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En 2018, les inégalités des genres en festival sont encore très présentes

En mai dernier, le magazine Pitchfork publiait une étude sur les inégalités des sexes dans la composition des festivals en 2018. Programmation entièrement masculine pour certains, redondance des têtes d’affiche pour d’autres... le bilan fait mal.

Fondé en 1995 dans la ville de Chicago aux Etats-Unis, le magazine Pitchfork s'est s'imposé comme la référence américaine des médias de la musique indé. Depuis maintenant plus de deux décénies, Pitchfork aboube ou non les jeunes talents et lancait en 2006 son propre festival, le Pitchfork Music Festival. Avec plusieurs cordes à son arc, le magazine à su régir sa popularité par ses nombreuses études hyper référencées touchant au monde de la musique. Cette fois-ci, en ont pour leur grade les festivals. Constat. 

Si les têtes d'affiches influencent fortement le nombre de places vendues lors d'un festival, l'éthique et les valeurs qu'il véhicule n'en restent pas moins primordiales. En vue de l'enquête de nos confrères américains, décus sommes nous de constater encore en 2018 le fossé, le gouffre, l'abîme qui creuse les inégalités des genres dans les compositions des festivals. Pour cette étude, Pitchfork s'est basé sur un quota de 1000 artistes jouant lors de 20 des plus grands festivals multi-genres de l'année. 

En 2018, 70% d'hommes ont été programmés dans des festivals contre seulement 19% de femmes. Et même s'il est vrai qu'on constate une hausse de 4% des femmes entre 2017 et 2018, soyons honnêtes, il n'y a pas de quoi rendre à Simone Veil ses lettres de noblesse. Face à l'évidence il semble invraissemblable de penser qu'en 2017, pas un seul festival n'a atteint le seuil du "fifty-fifty" entre hommes et femmes. Et pourtant. On se demande alors où est passé le temps où Woodstock voyait naitre en lui l'ère de la liberation de la femme et de l'égalité des sexes. Lollapalooza, Sasquatch, Boston Calling, ou encore Bunbury n'ont aucune femme dans leur programmation. Toujours selon Pitchfork, certains genres musicaux seraient spécifiques à certains sexes, et l'électro, l'indie et le hip-hop verraient depuis quelques années une hausse d'interprètes féminins. Le rock et la pop, malgré une vague d'artistes féminins français, resteraient en revanche très masculins. Argument beaucoup trop faible pour légitimer des festivals uniformément genrés, Pitchwork annonce malgré tout que la parité entre les sexes sur les festivals devrait se concrétiser à partir de 2022 : et on a hâte de voir ça ! 

Autre point crucial d'un festival pas comme les autres : l'unicité. Les squatteurs de festivals comme on aime à les appelers'immiscent de part et d'autres des plus grands festivals de l'Hexagone. Mais quand tu as vu Bigflo&Oli faire leur show pour la 56e fois de l'été, l'envie est presque inévitable d'aller vers des terres inconnues. On préviligiera alors des festivals à taille humaine, plus intimiste et authentique. « S'il y a un dénominateur commun entre l'équilibre entre les sexes et les données sur l'unicité, c'est que les petits festivals ont tendance à faire mieux sur les deux. Cette dynamique suggère ce qui pourrait être le plus gros problème avec la scène du festival moderne: les événements qui peuvent se permettre de prendre les plus grands risques - ceux qui se vendent ou se ferment avant que leur line-up ne soit même annoncée - souvent ne le font pas. » Vous l'aurez compris, un bon festival ne se base pas seulement sur le nombre d'hectares disponibles pour l'occasion, ou sur le quota d'artistes au budget pharamineux prévus en tant que têtes d'affiche. Être festivalier est une expérience qui necessite à la fois de voir de la musique que l'on aime, mais surtout de pouvoir l'apprécier dans un cadre en accord avec nos valeurs et nos principes. 

Pour plus de détails, rendez vous sur l'enquête complète réalisée par Pitchfork Magazine