On était à
Festival Décibulles 2023 : une bulle de fraîcheur alsacienne

La région Grand-Est est plutôt bien fournie en termes de festivals de musique. Natifs de la région, on en a parcouru quelques-uns cette 15 dernières années mais on ne s’est jamais aventuré en Alsace. On a donc sauté sur l’occasion à l’annonce de la programmation du Décibulles, situé dans la très belle Vallée de Villé à Neuve-Eglise (67). Retour sur cette édition 2023, au cœur de l'un des plus gros festivals alsaciens, qui a eu lieu le premier week-end de juillet sous une chaleur écrasante.

Jour 1. Vendredi 7 juillet. 21h56, dans la Vallée oh-oh, du Chena lali-lala

Pour notre week-end alsacien nous avons décidé de tester l’aménagement de notre bolide de compétition. Arrivés un brin tardivement, on ne traîne donc pas pour prendre la direction du parking camping cars (photo) situé en face du camping « classique ». On se gare, on s’installe, on prend un rapide apéro, avant de monter sur la colline du Chena rejoindre les festivités. Le Décibulles est situé en hauteur, dans un cadre verdoyant avec un panorama sur la Vallée de Villé. Si on ajoute à cela la prestation enivrante de Fakear sur la Grande Scène, le sublime coucher de soleil en toile de fond, et le très large choix de boissons artisanales aux buvettes, il n’en faut pas plus pour que nous soyons séduits dès nos premiers instants sur le festival.  

23h23, Lorenzo, pas à la masse

Notre premier véritable concert au Décibulles sera celui de Lorenzo (photo), qui poursuit une toute dernière tournée avant de tirer sa révérence. On n’attend pas grand-chose de cette figure du troll-rap français, il faut dire que nous n’avions pas vraiment accroché à son style lors de son passage au Jardin du Michel en 2017. Mais c’était à ses débuts et depuis trois albums sont passés par là, son statut et sa notoriété ont changé(e)s. Et cette fois-ci, ça fonctionne sur nous, on se surprend à rire aux interventions volontairement débiles du chanteur et ses comparses et surtout à connaître tous les tubes, au point de les chanter en chœur avec les jeunes festivaliers dont est composée majoritairement la foule.

01h07, un beau spot

La nuit tombée, le festival s’illumine de toute part et arbore un autre visage. Il y a des spots et des guirlandes disséminés partout, l’éclairage met aussi en valeur les décorations spécifiques à chacune des buvettes. Le Décibulles ne manque décidément pas de charme… ni de monde d’ailleurs (photo). C’est la fin de soirée mais la fréquentation est encore haute, si nous ne slalomons plus entre les festivaliers par rapport à il y a quelques heures, le site ne nous paraît pas si grand pour accueillir autant de personnes. Cela ne nous empêche pas de nous poser en attendant Ascendant Vierge, dernier live de ce vendredi soir, dont le délire techno/pop est assez original et amusant mais qui nous lasse au bout de quelques minutes. Nous préférons alors partir papoter avec les bénévoles présents aux stands de prévention, pour conclure cette première soirée avant de rejoindre notre campement.

Jour 2. Samedi 8 juillet. 16h02, une sieste loin du tumulte

Réveil un peu rude ce matin, et le responsable n’est pas la gueule de bois mais plutôt un des bénévoles gérant la sécurité du parking camping-car qui, à trois heures et demi du matin, nous a obligé à déplacer notre véhicule plus loin, sans raisons apparentes. On cherche en vain à savoir pourquoi on a subi un tel excès de zèle mais c’est bien la première fois qu’on voit ça en plus de quinze ans de festival. On a besoin de décompresser, après quelques courses à Villé et un bon repas c’est donc une sieste qui s’impose sur le campement. La chaleur étant étouffante, nous décidons de migrer vers une rivière située en contrebas, à cinq minutes du camping et bien connue des festivaliers en recherche de fraîcheur et d’accalmie (photo).

19h22, il faut remonter la pente

Après cette longue pause il est temps d’aller au festival, on s’hydrate, on respire un grand coup et on attaque la montée permettant d’y accéder (photo). Le camping étant situé dans la colline, nous observons les tentes toute notre traversée, on se demande par quel miracle les festivaliers font pour tenir sous cette chaleur étouffante, surtout ceux installés dans la pente. On est assez admiratif, cela nous renvoie à une époque maintenant révolue, celle où l’on pouvait facilement boire des bières tièdes (dans le meilleur des cas) en plein cagnard. Qu’est-ce que l’on ne donnerait pas pour de l’eau fraiche, là maintenant tout de suite, alors que nous entamons une énième halte dans notre périple d’au moins 300 mètres.

21h15, en route Simony

Ça y est nous sommes sur le site ! Pile-poil à l’heure pour Odezenne qui n’est malheureusement pas notre tasse de thé, on fait l’impasse sur le groupe et on part plutôt visiter les buvettes avant d’aller au Kiosque, la petite scène du festival, proche du public, où se produise les spectacles d’art de rue et les artistes « révélations ». On assiste à une belle performance de Simony, un jeune rappeur de 22 ans mêlant hip/hop et electro, qui semble déjà posséder un grand nombre d’adeptes au vu du nombre de personnes venus l’applaudir (photo). Il est d’ailleurs compliqué de s’approcher du Kiosque, le Décibulles semble encore plus blindé que la veille.

23h21, ambiance bouillante avec Airbourne

Les quarantenaires et cinquantenaires sont de sortie aujourd’hui, la plupart affublés de T-shirts noirs avec le logo de leur groupe favori. On est encore loin du Hellfest mais un air de rock commence à se faire sentir. Si le groupe de punk/rock anglais Shame, que l’on ne connaissait pas avant, ne nous transcende pas plus que ça, nous sommes en revanche plus impatient de (re)voir Airbourne (photo). Impossible évidemment de ne pas penser à AC/DC, tellement les similitudes sont énormes. C’est du bon hard-rock australien à l’ancienne, sans temps mort et avec un vrai sens du show, le leader du groupe aime d’ailleurs toujours autant jeter des gobelets remplis d’alcool au public. Il n’est en revanche pas fautif concernant les tas d’éco-cups éclatés qui jonchent le sol après chaque concert, même s’ils ne sont pas consignés, le comportement des festivaliers en ce domaine laisse à désirer.

Jour 3. Dimanche 9 juillet. 15h48, au détour de la rivière

Le lendemain on se rend compte que la batterie de notre voiture est HS... Heureusement on parvient à redémarrer et on roule quelques kilomètres pour la recharger, c’est l’occasion de visiter le vignoble et les villages alsaciens, qui sont forts jolis. Quelques heures plus tard nous retournons vers la rivière pour se mettre à l’ombre, le soleil tape encore très fort (photo). Nous avions très envie de voir John Butler, mais à l’heure du goûter c’est beaucoup trop tôt. Les pieds dans l’eau, nous préférons profiter du rafraichissement, nous ne sommes clairement pas encore prêts à cuire pour un concert.

18H09, dernière montée

On gravit une dernière fois la colline de Chena, et on se dirige de suite vers un des deux points d’eau du Festival pour recharger nos gourdes. Il y a presque plus de queue ici qu’aux buvettes, le public est également plus familial, en témoigne les nombreux enfants présents ce dimanche. Il faut dire que tout au long du week-end, pas mal de spectacles d’art de rue étaient programmés, ce qui bien sûr ravi petits et grands festivaliers (photo). Notre premier concert de la soirée est celui d’Izïa. La chanteuse ne semble pas affectée par la mini polémique créée autour d’elle suite à ses propos sur Macron trois jours auparavant. Au contraire, elle est rayonnante, saute et danse partout, elle semble contente d’être ici et nous aussi.

21H04, on termine en fanfare avec Meute

Avant les derniers concerts, la faim se fait sentir et nous nous dirigeons vers les stands de nourriture qui se situent dans la même zone. Ce sont les bénévoles qui gèrent derrière chaque comptoir, les prix et les choix proposés sont corrects : frites, sandwichs, pâtes, plats vietnamiens, pizzas…et Flammekueche, bien entendu ! On se rabat sur cette dernière, c’est moins goûtu que le jarret que l’on s’est enfilé ce midi dans un Winstub (restaurant typique alsacien) non loin de là, mais c’est là où il y a moins d’attente, et on ne voulait surtout pas manquer une miette de Meute (photo). C’est toujours un plaisir de voir un concert de ce calibre au rythme du soleil couchant. La fanfare allemande sera la réelle conclusion festive de nos trois jours de festival, M83 dernier groupe se produisant au Décibulles étant un peu mou pour nous emmener jusqu’au bout de la nuit.

Le bilan

Coté concerts

Le bon délire :
Lorenzo, peut-être le concert sur lequel on a le plus chanté et le plus ri du week-end

Les show-men :
Airbourne, du bon hard-rock australien comme on l’aime

L’artiste prometteur :
Simony, un jeune rappeur dont le style hip-hop/electro nous a bien plu

La pile électrique :
Izïa, Madame 100 000 volts, plus à l’aise pour la chanson que pour les discours politiques

La valeur sûre :
Meute, idéal pour terminer un week-end en fanfare

Coté festival

On a aimé :

- Le cadre du festival, verdoyant, vallonné et vraiment magnifique
- Le large choix de bières artisanales sur tout le festival, plus de 50 !
- La programmation art de rue pour animer les coupures sur la grande scène
- La décoration et les illuminations une fois la nuit tombée
- La possibilité de remplir sa gourde aux points d’eau, même s’il en faudrait un peu plus, notamment sur le camping et surtout au parking camping-car, où il n’y en a tout simplement pas
- Le festival axé sur le développement durable : la vaisselle compostable, les éco-cups, les toilettes sèches…

On a moins aimé :

-…mais il y a encore un peu de chemin à faire, pourquoi ne pas proposer les toilettes sèches partout ? Et pourquoi ne pas proposer des éco-cups consignés ? Cela éviterait qu’ils jonchent le sol…même si là c’est le manque de civisme de certains festivaliers qui est à pointer
- La qualité et l’offre de nourriture assez décevante, surtout comparé aux buvettes
- L’excès de zèle d’un membre du staff et la gestion des parkings, il y a clairement eu un manque de communication entre bénévoles

Infos pratiques

Prix des boissons

- Bières : 3 à 4 euros le demi ; 6 à 8 euros la pinte
- Softs : 2 euros 50

Prix de la nourriture

- Américain : 7 euros
- Frites : 3 euros
- Flammekueche classique ou végé : 8 euros
- Pâtes : 6 à 7 euros 50
- Cuisine vietnamienne : 12 euros

Prix du festival

- Pass 1 jour 38 euros, pass 3 jours : 85 euros

Transports :

En voiture : 20 minutes de Sélestat, 50 min de Strasbourg, 1h30 de Nancy, 6h de Paris
- De nombreuses navettes gratuites sont mises à disposition dans les villages aux alentours de la Vallée de Villé et à la gare de Sélestat. D’autres payantes, sont mises en place à Strasbourg, Mulhouse et Colmar.

Conclusion :

Comme lors de la précédente édition, le festival a affiché complet : 32 000 festivaliers sur trois jours ! Et ça s’est ressenti ; le cadre a beau être idyllique, les mouvements de foule fluide et l’attente aux stands plus que raisonnable ; le site de la colline du Chena nous parait limité pour accueillir autant de monde et en profiter pleinement. Cela n’entache en rien notre week-end et le succès ce cette 29ème édition du Décibulles, qui a le grand mérite, d’être piloté par une association et de se reposer sur une organisation bénévole, à l’heure où de plus en plus de festivals sont gérés par de grands groupes. Pourvu que ça dure ! Bis bàll et à l’année prochaine pour les 30 ans !
 
Récit et photos : Josselin Thomas-Frémy et Fanny Thomas-Frémy