Un festival au milieu des vignes en Nouvelle-Zélande pour fêter la nouvelle année, voilà le concept du Rhythm and Vines, plus grand festival du pays. Découvert grâce à Netsky à l’occasion d’une interview et couvert l’an dernier, c’est avec la plus grande joie que nous découvrons, ou redécouvrons, ce festival atypique à Gisborne, dans le nord-est de la Nouvelle-Zélande. Retour sur trois jours de musique à 19.000 kms de la France.
Jour 1 - 16h, arrivée sur le domaine
Il est un peu plus de 16h quand on arrive sur le site du festival. Le lieu est compact, les campings et parkings sont rassemblés autour des scènes (photo) . Il fait déjà chaud et les Néo-Zélandais body-buildés ne se font pas prier pour sortir leurs muscles dans la file d’attente de la pose de bracelets. Autour de nous c’est plutôt la fashion week que les Vieilles Charrues, ce festival a des airs de Coachella version pacifique sud.
17h, des vignes de 2m50 en guise de camping
Collés au festival, les différents campings se remplissent doucement. Au milieu des vignes de 2m50 les festivaliers montent leurs tentes (photo) , ici pas de 2secondes, c’est donc à l’ancienne que l'on se met à la tâche. Non incluse dans le prix du billet, la formule camping va du simple espace pour la tente à la location de tipis aménagés avec chargeur solaire et prise électrique. Il y en a pour tous les goûts et surtout toutes les bourses !
19h la grande scène se remplit tranquillement
Moins de deux minutes, c’est le temps qu’il nous faut pour rejoindre le site du festival depuis notre campement. La fouille des Maories est minutieuse mais faite avec le sourire. Situé au milieu des collines, le festival se transforme en aftermovie d’événement californien à l’heure du coucher de soleil. Devant la grande scène, quelques centaines de spectateurs terminent l’après-midi sur @peace (photo) avant que la jolie voix de Mo ne vienne envoûter Gisborne.
20h30, Danny Brown lance son flow
Les spectateurs arrivent au fil des navettes qui viennent de la plage située à une vingtaine de minutes. Vers la Rhythm Stage on commence à se bousculer, la tête d’affiche hip-hop débarque sur scène. Quinze bonnes minutes après son dj, le mc de détroit, Danny Brown, balance son flow pendant une grosse demi-heure. Comme sur ses EP, l’Américain est efficace mais l’ambiance peine à décoller. On en profite pour découvrir les stands de nourriture (photo) et faire un tour au bar, 3,80€ la cannette de bière, c’est honnête, on s’attendait à pire.
00h25, Netsky réveille Gisborne
L’ambiance tant attendue arrive avec le Belge Netsky (photo). La grande scène est comble pour le dernier live de la soirée. Venu plusieurs fois ces dernières années, le Flamand et son groupe se sont fait une solide réputation en Nouvelle-Zelande. Au clavier, il enchaîne les tubes, de Puppy à Love Has Gone en passant par Come Alive. Le public connait les morceaux par cœur et le Belge nous le rend bien, c’est presque ému qu’il prend le micro en fin de concert pour expliquer à quelle point il heureux d’être là.
Jour 2 - 11h, petit déjeuner au bord de la piscine et match de volley
A l’abri des pieds de vignes, le réveil est moins « transpirant » qu’à l’accoutumée dans nos tentes. Pour une partie des campeurs, le petit déjeuner se prend dans la piscine du « Bass Camp » (photo). Les plus sportifs profitent du terrain de volley, d’autres du dj qui ambiance le camp.
13h, pause football dans une piscine
Fermée quelques heures plus tôt, une partie du festival a rouvert ses portes. Les concerts ne commencent qu’en fin d’après-midi mais les boutiques souvenirs, tatoueur, coiffeur et stand de nourriture nous font des appels. Au milieu, un terrain de foot est installé (photo). On tente de taper le cuir, mais bien conscients de la supériorité des tricolores dans ce sport, les Néo-Zelandais nous piègent en ajoutant de l’eau et du savon sur le sol lisse du terrain. Avant l’entorse on demande le changement, rendez-vous à la prochaine coupe du monde!
20h, enfermé dans un container
Depuis plusieurs années le festival organise le 30 décembre une soirée déguisée. En Mario et Luigi, en tennisman, en tigre ou en indien, une bonne partie du public joue le jeu même si le déguisement le plus utilisé, et pas seulement aujourd’hui, et celui du Néo-Zelandais fan de fitness et de body-building. Difficile de jouer de l’épaule pendant les concerts… Au milieu des vignes, entre deux scènes, un container raisonne (photo). Plein à craquer on arrive quand même à se faire une place pour une mini soirée avec dj privé. Dans 10m² on est serré mais on tente le slam, on restera pas mal de temps collé au plafond avant de redescendre !
20h50, l’envoûtant Chet Faker
Le lieu regorge d’activités, tout est fait pour nous occuper dans les différents stands des marques partenaires. Mais très vite la musique reprend le dessus et tout le bien entendu sur Chet Faker nous pousse devant la Rhythm Stage. Seul avec ses machines l’Américain nous rappelle Woodkid et joue une musique planante. La foule n’est pas compacte, c’est parfait pour profiter de cette musique envoûtante.
23h30, Chase sans Status (ou l’inverse) clôture la grande scène
Empruntée au festival Glastonbury, l’Arcadia Afterburner est la scène drum and bass du festival. Au son de Wilkinson, Prodigy ou Noisia les djs Addison Groove et State of Mind mettent le feu et ce n’est pas peu dire quand on voit les flammes sortir du toit de la scène. Valeure sûre en terme de programmation on y passera pratiquement toutes nos fins de soirées. Sur la grande scène la tête d’affiche du jour est aussi drum and bass (photo) : Chase sans status ou peut-être Status sans Chase enchaîne les tubes qui ont fait leur réputation : No Problem, Fire in Your Eyes et Eastern jam. On danse sous les impulsions de Mc Rage, mais on reste déçu de ne voir qu’une partie du duo sur scène.
Jour 3 - 16h, Plage, soleil et record nudiste
Le troisième jour est aussi le dernier de l’année. Habitué à passer le nouvel an dans le froid, c’est à l’ombre des vignes sous un soleil de plomb qu’on attaque ce 31 décembre 2014. Les gens viennent des quatres coins du monde. En échangeant avec des Américains on nous conseille d’aller jeter un œil vers la plage, là où s’est déroulé le BW les jours précédents le R&V (festival « warm up »). Sur la plage (photo) des activités et des défis sont organisés, aujourd’hui on tombe sur le record du nombre de personnes courant nues dans l’eau… et on rate de peu le concours du plus grand mangeur de pizza et la compétition de « air sex ».
19h20, Le soleil se couche pour la dernière fois de l’année
De retour sur le festival, l’après-midi touche déjà à sa fin. Il ne fait pas aussi chaud que les autres jours et le toboggan permettant de rallier les deux scènes principales en ventre glisse est maintenant vide. Sur la Rhythm Stage, la jeune Holly Arrowsmith joue devant quasiment personne, le public étant bien occupé au camping à l’heure de l’apéro, dommage car avec sa jolie voix la jeune Holly aurait mérité un peu plus de spectateurs.
20h, Rhythm and Wed
Au milieu des arbres on découvre une mini chapelle. Un couple est en train de se marier (photo). Hétéro, gay, polygame tout est possible à l’exception, on imagine, des unions Hommes-moutons. On passe la porte, accueilli par un prêtre on se met en tenu (robe blanche et veste de costard) et en moins de 5 minutes on se retrouve mari et femme (enfin mari et femme-mari-femme et plus encore, des passant nous ayant rejoints pendant la cérémonie). Sur les conseils du prêtre, nous partons en voyage de noce dans la foulée sur la grande scène ! Pour le divorce aucuns problèmes, le mariage est annulé une fois les effets de l'alcool passés.
22h, Bastille, notre dernier concert de l'année
Le concert attendu par le public, un peu moins par nous, est celui du groupe américain Bastille (photo). C’est devant une grande scène pleine à craquer que le groupe de Dan Smith déroule ses tubes Pompeii et Things We Lost In The Fire. Alors que les deux derniers soir la tête d’affiche se voulait « faire danser » on est déçu de la performance du groupe, peinant à mettre l’ambiance avant l’heure du passage à 2015.
00h00, Trois, deux, un... Bonne Année !
C’est installé sur la colline face à la scène qu’on prend place vers 23h55 pour le passage à 2015. Un des membres de l’équipe était déjà présent l’an dernier, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il nous avait vendu du rêve. Moins impressionant que l'an dernier, le feu d'artifice (photo) fait quand même son effet après un décompte géant du public. Comme beaucoup, on se souhaite une "Happy New Year" en buvant notre première bière de l'année 2015 !
2h30, Les djs s’enchaînent jusqu’au lever du soleil
Ce soir les concerts terminent bien plus tard. Sur les quatre scènes du festival les djs s’enchaînent jusqu’à 6h du matin et le lever du soleil. Sur la grande scène le local Zane Lowe connu pour ses émissions de radio à la BBC diffuse ses dernières trouvailles entre techno, house, drum and bass et trap avant que Just Blaze, qui a entre autre produit des chansons pour Jay-Z et Eminem ne ferme la grande scène. Dans la foulée c’est devant la drum and bass de London Elektricity (photo) que nous terminons cette soirée. Epuisé après trois jours de festival on rentre des souvenirs plein la tête en espérant pouvoir un jour revenir dans ce festival pas comme les autres.
Côté concerts :
La valeur sûre
Netsky, un live bien rodé qui met l’ambiance à tous les coups
La découverte
Chet Faker, le bien entendu sur lui s’est confirmé sur scène
La drum efficace
Addison Groove et State of Mind, les djs ont enflammé l’Arcadia
La déception
Bastille, bien trop mou pour un 31 décembre
Côté festival :
On a aimé :
- Le bracelet du festival qui sert de carte de paiement
- Un lieu magnifique rempli d’espaces verts
- Les campings au milieu des vignes
- Les prix raisonnables sur le festival
- Des toilettes et des douches toujours propres
- Un vrai choix dans la nourriture
On a moins aimé :
- Le prix du billet rendant le festival inaccessible pour beaucoup
- Les interdictions multiples freinant l’ambiance (slam, pogo…)
- Des soirées qui commencent tard et finissent tôt les deux premiers soirs
Conclusion
Faire un festival au milieu des vignes en Nouvelle-Zélande pendant les derniers jours du mois de décembre est quelque chose d’exceptionnel. Aidée par des bénévoles d’une gentillesse incroyable, l’organisation a fait en quelques années du Rhythm and Vines l’événement musical incontournable du pays. Grâce à une température digne des plus beaux mois de juillet français le festival nous a plongé pendant trois jours dans un monde à part avec des airs de festival californien ou les mini-shorts et le body-building sont de coutumes. Difficile de dire si une occasion de vivre un jour de l’an comme celui-ci se représentera, ce qui est sûr c’est que le Rhythm and Vines nous a fait passer un des plus beaux réveillon de notre vie.
Récit et photos: Quentin Thomé, Gregoire Masson
Photo feu d'artifice: Rhythm and Vines