On était à
Reperkusound, la force tranquille

Comme une tradition, c’est du côté de Villeurbanne que l’on passe une partie de notre week-end de Pâques à l’occasion du Reperkusound. Une cinquantaine d’artistes en trois jours, des dizaines de montées et descentes d’escaliers et des DJs en roue libre : retour sur nos deux nuits au Double Mixte.

Vendredi 14 avril. 23h30, après l’after-work, le début de la nuit

Après un after work lyonnais entre amis, difficile de refuser une terrasse avec le soleil qui plane sur Lyon en cette fin de journée, l’arrivée au Double Mixte pour la nuit 1 du festival se fait tardivement. Et visiblement le reste du public a eu la même idée que nous, puisque l’entrée est fluide, sans encombres et les salles du festival sont loin d’être remplies. Sur la Main Stage, les frenglish Naive New Beaters (photo) déroulent avec humour un set bien huilé mais toujours aussi rafraîchissant devant une salle aux deux-tiers vide. Une jolie mise en jambes pour le reste de la nuit.

01h45, le terrain de jeu de Salut C’est Cool

Entre une file d’attente pour acheter des “tokens” et un pinte de Grillettes, une bière locale, on profite toujours sur la main stage du set de Rebeka Warrior, le nouveau projet de la leader des Sexy Sushi. Comme à son habitude, c’est dans un projet complètement barré que Julia Lanoe tente de nous emmener. Tente, car comme une bonne partie du public, et comme au festival Les Femmes s'en Mêlent, peu nombreux devant la scène, nous sommes plutôt passifs sur un set peut-être trop bourrin et sans réelle cohérence qui passe de la techno au hardcore avec quelques touches de hip-hop.

Pas de quoi nous faire quitter l’étage de la salle - où la décoration est réduite au minimum cette année - puisque les déjantés de Salut C’est Cool (photo) enchaînent dans la foulée. Plus rythmé qu’une heure de cardio intensive, le set des trois fous restés bloqués dans leurs années collège se veut toujours aussi efficace et dans une grande messe de Saint N’Importe Quoi. Comme d'hab, une bonne partie du public est sur scène : l'hymne Merci Nature est dans tous les coeurs, et même après avoir écouté 53 fois le tube Techno toujours pareil, le concert n’a pas pris une ride. Et ça malgré trois ans de tournée, chapeau. 

03h50, voyage musical pour finir

On a beaucoup squatté la grande salle, il est temps pour nous de commencer nos aller-retour sur les deux niveaux de ce duplex. Plus petite de moitié que la salle du haut, la Moon Stage nous emmène dans une décoration lunaire soignée par le collectif local l‘Octopus avec un dispositif son et lumière à la perfection. Dans cette ambiance béton armé, on découvre Palms Trax, jeune dj berlinois de 24 ans qui ambiance avec une house jazzy et définitivement pleine de groove ! On adore et on reste dans la lune pour le coréen Hunee (photo). Malgré l’heure tardive, Hunee ne bombarde pas autant que la trance de la salle d’à côté et reste fidèle à ses sélections pointus. Tout y passe, techno, house et disco avec toujours la même ligne directrice: le groove. Hunee donne le smile et fait danser la salle encore bien remplie !Après une dernière montée de marche pour jeter un oeil à Club Cheval, c'est en Uber qu'on regagne le centre de Lyon. Et sans majoration !

Dimanche 16 avril. 23h45, Chinese Man, comme à la maison

Des obligations nous font rater la nuit 2 du samedi, à l’inverse du public qui a massivement répondu présent puisque c’était la seule nuit complète du festival. C’est donc en forme qu’on arrive sur le campus de la Doua pour cette dernière soirée. Et ca démarre en beauté avec Chinese Man (photo), habitué de la scène lyonnaise, qui font le plein dans une Main Stage jamais aussi blindée de la soirée. Le show est réglé à la perfection avec un jeu de lumières millimétré sur l’intervention des MC sur-dynamités Youthstar, Chill Bump et ASM ! L’heure et quart passe bien trop vite, on a pris une bonne volée ! 

02h10, Demi Portion met le feu avec L’Animalerie

A la descente on profite des stands extérieurs pour goûter un mojito pendant que d’autres se font un burger histoire de prendre quelques forces. L’offre de restauration n’est pas immense mais bien suffisante vu la jauge. Entre les deux salles du bas, notre choix se porte sur les sonorités hip hop qui raisonne à l'extérieur plutôt que sur le rythme effréné de la Trance de la Moon Stage. Sur la Solar, les locaux de L’Animalerie ont carte blanche pendant plus de deux heures. A domicile, le collectif se paye même le luxe d'offrir sa dernière demie-heure à Demi Portion (photo), nouveau phénomène hip-hop. Avec un smile énorme, Demi Portion dégage une joie de vivre rare et nous emporte dans ses flow majestueux appuyés par des sons à l’ancienne, de Brassens à ses tubes comme Hip Hop et 2 Chez Moi. On ne distingue pas tout le temps les paroles, faute d’une acoustic irréprochable, mais l’ambiance et à son maximum et c’est bien le principal.

03h45, œil de verre et turntablism

Après la claque hip hop frenchy, place à la claque néerlandaise à l’étage du dessus. Toujours avec des style de redneck du plat-pays, Dope D.O.D explose la Main Stage dès les premières basses de leur rap dubstep. Cassage de dancefloor pendant 1h, l'énergie de la salle est hallucinante !  

Un niveau en dessous, sur nos gars surs du turntablism que l’on se cale. Dj Fly et Dj Netik (photo) sont sur la Solar Stage devant une très belle scènographie éteinte pendant demi portion. Les dignes successeurs de Beat Torrent sont bien décidé à prouver à ceux qui en doute qu’ils sont parmi les meilleurs scratcheurs du moment. Alternant gros son hip-hop et classiques électro, les deux djs finissent en freestyle en s'échangeant les platines sur un final Drum & Bass. Derrière, Pone qui à l’honneur de terminer la soirée sur la Main Stage nous paraît un peu plus fade. La salle est à moitié pleine avec un public au bout des rotules. Son set est toujours aussi précis mais plus dark qu’à son habitude. On a quand même la chance de découvrir son dernier morceau qui va sortir sur le label Ed Banger dans les prochaines semaines. Une conclusion parfaite avec Pone, symbole de la soirée qui aura oscillé entre hip-hop et scratch.

Le bilan

Côté Scène

Les 20 doigts les plus talentueux du week-end
Dj Fly et Dj Netik, les nouveaux gars sur derrière les platines

Au top du hip hop
Demi Portion, c’est bien lui l’avenir, on en redemande

La compagnie aérienne
Hunee, aller simple pour le plaisir auditif

Le show
Chinese Man, en totale maîtrise

Wtf?
Rebeka Warrior, un projet un peu trop déglingué pour rentrer dedans

Côté festival

On a aimé :

- Un programme pour tous les goûts, hip hop, électro, trance, dub, ça a le mérite de rassembler
- La bonne gestion des flux pas facile au double mixte
- La scénographie de la Sonar et de la moon stage

On a moins aimé :

- Les tokens nons remboursables, et le principe même des tokens quand la mode est à la dématérialisation
- Pas de réel espace chill, l’espace extérieur et l’accès à la pelouse permettrait de se poser de temps à autre

Conclusion

Pour sa douzième édition, le festival Reperkusound a encore attiré les jeunes lyonnais en manque de basses et de sensation musicales. Avec un programme moins “pop” que ces dernières années - on se souvient des C2C, Skip The Use ou Deluxe - le festival trouve son public en laissant la place aux styles en vogue du moment: trance et hardcore, sans pour autant oublier ce qui en a fait le succès, du dub au hip hop. Difficile d’imaginer le festival se réécrire dans cette salle qu’il maîtrise parfaitement, mais après-tout, pourquoi changer une équipe qui gagne ?

Un récit de Quentin Thomé et David Beltramelli.
Photo: David Beltramelli