On était à
Les Art’s s’en Mêlent, feu de joie sous pluie vendéenne

Après avoir fait festival comble l’an dernier avec 5000 entrées, Les Arts s’en Mêlent a décidé pour cette 12ème édition de voir plus grand avec deux jours de programmation éclectique, 400 bénévoles, un camping sous les pins et quelques activités. Entre parasol et parapluie, direction les Landes-Genusson, dans le Haut-Bocage Vendéen.

Jour 1. 17h37, de vrais pins parasols

Alors que le temps hésitait entre le cagnard, l’orage et la pluie, on se dirige vers cet évènement dans l’espoir d’y passer un week-end radieux. Arrivés sur place, on est accueillis par une armée de bénévoles souriants, qui nous indiquent où garer notre lit roulant sur un vaste parking camions. On sent qu’une entente fusionnelle existe déjà entre eux, car il faut savoir qu’Art'Zimut (l’asso’ organisatrice) propose également diverses activités d’ouverture culturelle au cours de l’année - danse, impro’, peinture, théâtre... Avant le début des concerts, on en profite pour découvrir le camping à 1 €/week-end qui offre un cachet particulier puisqu’il est entièrement sous les pins (photo) et adossé à un petit étang, non-accessible par sécurité. On se rend ensuite vers l’entrée du site où il est annoncé sur un petit panneau que les armes à feux sont interdites, tout comme les bouteilles d’eau sans bouchon, les sandwichs, les batteries externes. Les chasseurs du coin n’ont qu’à bien se tenir.

21h12, ça hurle aux vents

Passé le barrage, on découvre un site bien agencé et un taux de bars au km² digne d’un rêve de Depardieu. Passage obligatoire par la banque à Zimuts afin de pouvoir payer aux différents stands (hors foodtrucks) et nous dégustons notre premier apéro maison, très sucré, en ce début de festival. Sur les planches, le groupe local Volfoni s’évertue à faire découvrir son punk-rock cuivré à quelques courageux déjà présents. C’est un peu trop violent pour ce début de soirée, on ne fera qu’un passage devant les baffles. Ne possédant qu’une scène, les interludes sont assurés par Batala Nantes, un groupe de percussions samba-reggae, qui permet de faire patienter en amenant l’animation près des bars qui commencent à se garnir. S’en suivent les tôliers de la chanson française, Les Hurlements d’Léo (photo), venus présenter leur dernier album Luna de Papel après plus de 20 ans d’activité. Les titres festifs, mélancoliques et parfois nostalgiques, comme Le café des jours heureux, se suivent et se rejoignent pour offrir un bal populaire digne d’un soir d’été au bord de l’eau.

22h54, Dana’ kill the game

Le site commence à se remplir doucement, les bars sont pris d’assaut et on sent l’ambiance monter pendant que le ciel crache quelques gouttes. Le changement de plateau nous laisse la possibilité de discuter et de rencontrer quelques furieux vendéens : on y retrouve le déguisé (qui porte le même costume depuis 3 ans), la famille (qui vient de perdre un gamin aux toilettes), le groupe (ils sont venus à 120, histoire de s’amuser), le jeune (qui supporte mal les trois bières de l’après-midi), le pilier (il était pas au courant qu’il y avait des concerts en plus du bar), le vieux (avec un tee-shirt de The Rolling Stones)… Bref’ le melting-pot est réuni pour un concert de Danakil réussi (photo). Le groupe de reggae français qui écume les festivals depuis plus de 10 ans récite ce qu’il sait faire le mieux : ambiancer une foule à base de titres incontournables repris en cœur par tout le monde. Ils gardent toujours le faya et ça fait plaisir à écouter !

00h03, Mat Bastard change les habitudes

On mérite bien une petite bière, ça sera une Krombacher pour 11 € le pichet d’1,5 L à partager (ou pas). On accompagne cette pause d’un sandwich Américain complet pour 5,5 € et au vu de sa générosité, on sera calés pour la soirée. Mais pas le temps de digérer, Mat Bastard (photo) nous attend sur la scène pour faire exploser notre énergie. Fidèle à sa réputation, vérifiée du côté d’Au Fil du Son l’an dernier, il propose au public de foutre "un putain de bordel" et de déborder dans tous les sens. Ça jumpe, ça pogote, ça reprend du Louise Attaque, ça chante Stand as one, ça se dévergonde sévèrement… Comme prévu, tout le monde en redemande et on aura que des retours élogieux. Pour résumer les avis : "mec, c’était énorme !" Malheureusement la pluie décide de gâcher cette fin de programmation et on n’aura pas le force de rester devant Chill Bump. On court s’abriter en écoutant de loin leur hip-hop, puis on décide de rentrer et de se reposer pour la nuit. Rendez-vous demain pour une journée encore plus folle !

Jour 2. 16h25, festival par temps orageux, festival houleux

Réveillés par la chaleur d’une serre en Espagne, on pense être sous les meilleurs hospices pour profiter de cette journée. Près de l’entrée du camping se trouve un coin restauration tenu par des associations locales, celles-ci proposent un petit déjeuner, de la restauration et un bar (photo). Dès 11h, un cours de Zumba avait réveillé l’ardeur des plus motivés (bon nous, on n’a pas trouvé le courage) ; puis quelques artistes viennent se partager une scénette pour ambiancer l’après-midi. On se pose, on joue aux cartes, on fait un tour aux jeux d’extérieur (bowling, football, volley-ball…), on partage des mousses tièdes et une plancha, on chille quoi. Et là, c’est le drame… Une grosse averse vient calmer notre joie et nécessite même de débrancher la sonorisation. On se réfugie sous un barnum, le temps que l’orage passe. Enthousiasme refroidi, terrain détrempé, s’en suivent plusieurs giboulées de mai toujours sous une chaleur tropicale. Alors qu’on se pose la question de la tenue de la soirée, on apprend sur Facebook que les concerts sont reportés de 30 minutes, le temps de faire comprendre à la pluie que ce n’est pas le moment. 19h, on prend notre coupe-vent et on croise les doigts pour la suite.

19h36, Jahneration Atmosphere

Heureusement les organisateurs avaient prévu de la paille pour désengorger un peu les allées qui mènent au site des concerts. Sur place, nos amis de Jahneration (à force de les croiser, on peut dire que ce sont des amis) - vainqueurs du prix Révélation Scène Festival 2017 aux Festivals Awards - remotivent les troupes et proposent un set toujours aussi énergique (photo). Bien sûr, on connaît leur album éponyme de long en large : No want, Lighters, Reload, tout ça... et on ne s’en lasse pas. Le public, plus nombreux que la veille, semble ravi de les voir. Par la suite, l’insatiable Patrice prend la relève et colle parfaitement à l’ambiance sweggae de ce début de soirée. Il alterne les titres de son dernier album Life’s Blood avec ceux qui ont fait sa renommée. C’est entraînant, c’est lancinant, c’est percutant, c’est Patrice dans toute sa splendeur. D’ailleurs Soulstorm vient clore ce set sous un ciel assez tempétueux.

00h21, les betteraves saignent de plaisir

Alors qu’on avait profité du chanteur de Skip the Use hier, c’est au tour des ex-musiciens du groupe de faire leur apparition avec The Noface emmenés par la chanteuse Oma Jali. Avec sa voix suave mais puissante, elle accompagne une bande de potes ancrée dans le rock et le résultat est réussi. La sauce prend moins qu’avec Mat Bastard mais un public clairsemé se bouscule gentiment devant la scène. On reste un peu à l’écart afin de recharger les batteries avant une folle fin de soirée. Bière bue, lacets faits, manches retroussées… On s’engage dans la bataille pour The Bloody Beetroots version Live (photo) ! Alors que le groupe italien va traverser le monde (Allemagne, Autriche, Espagne, Japon, Roumanie…), les voilà au beau milieu de nulle part pour mettre le feu à la Vendée. Et franchement ça vaut le coup, ce n’est pas un vieux set pré-enregistré mais bien un vrai concert avec des amplis qui crachent, une batterie déchaînée, une voix saturée qui gueule Warp au micro, Sir Bob Cornelius Rifo qui se jette dans le public… Tout ce qu’on pouvait espérer d’eux ! Bref’ une tuerie, comme disent les jeunes de moins de 35 ans.

01h59, « fais chauffer le mic, jumper le mac, man »

On est lessivés et pourtant la pluie ne nous a pas rincée. De notre côté, on reste dans les starting blocks pour le dernier concert du week-end et pas des moindres : le retour de La Phaze (photo) en festival, après plus de 5 ans d’absence. Alors qu’on avait eu l’occasion de leur faire un adieu émouvant lors du Couvre Toi 2012, les voilà de retour pour raviver la flamme de la jungle en France. Tellement merveilleux de réentendre Rude Boy, Johnny Jamma, Assaut final, Nouveau Défi et également leurs nouveaux titres encore plus typés drum and bass. Le chanteur Damny, recroisé dans divers projets ces années précédentes, comme Orkid au Couvre Feu, est toujours aussi motivé et le public lui rend bien en s’agitant dans tous les sens. On ne pouvait pas rêver mieux pour terminer cette soirée qui aura évité de peu les orages, et c’est tant mieux. On se retrouve l’année prochaine sous un soleil de plomb, en attendant on va s’emmêler nos souvenirs dans nos rêves !

Le bilan

Côté concert

Donnez-nous de la bass
The Bloody Beetroots, énorme claque qui nous a mis en PLS pour la nuit

L’art de retourner un festival
Mat Bastard et The Noface, vivement le retour de Skip the Use prévu pour 2019

Que la musique nous délivre
Danakil, toujours au rendez-vous pour faire chanter une foule hétéroclite

Un retour gagnant
La Phaze, un style inimitable qui fait mouche en festival

Côté festival

On a aimé :
- Le site des concerts facilement accessible et idéalement agencé avec une vue imprenable sur la scène, des bars à foison, des coins pour se poser et d’autres pour se restaurer
- La prévention, notamment avec l’espace audition placé au niveau de la régie et qui affichait même un sonomètre, et la mise en place de bracelets dédiés aux majeurs pour l’alcool
- Un camping génial à l’ombre des pins, accommodé d’un espace restauration et de quelques activités / concerts
- Une proposition variée de bières (quatre types, donc deux bières locales) et des possibilités de se restaurer différemment (divers foodtrucks en plus des stands du festival)
- En vrac : des bénévoles agréables et disponibles, la sortie non-définitive (tellement rare), une décoration sympa’, une gestion maîtrisée de la pluie (paille, report des horaires…), un son de qualité

On a moins aimé :
- Des consignes de fouilles un peu trop strictes… Il est normal de pouvoir amener une bouteille d’eau ou une batterie externe sur des concerts. Alors qu’aucune fouille n’était faite pour le camping
- Des gobelets réutilisables non-remboursables (sauf en jetons…) ! Les principes même de la consigne, de l’impact écologique et du service aux festivaliers sont donc totalement galvaudés
- La présence d’une unique scène et des interludes trop répétitifs, ne nous parlez plus de percussions pendant 2 mois
- Un public plus préoccupé par son taux d’alcool que par une éventuelle découverte musicale. Il est certain qu’il y avait plus de monde aux bars que devant la scène à tous les concerts.
- Une éco-responsabilité perfectible : aucune consigne de tri pour le sac jaune, peu de poubelles sur le site des concerts, de nombreuses toilettes classiques aux dépens de toilettes sèches.

Infos pratiques

Prix des boissons
Le demi entre 2,2 et 3,3 € ; l’apéro et les softs à 1,1 € (+ 1,1 € de consigne non-remboursable)

Prix de la nourriture
Sandwich saucisse / steak à 3,3 € ; Américain complet à 5,5 € ; barquette de frites à 2,2 €

Prix du festival
Pass 2 jours + camping à 46 € ; vendredi à 24 € et samedi à 28 €

Transports
À 30 minutes de Cholet et 1 heure de Nantes en voiture. Gare la plus proche à 10 km (Torfou - Sèvremoine)

Conclusion

Pari réussi pour l’association Art’Zimut qui passe pour la première fois sur deux jours et qui installe durablement son évènement en Vendée. Le festival a su trouver son charme avec une programmation diverse et très excitante, tout en proposant un camping ombragé près d’un étang. Malheureusement le temps n’était pas de la partie mais ce qu’il reste, ce sont les souvenirs et c’est le plus important. On se revoit l’année prochaine, en coupe-vent ou en marcel !

Récit et photos de Pierrot Navarrete