On était à
MégaScène, une édition à la hauteur de sa réputation

Bientôt l’âge de la maturité pour l’inévitable MégaScène qui soufflait sa 29ème bougie cette année devant 12 000 personnes. Entre chaleur étouffante, programmation éclectique, annulation de dernière minute, rencontres, changement de configuration du site et du camping, le festival a su offrir de belles surprises... Suivez-nous direction Saint-Colomban, près de Nantes, on vous raconte tout.

Jour 1. 17h16, Griezmann Président !

Alors que le pays entier se prépare à vivre le quart de finale de la Coupe du Monde entre la France et l’Uruguay, nous avons la chance d’être dans des bouchons à l’entrée de la petite commune ligérienne pour le coup d’envoi. Nous attendons sagement notre tour sous 27° Celsius afin d’obtenir un sticker indécollable au milieu de notre pare-brise et enfin accéder au parking. Avec l’effervescence populaire, l’organisation a loué une salle municipale afin de retransmettre la féroce rencontre sur un écran géant. Dans une ambiance de kermesse, la chaleur d’un sauna et une tension collective, les clameurs des centaines de spectateurs pleuvent sur le deuxième but signé Griezmann qui libère tout le monde (photo). On sent que le match est plié et que le week-end peut enfin commencer sous les meilleurs hospices. On est en demi, et on va s’en jeter un... demi.

19h34, allez chauffe Marcel

Debriefing du match, petit tour rapide du camping histoire de prendre les repères, retrouvailles avec les copains, dégustation de quelques mousses encore fraîches et direction l’entrée du festival pour le premier groupe que l’on souhaite voir. Cinq ans après leur disparition des radars, Marcel & son Orchestre (photo) ouvre le bal des concerts. On écoute avec nostalgie leurs chansons aux paroles enfantines (Les Vaches, Raoul et Alain...) mais on a passé l’âge et on n’accroche plus. L’humour et leurs déguisements ont perdu de leurs saveurs. On en profite donc pour visiter les lieux et se rendre compte - avec stupeur - que la configuration du site a changé. Nous qui étions habitués depuis toujours à voir la grande scène en contrebas dans une sorte d’enclin naturel avec des bars sur le pourtour, celle-ci se retrouve face au champ avec une visibilité parfaite de toute part. L’espace est séparé par un grand bar central, qui permet de calmer la soif sous le soleil.

22h05, faya burn MégaScène

Après avoir visité le coin chill à base de ballots de paille et un peu d’imagination, on fait un tour à la banque à jetons et on jette un œil sur la deuxième scène qui comble les interludes tout le week-end. DKN SoundSystem sont aux manettes pour faire danser le public de 20h30 jusqu’à 4 h du mat’. Ils peuvent jouer trente minutes entre chaque concert et les membres du collectif se relaye selon l’heure. Ça s’ambiance gentiment devant les enceintes en ce début de soirée. C’est ensuite au tour de l’ivoirien Tiken Jah Fakoly (photo) de venir enchaîner ses tubes reggae sur la grande scène. À croire que plus rien n'étonne cet Africain à Saint-Colomban qui évite de faire trop de blablas et déroule un set rôdé depuis des années. L’horaire est bien choisi, le public commence à arriver en masse, le chanvre parfumé tourne dans les allées et les familles profitent de ce temps calme pour se restaurer.

23h21, entre sale et dégueulasse, il n’y a qu’un pas

Pour nous, ça sera une pinte de l’excellente Dahu (bière blonde IPA) pour 5 €, ravis de voir ce choix aussi audacieux en festival sachant que c’est la bière "de base." Les autres choix - blanche et Pale Ale - sont des bières artisanales locales, à des prix très accessible (3,75 € le demi). En espérant que ça puisse donner des idées à certains festivals. Allez, on quitte la buvette et on suit le troupeau de lycéens pour découvrir Lorenzo (photo) et sa station spatiale posée sur scène. 250 millions de vues sur YouTube, une foule incroyable et comme de vieux ignares, on vient découvrir les paroles de l’Empereur du Sale. Bon... On a du mal à saisir ce qu’on fout là, on n’entre pas dans l’univers du personnage avec des paroles inaudibles, on ne capte pas l’ampleur de ce succès, on ne comprend pas comment de telles chansons peuvent être Disque de Diamant (ex. : "j'veux mater le foot, elle veut manger mon foutre"). Disons que pour notre santé psychique, ce concert n’aura jamais existé.

02h58, c’est cool de foutre le bordel

La soirée continue, mamène. Au tour de Rone, qui doit passer derrière cet espace intemporel réservé aux moins de vingt ans, et essayer de plaire à tout le monde. Chose pas facile qu’il arrive plutôt bien à canaliser. Les organisateurs ont mis le paquet sur les caissons de basses et nos corps résonnent à l’écoute de son dernier album Mirapolis ou le très bon titre Bye Bye Macadam. Ça fait du bien de se laisser transporter au gré de la musique, surtout après cette myriade de phrases sales. Pour clore la soirée, Salut c’est Cool (photo) est venu foutre le bordel sur scène. Si vous ne connaissez pas, on n’arrivera pas à vous l’expliquer en détail. C’est une sorte de techno simpliste avec des paroles débiles toujours pareilles pendant dix minutes. Un univers bien déjanté qui nous fait marrer la première demi-heure où ils ramènent un tas de bordel sur scène, qu’ils font des figures avec une brouette, qu’ils chantent dans un tuyau... Puis on commence à fatiguer, bien que ça nous fasse marrer en soirées. Après 3 h 30, on ira faire un tour rapide à la deuxième scène avant de fermer nos yeux pour quelques heures de sommeil.

Jour 2. 15h42, voilà l'été, j'aperçois le soleil

Le doux plaisir de la suffocation et de la transpiration dès le matin, voilà que le soleil pointe son nez pour nous réveiller. On va donc avoir toute la journée pour vadrouiller et rencontrer des festivaliers. Sur le camping, les âmes sont déjà bien éveillées et les coins ombragés sont pris d’assaut. Ce n’est plus le même terrain que l’année dernière et les arbres qui aidaient à supporter la chaleur ne sont pas là. Celui-ci possède environ six entrées, mais une seule est contrôlée par plusieurs bénévoles et vigiles... Ne nous demandez pas pourquoi, on n’a pas compris. Un marché d’artisans et surtout de restauration, ainsi qu’un barbecue collectif géré par des bénévoles afin de cuire la viande des affamés, juxtaposent le camping (photo). Dans le même coin quelques douches sont disponibles et c’est un luxe en festival. D’autres activités sont également proposées : théâtre d’improvisation, numéro de cirque / danse en plein soleil par La Famille Pénichiline, accompagné par une fanfare déambulatoire Balkanik Project... On ne s’ennuie vraiment pas sous les 30° Celsius !

21h19, "Gauvain, sers-nous donc un verre"

Environ une heure avant le début des concerts, on apprend que l’artiste Kacem Wapalek ne sera pas présent dans la soirée en raison d’une grève SNCF. Une découverte en moins, dommage, et pas le temps de le remplacer aussi tardivement. Le festival débute donc une heure plus tard avec les gagnants du tremplin Solar Project. Emmenés par une chanteuse, ils produisent une sorte de mélange soul-funk teinté afro et reggae. C’est excellent pour ce début de soirée, ça redonne la pêche et l’envie de bouger. On a tous ce sourire niais qui nous fait dire qu’on est contents d’être là. Déjà croisé à Couvre Feu l’an dernier, Gauvain Sers (photo) vient lui délivrer sa poésie du quotidien à la sauce titi creusois. Avec le succès qu’il a rencontré au cours de l’année, de nombreuses personnes reprennent ses textes et l’acclament comme la réincarnation du nouveau Renaud. On est un peu comme eux les étoiles dans les yeux, on peut le dire : on a aimé ses chansons autant que la voix de Gérard Darmon.

23h27, "nan man, j’ai pas de feu"

On profite de la pause pour se rassasier au stand de nourriture. Bien que la soirée affiche complet avec plus de 6 000 personnes, on accède facilement au stand et on se prend un gros ‘Ricain pour environ 5 €. Quelques plats végétariens sont également disponibles, mais rien qui révolutionne la restauration en festival. Naâman (photo) prend maintenant ses marques sur la scène pour présenter son dernier album Beyond, sans zapper les titres qui ont fait sa célébrité, comme Karma ou Outta Road. Son reggae-love plaît surtout à une audience assez jeune, et son charme semble opérer sur la gente féminine. On entendra des "il est trop beau Naâman" après le concert. Quel tombeur ! Nous aussi, on reste séduits par sa musique et on prend notre dose de flower power pour le week-end.

00h02, DNK Jungle Beats

Pour s’enjailler toujours plus, on choisit de suivre les vibrations du sol. On longe les bars blindés d’assoiffés, tout en évitant les quelques fatigués pour qui la fin de festival semble compliquée. On croise les voisins de l’année dernière, qui nous disent avoir vu moins de problèmes et qu’ils sont impressionnés par l’évolution du festival. On chante "on est en demi" et on arrive enfin devant la deuxième scène. Pour ne pas changer, le son envoie du lourd. Les tympans bourdonnent, les corps résonnent au rythme des basses et la scénographie (par Arcadium Compagnie) nous transporte dans un univers parallèle. Les visuels sont vraiment sublimes et même si l’interlude est court, tout le monde en prend plein la tête. On se pose quand même un peu au coin chill afin de reprendre des forces pour la fin de soirée qui s’annonce bouillante.

01h20, never stop !

Au point culminant de la soirée et de notre taux d’alcool, Babylon Circus (photo) promet de nous transporter sous les chapiteaux de la fête, de la musique et du bruit. Ils ont cette énergie qui ne démord pas malgré des milliers de concerts à travers la France. Les titres on les connaît par cœur, on les beugle en se tenant par les épaules et on fait de l’air guitar pour justifier notre bonheur. Cependant, le dernier album Never Stop a plus de 5 ans, on ne serait pas contre un peu de renouveau. Pour clore cette édition, les chevelus d’Hilight Tribe viennent libérer le Tibet à coup de didgeridoo et de tribal trance qu’ils jouent sur scène depuis 20 ans. Le show est rôdé devant des enceintes avec toujours autant de basses (ce qui n’est pas pour nous déplaire) et ça vibre, ça se déhanche dans tous le sens. De quoi remuer nos souvenirs jusqu’à l’année prochaine et la 30ème édition qui promet d’être folle !

Le bilan

Côté scène

Bonsoir c’est Sympa
Salut c’est Cool, tellement déluré qu’on acquiesce sans chercher à comprendre

Danses de la résistance
Babylon Circus, indétrônable pour mettre l’ambiance en festival

Le temps passe, et passe
Lorenzo, son succès et ses textes nous laissent perplexes 

Réflexe de basse
Rone, l’artiste electro du week-end qui a su faire sa place

Coté festival 

On a aimé :
- La diversité et la variété de la programmation musicale - aussi bien electro, que rap ou reggae - de quoi plaire à différents publics jeunes ou plus âgés
- La possibilité de ressortir du site avant 21 h 30, c’est toujours pratique pour retourner sur le camping ou à sa voiture
- La réorganisation du site qui offre une vue imprenable sur la grande scène, permet d’accéder facilement aux bars et donne une meilleure visibilité à la seconde scène
- Les animations et à-côtés du festival : barbecue collectif, chill out, cirque, douches, fanfare, rediffusion d’un match de football...
- En vrac : des bénévoles disponibles et souriants, la scénographie de la deuxième scène, les bières et vins locaux, peu d’attente aux stands, un son avec des basses qui tabassent...

On n’a moins aimé :
- Des consignes de fouilles trop strictes (comme la crème solaire en spray interdite...) ce qui a entraîné de l’attente au niveau des entrées du site, mais toujours aucun contrôle sur le camping
- L’absence d’ombre sur le camping et le parking camions. Un champ entouré d’arbres comme l’année dernière aurait été plus agréable
- Le manque de choix au stand de restauration, quelques plats un peu exotiques ou locaux auraient été appréciés
- La difficulté incompréhensible pour se faire rembourser les gobelets consignés : un coup "non", un coup uniquement en jetons non-remboursables, un coup une partie des verres en pièces de 20 cents
- Le manque d’implication écologique : très peu de poubelles sur le site et le camping (uniquement verre), pas de sacs de tris lorsqu’on est arrivés, pas de consignes de tri, brigade verte invisible...

Infos pratiques 

Prix des boissons
Le demi de bière locale entre 2,5 et 3,75 € ; le vin et les softs à 1,25 € (+ 1,25 € de consigne difficilement remboursable)

Prix de la nourriture
Galette-saucisse ou sandwich merguez / saucisse / steak à 3,75 € ; Américain à 5 € ; barquette de frites à 2,5 €

Prix du festival
Pass 2 jours à 37 € ; la soirée à 21 € (+ possibilité de reverser 3 € à l’association Échanges de Coups d'Pouce)

Transports
En voiture, à 30 minutes de Nantes. En bus via des navettes Lila à partir de Pirmil (Nantes), pour 2,40 € / trajet.

Conclusion

Fort de son succès et de sa longévité avec une équipe organisatrice qui évolue, MégaScène a trouvé la recette qui cartonne et a encore de beaux jours devant lui. Cette année, le festival a tenu sa promesse d’un évènement familial ouvert à tous et proposant une programmation variée. Malgré une chaleur suffocante et des concerts un peu décevants le vendredi, on gardera le souvenir de belles rencontres, d’un camping animé et on reviendra avec plaisir pour la 30ème édition !

Récit et photos de Pierrot de Navarrete et Léo Merand