On était à
La Douve Blanche 2019, songe d’une nuit d’été en Seine et Marne

Pour sa 5e édition le festival des douves du petit château d’Egreville réitère l'expérience champêtre et intimiste de début d’été avec une programmation musicale et culinaire à la fois simple et pointue. La formule, le décors et le profil des festivaliers ne changent pas beaucoup cette année. Le festival semble être arrivé à maturité. On s'offre le temps de deux soirées la tranquillité estivale d’une grande maison de vacances. Pour s'échapper de la grande ville et profiter du calme du parc tout en régalant ses oreilles et son palais, la Douve Blanche reste le festival parisien le plus CHILL de l’été.


Vendredi 5 juillet. Jour 1. 19h40, objectif commun : rapprochement des CORPS

Cette année l’expérience sera différente, nous sommes venus en voiture, comme des grands. Prémonition karmique ? Heureux hasard ? Disons le tout de suite, cette année, les navettes, c’était l’Enfer. À l’aller, c’est à cause d’une personne, une seule : oui on parle bien de TOI, qui t’es permis de cramer ton joint DANS LE BUS, ce qui n’a pas du tout du tout plu au chauffeur. Sérieusement, nous espèrons que tu as passé le festival tout seul, dans le noir, parce qu’au nombre de gens qu’on a vu en galère à cause de toi, si toi-même tu as un cœur, tu regrettes. Au retour, on a pris des gens en stop car deux navettes ont été annulées.

En rentrant sur le site en face des douves, on a déjà tout oublié.  C’est la magie bucolique du château qui opère. Monter sa tente dans le parc, remonter l’allée jusqu’aux douves, découvrir la déco soignée, l’allée fluorescente “aux milles planètes” ou les projections sur des panneaux de draps tendus, voir les bénévoles souriants... On est un peu à la maison quand on retrouve la petite plage, le foodcourt et les deux scènes. On commence sans plus tarder notre immersion musicale avec CORPS, duo brutal et sensuel, qui accroche dès le premier morceau les festivaliers papotant autour de leur première pinte de cidre.


00h20, le rap électrisant après la rôtisserie



L’expérience culinaire commence avec un petit tour à la Rôtisserie pour déguster un poulet fermier entier, que l’on voit depuis notre arrivée tourner sur une broche, à partager entre amis et accompagné de pommes grenailles et d’une sauce maison. Quand on va à la Douve Blanche, on se prépare financièrement, car ici, on est aussi et surtout là pour manger. Cette année encore, nous ne testerons pas l'expérience, qui existait déjà l’an dernier, du repas dans la cour du château préparé par de chefs mais il y a déjà beaucoup à manger à la Cantine, la Rôtisserie et Marée Basse, le stand qui propose les huîtres dont on avait tant rêvé l’an dernier.

Cette année le festival a fait le choix du paiement dématéralisé pour remplacer les tokens : avec une carte à recharger, plus besoin de la carte bleue. En soi c’est vrai que c’est plus écolo et moins encombrant dans la salopette.


2h30, nous c’est US

C’est au tour du rappeur américain Charles X de nous régaler. Avec son jeu de scène, sa voix puissante et le groupe qui propulse l’ensemble hors du genre r'n'b. Musicalement, c’est le moment culminant de la soirée. Charles X sort de scène heureux comme un Pape. On le croisera durant tout le festival dans la foule à danser comme un diable. Il sera à nouveau invité sur scène le soir suivant au côté de Jon Onj.

C’est ensuite à US de clore la soirée de la grande scène. Il nous transporte dans un état agréable, assis sur notre spot secret dans un coin de douve : il fait bon, la musique est belle, les lumières sont impeccables comme tous les ans, les vacances commencent et US semble l’avoir compris.
 

Samedi 6 juillet. Jour 2. 13h30, l’amour au camping

Le camping de la Douve Blanche c’est un peu le camping des vacances : il y a de l’espace entre les tentes, une clairière qui permet à ceux qui veulent de faire une partie de volley, des arbres parfaits pour tendre les hamacs et surtout des campeurs très zen. Car on ne le redira jamais assez, ce qui fait de la Douve Blanche un festival aussi cool ce sont ses festivaliers (et ses bénévoles): serviables, gentils, respectueux, discrets (même la nuit en ramasse), toujours prêts à dépanner d’un chargeur ou d’une clope. Au bar du camping, les couche tard attendent leur café et les plus chauds dansent déjà dans la pelouse au son de la playlist.
 

16h30, rendez-vous à la cantine

Alors que certains ont découvert les joies du massage grâce aux mains expertes, mais douces, de Sybille, pour 10 euros les 25 minutes, d’autres se sont aventurés en dehors du site du festival et ont redécouvert Egreville qui s'anime de plus en plus d’année en année pendant le festival. On a croisé des mariés qui sortaient de l’église, des festivaliers partout en terrasse sur la place du marché et dans les rues, des commerces bien ouverts, une voiture avec ses phares allumés et des festivaliers sympas partis à la recherche de son propriétaire, des locaux qui se rendaient au festival en famille avec leurs chaises pliantes... Au loin, LeonxLeon a commencé son set énergique sur la petite scène. Une lance à eau rafraîchit les festivaliers qui dansent devant la scène. Tout le monde a la banane.


18h45, entre les deux scènes

On a été bien sage le vendredi, on pensait en prendre plein les yeux et les oreilles ce soir, désir à moitié satisfait. On ne venait pas à la Douve pour la programmation musicale, il faut dire on ne connaissait pas grand monde, mais l’enchaînement entre les groupes ne semble pas bien cohérent. Ed Mount, seul sur la grande scène avec sa guitare, nous offre un concert maîtrisé, c’est très groovy, mélodique et lumineux. On l’admire un peu aussi car le petit blondinet semble cuire au soleil. Mais l'enchaînement avec le set de François Club ne fonctionne pas. Le public ne sait pas s’il faut danser, c’est un peu mou. Dommage.


20h, l’heure des huîtres !

On a recroisé le châtelain et son chapeau haut de forme, nouvel accessoire rudement pratique pour le repérer dans la foule. Lui et sa femme dansent devant le set de T/0 sur la petite scène. Mais comme on s'est l'année dernière fixé un objectif, et qu'on tient notre parole, on les abandonne pour faire un petit tour du côté du stand Marée Basse et tester les bulots et les huîtres, dont il ne reste plus grand chose. On complète l’expérience en demandant conseil au stand de vin et trouver un petit blanc au poil. Le panard quoi. Sur la grande scène La Pègre Douce et ses mille et un musiciens (cuivre, synthé, guitares, etc...) commence un concert joyeux et animé. L’ambiance est rétro et l’identité sonore de la Douve est respectée.
 

22h, champagne champêtre

On ne fait jamais la Douve sans une petite coupe de champagne devant un concert. Et le concert en l'occurrence c’est celui de Jon Onj, un artiste survolté qui nous fait don de son corps musclé et de sa voix très pop star, tout en agitant frénétiquement les bras sur son pad de percussion electronique. Le concert est inégal, on a surtout aimé quand il jouait avec les percussions électroniques. Sur la grande scène Grand Blanc s’installe, un drap blanc tendu derrière les musiciens. Le concert est maîtrisé, les musiciens sont concentrés, la chanteuse est minutieuse, mais nous on est pas très branchée par les paroles en français sans queue ni tête. Le public reste sage alors qu’il est déjà 23h passées.


00h45, glitter et glam

Avec beaucoup de retard, les concerts sur les deux scènes se succèdent. Animal Cookin’ Crew commence son set avec le générique de la série X Files. Si la mayonnaise met du temps à monter, il réussit à finir son set en apothéose. On en avait bien besoin vu l’heure. On craint un peu le retour de vibes avec The Fat Badgers qui propose un concert de funk électrique sur la grande scène, mais les trois musiciens, en veste à paillettes argentée nous magnétisent. On réussit à rentrer dans leur univers et à apprécier le changement de genre et d’ambiance sans trop de casse.


02h15, la fête commence enfin

Ceux qu’on attendait arrivent sur scène. Nasser nous offre sur un plateau un concert plus electro que rock. Malgré toute cette belle énergie, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’il est déjà un peu tard pour un concert avec des stops entre chaque chanson alors que la foule veut danser frénétiquement. Le chanteur et les musiciens sont pourtant tellement bienveillants et entraînants. On ne regrette rien, c’était beau visuellement et nos oreilles ont passé un excellent moment.

A l’heure du turn over, certains partent se coucher, d’autres reviennent d’entre les morts pour se coller devant Darzak, jeune batteur de formation, qui tape sur tout ce qu’il peut pour nous offrir un set techno acid. Ça marche, on accroche car on sent le musicien passionné mais on ne parvient pas vraiment à décoller. D’ailleurs soit on a la berlue, soit on avait déjà croisé Darzak vendredi lors de l’accueil des festivaliers et le lendemain filant un coup de main aux bénévoles. Sympa et déterminé, respect.


Dimanche 7 juillet, jour 3. 11h30, l’amour au camping bis

Ce matin, les plus courageux font la queue pour un jus frais, un bol de fruit ou un açaï sur le stand d’Ayudyana au bar du camping. Et même si l’attente est monstrueuse et l’organisation du stand chaotique, tout le monde garde son calme. La preuve avec la sagesse de notre voisin de queue au bout de 30 minutes d’attente : “on va rester zen, c’est les vacances, il fait beau, ça nous ferait du mal de nous énerver”. On finit par plier les tentes et on se décide à reprendre la route quand on comprend que le barbecue ne commencera que très tard. Dans les douves, les techniciens remballent déjà. C’est un peu triste il faut dire. Les années précédentes les douves restaient ouvertes ainsi que les stands et il y avait même des concerts. Vu la petite foule qui danse sur les pelouses du camping, on aurait pu imaginer une fin dans les douves plus tardive. Malgré tout on repart avec la sensation d’un week-end à la campagne réussi.


Le bilan


Côté concert

La pêche américaine qui réveille la foule
Charles X, son flow, sa musicalité et sa voix nasillarde

La claque rock electro
Nasser, arrivé un peu tard dans le programme avec des problèmes techniques mais pour un concert de haute volée

Le retour du glam avec de la funk
The Fat Badgers, qui nous ont emmené où ils voulaient


Côté festival

On a aimé :

- Le programme, magnifiquement décoré, écrit par le Manifesto.XXI, avec son horoscope de festival au poil.
- Sybille, masseuse infatigable, ange gardien des festivaliers fourbus.
- Les anagrammes de la douve avec les grosses lettres à l’entrée proposés par les festivaliers, tradition oblige; sous le regard mi amusé mi désabusé des bénévoles : “mais quels chieurs”.
- Les toilettes : encore en dur cette année et c’est toujours mieux on confirme, merci.
- Les festivaliers tellement serviables et les bénévoles tellement heureux d’être là.

On a moins aimé :

- Les décos moins présentes et moins travaillées qu’aux éditions précédentes. Beaucoup d’espaces manquaient de sièges et de coussins confortables.
- La programmation musicale qui a quand même fait dire à des festivaliers le dimanche matin que la playlist était mieux que la musique de la veille sur la grande scène...
- Les problèmes survenus à l’aller et au retour au niveau des navettes
- La fermeture de l’accès aux douves le dimanche et le remballage express de la déco.


Infos pratiques

Prix des boissons
8€ la pinte de bière ou de cidre 
Entre 5 et 7€ pour le vin
8€ pour la coupe de champagne

Prix de la nourriture
10€ le burger et les frites
8€ la burrata
18€ la douzaine d’huîtres et le demi poulet

Transports
Depuis la gare de Souppes Château-Landon (Train P) accès avec des navettes (3€ l'aller).
Des bus cette année partaient de Paris - Porte d’Orléans, pour 13€50.

Conclusion

La Douve Blanche, ce petit festival que l’on connaît depuis longtemps, on aime son côté intimiste du camping et cette année, plus que jamais, on a eu l’impression d’être les vacanciers les plus privilégiés de l’été. Le cadre magnifique, les bénévoles dévoués et le concept bouffe-musique : on en redemande! Malheureusement, en ne se renouvellant que très peu cette année, on a l’impression que le festival a atteint sa forme définitive et qu’il n’y a plus grand chose à découvrir. Mais on aime trop Animal Records & Kitchen pour ne pas croire que c’est un malheureux concours de circonstances. Quoi qu’il en soit, l’an prochain, en revenant pour la sixième édition, on aura toujours autant envie de se jeter sur les burrata et les huîtres... Bon ok on veut du changement mais en vrai quand même on aime aussi se sentir à la maison !

Récit : Fanny Salmon
Photos : Anaïs Mastrorelli