Interviews
Barcella : «À tous les festivaliers, surtout restez curieux et solaires»

Si le festival de la Magnifique Society nous a permis de découvrir des artistes aux horizons divers et variés, il a aussi donné une place importante à la scène locale en programmant notamment un des plus fidèles représentants de la scène musicale rémoise : Barcella, qui, malgré une notoriété dépassant les frontières champenoises, reste très impliqué dans la vie culturelle de sa ville natale. C’est donc avec une certaine curiosité que nous sommes allés à la rencontre du chanteur pour parler de son rapport aux festivals, quelques heures avant son concert.

Bonjour Barcella, tu es Rémois. A ce titre quel rapport entretiens-tu avec ce festival de la Magnifique Society ?

Barcella : C’est déjà un rapport de fidélité avec l’équipe puisque c’est l’équipe de la Cartonnerie (ndlr : la Scène de Musiques Actuelles de Reims) qui a monté le festival, et moi je suis un peu un enfant de cette structure puisque lorsque j’ai gagné le DSAR (Dispositif de Soutien aux Artistes Régionaux) il y a 10 ans, j’ai gagné un accompagnement de carrière que j’ai pu faire avec la Cartonnerie. C’est vraiment une petite famille, il y a beaucoup de copains avec un rapport très simple et assez lumineux, j’aime bien bosser avec des gens qui sont capables de réinventer l’espace et de se donner les moyens de leur ambition, ce festival de la Magnifique Society est un beau symbole de tout ça. On a créé un festival aussi ensemble qui s’appelle le Charabia Festival qui est autour de la Chanson.

TLF : Tu peux nous parler un peu plus du Charabia Festival ?

Barcella : Oui c’est un festival qui a lieu pour la troisième fois cette année à la Cartonnerie, uniquement autour de la Chanson Française et de la poésie, du 27 novembre au 2 décembre avec une journée spécialement dédiée aux petits. On a des artistes comme Gaëtan Roussel, Dominique A, Feu Chatterton, Gaël Faye en programmation tout public et on a aussi un projet pédagogique avec le collège Saint-Jean-Baptiste de La Salle autour du répertoire de Jacques Brel, puisque cette année c’est les 40 ans de sa disparition. On espère aussi organiser un concert à l’hôpital pour enfants de Reims.

TLF : Il y a quelques temps encore on parlait beaucoup de l’émergence de la scène musicale rémoise, notamment de la scène électro-pop. Est-ce que tu te sens impliqué dans ce « courant » ?

Barcella : Je me sens complètement dans la famille musicale rémoise, après je ne fais pas d’électro je ne suis pas dans la même vibe mais j’apprécie ce que font ces artistes que ce soit The Shoes, Yuksek, Brodinski, Alb ou encore les Bewitched Hands à l’époque…

TLF : Vous vous connaissez tous ?

Barcella : On était quasiment tous au lycée ensemble, on a le même âge, donc bien sûr on se connaît, on se voit depuis des années. Qu’on ne fasse pas la même musique ne nous empêche pas d’avoir des affinités.

TLF : Tu pensais quoi d’Elektricity, le festival qui précédait la Magnifique Society ?

Barcella : C’était super intéressant et monté en grande partie par la même équipe, je trouvais ça très chouette d’investir le parvis de la Cathédrale, ça donnait un côté complètement céleste au centre-ville et à la musique. C’est un festival qui a fait son temps. Je me rappelle d’une des premières éditions où on avait assisté à un concert à la piscine Talleyrand, à l’intérieur, ils avaient complètement vidé le bassin, c’était il y a quinze ans et il y avait déjà de la suite dans les idées, il y avait un certain culot, une forme d’ambition dans la manière de proposer les concerts. Je pense que la Magnifique Society est la continuité de ce qu’Elektricity avait amorcé, après si ils ont eu envie de changer de nom, de créer quelque chose de nouveau c’est leur histoire ! En tous cas j’ai profité des deux et je suis ravi que ces festivals aient pu ou puisse encore exister.

TLF : Pour toi qu’est-ce qui est le plus important en festival ?

Barcella : Le plus important dans un festival c'est l'éclectisme, le fait de proposer des artistes différents à chaque fois et le côté familial aussi J’apprécie de pouvoir venir avec les enfants, les parents, d’avoir 3-4 générations qui vont se mettre au même endroit, ici par exemple il y a un côté très champêtre et super sympa avec le parc  (ndlr : Parc de Champagne où a lieu le festival Magnifique Society) et puis on peut partager quelques chansons, quelques verres ensembles…c’est un peu la même ferveur que l’on retrouve dans les stades tu vois, quand on est tous derrière une même équipe on a le sentiment d’être tous là derrière l’amour de la musique. Et puis il y a la fierté d’être à Reims, qui est une ville jeune, qui se bouge et qui se donne les moyens de ses ambitions.

TLF : C’est particulier de jouer ici du coup ?

Barcella : Oui c’est une émotion toute particulière effectivement, dans la mesure où c’est un public qui nous a vu naître. On a rempli 7 ou 8 fois la grande salle de la Cartonnerie, donc c’est bien de proposer un rendez-vous autre part pour se renouveler un petit peu. Tout à l’heure il y aura 5 000 ou 6 000  personnes dont énormément qui connaissent mes chansons donc oui c’est particulièrement touchant d’avoir cette ferveur populaire dans la ville où je suis né.

TLF : Est-ce que tu as un souvenir de festival à partager ?

Barcella : Il y en a plein ! Mais il y avait justement un joli souvenir à la Cartonnerie, pour mes 31 ans. Je jouais le jour-même de mon anniversaire et je n’étais pas au courant mais les gens de l’organisation avaient écrit une chanson sur un air que j’avais composé tout en réinterprétant les paroles et l’avaient distribué aux gens à l’entrée. A un moment du concert, quelqu’un lève une feuille de papier et d’un coup il y a 1 200 personnes qui lèvent la même feuille, donc je vois plein de « Joyeux Anniversaire Barcella » et dans le même temps ma pianiste se met à jouer un morceau qui n’est pas sur la set-list, je me demande ce qu’il se passe…et là tout le monde prend sa feuille et me chante la chanson. Je ne savais pas où me mettre, j’avais la larme à l’œil, c’était super touchant. Une fois aussi aux Francofolies de La Rochelle on a joué un 14 juillet et le feu d’artifices s’est déclenché alors on est restés sur la scène pour le regarder, c’était un bon moment.

TLF : un petit mot à adresser aux festivaliers ?

Barcella : Restez curieux et solaires. C’est les deux choses importantes dans la vie. Curieux car tout reste à découvrir et solaire parce que c’est dans la joie qu’on découvre le mieux l’univers qui nous entoure. Et puis Champagne !

Propos recueillis par Josselin Thomas
Crédit photo : Fabien Espinasse