidays qui dance joyeusement. Le soleil est encore là, et c'est l'enchaînement des slams au dessus de nos têtes. On chante en choeur sur les hommes que j'aime et ma faute à toi, et la piqure de joie administrée par La Rue Ketanou (photo) fonctionnera jusqu'au bout du festival.

19h56, freestyle with Chinese Man

Bizarre de les retrouver aussi tôt. La Grande scène commence à être plein remplie. Mélange et explosion des genres, un coup de rap, de dubstep, de cuivre, Chinese Man (photo) balance du bois. Quatre rappeurs enchainent les sets devant les 3 DJ du groupe. Un moment, coupure de son : aucun souci, les micros marchent, et on a le droit à cinq minutes de freestyle. On choisit ensuite d'aller gratter la croûte : les odeurs des stands du monde nous aguichent, et un falafel libanais fera l'affaire. On se pose au loin pour Yodelice. Forte identité musicale et belle présence sur scène.

21h35, Pas de repos pour -M-

Il n'arrêtera donc jamais. L'année passée, il était sous un chapiteau pour une Mojo Party inclassable et surprenante. Cette année, grande scène et show à la régulière pour Mathieu Chedid (photo) et son power trio. A force de le voir, on se dit qu'il devrait laisser la place à d'autres. Mais non. Un live toujours enivrant, ponctué de solos avec les dents et dans le public, et quelques modifs par rapport à 2013. Le temps d'aller chercher une bière, la scène Bagatelle s'est remplie à rabord pour Fauve. Impossible de voir ce qu'il se passe devant. On entend de loin un live puissant qui semble travailler pour adapter l'album si particulier à la scène.

00h04, Shaka Ponk sans voix

On commence à être en forme. On attend des Shaka Ponk qu'ils multiplient par 12 notre énergie. Ca ne sera pas le cas, faute de son. Souci sur Chinese Man, manque de décibels sur -M-, là on entend carrément rien à 60 mètres de la scène. Ca gâche la fête de ce qui devait être un concert de feu, on se regarde entre festivaliers sans trop comprendre. Samaha et Frah ne s'en rendent compte que trop tard, et tentent de rattraper le coup. Vraiment dommage, ils sont excellents sur scène et étaient chauds comme la braise.

1h43, Nasser rallume la musique

On choisit de zapper Vitalic, on connaît déjà de quoi il est capable. Le festival se vide un peu, les parisiens les plus frileux ayant peur de louper les derniers métros. Tant mieux, ça fait de la place pour Nasser (photo). De l'electro-rock qui balance et qui rallume nos âmes pour la fin de la nuit. Les marseillais font danser la scène Domino, entre guitare, batterie et platine toujours parfaitement ajustées.

2h34, Silent Disco plein et ventre vide

On aurait aimer faire un petit tour du Silent Disco : problème, une queue monstre du début jusqu'à la fin. On choisit d'aller manger à la place, du côté d'une belle nouveauté 2014, la zone de Foodtrucks. Oui, ça fait très bobos et parisiens. N'empêche que la dizaine de camions présents proposaient des trucs assez orgasmiques, et pas si chers pour un festival. On vogue ensuite entre Pfel - DJ de C2C - sous le Dôme et les quatre de Pulpalcious au Domino, jusqu'à terminer avec les copains de Salut c'est cool (photo). Pour tout vous dire, on se souvient pas trop ce qu'il s'est passé, simplement que l'on sautait avec les yeux sans doute un peu trop globuleux. Simplement qu'au réveil - encore habillé le lendemain sur le canapé - , ça faisait dans nos têtes "Merci nature d'être là, super sympa".

Jour 2. 16h12, k-way et ponchos de sortie

Deuxième jour de Solidays, et la pluie s'invite à la fête. Pas une petite averse, on en aura pour notre grade. Le premier concert se fait sous le Dôme avec Cats on Tree, l'une des révelations de l'année. De belles balades entre batterie et piano, et un échauffement des cordes vocales sur Sirens Call et une belle reprise de Mad World. On va ensuite bouger nos jambes à la GreenRoom Session avec Acid Arab et ses mélanges électro et orientaux.

17h43, passage obligatoire sous le chapiteau des associations

C'est l'endroit à ne pas louper à Solidays, l'endroit qui construit ce festival. Sous un chapiteau énorme, une centaine de stands d'associations proposent des petites activités ludiques pour sensibiliser les festivaliers à différentes causes. La majeure partie s'intéresse au Sida, sa prévention et sa compréhension, mais d'autres luttent contre les discriminations (handicap, homosexualité ...), les OGM ou la torture dans le monde. On s'aperçoit ici que la différence est une force.

18h30, Taubira, samoussa et Madiba

On a une petite faim à la sortie, et les accras et samoussas du stand des caraïbes nous appellent à grande voix. Très bon. Le festival s'est lui arrêté pour laisser place sur la grande scène à l'hommage à Nelson Mandela. Il est bien de lui rendre hommage, de là à en faire une icône publicitaire pour le festival ... Peut-être un peu trop. C'est la ministre de la justice Christiane Taubira (photo) qui vient lire un texte hommage à Madiba, chaudement applaudi. Une troupe de comédie musicale vient ensuite nous présenter "Madiba". Bon, on ne préfère pas en parler. Disons que l'on a avalé de travers.

19h10, Deluxe se mouille la moustache

Des tonnes d'eau s'abbatent sur Solidays. On est trempé jusqu'au slip. C'est le moment où Deluxe (photo) apparaît sur la scène Bagatelle. Peu importe le temps, ça danse dans tous les sens. Ils ont vraiment quelque chose de particulier ces gars là, entre cuivre, électro et rap bien ficelé. C'était notre découverte l'année passée, ils ont grimpé d'un cran cette année. On se met ensuite à l'abri, écoutant de très loin Rodrigo y Gabriela, avant d'aller voir Stuck in the Sound. On est un peu engourdi par la pluie, mais le groupe nous réchauffe, notamment avec un Toy Boy déjanté par la présence de Jérôme des "Tutos" et son "Salut bande de salopes!"

22h02, Parov Stelar fout le dawa

C'est une habitude à Longchamps. En 2013, Parov Stelar (photo) avait renversé la scène Bagatelle. En 2014, c'est la grande scène. Ca saute sur des kilomètres, et malgré le temps, personne n'avait les mains prises par son parapluie. Pas une chanson n'est en dessous, et même si les musiques semblent se répéter, les festivaliers en redemandent. L'électro-swing, une recette qui marche en festival. On va ensuite faire un tour du côté de Gesaffelstein. Le son n'est encore une fois pas au niveau, et on aurait préféré voir la puissance sombre de son électro sous un chapiteau.

00h04, Franz affiche sa tête, Ferdinand son rock

Retour sur la grande scène, et l'habituel hommage aux bénévoles prend place sur I Will Survive de Gloria Gennord. Luc Barruet, président de Solidarité Sida, annonce un record de festivaliers à 175 000 et 2 milions d'euros de benef'. Ca fait plaisir. La tête d'affiche prend place ensuite : Franz Ferdinand (photo). De la pop rock à l'anglaise emmenée par le fringant Alex Kapranos. Une vraie machine à tubes, on les connait toutes. Une bonne ambiance, de la bonne humeur, et du bon son. La pluie s'est même arrêtée. Que demander de plus ?

02h12, Night club sous le Dôme

Pour la suite, et après une pause rafraîchissement, direction le Dôme pour tomber dans les entrailles du son électro; D'abord avec la Drum'n Bass des français de Tambour Battant (photo), un duo plein d'énergie qui nous donne le pep's nécessaire pour continuer la soirée. On reste chauvin et sous le Dôme pour Missil, qui rajoutent à la fête et à l'électricité du lieu plus de hip hop et ragga. Pour finir, de la minimale sauce berlinoise avec Boris Brejcha. Fin des concerts, il est 5h, des bénévoles nous disent que le festival doit fermer. On aurait pu rester encore un peu nous.

Jour 3. 16h12, gueule de boue et ballade du président

Pour ce troisième jour, l'herbe n'est plus. La boue a pris place, et des marécages géants peuplent le festival. On apprend qu'un invité surprise est présent à Solidays, le président himself. François Hollande est venu faire sa ballade du dimanche, rencontrer quelques bénévoles et faire quelques promesses. On aurait bien aimé le voir faire un petit tour devant les scènes et se la jouer festivalier, le François.

17h32, Retour énergique pour F.F.F.

Retour aux choses sérieuses et la musique. On esquive La Femme pour aller voir le retour de F.F.F. (photo) sur scène. Marco Prince, en kilt, et sa bande font jumper la scène bagatelle. Lui se jette dans la foule, saute dans tous les sens. Il est heureux sur scène, et il le communique bien. Une belle débauche d'énergie. Du côté des toilettes, c'est plus compliqué : 20 à 30 minutes d'attente pour les demoiselles, c'est beaucoup trop pour des vessies déjà pleines de bières.

18h23, aux restos du bonheur

La cérémonie des Patchworks des noms prend place sur scène. Les noms de ceux qui sont morts du SIDA sont cités les uns après les autres. Temps de reccueillement émouvant au milieu de la fête. On choisit nous de faire nos critiques culinaires et d'aller picorer aux quatre coins du monde : Fataya au poulet du Sénégal, manchons de poulet mariné de Thaïlande, Makis japonais. C'est bon, même s'il faut prévoir un petit budget pour la chose. On pouvait également choisir pâtes, pizza ou buritos.

19h12, Vanessa Paradis tout sourire

Son sourire ne laisse personne indifférent. Vanessa Paradis (photo) a 15 minutes de retard, on lui pardonne. C'est le bon concert du dimanche avec les rayons du soleil qui ont réussi à percer les nuages. Posé dans ce qui reste d'herbe, on apprécie les chansons tranquilles comme la plupart du public le sourire aux lèvres. On aperçoit Benjamin Biolay qui vient sur deux chansons.

20h23, Intense Girls in Hawai

On se dirige ensuite vers Girls in Hawai, choix compliqué lorsqu'il y a Patrice et Sarah W_Papsun en face. Sur la route, on croise les derniers festivaliers à faire le saut de l'ange : pendant trois jours leurs cris ont rythmé les allées de Solidays. On retrouve les belges sous le Dôme, dans une début de concert très calme. Mais on est absorbé petit à petit. Ils montent en crescendo pour un final où les types sont transcendés sur scène. Un vrai bon moment de musique.

22h03, Woodkid en patron

Après un énième périple dans la boue, on arrive sur Love Letters et Métronomy sur la grande scène. C'est rose, c'est blanc, mais c'est un peu mou pour nous garder en vie sur une fin de festival. On choisit d'aller se placer sur Bagatelle pour le concert de Woodkid (photo). On aura eu raison : c'est une claque. Piano, cuivre, violon ... et voix intense de Yoann Lemoine. Toutes les émotions passent dans ce concert, on vibre emporté par la vague musicale qui nous submerge.

23h12, Skip the Use comme à la maison

On se remet de Wookdid qu'il faut aller dire au revoir à Solidays. C'est Skip The Use (photo) qui clôt l'édition. Matt Bastards est chez lui, et ça se sent. Il arrangue la foule entre chaque chanson, et enflamme la dernière heure de Soldiays. Il y a de la folie dans ses yeux, et une énergie qui donne le sourire à chacun. On trouve en nous les derniers sursauts pour sauter sur le rock balancé par le groupe. Un dernier mot de solidarité aux festivaliers, et l'on peut rentrer tranquillement à la maison. Le sourire au lèvre pendant au moins une semaine.

Côté scène

La claque.
Woodkid, un live d'une intensité inégalable. 

Les bêtes de scène.
Parov Stelar et Skip the Use, ils ont enflammé la grande scène.

La découverte.
Nasser, électro rock dynamique et dynamitant. 

Le retour gagnant.
F.F.F., l'énergie retrouvée pour Marco Prince

La déception.
Shaka Ponk, aucun son à leur concert. Ambiance morose. 

Côté festival

On a aimé :

- Ambiance plus festivalière cette année.
- Un festival engagé de toute part. 
- Beaucoup d'artistes avaient un mot pour le combat des intermittents du spectacle.
- Belle programation : les artistes du moment étaient du côté de Solidays. 
- La nourriture : le coin pays du monde comme le nouveau coin FoodTruck. 

On a moins aimé :

- Demi de bière à 3,5€, pas de pinte. Il faut changer ça les gars!
- Gros problème de son sur plusieurs concerts.
- Peu de temps de pause, et beaucoup de concerts loupés.
- Il y a du monde à tous les stands, trop de temps d'attente.

Conclusion

La 16ème édition de Solidays était belle. Les parisiens avaient le sourire, les artistes avaient le sourire, ça donnait vraiment la pêche. Malgré la boue et la pluie, on a vécu ce festival à fond grâce à des lives de qualité et une énergie solidaire débordante de tous les côtés. Le mystère demeure sur le lieu de l'opus 2015 : on attend au taquet avec notre carte et notre boussole en main.