Interviews
Isaac Delusion “Tu nous trouves une tente au camping, on s’installe direct !”

Voici un groupe qui a le vent en poupe. En pleine explosion avec leur premier album éponyme, Issac Delusion démultiplie leur potentiel sur scène. Ballades aériennes, pop voyageuse et folk ensoleillé, c’est l’un des groupes à ne pas rater cet été. On a rencontré aux Charrues Loïc et Jules, les créateurs du groupe. 

Tous les Festivals : Le deuxième week-end de juillet était un gros morceau pour vous : Dour le jeudi, Montreux le vendredi et les Vieilles Charrues le samedi. Trois dates d’affilées dans trois pays différents, comment avez-vous abordé ça ?

Jules, clavier et basse : Entre nous on appelait ça le triangle des Bermudes : trois jours, trois pays, 3 000 km. On s’y préparait un peu et ça s’est super bien passé.

Loïc, chant et guitare : Le gros kiff !

Jules : En plus on a eu aucun problème alors qu’on en a eu quelques uns ces derniers temps. Tous les éléments étaient réunis pour que ça se passe très bien.

Loïc : C’est magique franchement. On s’en rappellera dans quarante ans en se disant putain j’ai fait ça quand j’étais jeune ! J’ai enchaîné les festivals Dour, Montreux et les Charrues.

C’était votre seul week-end où vous enchaîniez trois dates cet été ?

Jules : Non ça fait un an qu’on tourne bien, après on a jamais eu trois dates d’affilées aussi grosses, énormes et prestigieuses. Mais on a déjà eu des semaines, des dix jours de beaux enchaînements de concerts de ce type. En tournée aux Etats-Unis, il y a deux ans, on avait fait un mois de concerts à la suite.

Les Américains sont déjà fans de vous alors ?

Jules : A la base ce n’est pas forcément une demande de la part du public. On a des partenaires là-bas qui ont beaucoup aimé ce qu’on a fait, dès le début de la sortie du premier EP. Ils ont tout fait, avec notre manager Antoine, pour nous faire venir. Et en parlant de festival on a fini là-bas par le South by southwest à Austin nous donnant un aperçu de la folie que c’est.

Il y a une vraie différence entres les festivals aux États-Unis et ceux en France ?

Jules : Franchement on était vraiment dans le jus donc on a pas vraiment profité du festival, et ça faisait un mois qu’on tournait donc dès qu’on avait un moment de libre, on dormait !

Loïc : C’était l’enfer, c’est un festival de business. Tous les pros se réunissent dans ce festival, des groupes jouent partout. On a joué cinq fois dans la même journée et encore on a été ménagé comparé à d’autres, on voyait des mecs en pleurs. En France on a une musicalité, c’est un cérémonial d’aller voir un concert. Au États-Unis c’est dans leur culture, c’est normal d’avoir un groupe, c’est normal de savoir faire de la musique. A partir de ça, ils vont à des concerts comme nous on va en boîte de nuit. Ils y vont pour boire des coups, c’est tellement naturel chez eux, ça devient banal. Au festival South by southwest, tous les pro se donnent rendez-vous là, et vont voir vingt minutes chaque groupe, ils finissent la journée en ayant vu trente. Du coup, c’est hyper cruel.

Jules : Là-bas il n’y a pas d’exception culturelle, c’est à la sauvage. Les musiciens peuvent  jouer dans plusieurs groupes à la fois et avoir un boulot en plus sur le côté. Il n’y a pas d’intermittence, c’est à la dur.

Loïc : Après quand tu vois ce qui en ressort, ce sont des musiciens incroyables. Il y a un culte du son de plateau.

Jules : Ouais c’est vrai, il n’y a jamais de balance, tu arrives tu joues c’est tout.

Loïc : D’un autre côté c’est vachement enrichissant et formateur.

Entre Dour, Montreux et les Vieilles Charrues vous avez senti une différence ?

Jules : Le lieu joue pas mal, à Dour on était sous un chapiteau, à Montreux on était dans un salle et aux Charrues on était en plein air. Rien que ça, ça change tout au niveau de la scène, du son. A Dour il y avait plein de monde et c’est restreint à cause du chapiteau. Aux Charrues, il y avait des gens à perte de vue. Ce ne sont pas les mêmes sensations non plus puisque sous un chapiteau ça résonne, et nous donne l’impression que le public est plus chaud. Tandis qu’en plein air les gens ont beau crié, ils ne peuvent pas nous faire mal aux oreilles, ils sont trop loin de nous.

Loïc : On a l’impression, par rapport à Dour, que les Charrues c’est plus une ambiance familiale. Il y a des enfants, des ados, des mamies. Dour c’est plus un public de d’adolescents un peu défoncés et très très chaud.

En fonction de la scène qui vous accueille vous modifiez les balances ?

Jules : En soit on n’a pas vraiment le temps de faire des balances en festival. Mais on change le set, fatalement vu qu’on a pas les mêmes durées de show. Ça bouge tout le temps, et en fonction du public on est plus ou moins dedans, c’est vraiment un échange.

Et ce concert des Vieilles Charrues ça s’est passé comment au niveau de l’échange avec le public ?

Jules : Plutôt bien

Loïc : C’était incroyable ! (rires). La Bretagne en plus c’est un peu chez moi, on était vraiment à donf.

A part le fait que tu t’appelles Loïc tu viens d’où en Bretagne ?

Loïc : En fait c’est pas tout à fait vrai. En réalité je suis seulement d’origine bretonne après est-ce que ça suffit pour dire que je suis breton ? Je ne sais pas. Mais Breton un jour Breton toujours. C’est juste que c’est le meilleur public au monde. Il y a une chaleur. En comparaison avec Montreux en Suisse c’était cool mais les Suisses ont une manière différente d’apprécier notre musique. C’est un public plus sobre.

Jules : Après il faut préciser le cadre, Montreux est un festival de jazz, donc c’est encore un autre public, plus âgé, qui est habitué à écouter du jazz.

Loïc : Mais nous c’est du Jazz qu’on fait ?

Jules : Oui, c’est vrai il y a un côté jazz !

Selon le pays le public ne dégage pas la même atmosphère ?

Jules : Carrément, par exemple les Belges sont complètement fous.

Loïc : Ils sont bourrés à 15 heures avec pas mal de drogue dans le sang.

Jules : Un peu comme les breton en fait ?! (rires) Enfin pour l’alcool surtout !

Vous avez le temps de profiter des festivals après vos concert?

Jules : Entre Dour et Montreux, c’était impossible, on a dormi sur la route. Pareil de Montreux à Carhaix, c’était dix heures de van. On partait pour faire de la route sans pouvoir profiter des concerts des festivals où l’on avait joué. Là aux Charrues on est tranquille on rentre demain. Le seul truc embêtant c’est que l’hôtel est à une heure d’ici !

Vous devriez venir vous installer au camping !

Jules : Je te jure, tu nous trouves une tente on s’installe direct. J’ai tellement envie de rester.

Vous faisiez des festivals avant d’être Isaac Delusion ?

Les deux : Ouais !

Jules : On allait au Furious Sound Festival, à Paris, tous les groupes qu’on aimait y passait comme Asian Dub Foundation.

Loïc : Perso j’étais déjà venu aux Charrues, pour aller voir Bruce Springsteen. Sauf que l’ami avec qui j’étais, on se défonçait pas mal, du coup à chaque chanson de Bruce c’était la même. Après la suite du festival je ne m’en souviens plus trop... (rires). C’est mon seul souvenir des Vieilles Charrues.

Jules : Sinon on a fait les Solidays. Il y a plein de truc à Paris. Et autrement quand j’étais en Australie il y a plein de festival Trans là bas c’est dingue. En France ceux qui écoutent de la Trans c’est que lors de Freeparty, il n’y a pas de festivals vraiment.

Malheureusement beaucoup ont été annulés, comme le Hadra Trance ou le World Trance cette année ...

Jules : Là-bas les festivals de trans sont énormes, avec plusieurs millliers de personnes. Il n’y a surement pas de festival aussi gros que les Solidays pour la trans en France. Après en Australie ils ont plus de place. Il ont un festival qui s’appelle le Rainbow serpent qui est devenue une institution.

(Le concert de Prodigy commence à côté de l'endroit où se déroule l'interview)

Bon, on va se dépêcher de finir !

Jules : Pour tout le monde ça sera mieux. Donc la Trans c’est super, les festivals aussi, bonne soirée ! (rires)

Une dernière question avant de partir à propos du Main Square où vous êtes apparus comme par magie le jour même dans la programmation.

Jules : C’est cadeau.

Loïc : C’était incroyable. J’étais chez moi en train de faire du son en caleçon. Mon tourneur m’appelle me dit « Mec ! on joue au Main Square bouge ton cul on part dans une heure». J’ai tout mis en boule dans ma valise. Il faisait une canicule de dingue, on devait jouer à 21h30, on est arrivé à 21H25 à Arras. C’était un peu la panique. Et là je lève la tête et je vois tellement de gens.

Le public attendait Georges Ezra, comment vous ont-ils reçu ?

Loïc : Ça s’est super bien passé quand même. On a beau dire, c’est hyper compliqué de remplacer un mec comme ça, et au final on ne s’est pas fait hué, à aucun moment. Les gens étaient chauds.