On était à
Nordik Impakt, l'événement électrique normand

Quoi de mieux pour guérir le blues du passage à l'heure d'hiver qu'une petite virée en Basse Normandie. Direction le Nordik Impakt pour se réchauffer les os et le cœur : entre tournée de bars, bousculades conviviales et rencontres chaleureuses, on vous raconte notre weekend à Caen.

Jour 1, 18h55 Débarquement en (Basse) Normandie

Après deux heures passées entre la porte des toilettes et les équipements de secours dans le train bondé du vendredi soir, nous laissons derrière nous les retards de la SNCF à la gare de Caen. Nous nous dirigeons immédiatement vers le centre ville pour prendre la température de la 16ème édition du festival. Premier arrêt, l'église Notre-Dame de la Gloriette où le duo SARH (photo) composé de DJ Pone et José Reis Fontao livrent une prestation des plus envoûtantes. Leur musique hypnotique, la voix quasi-mystique du guitariste et chanteur de Stuck In The Sound et les visuels travaillés acquièrent une dimension particulière dans ce lieu magique à la résonance particulière. On est emmenés très très loin et pour notre plus grand plaisir.

22h50, Les Caennais auraient besoin d'un petit échauffement

Après un bon ravitaillement, direction les ruelles piétonnes du centre de Caen. Car Nordik Impakt c'est aussi Nordik Incity : des concerts gratuits organisés dans les bars et commerces du centre-ville avec des artistes souvent locaux. Nous avons heureusement pu nous procurer la liste des bars participants grâce au community manager très réactif de l'événement. Il faut dire que les infos sur ces petits concerts étaient un peu vagues sur le site officiel... Nous voilà donc à l’Étage, petit bar chicos et visiblement repère des fins œnologues caennais, où nous redécouvrons Folken (photo), DJ de Ghetto House aux mixes très éclectiques. Alors que nous sommes pris d'envie de danser sur les sons bien propres de Jean Nipon et autres, le reste du public semble quelque peu désintéressé par l'événement. Nous prenons la fuite.

00h14, Cherchez Fakear

Nous allons donc chercher l'ambiance ailleurs et c'est le bar l'Appart qui attire notre attention. En effet, selon la programmation, Fakear y présenterait de jeunes talents caennais du nom de Novembres. Mais une seconde déception se profile à l'horizon. Alors que l'endroit grouille de jeunes lycéens de la ville, aucun signe de Fakear dans le coin. Une piste de danse déserte et deux jeunes, bien timides, derrière les platines. Ça sent les débuts dans la musique et nous espérons les recroiser à l'avenir mais nous cherchons toujours un endroit qui envoie du gros son... En festival, c'est pas trop en demander, si ?

00h40, La soirée to be !

Les bonnes choses arrivent à ceux qui savent … persister. Nous voici devant le Café Latin, un petit établissement qui ne paye pas de mine en apparence. Nous manquons de ne pas nous arrêter lorsque nous remarquons ce qui semble être une bête de soirée à l'étage. Et nous avions tellement raison. Là-haut dans une petite salle surchauffée, le Factor[i] Crew et Nikolson aux platines (photo) envoient de la grosse drum n' bass devant un public soit à poil, soit baignant de transpiration. Que demande le peuple !

1h55, Fin de soirée sur les pavés

Une dernière petite ambiance avant de reprendre la route, c'est pour le bar La Garsouille, quelques mètres plus bas, que nous optons pour finir la soirée du vendredi. L'ambiance est ici aussi surchauffée mais empreinte d'un tout autre style, bien plus house, avec le collectif Echophonix, déjà habitué des lieux, et Moduloo aux platines. Ca sent quelque peu la fin de la soirée et la fatigue autant dans le bar où les verres tombent un à un se brisant sur le sol et dans la rue où des cadavres prennent possession des pavés. La soirée a donc été bonne. Celle du lendemain promet de l'être encore plus !

Jour 2, 20h15, Une entrée fracassante

Quand on arrive aux portes de la salle des expos de Caen pour la soirée de clôture du Nordik Impakt on se dit qu'au vu du peu de monde dans la queue, l'entrée devrait se faire sans encombres et assez rapidement. Mais c'était sans compter sur la mauvaise gestion de l'équipe d'accueil et les festivaliers très pressés d'accéder aux halles. Une demi heure de fiasco plus tard, nous voilà devant Chinese Man (photo), devant la Grande Scène. Dommage d'avoir programmé d'aussi grands artistes aussi tôt, la salle est presque vide. Ça met une ambiance très bizarre en ce début de soirée.

21h00, Salut, c'est toujours très cool

Heureusement, sur la Bass Music Stage, l'ambiance est déjà bien plus électrique. Normal, c'est encore les tarés de Salut C'est Cool (photo) qui ont investi la salle. On est toujours surpris de voir à quel point les quatre compères ont progressé cet été et on est ravi de constater que de plus en plus de gens adhèrent au concept. Caen ne sera pas l'exception, la foule jumpe comme un temple antique et remercie la nature à pleins poumons mais à bout de souffle. Un bémol pour la puissance du son. Le mec qui leur a piqué le micro à la fin du live est toujours poursuivi par les hautes autorités d'internet. Affaire à suivre...

21h40, Toilettes, Bakermat et reggea

Alors que la halle de la salle des expos se remplit considérablement, on ne tarde pas à constater un problème majeur : le manque drastique de toilettes. La queue chez les filles est interminable et on sent déjà monter la tension. Pendant ce temps-là, d'autres ont déjà trouvé une alternative : se vider la vessie un peu partout à l'extérieur de la halle à côté des plus sensibles natures qui sont déjà en train de se vider l'estomac suite à l'apéro pris pendant le before. Et ça ne s'arrêtera pas de la soirée. On ne vous raconte pas la propreté des lieux... Pendant ce temps-là, sur la Electro Stage, c'est Bakermat qui secoue le public. Déjà qu'on apprécie pas trop son style DJ fait pour le passage radio, même avec l'accompagnement du saxo, alors en plus avec un manque considérable de son... Du coup on se retrouve quelques minutes plus tard à faire la chenille au Stand High Stage, la scène dub/reggae où le DJ n'est pas au centre de l'attention mais plutôt les murs de son éparpillés à travers la salle devant lesquels s'attroupent quelques groupes dans les vapeurs douces d'origan (photo).

23h00, le Nordik Impakt affiche complet

Il est temps pour nous à présent de découvrir la salle adjacente au Stand High. On sait déjà un peu ce qui nous y attend étant donné que les deux salles sont mal insonorisées et souvent les sons empiètent les uns sur les autres. C'est au Klub donc qu'on découvrira le duo caennais Kuage (photo). Une complicité que le public ressent et un son de guitare et de voix altérée maîtrisé à la perfection. Nous sommes immédiatement conquis et le temps nous paraît trop court. Un groupe à ne pas rater, d'autant plus que leur nouvel EP vient de sortir.

23h50, Il n’y pas que C2C dans la vie

On apprend en traversant le hall que le set de Kaytranada a dû être annulé pour cause de brouillard et que le live de Gui Boratto sera donc déplacé sur la Grande Scène plus tard dans la soirée. On est un peu paumés d'autant plus que le changement d'heure ne va pas tarder et qu'on ne sait déjà pas où donner de la tête. C'est donc vers une autre découverte qu'on se dirige sur la Bass Music Stage, décidément la scène fun de la soirée ! Cotton Claw (photo) c'est quatre producteurs beatmakers qui font un spectacle rythmé et chorégraphié d'electro-hip hop. Ils ont l'air de s'éclater et ils nous amusent. C'est surprenant, propre, rafraîchissant, un sans fautes.

00h33, houblon et Crecy

Nous essayons de nous frayer tant bien que mal un chemin devant la Grande Scène pour Superdiscount 3 (photo). Le public est un peu différent pour ce live, il dépasserait même la moyenne d'âge de 18 ans, on passe un cap au Nordik ! Bien que le concert soit sympa nous sommes toujours un peu déçus du manque de scénographie. Il faut dire que jadis, Etienne de Crécy nous gâtait de performances visuelles (parole de vieux !) … Nous décidons donc de prendre une pause bien méritée, malheureusement il n'y a aucune place pour s'asseoir et le bitume est déjà bien arrosé d'urine dehors. Tant pis, c'est debout qu'on papotera avec des festivaliers autour d'une pinte de Carslberg bien méritée. Petite surprise du Nordik, la Carlsberg est au même prix que la Kro. Bon, ça reste tout de même 6€ à débourser pour une pinte mais au moins ce n'est pas du houblon dilué.

1h28, A l'ancienne avec What So Not

C'est Emoh Instead qui représente le duo What So Not (photo) ce soir à Caen avec un mix electro-hip hop parsemé de mélanges allant de Outkast en passant par Gesaffelstein et on sera même surpris à danser sur du Benny Benassi (les Men in Black vont venir incessamment sous peu effacer cette information de votre mémoire). Ambiance bonne enfant, succès assuré. Sur la grande scène c'est déjà la figure house techno danoise au chapeau melon emblématique, Kölsch, qui a pris les platines. Lumières roses et ambiance clubbing, c'est un peu trop lent à la détente à cette heure avancée de la nuit, on zappe avec un petit pincement au cœur.

02h22, La fatigue commence à se faire ressentir

Nous ne comprenons plus très bien la programmation de la soirée avec tous ces changements et c'est ainsi qu'on se retrouve, un peu surpris, devant le set décalé de Gui Boratto (photo) sur la scène Klub. Nous qui nous attendions à retrouver Âme pour nous détendre un peu, nous voici plongés dans un univers techno-house de Detroit. Lui qui préfère les petites salles aux grands festivals, le voilà servi ! Le Klub est plein et on sait pourquoi, Gui Boratto nous emporte et nous fait taper du pied, que demander de plus?

3h05, Finir en toute beauté

Mais nous ne voulons surtout pas rater le live de Worakls (photo), celui qu'on qualifie d’étoile montante de la minimale parisienne. Nous ne nous sommes pas trompés là-dessus. L’ambiance est à son apogée et la bonne humeur règne tellement dans le public qu’on fait rapidement connaissance avec tous nos voisins (bon, à part ceux qui en sont à leur 14e rail de Doliprane écrasé sniffé sur un écran de smartphone…). On voudrait qu’il reste là pendant des heures encore à nous bercer avec sa musique. Malheureusement, assez déçus de l'annulation au dernier moment de Kaytranada pour raisons météo imprévisibles et assommés par la fatigue, le Nordik s'arrêtera là pour nous. Mais pas de rancœur, on est ravi de cette belle soirée de clôture et nous préparons déjà notre prochaine virée normande.

Côté concert

Le live inoubliable
SARH, envoûtant dans l'église Notre-Dame de la Gloriette.

La découverte
Kuage, un live de rêve calculé à la perfection

La confirmation 
Salut C'est Cool, toujours une ambiance folle dans le public

La déception
Bakermat, difficile de nous convaincre là dessus

Côté festival

On a aimé :

- Une belle programmation avec de très jolies découvertes
- Le Nordik Incity qui nous permet de découvrir la ville et des artistes typiquement caennais
- Un magnifique gobelet qu'on gardera longtemps en souvenir
- La scénographie des petites scènes vraiment au top

On a moins aimé :

- La qualité du son n'était pas vraiment au rendez-vous sur les scènes de la Salle d'Expos
- Une grande pénurie de toilettes poussant les gens à faire leurs besoins un peu partout
- La mauvaise insonorisation des salles
- Très peu d'infos sur les événements parallèles de la ville sur le site officiel

Conclusion

Bien que victime de son succès et un peu dépassé dans l'organisation, le Nordik reste un festival emblématique de la scène electro française. Nous avons tout particulièrement apprécié que les artistes locaux soient mis sur le devant de la scène et avons savouré de nombreuses découvertes musicales sans faim. Nous nous attendons à de nombreuses surprises encore de ce festival qui n'a pas dit son dernier mot !

Récit et photos : Kilian Roy et Anja Dimitrijevic