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Grand Blanc “Le mec en string avec un drapeau breton ? Tu ne dois jamais disparaître !”

Musique intense, passionnée, poésie française aux sonorités sombres et mystiques, Benoit, Camille, Luc et Vincent sont Grand Blanc, et vous allez les croiser sur votre route cet été. Ces bosseurs dans l’âme ont hâte de (re)découvrir les grandes scènes des festivals, à la recherche d’une musique la plus parfaite possible. Cannettes de Kro ouvertes et cigarettes allumées, en piste. 

Tous les festivals : La première fois qu’on vous a croisé en festival, c’était du côté des Transmusicales à Rennes en décembre dernier. Pour vous c’était un tremplin, une sorte de rampe de lancement ? Comment l’avez-vous abordé ?

Luc, rythmique et synthé : C’était quelque chose de très important, une première énorme scène, avec des gens qui sont là pour toi. Forcément cela a été un tremplin pour nous, scéniquement comme professionnellement. T’apprends beaucoup de choses sur des grosses scènes, notamment gérer un public de 4000 personnes.

Ca vous a demandé beaucoup de préparation ?

Benoit, textes, chant et guitare : Niveau technique oui. On avait la chance d’avoir un tourneur avant les Transmusicales, on a bossé pour amener le son au niveau, beaucoup avec notre ingénieur du son. Il faut être crédible. Au début on le vivait comme un aboutissement, un examen, et quand c’est arrivé on s’est lâché et surtout on s’est mis à kiffer. 

On a lu un article sur Brain, votre expérience des Transmusicales racontée par votre manager Yannick. Est-ce que vous êtes d’accord avec tout ce qu’il a dit ? François Hollande, les tétés de Marion Cotillard ?

Luc : Il nous connaît par coeur !

Vincent, basse : On est surtout d’accord avec les tétés de Marion Cotillard

Benoit : On le soutient à fond dans son sens de l’humour qui nous sauve au quotidien

Dans cet article, il parle de Grand Blanc comme des "autistes". Sympa de sa part !

Benoit : C’est une blague entre nous. On fait de la musique depuis longtemps ensemble, et dans un autre projet plus acoustique, on avait gagné un tremplin de festival à Metz. On devait faire notre bio, on trouvait bizarre de se présenter à la troisième personne. Du coup les mecs avaient dit qu’on était des autistes reclus. C’était positif de leur part. Et c’est resté, car quand tu te fais clasher avant même d’avoir fait ton premier concert, ça reste ! Mais on travaille vachement là-dessus, on raconte des blagues dans le micro et au bout d’un moment être trop fermé cela va bien à notre musique, mais on essaye de trouver un équilibre entre notre son et une chaleur. Et faire la gueule ça sert à rien !

Niveau festival, vous êtes encore au stade de la découverte. Vous n’avez pas encore eu l’occasion d’y jouer énormément ?

Camille, chant et synthé : On est petit, on est encore jeune. Là ça arrive bientôt, on va en faire pas mal. On va aussi travailler pour ça car faire des festivals c'est autre chose que de jouer dans des salles de concert. C’est énorme, les gens passent. C’est un public plus dur à attraper, on ne suporterait pas très bien si des gens se barraient au bout de dix minutes. On va rebosser notre set pour le rendre plus patate.

Vous avez joué au Jardin du Michel l’année passée. C’était comment ?

Benoit : (rires) Hum … Question suivante !

Vincent : Ca s’était un peu mal passé, on avait eu des problèmes techniques. Les gens sortaient du concert d’Alice Cooper et ils ont vu un groupe avec des problèmes techniques puis ils se sont tirés.

Benoit : On a eu qu’un festival l’année dernière, et on se disait pas qu’on était trop jeune. Et on en a fait un, et on a vu qu’on l’était. Et quand t’as un problème technique tu peux difficilement faire des vannes dans un micro pour t’en sortir. En l’occurence ma gratte était montée à 50 degrés dans le van puisqu’il faisait un caniar pas possible, j’ai pété deux cordes en un concert et je n’avais pas de deuxième guitare. Il y a eu un blanc de 5 minutes entre la première et la deuxième chanson. Dans une salle les gens vont boire des coups, à la limite tu fumes une clope. Dans un festival, ils vont boire des Ricard au camping.

Vous êtes plutôt anxieux ou revanchards de retrouver les festivals en extérieur ?

Camille : Je ne sais pas si on peut dire revanchard ou anxieux, mais on est juste confiant. C’est un autre exercice, on l’a jamais fait. On va faire plusieurs sortes de festivals, notamment des gros, même si on peut pas encore vous dire lesquels ! On va donner un petit coup de peinture à notre set et essayer de s’amuser le plus possible !

Benoit : Le coup de peinture, on le donne pour les festivals, mais ce qui est motivant c’est qu’il nous permet de penser notre musique autrement. On a eu quelques expériences de grosses scènes au Bataclan (Ndlr : en première partie de Fauve), il y avait des soirées ou ça marchait, d’autres qui ne marchaient pas. Avoir un rapport avec un gros public c’est incroyable, et il faut du temps dans la musique et de la chance pour l’avoir. C’est juste génial et indescriptible.

Pas encore beaucoup de festivals côté scène, mais vous avez été des festivaliers de l’autre côté de la barrière ?

Luc : Le seul festival que j’ai fait comme festivalier c’est Rock en Seine. On peut pas dire que je suis un vrai festivalier. J’ai jamais pris ma tente et compagnie. Alors que tous mes potes, c’était Solidays les trois jours.

Vincent : Je l’ai fait plein de fois. Et je suis allé au Sziget aussi, ca c’était bien, c’était une expérience marrante, je l’ai fait quand j’étais jeune.

Benoit : Faut pas perdre tes potes !

Vincent : On était parti en tour d’Europe, et on y était allé pour la semaine en camping. On a décidé d’y aller à 21 ! La journée on buvait des coups à 14h, à 16h on essayait d’aller à des concerts, à 17h j'avais perdu tous les potes sauf un, et le reste de ta soirée tu la passes à essayer de le garder histoire de ne pas te trouver tout seul. C’est une semaine en dehors du monde. Effectivement tu ne te laves pas beaucoup, faut aimer le côté un peu crado.

Camille : Je n’ai pas été à beaucoup beaucoup de festivals dans ma vie. J’ai préféré arpenter des salles parisiennes. Par contre j’ai taffé pour La Villette Sonique en stage, j’avais fait la com’ du festival. C’était marrant de voir ça de l’intérieur, c’est assez tentaculaire comme machin en fait. C’est le rush tout le temps, pendant plusieurs jours d’affilés. 

Vous avez déjà commencé à faire votre liste pour vos demandes spécifiques de nourriture et boissons en prévision des festivals ?

Camille : Justement à la Villette Sonique on se marrait trop avec les ridder des artistes, c’était n’importe quoi. Certains artistes demandent des trucs de folie, comme Beyoncé qui veut que ses loges soient remplies de roses. Il y en a aussi qui demandent de la daube, c’est le darkside que tu peux pas trop écrire sur le ridder, mais qui fait faire de allers et venues pas possibles à des gens qui ne prennent pas forcément de la daube (rires)

Luc : Nous on demande pas grand chose, on aime bien avoir des trucs locaux en bouffe.

Camille : On est content quand il y a des bières et au moins la bouteille de whisky qu’on demande. Si, notre manageur demande des Oreo.

Benoit : Gâteaux type Oreo ! On n’est pas compliqué. Après on a un régime spécifique parce que notre manager est allergique aux oignons, et ça ne passe jamais. Et je lance un appel, l’allergie aux oignons existe bel et bien, c’est pas une blague, et un jour vous allez buter notre manager !

Luc : On veut quand même des plats chauds.

Camille  : Et on est content quand on a du fromage local !

Benoit : Grave ! Faudrait le noter en gras ça !

Hormis la bouffe, si vous aviez un festival à créer, vous feriez quoi ?

Benoit : On était au Génériq il n’y a pas longtemps, c’est une région proche de la nôtre, la Lorraine, et j’ai trouvé que la manière dont le festival était foutu ça fait bouger la région, tu as des concerts WTF à 18H dans un temple, et lendemain on était dans une salle cool type Point Ephémère.

Vincent : C'est des festivals qui se passent dans plusieurs villes, qui prennent en compte toute une région.

Camille : Si je pouvais en créer un, je ferais truc du style Camp Cosmic, c’est de la néo-disco genre Torde Terje avec 500 personnes sur une île au large de la Suède, parmi les conifères. C’est des mecs un peu pétés qui kiffent la science-fiction et la disco en 2015. Tout le monde campe au même endroit, il y a un lac, c’est un peu un truc de hippie.

Luc : Moi je ferais tout dans un aéroport. J’avais une autre expérience de festival, le Berlin festival, tout se fait dans des avions et sur le tarmac.

Benoit : Niveau prog’ j’aime bien les trucs un peu mélangés, entre connu et plus spécialisé. Un mix entre le gars en haut qui va faire un hit et les 500 autres qui restent en bas. Et le festival permet d’assembler le haut et le bas. Je ferais ça parce que c’est pas cool d’inviter Torde Terje et pas ceux qui font de la néo-disco dans leur chambre.

Des artistes très connus ? Tu inviterais Black M et Calogero ?

Benoit : Black M non, Calogero non. Voilà !

Camille : Mais ils ne font pas de néo-disco !

Vincent : Sans doute dans leur chambre ! (rires) D’ailleurs pleins de gens font du Black M dans leur chambre.

Camille : Les gens chantent du Calogero dans leur douche aussi.

Luc : Je suis un naze mais je ne sais pas qui c’est Black M.

Vincent : L’ancien de Sexion d’Assault !

Luc : Mais c’est pas Maître Gims ?

Benoit : Non ils sont plusieurs ! (rires) Et arrêter de programmer les cinq mêmes artistes partout, même si ce sont des têtes d’affiche, juste programmer des gros différents partout. Ca serait pas mal.

Vincent : Comment il s’appelle le groupe qui fait tous les festivals ?

Les 3 autres en choeur : Shaka Ponk !

Vincent : Voilà si on peut éviter de les avoir dans notre festival, on évitera !

Benoit : Au fait, le mec en string qui se balade en festival avec un drapeau breton, continue, tu ne dois jamais disparaître. Partout, dans tous les pays, dans tous les continents.

Parlons de votre ville de Metz pour terminer, donnons envie aux gens de venir là-bas écouter de la musique !

Camille : Déjà tu as le TGV ! Si tu as une carte 12-25, tu peux t’en tirer pour 25 balles pour 1h20

Vincent : Moins de 24 ans le Centre Pompidou c’est gratuit !

On peut parler du FC Metz ou c’est un sujet qui fâche ? (NDRL : Le club de football de Metz est actuellement dernier du championnat)

Vincent : C’est la grosse loose.

Luc : En début de saison on y croyait, on était heureux, mais là c’est la désillusion. C’est le fond du panier.

Benoit : Pour revenir à la musique, venez aux Musiques volantes, vers octobre novembre. On a vraiment un bon festival. Il y a deux salles à Metz, une vieille abbaye... Pour écouter du son c’est bien. On a un gros label, la Grande triple Alliance International de l’Est, avec Scorpions Volants, les Dreams, Fealing of Love, on a beaucoup de groupes. Venez !

 

Grand Blanc, à retrouver en festival : Nouvelle(s) Scène(s), Assis … Debout!, This is not a Love Song, Nuits Botaniques, Art Rock. D’autres dates à venir.