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Nout : “ Les tracks que je joue ont plus de 20 ans et je suis fier qu’elles fassent encore bouger les foules !”

Fondateur du collectif Heretik qui fête ses 26 ans, producteur de musique électronique depuis 1990 pour 150 tracks créées. Nous avons pris le temps de discuter avec lui avant son passage sur la scène du Festif L’art ! 

En quelle année as-tu découvert la musique électronique ? 

C’était certainement en 1993, c’était la Dance Music à l’époque. Je ne connaissais pas encore les rave ni le hardcore, je devais avoir 15 ans et j’écoutais ça sur Radio FG. J’aimais beaucoup, ça bougeait bien ! J’écoutais également des CD, avec les Techno Rave Party 4 les choses comme cela. 

Est-ce que tu te souviens de ta première soirée dans le milieu techno ? 

Je donne ma langue au chat ! (rires) J’en ai tellement fait que je ne me souviens plus de ma première soirée ! Je vais te dire la première soirée que j’ai organisée. J’étais en BTS, on a organisé une teuf avec un de mes meilleurs potes à Recloses à côté de Fontainebleau. C’était un village, on a ramené 6 KW de son. On a invité Jeff des Spiral Tribe et on a fait péter toute la nuit. Il y avait la police qui n’arrêtait pas de venir c’était du grand n’importe quoi. On était en 1995 et je me rappelle qu’on était annoncé à la radio et il y avait une vingtaine d’autres soirées techno ou rave dans la région parisienne en même temps que nous. C’était le début de la grande époque ! 

Et ta première scène ? 

En tant que DJ, je jouais dans toutes les teufs Heretik donc ça devait être la première, dans le Val-de-Marne en 1996. Ma première scène live, et bien je n’ai pas joué ! C’était au 287 à Aubervilliers. La production qui nous a invités ne nous connaissait pas trop, c’est juste quelqu’un qui leur a dit “Si tu veux faire 1 500 personnes, invite les Heretik”. Et je ne sais pas ce qu’ils ont fait, mais ils ont imprimé 1 500 billets… fois 2 ! Du coup il y a eu 3 000 personnes qui sont venues. Il y avait 1 500 personnes à l’intérieur et 1 500 dehors et ceux de dehors, tu les connais, ils voulaient entrer à l’intérieur. Ça a été chaotique, donc au moment où je devais jouer, les fêtards de dehors faisaient n’importe quoi, ils prenaient les barrières pour faire bélier sur les portes de sécurité…bref, ils ont dû arrêter la soirée. 

Jusqu'où ton collectif Heretik t'a-t-il emmené pour jouer ? 

On a joué au Liban, dans la vallée de la Bekaa, dans un hôtel tout neuf, 5 étoiles, avec 3 piscines et tout. On jouait là-bas en plein air, les personnes n’avaient jamais écouté de techno de leur vie et on leur balançait du Manu le Malin, mes tracks… C’était mortel, je n’ai pas dormi pendant 2 semaines !

Ce soir, tu joues après 69DB des Spiral Tribe, qu’est ce que ce collectif représente pour toi ? 

Pour moi, ce sont les instigateurs du mouvement free party, underground, sound system comme je le connais maintenant. Musicalement parlant, ils ont un style particulier et leurs fans les aiment pour ça !

Le Festif L’art a pour but de rendre la culture accessible à tous, est-ce que ce sont des valeurs que ton collectif et toi partagez ?  

Tout à fait ! On a été, comme tous membres de free party, à promouvoir la culture de la musique gratuite. Nous, maintenant, on est un peu détaché de la free party, on a décidé de passer à autre chose. Dans nos événements, on met du spectacle vivant, du mapping innovant. On adore les spectacles et les shows bien préparés.

Vous avez fait une grosse soirée à Paris il y a peu et c’était le mélange des générations. Il y avait autant de jeunes de 20 ans que de plus âgés de 40-50 ans. C’est quoi ton ressenti sur le fait de toucher un public aussi large encore aujourd’hui ? 

J’en suis très fier ! On est l'un des rares sound systems qui peut amener un public si hétéroclite. Tu peux demander à tous les quadragénaires qui sont en teuf Heretik, ils vont te dire qu’ils sont là, parce que c’est Heretik, sinon, ils ne sortent plus en teuf. Et les plus jeunes, sont curieux de voir ce que l’on fait et je suis super content que ça leur plaise même si ce n’est pas du mainstream techno ou hardcore. 

Est-ce qu’un festival Heretik est imaginable un jour ? 

Tu fais bien d’en parler ! Désormais, on ne passe plus par une agence de booking pour nos événements. C’est nous qui gérons tout, on se produit nous-mêmes ! On est en train de mettre en route quelque chose. L’événement que tu as vu à Paris, on va l’améliorer. Notamment avec un mapping que l’on a jamais vu autre part, qui se synchronise avec le son, on appellera le projet Word of Sound. Ça va vraiment avoir un bel effet je pense. Du coup, on proposera aux festivals directement une scène Heretik comprenant le mapping, nos artistes et les shows vivants. 

Un projet perso musical ou autre à nous dévoiler ? 

Je vais organiser en coproduction les soirées aux Menuires (ndlr : la station de ski) durant tout l’hiver prochain ! Sinon, je travaille sur un scénario de multiclip cinématographique qui sera une comédie musicale. Ça sera une production pour Heretik, il y aura tous les protagonistes du collectif dedans. Le pitch du court métrage, c’est qu’un groupe politique devient de plus en plus totalitaire, c’est-à-dire qu’ils mettent en place des lois liberticides. Petit à petit, ses habitants n'ont plus le droit de se réunir et ce groupe politique en vient jusqu’à interdire la musique... 

Pour finir, est-ce que tu as un petit mot à transmettre aux festivaliers du Festif L’art et à tous ceux qui viendront te voir jouer cet été ? 

J’espère que ça va vous plaire autant que ça a plu sur mes dates précédentes. La dernière que j’ai faite, ils ont adoré. Ils avaient les bras en l’air, ils connaissaient les tracks, ils étaient comme des fous ! Les tracks que je joue ont plus de 20 ans et je suis fière qu’elles fassent encore bouger les foules.

Interview réalisée par Nicolas Nourrit