On était à
Garosnow 2022 : la teuf aux Angles en après-ski

Certains aiment faire la fête en été, d’autres en hiver, et d’autres encore kiffent les deux : coucou, c'est nous ! Quand on a vu passer la prog de Garosnow, on a sauté sur l’occasion pour faire la teuf au ski. Le festival s’étalant sur deux week-ends dans deux stations différentes, on opte pour la première étape qui se déroule dans les Pyrénées Orientales à la station Les Angles. Enfilez vos polaires, vos casques et vos skis, et venez dévaler les pistes avec nous, en musique ! 

Jour 1. Jeudi 10 mars. 18h00, accéder au festival, tout un périple 

Notre aventure Garosnow débute dès le jeudi. Le festival se tenant aux Angles, dans les Pyrénées, depuis Lyon, il faudra prendre le TGV jusqu’à Paris, puis le train de nuit de Paris jusqu’à Latour de Carol, et enfin une navette jusqu’à Mont-Louis puis la station Les Angles. Un trajet bien étudié, pour que notre portefeuille ne soit pas impacté à tout jamais. Ne va pas à Garosnow qui veut sur un coup de tête : pour y assister, il faut le vouloir, et surtout le prévoir. 

Jour 2. Vendredi 11 mars. 11h30, arrivée à bon port 

On y est. Les montagnes enneigées, l’air frais, les petites vacances au ski, en musique ! On est conquis par la petite station des Angles. On a réussi pour ce week-end à trouver à la dernière minute une denrée rare : une petite chambre dans un gîte d’étape situé dans les hauteurs du village, le Gîte Azimut. Notre hôte, Casa, nous accueille à bras ouverts. On est en demi-pension, on aura donc droit à ses plats concoctés avec soin le soir. Il s’avère aussi qu’il connaît la station comme sa poche, et c’est même lui qui nous donne des informations au sujet du festival. 

22h57, c’est la fête au village 

Pour arriver à la salle de concerts, on marche une trentaine de minutes. Il n’y a pas de navettes à cette heure-ci et nous n’avons pas de voiture pour nous déplacer. À l’entrée, la fouille est musclée. La salle de spectacle, qui s’avère être une ancienne patinoire, peut accueillir jusqu’à 1200 places, avec gradins au fond, une régie son/lumière au centre, et la scène tout devant. Il y a aussi un grand espace bar qui longe tout un côté de la pièce. Dans le public, il s’agit en grande grande partie de locaux : on reconnaît Vincent, qui nous a loué le matériel de glisse dans l’aprèm, Casa, notre hôte, la jeune femme qui gérait le tapis sur les pistes, le Maire de la commune, ou encore l’apprentie pharmacienne... On réalise rapidement que Garosnow, c’est la fête du village. Pour l'opening, c’est DJ Esteban qui est aux platines car le set de Booboo’zzz All Stars a été annulé. 

23h23, Garosnow “bouge son ulc”

Pour nous, Biga*Ranx (photo) en live, c’était une première. On découvrait donc son énergie du tonnerre, et ses raps qui rendent la foule zinzin. Sur scène, le gars danse autant que son public et met le feu à tel point qu’on est amenés à découvrir l’utilité des gradins à l’issue du concert après avoir sautillé sans interruption. On salue le beau travail sur les visuels et sur les lumières. On apprendra le lendemain sur les pistes, en discutant avec Anthony, un jeune de la région qui a assisté à l’édition précédente de Garosnow, que le festival a mis un point d’honneur sur les jeux de lumière, un artifice qui était peu satisfaisant les années précédentes selon lui. 

00h56, after a high, there is a low 

C’est au tour de Mézigue et de Mad Rey (photo) de prendre possession des lieux à coups de BPM pour un b2b qui, sur papier, était prometteur. Les premiers sons sont lancés, ça tape, on retrouve le style des deux artistes, mais on ne retrouve pas de cohésion. Les transitions sont un peu plus brutales, on a l’impression que l’un cherche à couper l’autre. Les deux esthétiques ne se rencontrent pas mais se battent. On leur donne le bénéfice du doute, mais on finit par écouter d’une oreille distraite depuis les gradins. Le public ne semble pas trop déboussolé et on se dit qu’on est peut-être (déjà !) vieux jeu… ?

1h34, nous tenir en haleine pour une plongée en apnée 

NTO, en voilà un qui a mis tout le monde d’accord ! Dès son entrée sur scène, on sent l’excitation de la foule qui jette ses verres en l’air. L’artiste enchaîne des titres de son dernier album “Apnea”, on voit qu’il s’amuse et son énergie est communicante. La mélodique techno est incontestablement son truc. Il est 2h passées et la soirée s’étale au-delà des temps impartis. À la fin de son set, le public le réclame. Il revient sur scène pour relancer la fête mais à peine son morceau entamé, la régie coupe le son. Il est temps de rentrer chez soi les enfants ! 

Jour 3. Samedi 12 mars. 9h50, Earth, Wind & Snow - let’s groove today

Les pistes appartiennent aux personnes qui se lèvent tôt, et la navette de la station passe à 10h00 du côté de notre logement. Après 2/3 tours d’échauffement, on décide d’emprunter les télécabines pour monter à 2108 m au restaurant d’altitude “Le Chalet” où se déroule une bonne partie des DJ sets. À peine descendus de la remontée mécanique qu’on entend déjà la musique. Au pied du chalet, une petite tente sous laquelle Nico Rodas est en train de mixer. Il enchaîne des sons groovy qui, malgré la neige, nous donnent la sensation d’être au soleil. On ne demandait pas mieux pour se remettre en douce de la soirée de la veille ! 

13h07, à nous la ride en musique ! 

En tendant l’oreille, on entend de la musique venir d’un peu plus bas, du snowpark. Nous y découvrons une compétition de snow, mais aussi un DJ set. C’est S-Ven (photo) qui est là pour ambiancer les compétiteurs et les skieurs de passage. Il joue, lui aussi, des tubes très groovy et disco, accompagné du commentateur de la compétition. Il nous a presque donné envie de monter sur les pistes avec les pros, alors qu’on n’a clairement pas le niveau, et nous a boosté à rider la piste verte depuis laquelle on entend le son.

14h42, l’heure de faire une pause 

Retour au Chalet pour le déjeuner, avec la fin du set de Nico Rodas. Les plats proposés sont tous montagnards, et on opte pour deux sandwichs au bœuf accompagnés de frites maisons et de 2 bières pression. Il y a beaucoup de monde qui s’est arrêté au restaurant pour profiter de la musique. En sortant, on retrouve Jeanfi et le soleil. Le premier lance son set avec One More Time et la foule n’en demande pas plus pour entamer les premiers pas de danse. Les gens sont pour la plupart en après-ski, ils seraient donc montés exprès pour le voir et n’ont pas fait de descente des pistes. Jeanfi enjaille la foule, il siffle, et la foule est bien échauffée. On n’en attendait pas autant pour notre moment de digestion ! 

23h37, après la peuf, le powpow

Après un bon repas concocté par notre hôte Casa et une (longue) sieste technique, on enfile nos pantalons de ski, nos polaires et on tente le stop depuis notre gîte pour nous rendre à la salle des concerts. 15 min de patience et un local s’arrête, ravi de nous déposer. Sur place, il y a moins de monde que la veille. C’est Blaiz Fayah (photo) qui chante, accompagné de DJ Glad avec qui il a déjà collaboré. Le rappeur balance des riddims, bouge sur scène et fait participer la foule. Il a de l’énergie à dépenser et les enchaînements rapides de ses textes ne suffisent pas. Vers la moitié de son concert, on est entraînés à twerker par deux danseuses sur scène. Le jeune public est au taquet et déjà un peu plus éméché.  

00h15, l’heure est aux surprises 

A peine le concert terminé que démarre dans notre dos la fanfare No Name Brass. Elle s’occupera de nous divertir le temps du changement de plateau. La foule se rue vers les musiciens et chante à tue-tête “La Tribu de Dana” et autres pépites de leur répertoire diversifié. Un bon moyen de passer le temps avant le concert de Georgio (photo) qui déboule accompagné de son magique “couteau-suisse” Peter, à la guitare et aux claviers. Il va aborder un large panel de son répertoire revisité en “formule club”. L’artiste à l’énergie explosive n’hésite pas à s’arrêter et taquiner le public quand il estime qu’il ne fait pas assez de bruit, lui fait faire des walls of death, et va jusqu’à improviser un rap et un texte en exclu, pour tuer le temps lors d’une panne technique. Au loin, on aperçoit dans les gradins quelques parents accompagnateurs, qui ne sont pas forcément dans leur élément... 

1h37, le pilier de la French Touch est dans la place 

Après le rap, place à l’électro. Il y a du retard sur le planning initial et les gens commencent à partir. Les plus vaillants sont cependant de la partie et ça fait un peu plus de place pour taper du pied. Etienne de Crécy (photo) nous balancera ses plus gros hits, rythmés par des moments d’accalmie et des périodes de gros boum, pour notre plus grand plaisir. Malgré les lumières qui nous empêchent de le voir nettement, on arrive à distinguer par ci, par là, des petits sourires stimulés par l’énergie de la foule. 

Jour 4. Dimanche 13 mars. 11h12, mais où est le son ? 

Malgré une courte nuit, on est au pied des pistes à 10h20. On se met dans le bain en faisant quelques petites descentes, et à 11h00 pétantes, skis aux pieds, on retourne au “Chalet” où on devrait retrouver la fanfare. Mais arrivés à 2108 m, pas un bruit. Pas de fanfare ni dehors, ni à l’intérieur, pas de communication sur le site de l’événement et aucune info du côté des employés du Chalet. On patiente encore 10 minutes puis on laisse tomber : ce n’est pas grave, on va en profiter pour dévaler les pistes ! 

12h45, bienvenue dans un espace zen

Quelques foulées et remontées plus tard, on s’arrête à l’espace balnéo (photo). On n’a malheureusement pas prévu notre maillot de bain, ni les 16€ pour profiter de 2h15 de l’espace du spa, mais on est curieux de découvrir les lieux ambiancés par Nico Rodas sous un chapiteau, emmitouflé, au niveau de la piscine chauffée extérieure. Les gens en maillot de bain et en petites serviettes profitent du sauna en forme de bulle avec une baie vitrée qui donne sur l’extérieur, et de la piscine. Comment vous dire qu’avec notre full panoplie ski, on ne s’est pas forcément senti à notre place.

13h24, à nous les dernières descentes ! 

L’arrêt au Chalet est inévitable. Toujours pas de fanfare, mais il semblerait que le groupe ne joue pas à cause de la météo qui n’est pas favorable à une prestation en extérieur. On profite tout de même du restaurant d’altitude qui nous réserve un cadre magique, tout comme de la bonne nourriture montagnarde (vive les côtes de bœuf et la tartiflette !). Au premier abord, il peut paraître cher, mais il est à la hauteur niveau qualité/prix puisque la cuisine et les portions étaient largement rassasiantes. Il nous reste 2 petites heures avant le départ, on en profite donc pour redécouvrir la station et ses belles montagnes en les dévalant une dernière fois… 

Le Bilan 

Côté concerts

Une grosse claque 

Biga*Ranx, une énergie communicante et des visuels transportants

Un b2b fragile 

Mézigue et Mad Rey, les enchaînements étaient un peu ratés et les styles des 2 artistes ne se sont pas rencontrés mais plutôt clashés

La joie et la bonne humeur 

NTO, qui a mis d’accord tout le public, jeunes et moins jeunes, au point de les faire réclamer pour plus de son

Garder son sang froid et la salle chaude 

Georgio, malgré le petit problème technique survenu en plein milieu de son concert, il réussit à reprendre contrôle avec un texte improvisé et un autre en exclu, et en faisant danser la foule 

Côté festival 

On a aimé 

- La rencontre entre la musique et les activités sportives proposées par la station de ski en journée

- Le cadre chaleureux dans la station 

- L’offre de repas au Chalet qui représentait un bon équilibre qualité/portion/prix 

- La convivialité de notre hôte Casa 

- L’ambiance "fête au village"

On a moins aimé 

- Le peu (voir absence) de communication sur place et sur les réseaux sociaux au sujet du programme 

- L’accessibilité à la station et donc au festival qui était pratiquement mission impossible en transports en communs

- Le niveau sonore de la scène lors des soirées qui nous a flingué les tympans 

- L’absence d’une artiste féminine 

Conclusion 

La force du festival Garosnow ne réside pas seulement dans les têtes d’affiche accueillies lors de sa première étape à la station Les Angles, mais aussi dans les activités hivernales proposées. Bien qu’il y ait eu quelques ratés et que le lieu soit difficile d’accès quand on n’est pas motorisé ou issu du coin, la découverte fut en somme agréable et plaisante. Le domaine skiable n’est ni trop petit ni trop grand, les prix sont corrects pour des vacances au ski, le line-up était ciblé et les participants bienveillants et accommodants. Garosnow c’est aussi avant tout Vincent notre locateur de ski, Casa notre hôte chaleureux, Arthur du village voisin, les saisonniers qui sont heureux de nous aider, les locaux toujours là pour nous renseigner, et les jeunes qui ont fait pour certains leurs premières grosses soirées…

Récit et photos : Ata Dagher