On était à
GéNéRiQ Festival 2020, des rencontres en lieux insolites

Pour cette 13ème édition du GéNéRiQ Festival, on a décidé de se concentrer exclusivement sur les concerts à Mulhouse. Les maîtres-mots ? Curiosité et découverte. Avec des concerts dans des musées, des centres d’arts et des bars, le festival réinvente l’expérience du concert et revendique sa dimension urbaine et populaire. Entre grosses têtes d’affiches et petites pépites locales, l’épopée musicale se fera sous le signe du partage.

Jeudi 6 février. 18h, live entre les livres

C’est dans une bibliothèque médiathèque que débute le festival avec Mottron, jeune auteur, compositeur et pianiste originaire de Tours. S’autodéfinissant comme « pop impressionnist », il sculpte les sons, teintés de pop et d’électro, y mêle sa voix et performe avec les lumières et couleurs. La disposition de l’espace rend l’expérience particulièrement intime et le public, assis, semble profondément envoûté. Un nom à suivre, autant dans sa démarche musicale que visuelle.

20h30, les barons du rail

Le festival se poursuit dans la Cité du Train et, bien que desservi par une station de tram, la voiture est privilégiée pour rejoindre ce spot excentré. Après une petite attente dans le froid, on se retrouve dans la salle principale du musée. C’est donc au milieu des plus emblématiques locomotives de notre histoire que l’on rencontre The Inspector Cluzo. Pour ce « Unplugged Tour », le groupe rockfarmers est accompagné de 3 musicien.nes de Nashville au piano, violon et violoncelle. Paysans engagés le jour, musiciens la nuit, ils font part de chacune de leurs passions à la foule attentive et enjouée. Ils invitent même une spectatrice sur scène, lui offrant vin et rillettes de canard maison ! 

22h47, on jette l’ancre au greffier

De retour en centre-ville, le dernier concert est accueilli par le petit bar mulhousien : Le Greffier. Ambiance rouge intense, la silhouette de la DJ du collectif montréalais Moonshine se dessine doucement au fil du beat, rejointe par un trompettiste puis par un percussionniste. Une pinte d’Ancre ou de Vedette en main, les derniers buts de babyfoot marqués et tout le bar se laisse aller à la musique montante. Le set afro électro vient faire trembler les murs en pierre et les colombages pour le plus grand bonheur des tapeurs de pieds venus défier jusqu’aux derniers rayons de Lune.

Vendredi 7 février. 21h, l’odyssée poétique

Toute la deuxième nuit du festival se déroulera au sein du Noumatrouff, ancienne usine chimique désaffectée. Ouverture de la soirée en folie avec le groupe local Odisy. Ils sont deux beatmakers et trois rappeurs, un équilibre précis pour un flow qui tape fort. Le groupe échange quelques anecdotes et punchlines avec la foule, dans laquelle se forme d’ailleurs rapidement un noyau de jumpers passionnés. Il ne faut pas hésiter à aller aussi découvrir leur univers vidéographique !

22h, brise nantaise 

On l’a découvert à Nantes, il n’a pas 20 ans et a déjà reçu le prix du jury de la dernière édition des Inouïs du Printemps de Bourges. Accompagné d’un batteur on stage passionné, flow déchaîné aux lyrics tantôt romantiques tantôt plus crues, quatre lettres et un symbole : on vous (re)présente Di#se. Il se donne corps et âme sur scène. Son rap nourri d’influences afro trap, transe et même salsa charme une fois de plus les festivaliers. Il descend même au milieu de la foule pour finir son concert dans un dernier pogo.

23h, spleen, sexe & love

Entrée fracassante de la tête d’affiche sous une pluie d’applaudissements et de sifflements : Jok’Air récupère le feu du jeune public plus bouillonnant que jamais. Entre pogos et bras levés munis de smartphones, les corps se bousculent et scandent les paroles tout haut. Du lover au gangster, le rappeur oscille et joue avec les limites, sans complexes sur une prod trap maîtrisée. On a même droit à un featuring aux côtés de Chich, invité surprise de la soirée. Nous quittons la salle dans les derniers échos des « jump », basses et sirènes retentissant.es.

Samedi 8 février. 19h30, « Falling in love and heartbreak, I love both » 

Aujourd’hui le premier concert est donné dans le centre socio-culturel de l’AFSCO Espace Matisse, en périphérie du centre historique mulhousien. On est tout de suite happé par l’ambiance très conviviale et l’odeur de crêpes vendues à prix libre pour financer un voyage de jeunes du quartier. La capacité d’accueil de la salle est minime et les plus chanceux se voient s'asseoir sur les marches de part et d’autre des gradins. Un accueil particulièrement enthousiaste attend le leader californien du groupe Monophonics Kelly Finnigan, accompagné de The Atonement. On assiste à un live passionné et profond, une soul intemporelle alternant sensualité et grooves chaleureux. Kelly Finningan nous chante l’amour, enflammé, souligné par les voix poudrées et puissantes du chœur. Les premiers rangs sont transportés et se lèvent pour venir fouler la piste de danse improvisée devant la scène.

23h37, machinerie technique

On s’est remis en route, direction le Noumatrouff, pour la plus longue soirée du festival. La mise en jambe devant le DJ set d’Otist Riddim est plus qu’agréable. Il est co-fondateur du collectif mulhousien Bass Couture, qui nous assure plusieurs fois par an le partage de la culture électronique underground et défrichée lors de soirées fiévreuses. Nous quittons l’ambiance un peu house et dubby de la petite salle pour rejoindre Atoem dans la grande. Une scéno à coup de tubes lumineux qui claque, un système modulaire dans le fond, le jeune duo rennais nous entraîne dans un univers techno perçant, expérimental et hypnotique.   

01h30, les parrains de la scène techno

Synthés analogiques français, notes teintées de nostalgie, thèmes des films du dimanche soir ou ambiances musicales SF… Vous l’avez reconnu, French 79 nous embarque avec lui pour une évasion loin du bitume érodé de la ville. Cet artiste électro pop s’est démarqué de la scène française pour aller sillonner à l’international avec pas moins de 150 concerts dans le monde. Le public l’acclame, se balance et danse à en perdre haleine... On enchaîne sans peine avec l’autre grande figure de l’électro française qui s’est mondialement fait connaître, Popof. Il n'eut besoin que de quelques beats massifs et notes au synthé ultra précises pour que la foule se rassemble en une masse unique, totalement transie, prête à oublier les prochaines lueurs du jour. 

4h50, petite salle grands talents

Petite pause dans l’air frais alsacien, le temps de reprendre notre souffle, rencontrer des scaphandriers belges et retourner une dernière fois fouler le sol de la petite salle. On retrouve d’ailleurs nos scaphandriers, entourés d’autres personnes, dansant tous joyeusement sur la scène auprès de Ekko Azgoat et Pedro Perez. Un back to back de la crème de la crème de la scène mulhousienne. Habitués à être derrière les platines ensembles, la complémentarité de ces deux DJs offre une techno technique, oscillant entre douceur et férocité. De quoi ravir les festivaliers jusqu’aux derniers instants. 

Dimanche 9 février. 15h, rouler jeunesse

Ça y est, le festival touche doucement à sa fin. Après la découverte de la Cité du Train, nous voilà en face de la Cité Automobile Schlumpf, plus grande collection de voiture au monde. C’est donc au détour de quelque Bugatti Veyron et Jacquot à vapeur que nous retrouvons le jeune duo de Vidéoclub. Néons colorés et ambiance bal de fin année des années 80, il est dur pour beaucoup de résister à l’envie de se balancer doucement. C’est du haut de leurs 17 ans qu’ils chantent l’amour, l’amitié, le doute et toutes les sensations qui parcourent leur adolescence. Ils sont très proches de leur public, échangent mots et danses avec lui et réussissent même à toucher différentes générations avec des reprises de Téléphone et xxxTentation.

17h, dans les dernières lueurs 

Nous avons repris la voiture pour atteindre le centre d’art contemporain Le Séchoir, une ancienne tuilerie. Dans la lumière rouge tamisée des néons, sous les combles et poutres sombres apparentes, tous les âges se laissent entraîner par l’artiste locale Marlène Bretzel. Virtuose des vinyles, elle passe d’une platine à l’autre : rock, punk, indie, garage, soul… Elle nous fait vagabonder bien au-delà des Vosges que l’on peut voir s’assombrir au fil des décibels montants. On a juste le temps d’un silence, un souffle, et nous revoilà frappé de plein de fouet par Squid ! Groupe originaire de Brighton, ils sont 5 et aiment expérimenter les sonorités pop psyché, post punk et krautrock. Une belle façon de clôturer un festival, avec l’énergie et le partage d’une jeunesse qui en veut.

 Le bilan

Coté concert :

L’espoir rap

Di#se, dont la passion et la fougue sont particulièrement contagieuses

Nouvelle pépite techno

Atoem, véritables alchimistes du synthé modulaire

Les daddys qui font du bien

French 79, mention spéciale électro et Kelly Finningan, dans la catégorie soul

L’envolée locale

Odisy, un nom à suivre et un univers vidéo à découvrir

Coté festival 

On a aimé :

-  La dimension éclectique des artistes présentés : rap, électro, soul, rock…

-  Les concerts gratuits et accessibles à tous

- Expérimenter certains concerts dans des lieux insolites

- La mise en avant des artistes locaux

On a moins aimé :

- Le fait de devoir prendre la voiture pour se déplacer d’un concert à l’autre

- Certains retards très très longs

- L’impression d’assister à une série de concerts plutôt qu’un véritable festival avec son univers propre

Infos pratiques : 

Prix des boissons : 

Variable en fonction des lieux : 

- en moyenne dans les bars Vedette 25cl/4€

- à la salle du Noumatrouff, Heineken, Edelweiss et Desperados 25cl/3€ et 50cl/6€, Elsass Cola 25cl/3€

Prix du festival 

De gratuit à 25 euros en fonction des concerts

Transports à Mulhouse

Concerts relativement accessibles en tram mais voiture privilégiée. T1 arrêt Cité de l’automobile pour Cité Automobile et Noumatrouff; T3 et TramTrain arrêt Musée pour Cité du train; T2, T3 et TramTrain arrêt Porte Haute pour Greffier; T1 arrêt Doller pour Le Séchoir  

Conclusion

Une ambiance chaleureuse et conviviale ainsi qu’une diversité de genres appréciable. Leur pari de faire découvrir des artistes au plus grand nombre et renouer avec le milieu urbain est réussi ! Le GéNéRiQ Festival c’est pas moins de 5 villes, 45 concerts et notre expérience mulhousienne nous donne juste l’envie de partir à la découverte des autres villes lors des prochaines éditions !