On était à
Solidays 2019, l'amour et la folie

La 21ème édition de Solidays, ce sont plus de 110 invités, un line-up léché et éclectique et des rendez-vous engagés ! Depuis sa création c’est sous le signe de la solidarité et de la bienveillance que s’organise le festival sur l’Hippodrome Paris Longchamps. On vous raconte nos pérégrinations en cette chaleureuse fin juin !

Jour 1. Vendredi 21 juin. 20h44, mise en jambe généralisée

On foule enfin le sol du festival après avoir fuit l’indécente queue pour les navettes gratuites à Porte Maillot en optant pour un Uber partagé. Une double meilleure idée puisque nos camarades de route deviendront rapidement nos super potes de festival. L’entrée est assez proche du lieu de largage des navettes et le trajet se fait dans la bonne humeur. La douceur du temps est agréable et les chemises de darons et guirlandes lumineuses sont de sortie : on découvre le style 2019 du festivalier. Sur place, nous sommes accueillis par les cris des courageux qui s’essaient au saut à l’élastique et au bras mécanique de fête foraine qui dépassent des chapiteaux. Il n’y plus aucun doute quant au gros level d’enjaillement prévu pour le week-end.

22h00, solidarité et public unifié

C’est sur Paris, la grande scène, que l’on retrouve Luc Barruet, le fondateur du festival Solidays, pour une intervention sur les engagements et objectifs du festival dans la lutte contre le SIDA. En cette 21ème édition, la lumière est mise sur l’accès aux médicaments pour tous avec la campagne « TREATMENT4ALL ». Il laisse place à Lomepal qui nous dévoile l’excellent calibrage sonore du festival. Proche de son public, il l’embrase rapidement. C’est d’une seule voix que les paroles sont reprises par tous et dès les premières chansons aux rythmes plus doux il aura même droit à une marée lumineuse de flash, un spectacle collectif visuellement émouvant. Le public oscille entre surexcitation et émotion, une petite visite surprise d’Orelsan enflammera cette foule furieuse une bonne fois pour toute.

23h07, The Blaze ou comment transcender les êtres à coup de basses 

Dans une scénographie d’une efficacité monstrueuse, le duo The Blaze se dévoile doucement au sein d'un univers graphique et musical invitant à un exode transi et intensément partagé par tout le public. Le sol aura tremblé autant que nos corps sous ces basses rythmées porteuses d’expériences humaines, d’amour, de folie et de liberté. On vous assure, l’espace de ce concert, la scène Bagatelle et son public étaient sur une autre planète, bien bien loin d’ici. Une puissante rencontre qui teinta jusqu’à nos âmes.

00h42, chill’n bringue

On se remet doucement de nos émotions en entamant notre premier repérage des lieux dans les échos du concert de Macklemore qui rameute les foules. On en profite pour déguster notre première pinte parmi le large choix de bières avant d'atterrir à la Guinguette, spot très convivial muni de tables de ping-pong, mobilier en palettes et filets de pêche tendus qui nous offrent un bon moment chill et un peu de repos pour les auditions. Non loin de là, le collectif Camion Bazar balance ses sons nourris par l’expérience du bitume et de la diversité de ses artistes. Des sonorités électro au synthé et des beats de batterie justement maîtrisés ont su en faire danser plus d’un. Et peut-être même d’avoir fait danser tout le monde puisqu’ils ont assuré un show non-stop sur toute la durée des Solidays.

On met les voiles direction Dôme et Dominos, deux plus petites scènes situées de l’autre côté de l’Hippodrome. Elles sont situées au bout d’un vaste terrain entouré de bars et de stands de nourriture diverse comme des burgers, paninis, wraps et autres gaufres et notre préféré : le stand thé à la menthe. On valse aussi entre les genres musicaux avec les petits corners de son, comme l’espace Pioneer DJ et ses sets techno, le reggae truck ou encore la Boom Box. L’espace est très agréable,  malgré l’énorme foule (plus de 230 000 festivaliers) la circulation reste fluide. Sous les airs ultra-entrainants de la fanfare techno allemande MEUTE, nous oublions presque la présence même de la foule.

2h02, Sama’, la soif de liberté

Sama' est la première DJ à faire vibrer la Palestine au rythme de ses beats technos démentiels. C’est teinté du goût de l’espoir et de la rage de vivre qu’elle nous transperce ce soir, corps et âme. Cette jeune pionnière de l’électro souffle sur un public farouchement animé par ses kicks, un furieux vent militant gorgé de désir de liberté. Coup de cœur confirmé et reconfirmé par ce live sur lequel on aura lâché pas mal de calories. 

Mais pas le temps de rester les bras ballants que nous revoilà tapant du pied sur le fiévreux set de The Hacker, qui saura récupérer l’ardeur insufflée par Sama’ et nous consumer jusqu’à la moelle, clôturant ainsi pour nous notre premier jour de festival. Le chemin vers les navettes nous offre une délicate vue d’ensemble de Solidays, habillé par l’aube naissante. Nos corps fatiguent mais nos esprits ne veulent pas quitter les caissons.

Jour 2. Samedi 22 juin. 19h27, ça se sent comme à la maison

Un peu plus familiarisés avec le terrain, nous commençons notre périple plus tôt en ce deuxième jour, qui s’annonce déjà nettement plus chaud que le précédent. Nous voilà repartis explorer toutes les possibilités du festival. Nous découvrons avec une immense joie la multitude de petits stands de restauration venus de tous les horizons, surplombant les deux grandes scènes (Paris et Bagatelle). Liban, Caraïbes, Mexique, Ethiopie, Argentine, Inde… Ce soir ce sera naan au beurre, samossa au poulet et « butter chicken » sur lit de riz, surmonté de pois chiches et pointe de coriandre fraîche, une dizaine d’euros pour le tout, soit une « petite » barquette qui nous rassasie largement à deux.

20h00, une cause

La patrouille de France survole le festival. Au premier passage, elle trace le drapeau tricolore, puis englobe tout le site d’un immense ruban rouge, un spectacle qui saura faire arrêter le festival le temps de profiter du ballet aérien. Nous continuons nos déambulations jusqu’au Village Solidarité avec ses 3 associations à l’honneur cette année (ACINA, En Avant Toute(s) et PikPik Environnement). Il y a de nombreux autres stands, dédiés à des thématiques telles que les discriminations, la solidarité internationale, l’engament citoyen ou encore la santé et l’environnement. Et n’oublions pas la pertinence de l’exposition interactive Sex in the City, qui aborde les questions de sexualité sans tabous, de la contraception, au plaisir, en passant par la prévention. Les festivaliers sont plus que réceptifs, bien conscients des enjeux de ce genre de sensibilisations.

22h23, partageons les mêmes vibes

C’est sous les douces couleurs rosées du crépuscule que nous faisons une première escale musicale aux abords d’une foule effrénée par les notes électro-jazzi de Parov Stelar. De la fosse jusqu’à derrière la régie, le public est en feu et l’énergie de leur flow profite à tous les spectateurs, tant à la foule serrée qu’aux plus désireux de préserver leur espace vital. L’esprit good mood plonge le festival dans une douce euphorie générale.

22h56, Thylacine, une immersion au-delà des routes

Tylacine (photo) façonne notre écoute et module l’ambiance, monte en puissance et entrecoupe le temps de légers silences. Nous sommes transbordés, hypnotisés par ses sonorités électro planantes. Sa musique nous vient de ses rencontres et découvertes nées au fil de ses voyages, elle est bienveillante toute en gardant une profondeur universelle. Nos corps sont parcourus de frissons et nos esprits baladés vers d’autres horizons, il semble faire ce qu’il veut de nous mais ça nous convient, on s’abandonne volontiers.

00h13, une foule à l'écoute

Le trio Die Antwoord était plus qu’attendu par la marre de monde, impatiemment dressée devant Paris depuis la fin du concert précédent. Nous revoyons à nouveau Luc Barruet qui prend la parole pour rendre hommage aux bénévoles ainsi qu’intimer une minute de silence pour les victimes du VIH. La foule s’est alors tue. L’émotion palpable grandit en intensité avec les secondes qui s’écoulent.

Le groupe sud-africain recueille alors une foule émue et consciente des enjeux de cette lutte. Le thermomètre grimpera tout de même quasiment instantanément, emmenant le public tout droit dans un autre cosmos au travers d’une scéno enragée, aux multiples écrans colorés et lighting féroce... Une véritable prestation trash et audacieuse, ultra-rythmées par de gros beats issus du hip-hop rave sud-africain qui nous ont fait vibrer jusqu’à l’os. Les deux personnages phares du trio Yolandi et Ninja nous fascinent, ils semblent être dotés d’une énergie et de vibes surnaturelles.

1h00, une pépite qui tabasse

Nous sortions tout juste d’un incommensurable public survolté pour arriver sous l’ambiance beaucoup plus intimiste de la scène Domino et découvrir ce jeune collectif parisien. Contrefaçon ce sont des kicks, beats, vénères, qui te schlass’ en deux tracks. Ce sont quelques mots bien placés, une techno défoncée et des vidéos léchées, maîtrisées. Contrefaçon c’est le miroir d’une génération en quête d’extase, désabusée, se consumant aussi vite que s’élève la poussière sous les coups de nos pieds, enfiévrés. On consomme notre jeunesse devant le son, plus vivants que jamais.

4h30, le peuple du son ne s'arrête jamais

Assoiffés de basses, on se laissera encore porter par les sets d’Anetha puis Jennifer Cardini, plus sereins mais tout aussi intenses. Un nouveau jour se lève, les notes déjantées de Salut C’est Cool s’élèvent avec les rayons du soleil sur Paris. Le retour se fait à travers une joyeuse émulation, les gens chantent et dansent dans les échos qui nous parviennent du festival, le temps est doux et nos corps réclament un repos. Notre nuit se clôt dans la moiteur d’une navette bondée qui sut malheureusement bien se faire attendre.

Jour 3. Dimanche 23 juin. 17h39, balance ta poudre !

Aujourd’hui c’est tout tranquillement qu’on arrive sur le festival avec les derniers morceaux de Hocus Pocus et une ambiance très enthousiaste. La fameuse Color Party est annoncée, les poudres distribuées mais surprise : sur scène ce sont des Youtubeurs qui sont invités. Squeezie, Joyca, Freddy, Kezah et Natoo chauffent le public avec leurs tubes de l’été (nés d’un défi). Le décompte est lancé et nous nous retrouvons submergé dans un immense nuage coloré, la foule réapparait peu à peu, plus bouillonnante que jamais. Seul bémol à notre goût : la playlist « hits d’été » qui reste aux platines.

19h00, un trésor hors du temps

On file vite et sans regret retrouver Tamino, jeune belge aux origines égyptiennes que l’on attendait avec la plus grande des impatiences. La configuration plus intimiste du Dôme et la simplicité de la scéno nous laisserait presque croire à un concert privé. Il entame le concert avec Indigo Night, plongeant ainsi directement son public dans une temporalité autre, suspendue. Son exceptionnel timbre de voix, intense et renversant, autant dans la profondeur des graves que dans la puissante délicatesse et justesse des aigües, ensorcèle la foule, tous âges confondus. Il enchaîne les chansons, échange sensuellement et humblement quelques mots et remerciements avec son public, s’accompagne d’un clavier et d’une batterie et nous plonge dans une beauté captivante, aux tonalités parfois orientales. Il achève notre voyage avec Habibi, nous laissant le cœur tremblant, bouleversé, ailleurs... L’équipe de sécurité présente sur place se laissera elle aussi adoucir par cette voix d’exception. Mais elle reprit vite du poil de la bête à la fin du concert avec l’arrivée agitée de jeunes spectateurs venus pour Moha La Squale.

20h00, on a oublié le temps et le reste du monde

Les tripes encore serrées du précédent concert, nous vagabondons, le pas maladroit, à la recherche d’un nouveau mood. 40 cl de véritable et délicieux thé à la menthe et 20 minutes de tapage de pieds intensif au stand Dj Pioneer plus tard et nous voilà remis en jambe pour la nuit ! Nous retrouvons nos copains d’Uber devant le concert intergénérationnel d’Angèle. Textes actuels et musique pop, cette jeune icône séduit et rassemble toute une population qui clame passionnément ses paroles en chœur. C’est ce qu’il fallait au public de Solidays pour un début de dimanche soir. Le temps est bon, les esprits sont heureux, personne ne semble vouloir retourner à la réalité dès le lendemain.

20h56, mexicano-caribéen 

Entre faim et gourmandise, ce soir nous décidons de tester les stands mexicain et caraïbéen (y a quoi ?). Proches de la scène Bagatelle, les tonalités reggaeton et pop latine de J. Balvin nous a valu un somptueux paysage de déhanchers dans la file d’attente. C’est muni d’une fajitas au chili con carne et de frites de patates douces que nous nous asseyons enfin, pour un petit pique-nique avec vue panoramique sur de Solidays 2019 qui ne veut pas finir.

22h30, laisse moi zoom zoom zang 

Suprême NTM résonne dans tout le site, c’est le groupe qui aura été choisi pour clôturer cette édition. Là encore, ils réunissent un public transgénérationnel déchainé. Après avoir fait la queue étonnamment rapidement pour la déconsigne des verres, nous profitons de notre possibilité de fouler les endroits du festival qui ferment progressivement pour déambuler dans les espaces, danser librement et profiter jusqu’aux dernières notes avant de rentrer une dernière fois.

Le bilan

Côté concerts

Les nouveaux souffles
Contrefaçon, leur univers graphique, tracks énervés et Sama’ qui nous font inlassablement taper du pied

Le transbordeur
Tamino, une voix phénoménale soulignée d’une présence et d’une musique terriblement profonde

Le pack famille
Angèle, Dadju, Lomepal, Parov Stelar...  on vous y a vu ! Un môme sur chaque épaule, une main tenant le dos et l’autre vous épongeant le front !

La formule 5D
Die Antwoord, son, lumières, vidéos, fumée, poussière, tremblements, vibrations, l’expérience est totale, une immersion complète pour notre plus grand bonheur

Côté Festival

On a aimé

- Ambiance bienveillante et intergénérationnalité
- Urinoirs feminins ainsi que vente de deux modèles de pisse debout
- Spots musicaux éclectiques disséminés partout
- Accessibilité aux personnes à mobilité réduite avec des plateforme bien situées
- Paiement sans contact et distributeur
- Crème solaire et bouchons d'oreilles à disposition
- Engagements très justement transmis aux festivaliers, village associatif  actif
- Calibrages techniques, sonores et lumineux
- Zone de rafraichissement et de repos digne de ce nom
- Bracelets en tissus avec fermeture pratique

On a moins aimé

- Queues toilettes et eau potable, mais avec autant de monde ce n'est pas étonnant
- Time table uniquement en format papier !
- Signalétique faible, on est un peu perdu quand on débarque un peu (scènes, Village Solidarité et Sex in the city,.. )
- Gestions navettes pendant les grosses affluences, l'accès est très long

Infos pratiques

Prix des transports
Accessibilité par navettes gratuites à partir de Porte Maillot (métro 1)
Accessibilité aux personnes à mobilité réduite

Prix du festival
Pass 3 jour de 39 à 89 €

Nourriture du monde entier (viande/végétarien/sans gluten/sans arachides…)

Conclusion

Festival consommé, corps et âmes consumés. C’est tout un monde à part que l’on a pu expérimenter à Solidays, avec une temporalité qui lui est propre, rythmée au gré des concerts, nourris d’un exceptionnel panel de différents stands de restauration et d'animations dans un cadre vaste où la foule ne se fait sentir qu’en quittant le milieu d’une scène en plein concert ! L’amabilité est au rendez-vous partout : festivaliers, secours, organisateurs, vigils, bénévoles… Une programmation de qualité doublée d’une technique léchée. Nous avons été transportés du début à la fin ! On pense déjà booker les dates pour 2020 !

Récit et photos : Sanam Aleboyeh & San Zagari