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Mila Dietrich : "Mon festival se tiendrait en journée, dans une esthétique cyberpunk, avec des putain de scénos !"

Un esprit punk, une culture rave : la productrice de techno marseillaise Mila Dietrich fait un fabuleux crossover entre deux univers bien à part. Nous l’avons croisé au festival Reperkusound, à Lyon, à quelques heures de son set, et on a parlé de sa passion pour les concerts en journée (entre autres). 

Tous Les Festivals : Comment t’es-tu lancée dans le monde de la techno ?

Mila Dietrich : J’ai commencé la musique à la batterie quand j’avais une dizaine d’années. Pendant 10 ans j’ai été dans toutes sortes de groupes : rock, metal, punk… A l’époque je sortais déjà pas mal en festivals et en soirées techno en parallèle, et j’adorais cette musique-là. Ca m’a donné envie de m’y mettre pour faire mon son en totale liberté, sans être tributaire d’un groupe et devoir faire des choix qui ne sont pas forcément les miens. Mes premières dates dans des bars à Marseille, je ne savais pas vraiment mixer, je faisais de la selecta et c’est à force de faire des dates que j’ai appris à maîtriser les platines, alors que je faisais de la prod’ depuis un bon moment. 

C’est quoi la différence entre jouer en festival et jouer en club ? 

A mon sens c’est vraiment l’ambiance, le public. En club, c’est beaucoup plus dark, beaucoup plus deep, plus mental. Alors qu’en festival c’est beaucoup plus festif, plus convivial, tu peux aussi jouer en journée. Ce que je préfère c’est que sur certains festivals, ça mélange toutes les esthétiques. Tu peux jouer après un groupe de dub et avant un artiste de psytrance, et ça passe ! Il y a une espèce d’ouverture chez les gens en termes d’éclectisme musical. 

C’est quoi le premier festival que tu as fait ?

C’est quand j’étais ado, à Rock en Seine, et j’ai pu voir tous les groupes que j’écoutais : Placebo, Massive Attack, Trentemoller… Et tout d’un coup ! Pour moi c’était dingue de monter à Paris et de me prendre 10 ans de claques en 3 jours avec tout ce que j’écoutais. Et en tant qu’artiste, c’était le Festival 1001 Bass, à Saint-Etienne, en 2016. C’était super cool !

C’est quoi le meilleur festival que t’as fait ? 

Hmm… En ce moment j’aime bien l’Elektric Park ! Je l’ai fait deux fois, une fois en festivalière et une fois côté artiste et je m’étais bien marrée.  C’est en journée, ça mélange plein de styles d’électronique… 

Et le festival sur lequel tu rêverais de jouer ? 

Tomorrowland, sans hésitation, pour la symbolique ! Parce que ça représente tout un truc un peu scandaleux dans le milieu de la techno et à la fois ça me fait quand même rêver cet excès de mainstream, ces putain de scènes… Par contre j’irai jamais en tant que public, si j’y vais, c’est pour y jouer. 

Il t’est déjà arrivé des trucs improbables en festival ?

Bah déjà quand je suis tombée de scène en faisant mes balances, sur l’un des premiers festivals sur lesquels j’ai joué, le Son Libre, c’était déjà pas mal… Ou cette autre fois où j’arrivais avec ma sœur en voiture, sur un autre festival, dans la même veine. On était complétement perdues, on n’avait pas les bonnes indications sur la route, et on était grave à la bourre. Y’a des festivals qui sont vraiment perdus dans la cambrousse ! Mon set est censé avoir commencé depuis déjà un quart d’heure, en arrivant je sais même pas où on a foutu la voiture, limite devant la scène… On court, les orgas me jettent sur la scène et bam, je dois jouer direct. C’était un peu le stress, la montée de scène la plus speed de ma life (rires)

Si tu pouvais monter ton propre festival, ce serait quoi ton line-up de rêves ? 

Deadmau5 parce que je ne l’ai toujours pas vu, et pourtant j’adorerais. Il a toujours des shows avec des lumières de dingue, ça doit être assez malade. Ensuite les Kills parce que je les aime d’amour. Et Rammstein, parce que c’est un truc de ouf. Ça fait un bon éclectisme ! J’aimerais que le festival commence en journée, que ce soit dans une esthétique cyberpunk, plein de métal, du feu, avec des putain de scénos ! Et on y mélangerait des esthétiques toujours un peu dark/hard mais en faisant des ponts entre rock, metal et tout le spectre de l’électronique. 

C’est quoi la chanson que t’as en boucle en ce moment dans les oreilles ? 

Là, depuis hier, c’est « Wow. » de Post Malone, que je vais essayer caler dans mon set ce soir. Pas en version remixée, en version originale. On va voir ce que ça donne !

Qui est-ce que tu vas voir ce soir au Reperku ?

Je pense que je vais pas mal zoner ce soir. J’ai vu Joris Delacroix, tout à l’heure, que je n’avais pas vu depuis des années. C’est l’un des artistes avec lesquels j’ai commencé quand j’ai fait mes premiers festivals, quand j’étais ado. Ça faisait drôle, il a rejoué de vieux tracks, c’était chouette pour le début de soirée de le réécouter ! J’espère voir Dombrance également, son électro-politico-gaucho, ça marche bien par les temps qui courent. Neelix également qui a toujours une superbe énergie sur scène !

Propos recueillis par : Anja Dimitrijevic