Interviews
Verveine : “La France commence petit à petit à m’ouvrir ses portes”

Ne vous y trompez pas, nous n’avons interviewé aucun lobbyiste pro-tisane. Nous sommes simplement allés découvrir qui se cachait sur scène derrière cette voix féminine habitant l’obscurité et mélangée à des mélodies synthétiques. Accent suisse, sourire aux lèvres, nous avons rencontré Joëlle pour discuter de son projet Verveine.

On commence seulement à te découvrir en France. Peux-tu nous expliquer ce qu’est Verveine ?

C’est un projet de musique électronique solo, un projet hardware car je n’utilise aucun ordinateur, uniquement des machines, des synthés, ma voix et un looper. Je suis attirée par l’aspect analogique des instruments. Cela fait 5 ans que je travaille sur ce projet, j’ai sorti un premier mini album il y a un an et demi qui s’appelle Peaks, et puis à partir de ce moment là ça a pas mal bougé, en Suisse d’abord, et la France commence à petit à petit à m’ouvrir ses portes

Au départ vous étiez deux dans ce projet, sur une musique différente ?

Ca date ! Le tout premier projet scénique c’était un duo folk, garage et rock, car c’est là d’où je viens. Et petit à petit je me suis retrouvée seule, je ne voulais pas abandonner ce projet, parce que je l’avais directement pensé comme une activité que j’avais envie de développer. Je ne me suis pas arrêtée là dessus, et c’est en étant seule que j’ai intégré l’électronique en fait.

Et comment on passe du rock garage à l’électro harware ?

Ca n’a rien à voir oui. On va dire que j’étais la chanteuse dans ce duo. J’utilise ma voix, j’aime bien et j’avais envie d’aller un peu au delà. A la base j’avais le piano et la voix comme deux instruments, donc je me destinais plus à la chanson dans un genre plus folk. J’ai préféré rajouter de la difficulté.

Comment tu t’es approprié les machines ?

Ce fut un énorme boulot, c’est trois ans d'entraînement, et quelque part je suis assez nouvelle sur cette scène et néophyte sur l’électro. La méthode que j’utilise c’est la méthode artisanale ou old School, et je suis loin de tout connaître

Tu as fait deux ans d’histoire de l’art. En quoi cela a joué dans le travail autour de ton projet ?

La scène que je fréquente, c’est des artistes de tout horizon qui ont des pratiques autres que la musique. Depuis le départ Verveine c’est un projet que j’ai pensé comme “aux frontières de”. Je collabore avec pas mal de personnes qui sont dans l’art visuel, dans l’art plastique, dans la vidéo. Du coup, je ne mets pas de limites à ce qu’est Verveine, pour le moment c’est de la musique, et après on verra.

Pour parler festivals, tu as fait les Transmusicales l’année denrière. Tu gardes quoi de cette expérience ?

C’est marrant, je pense que je n’avais pas trop conscience de ce qu’étaient les Transmusicales. C’était super, j’étais hyper surprise en bien de la retombée médiatique de mon passage là-bas, et franchement j’ai trouvé ça vraiment bien.

Beaucoup de groupes nous parlent des Trans comme un deuxième passage du bac. Tu n’a pas ressenti cette pression ?

C’est clair que je n’ai pas fait le live le plus détendu de ma vie. Mais c’est bien de se tester dans toutes les positions. Je me suis un peu rendue spectatrice de moi-même aux Trans car j’étais dans la maîtrise. Je ne suis pas allée jusque dans mes tripes.

Les portes des salles françaises se sont ouvertes après ça ?

Il y a eu plusieurs facteurs, les Transmusicales ont bien fait avancer les choses et j’ai une agence de booking en France donc cela ouvre des portes aussi. J’avais également participé à l’Opération Iceberg il y a deux ans, qui est un ensemble de concerts et résidences d’artistes qui permettent de découvrir et rencontrer d’autres gens, et favoriser l’échange franco-suisse.

Comment s’annonce ton été de festivals ?

C’est encore un peu flou. J’ai beaucoup de choses jusqu’en juin. Et surtout en Suisse.

Toi en festival qu’est ce que tu préfères, la grande scène tout public ou le festival le plus spécialisé où tu te retrouveras plus dans ton genre musical ?

Je ne vais pas parler en termes de public, mais je suis plus à l’aise sur des scènes à taille humaine, pour l’instant. Je n’ai pas vraiment d’aprioris ni de préférences.

Ta musique tu l’as déjà jouée en extérieur, en après-midi ? Est-ce qu’elle s’adapte bien à ce contexte là ?

J’ai déjà joué en fin d’après-midi, tout dépend du contexte. Mais je ne pense pas que ce soit une excellente idée de me faire jouer l’après-midi. Je te dirais que ce n’est pas non plus une bonne idée de me faire jouer à 20h30. Ce n’est pas ces horaires-là où je me sens le mieux. Et le public n’est pas du tout hyper réceptif à ce que je fais. A partir de 22h c’est bien, et jusqu’à 8h du matin ! (rires)

Toi tu as des souvenirs comme festivalière, de l’autre côté de la barrière ?

Ouais bien sûr ! A la base j’ai grandi à Montreux, et là-bas c’est le Montreux Jazz festival : c’est un évènement assez emblématique qui a marqué mon enfance. Après je préfère les salles de concert. Ce qui m’ennuie c’est la manière dont on consomme la musique en festival.

Il y a d’autres festivals en Suisse que le Montreux Jazz dont tu pourrais nous parler ?

Il faut savoir qu’en Suisse, il y a à peu près un ou deux festivals par lac, donc vu qu’il y a plein de lacs, il y a plein de festivals ! (rires) C’est marrant d’observer ça, il y a eu l’Electron à Genève en avril, et puis à la fin du mois de mai il y a le Bad Bonn Kilbi festival, l’un des meilleurs en Suisse avec une programmation pointue. Je ne vais pas m’étaler trop mais allez vous renseigner !

Et en Suisse, est-ce que tout le monde écoute Déjeuner en Paix de Stéphane Eicher toute la journée ?

Haha, question bête réponse bête, non ! Il y a une scène artistique hyper dense, hyper bien, ça bouge à fond, il y a plein de salles à l’année, il y a un milieu alterntif hyper fleurissant, et il y a plein d’endroits où tu achètes ta canette 1 balle et tu fais la fête. Je suis maintenant basée à Bruxelles, mais la Suisse entre ses lacs et montagnes, c’est vraiment beau, et cela fait vraiment du bien d’y retourner ! (rires)

Festivals à venir : Art Rock le 22 mai, Plissken Festival (Athènes) le 6 juin

Propous recueillis par Morgan Canda