On était à
BISE Festival, un vent de fraîcheur embrasse Nantes

En parallèle des Biennales Internationales du Spectacle (manifestation rassemblant les acteurs du spectacle vivant et de la culture), un nouveau festival de musique a vu le jour cette année à Nantes : le BISE. Sur deux soirées, c’est l’occasion de faire découvrir au grand public et aux professionnels de la musique les talents émergents de la scène locale, française ou européenne. La règle est simple : 30 minutes de show par artiste et peut-être, parmi les 19 pépites proposées, la future tête d’affiche des grands festivals. On vous raconte ce nouveau rendez-vous de découvertes musicales.

Jour 1. 20h15, arrivée sous les Nefs

Nous sommes mardi soir, en plein mois de janvier sur l’île de Nantes... Drôle de moment pour débuter un festival. C’est pourtant la date qui a été choisie pour lancer cette première édition du Bise, nouveau venu dans le paysage des festivals français. Sous les Nefs et son fameux éléphant articulé, ce sont trois salles qui ont été prises d’assaut pour l’évènement : le Stereolux avec sa salle Micro et sa salle Maxi, ainsi que le Trempolino. Le festival affiche “Complet” depuis plusieurs jours, pourtant, à notre arrivée, on croise peu de festivaliers. Une fois notre bracelet autour du poignet, on pénètre à l’intérieur du Stereolux et rapidement le son nous happe vers les scènes.

20h32, première immersion dans le mode “showcase”

C’est Sally qui a la lourde tâche d’ouvrir le bal sur la plus grande des trois scènes. La chanteuse de 19 ans à la voix envoûtante s’installe timidement devant le micro avant de jouer les titres de son premier EP “Pyaar”. La foule est encore très clairsemée et l’artiste paraît timorée devant ce grand espace vide. Pourtant, elle parvient petit à petit à nous dévoiler son univers R&B atypique, qui lui a notamment permis d’accompagner Angèle sur une de ses dates. Sally a seulement 30 minutes pour nous faire découvrir son monde. Un mode “showcase” qui donne un bel aperçu de chaque chanteur et permet de s’imaginer en quelques instants qui pourrait voir son nom sur l’affiche de grands festivals dans les années à venir. 

21h05, c’est l’heure de l’apéro 

Alors que Lenparrot distille sa pop dans la salle Micro, on se décide à faire un petit tour du propriétaire. Les deux salles du Stereolux entourent un long hall dans lequel est aménagé le bar, qui propose plusieurs sortes de boissons, soft ou alcoolisées, dont une bière ambrée bio brassée à quelques kilomètres de Nantes. Sur la terrasse, un petit petit food truck a été aménagé pour le festival, proposant quelques galettes et crêpes. Le festival profite pleinement des installations dont dispose le Stéréolux toute l’année et n’a pas apporté sa petite touche de décorations ou de scénographie, c’est un peu dommage. 

21h20, une voix envoûtante venue de Belgique 

L’accès à la troisième salle du festival se fait en passant par l’extérieur : il faut donc bipper son bracelet à l’entrée de chaque salle pour confirmer être en possession d’un billet. L’opération paraît à première vue fastidieuse mais l’efficacité des bénévoles et la faible affluence du soir permettent de circuler rapidement et efficacement. Sur la toute petite scène du Trempolino, on entend une timide voix s’exprimer dans un français approximatif mais mignon : “J’espère vous trouvez ça chouette”. C’est Joséphine, jeune chanteuse belge à la splendide voix rauque, qui déballe l’étendue de son talent, tantôt au piano tantôt à la guitare. Une belle surprise qui n’est pas sans nous rappeler Selah Sue, et toujours une ambiance très intimiste où l’artiste et le public ne sont séparés que par quelques mètres, créant une communion rare et intense. 

21h30, on a trouvé le showman de la soirée

Tout autre style dans la salle Maxi où Julien Granel fait le show. Il fait partie des têtes “connues” de l’affiche, lui qui commence à écumer les festivals français et que l’on retrouvera sans doute un peu partout cet été. Et ça se sent : il est à l’aise, et c’est une véritable bête de scène qui se dévoile devant nous. Ce personnage atypique aux danses folles et au costume loufoque est à la fois au chant et aux machines et il parvient à mettre le feu aux premiers rangs d’une affluence toujours très calme. Ses chansons parlent de tout et de rien mais surtout elles invitent à la bonne humeur, comme son titre “Danse encore” qu’il interprète avec folie. Coup de coeur ! 

22h10, talent made in L.A. (Loire-Atlantique) 

Trois axes de programmation ont été retenus pour le festival : les groupes européens, français et régionaux. Et c’est justement un Nantais, Degree, qui s’apprête à monter sur scène dans un environnement qu’il connaît bien puisqu’il y a déjà joué en 2018, en première partie de Fakear. A la guitare ou aux machines, il délivre une prestation de haute volée en mélangeant folk et électro pour une saisissante fusion de sons synthétiques et acoustiques. Pas étonnant qu’il ait notamment été choisi pour participer au projet “Alltta” de 20Syl (C2C)... un autre Nantais ! 

22h30, c’est l’heure de faire sa promotion

Pour clôturer la programmation de la salle Maxi, le duo d’electronica Global Network sort le grand jeu et ne cache pas qu’il est là pour prendre et donner du plaisir, mais aussi pour se faire un peu connaître...  “On sait qu’il y a des programmateurs dans la salle ce soir, alors n’hésitez pas à prendre contact avec notre tourneur !”. Car l’enjeu du Bise est là aussi : destiné au grand public mais aussi aux spécialistes de la musique, il sert de tremplin pour la saison à venir, dans une période hivernale souvent pauvre en festivals. Et l’ambiance dans la soirée s’en ressent : personne ne danse vraiment, mais dans l’ombre de nombreux professionnels observent, scrutent avec attention, prennent des notes. 

Jour 2. 22h10, 17 ans et déjà un bel avenir assuré

On arrive un peu plus tard le lendemain soir et on sent que l’affluence est plus importante : le festival reste à taille humaine mais on commence déjà à voir un peu de monde au bar et l’accès à la salle Micro est même perturbé. Dans la salle Maxi, on assiste à une véritable démonstration grâce à Di#se. Le rappeur breton est l’un des premiers à proposer une scénographie digne de ce nom avec un jeu de lumières saisissant. Simplement accompagné d’un batteur, il entraîne les festivaliers dans un tourbillon d’énergie et se révèle être un véritable showman, sautant à chaque coin de la scène et invitant le public à chanter avec lui. Difficile d’imaginer une telle prestance à seulement 17 ans ! 

22h45, la techno fait décoller l’ambiance

Du rap à l’électro il n’y a qu’un pas, et les quelques mètres qui nous séparent du Trempolino nous suffisent à passer d’un univers à l’autre. A la voix comme aux platines, Sara Zinger déchaîne les foules avec sa techno tonitruante. On admire son look fou, sa façon de jongler entre sa voix frêle et les basses grondantes, on jette un oeil aux premiers rangs et... Non, on ne rêve pas : on voit bien ENFIN les premiers rangs se dandiner et même chanter en choeur pour sa reprise de “Another brick in the wall” de Pink Floyd ! Di#se et Sara Zinger auront donc réussi le pari de véritablement basculer l’évènement en mode ”festival” : c’est sûr, ce mercredi, le Bise souffle fort sur Nantes.

23h20, fin de soirée en douceur 

Il n’y a pas que des groupes français programmés, et Carnival Youth nous arrive tout droit de Lettonie. C’est l’un des groupes les plus célèbres programmés au Bise, et c’est tout naturellement qu’il est chargé de clôturer la salle Maxi. Le quatuor propose un son pop-rock parfait pour adoucir l’ambiance. Ce soir plus que jamais, les 30 minutes par artistes nous ont paru bien trop courtes… 

Le bilan

Côté concerts

L’Objet Musical Non Identifié : 

Julien Granel, avec son look atypique et sa prestance, on a hâte de le revoir en festival

La révélation rap : 

Di#se, seulement 17 ans mais déjà tout d’un grand

Le mélange techno-punk-new vave : 

Sara Zinger, une fusion des genres qui fait bouger les foules

La pépite nantaise : 

Degree, une superbe prestation qu’on aurait aimé voir durer plus longtemps

Côté festival :

On a aimé : 

- Le mode “showcase” : 30 minutes pour faire ses preuves, ça passe ou ça casse
- L’excitation de ne connaître aucun nom sur la programmation et d’aller de découverte en découverte
- La diversité des genres proposés : rap, électro, rock, il y en avait pour tous les goûts
- Un système sons et lumières parfait sur chacune des trois scènes
- Le pari audacieux de créer un festival chaleureux en plein mois de janvier
- Un tarif extrêmement abordable pour assister à 19 concerts

On a moins aimé : 

- L’impression d’assister à une série de concerts plus qu’à un véritable festival de musique
- L’ambiance parfois étrange, plus observatrice, que véritablement dansante et festivalière
- L’absence de décorations ou d’identité propre au festival dans l’enceinte du Stéréolux

Infos pratiques 

Prix des boissons :

- 5,50€ la pinte de Kronenbourg
- 7€ la pinte de Grimbergen

Prix de la nourriture :

- 6€ la galette saucisse artisanale
- 3€ la crêpe chocolat

Prix du festival : 

- 10€ le pass 2 jours
- 7€ le pass soirée 

Transports : 

Ile de Nantes accessible depuis le tramway (ligne 1, arrêt Chantiers Navals) et les bus 

Conclusion 

Un festival de “découvertes musicales”, sans têtes d’affiche un mardi et un mercredi soir, en plein mois de janvier : le pari était osé. Si on a plus souvent eu l’impression d’assister à une sorte de tremplin de nouveaux talents pour professionnels de la musique qu’à un véritable festival, on ressort plutôt conquis de cette première édition du BISE. L’objectif de révéler au grand public la scène musicale émergente est pleinement rempli, et le mode showcase proposé est sans aucun doute le format parfait pour ces découvertes. L’ambiance intimiste, la qualité du son proposé et les superbes prestations de chaque artistes ont contribué à insuffler ce vent de fraîcheur sur Nantes. 

Récit et photos : Maxime Thué