On était à
Nouvelle(s) Scène(s), un festival de nouveaux talents

Vous ne savez peut-être pas situer Niort sur une carte de la France mais les Niortais savent dénicher les grands talents de demain. Direction ce petit festival du Poitou pour une belle cuvée 2015. 

Jour 1. 22h20, premier arrêt, la buvette !

On arrive enfin dans cette petite ville des Deux-Sèvres où nous découvrons l'endroit principal qui abrite le festival Nouvelle(s) Scène(s), le Moulin du Roc. Espace culturel de la ville de Niort, il a été mis aux couleurs de l'événement et grouille déjà dans son hall d’une petite foule pas mécontente de se retrouver dans un cadre exceptionnel comme celui-là. Nous prenons d'abord la température à l'Entr'acte, petit restaurant qui ne paye pas de mine et s’improvise ce weekend en salle de concerts. Nous tombons donc sur le set de Buvette, jeune DJ suisse qui envoie de la bonne techno bien grasse derrière ses platines sur la micro-scène installée au fond de la salle. Bien qu'à priori toute la recette soit réunie pour que la fête batte son plein, les Niortais sont encore un peu timides et se regroupent dans le hall autour de l'autre buvette, celle du demi de 1664 à 3 €.

23h10, où c'est qu'on mange ici ?

C'est bien connu, qui fait de la route rêve de casse-croûte. Malheureusement, c'est pas au Moulin du Roc qu'on trouvera de quoi assouvir nos désirs. Nous partons donc en vadrouille dans les petites rues de Niort à la recherche d'une auberge qui saurait nous accueillir. On va pas se mentir, le choix n'est pas vraiment énorme. On finit dans le bar à tapas du coin, pas mauvais, mais malheureusement aucun rapport avec le festival. On est un peu déçu de rater Baston qui jouent dans le bar juste en face et qui, au vu de la queue à l'entrée, ont eu pas mal de succès ce soir. On se dépêche donc d'engloutir notre serrano pour prendre la direction du Club, nouveau lieu de cette édition 2015, très belle salle au sein du bâtiment principal du festival. C'est le duo parisien d’électro rêveuse, Bloum (photo), qui nous fait digérer tout en douceur au rythme de leurs mélodies douces et énigmatiques et avec leurs images couleur pastel.

00h40, Flavien, l'incompris

Nous traversons le hall du Moulin du Roc pour regagner l'Entr'acte où Flavien Berger (photo) devrait débuter son concert sous peu. L'endroit, trop petit, mal insonorisé et franchement pas bien agencé, n'est vraiment pas adapté pour un musicien aussi déjanté et le maigre public est quelque peu surpris par la performance créative qui va se produire. La moitié sort dans le patio fumer des clopes et ceux qui restent dans la salle passent plus de temps à se raconter leur fascinante semaine qu'à écouter la techno-dark-musique-orientalo-balkanique et les paroles déliro-romantiques de Berger.

1h15, des hauts et des bas

Retour au Club, pour la fin de la soirée, payante cette fois-ci. On est impatients car c'est au tour d'un de nos coups de coeur du Nordik Impakt de s'emparer de la scène : Kuage (photo). On n'a pas eu tort. Une explosion d'énergie, de justesse et d'originalité, le public de Nouvelle(s) Scène(s) est conquis et ça s'adonne à des danses endiablées bien que très étranges. Les très belles lumières de la scène rajoutent un coup de boost à cette chouette prestation. 20/20 pour les Caennais ! Après une courte pause, nous assistons au live bien plus décevant de Grand Blanc. Des faussetés qui ne passent pas, un trac palpable mais qui manque d'émotion ... On n'arrive pas à accrocher et on a bien l'impression qu'on n'est pas les seuls dans la salle. Il n'y a plus rien à faire, même le taureau rouge ne fait plus effet, on plie bagage.

Jour 2. 15h30, les matinées d'emplettes musicales

Si nous avons décidé de venir tôt en ce deuxième jour c'est pour la Bourse aux Disques (photo) qui s'est installée dans le hall du Moulin du Roc dès le bon matin. Des rangées et des rangées de vinyles, pour tous les goûts et toutes les bourses. On ne voit plus le temps passer mais on voit nos doigts se tacher de poussière alors qu'on effleure les collections des amateurs qui ne manquent pas de conseils. Il ne nous manque plus qu'un distributeur de billets et on nous guide vers le centre-ville de Niort pour remplir nos portefeuilles. Bonne occasion de découvrir une petite ville pavée qui ne manque pas de charme, ni de canards, avant de revenir régler nos, trop nombreux, achats. Bon, on est à la bourre...

18h03, un before qui dépote

Nous traversons à nouveau la ville pour nous diriger vers le Camji, espace dédié aux musiques actuelles, parfaitement dans le thème du festival. Nous arrivons pile à temps pour prendre l'apéro à la buvette d'une chouette petite salle en lisant la gazette du festival qui aujourd'hui confirme nos déceptions et nos coups de cœur de la veille. Tant d'honnêteté dans un compte rendu fait par le festival même, on n'avait jamais vu ça. Normal, il est écrit par des élèves des écoles du coin. Original ! La salle du Camji est malheureusement bien vide mais grâce à un live punchy et plein d'humour des jeunes parisiens de Bagarre (photo), nous pouvons faire le plein de bonne humeur et nous ne sommes même pas gênés par quelques fausses notes qui s’immiscent dans les partitions et les mauvais réglages de son de la régie. Alors que notre petit groupe de mélomanes est un peu intimidé par tant d'espace pour danser, le chanteur, qui est aussi guitariste, danseur, chauffeur de salle et très certainement poissonnier à ses heures perdues, se joint à nous sur le parquet et danse avec les groupies, une par une. Classe !

19h20, les apparences tellement trompeuses

Une rapide balade et nous voici au Duplex, un pub et bar à burgers qui met sa mezzanine à disposition de plusieurs groupes ce soir. Pendant que les musiciens mettent leurs instruments en place là-haut, on regarde la fin du carnage France-Angleterre, blanche à la main, et on pleure un peu. Heureusement pour nous, on pourra se réjouir de découvrir Ropoporose (photo) là-haut, à l'étage, joyeusement serrés comme des sardines. Une même question est sur les lèvres de toutes nos camarades sardines, « mais quel âge a la petite sœur du duo ?! ». Effectivement, sa bouille nous laisserait penser qu'elle n'a pas encore l'âge de passer le brevet mais son immense talent et sa très grande expertise musicale font d'elle une solide candidate pour la retraite scénique. Nous sommes bluffés.

21h14, du Jack et des vêpres

Pendant la pause sur la grande terrasse nous croisons le groupe qui devrait prendre le relais sur ce qui est ce soir au Duplex une scène, Eagles Gift, qui sirote une petite bouteille de Jack pour se mettre d'aplomb, bad boys qu'ils sont. C'est aussi le grand avantage des petits festivals de ville, on a l'occasion d'échanger quelques blagues et quelques pintes avec les artistes et nous ne manquerons pas de les recroiser pendant toute la soirée un petit peu partout dans Niort. Nous sommes moins convaincus par la prestation peu originale des rockeurs angevins, bien que leur son soit très propre alors nous décidons de partir à la découverte d'un lieu exceptionnel, l’ancien Hôtel de Ville de Niort du Moyen Age à la Révolution, plus connu sous le nom du Pilori, réaménagé en salle d'exposition aujourd'hui. C'est là qu'on découvre le spectacle son et lumière enchanteur de Pavane (photo) que nous avions raté la veille au Club. Le son, pas assez puissant et le silence religieux du public, laisse croire qu'on assiste à une messe électronique arabesque très spéciale.

23h43, le quart d'heure chicos du festival

Après avoir mangé dans le centre-ville - on ne se fait pas avoir ce soir ! -, on va prendre un digestif dans un autre lieu où le festival s'est installé, le 11bis, pour écouter Blutch mixer. Le lieu ne se prête pas vraiment à ce type de prestation et le public, relativement BCBG, est clairement ici pour boire des coups à tel point qu'on a l'impression que l'artiste en est devenu un DJ de soirée banal, niché dans un petit coin du bar lounge. On ne se sent pas assez chic pour cet endroit qui sent un peu trop la cocotte alors on regagne notre petit restau sans prétentions à la petite scène quelque peu déglinguée pour découvrir les Slow Sliders, des petits jeunes de Brest qui nous mettraient presque du sable dans les cheveux avec leur son de surfeurs. Un petit concert très prometteur et des musiciens hyper sympas et bavards qui nous remettent d'aplomb pour la suite de la soirée.

00h57, la guitare ne fait pas le live

Jessica 93 (photo), on en a entendu parler toute la journée, c'est décidément le concert incontournable de la soirée alors on ne pouvait pas rater ça... Mais on a dû louper un épisode. Certes, alors qu'on s'attendait à voir une Djette pop électro sur scène, c'est le frère caché de Kurt Kobain et sa guitare aux cordes mal coupées qui débarquent sur scène. Alors certes, c'est une grande claque de voir la complexité du son produit par un homme et son instrument en solo mais on n'aurait pas refusé la présence d'un batteur sur scène pour redonner de l'énergie au tout. Le public traîne un peu la patte et on pense déjà à la route qui nous attend alors on se déclare forfaits. Dommage…

Côté scène

Le meilleur swing sur de l’électro-rock, 
Bagarre, un groupe de potes qui s'éclate et qui nous éclate

La confirmation, 
Kuage, un duo de magiciens qui nous envoûte à tous les coups

Les petits jeunes à suivre,
Slow Sliders, on a hâte de les recroiser sous le soleil

La déception,
Jessica 93, un manque d'énergie et de variantes dans ce live

Côté festival

On a aimé :

- Des concerts gratuits et d'autres à petits prix
- Une belle découverte de Niort à travers les petites salles éparpillées dans la ville
- Un super dépliant de programmation avec ordres de passage et localisations très clairs. Merci !
- Des consos pas trop chères et la possibilité de payer par CB un peu partout

On a moins aimé :

- C'est visiblement THE événement à Niort alors pendant les lives, le public se retrouve et parle BEAUCOUP
- A part la buvette, pas d'endroit prévu pour se restaurer
- Une répartition des artistes quelque peu décevante. Ça bouge bien en début de soirée et ça s’essouffle quand ça devrait battre son plein

Conclusion

Nouvelle(s) Scène(s) réussit inexorablement son pari. Pendant 2 jours, nous faisons des découvertes de nouveaux artistes qui seront pour certains dans notre liste « à voir » pour la tournée des festivals de cet été. Une ambiance de petite ville joyeuse et des balades bucoliques, quoi de mieux pour oublier l'éclipse ratée du vendredi et ce weekend sous le signe de la pluie.