On était à
Festival Reperkusound: un I Love Techno entre Saône et Rhône

Le weekend de Pâques, les amateurs de basses et d'électro cherchent leurs œufs du côté du Reperkusound. De Parov Stelar à Salut C'est Cool en passant par Camo & Krooked, Vandal et Fakear les cloches ont été généreuses pendant trois jours à Lyon. Retour sur la 9ème édition.

Jour 1. 22h00, Un trajet ambiancé

Partie intégrante d'un festival, le trajet annonce souvent la couleur. A Lyon, c'est à la station de tramway Charpennes que tout commence. Point de réunion des festivaliers qui viennent majoritairement en transport en commun, l'arrêt se transforme vite en joyeux bordel et on se demande encore comment un si petit espace peut tenir autant de monde. Ville de foot oblige, les "qui ne saute pas n'est pas lyonnais" pleuvent ! Mise dans l'ambiance assurée.

23h15, Tour d'horizon pendant KKC Orchestra

Comme chaque année il faut créer ses repères. Pas grand-chose de changé depuis l'an dernier, après la queue et les fouilles on découvre un vestiaire qui n'est pas pour nous déplaire. En haut c'est KKC Orchestra qui chauffe le plublic massé devant la scène pendant qu'on passe faire un tour sur la minimal de Mark Henning (photo). Le côté underground Berlinois du Dj est parfait dans cette salle aux allures de club d'allemagne de l'est. Musicalement, on n'est pas étonnés qu'il ait joué l'an dernier au Panorama Bar dans la capitale allemande.

00h30, les maîtres de l'électro swing entrent en scène

Tête d'affiche de la soirée et du festival, c'est avec impatience qu'on se retrouve très vite devant The Parov Stelar Band (photo). Cela sera notre seul concert en entier de la soirée: vu le programme des deux autres jours on s'économise. Comme cet été à Pukkelpop le Dj est en retrait, laissant dans la lumière les instruments accompagnant la voix de Cleo Panther. Un show électrique, des tubes à gogo qui swinguent, c'est bien le Parov Stelar qu'on connait qui est à Lyon. On prend véritablement notre pied aux versions live de Catgroove et The Invisible Girl. On ne voit rien passer, le show est parfait, il est plus de deux heures et on a pris notre claque de la première soirée.

Jour 2. 23h30, la guerre des bars a commencé

Deuxième jour et rituel déjà installé : on se dirige vers le bar prendre notre première pinte pour quelques "Mediatunes", monnaie du festival. Arrivé à celui du bas, on se rend compte qu'une guerre acharnée a démarré. "En bas on ne crache pas dans la bière", "En haut les bières sont coupées à l'eau", voilà ce qu'on peut lire au-dessus des tireuses. Dans un soucis d'investigation nous avons essayé d'en savoir plus, malheureusement c'est la loi du silence, personne n'a souhaité nous répondre. On se consolera avec nos pintes.

00h40, le show drum de la soirée

Camo & Krooked (photo) avait été un des concerts de nos dernières Transardentes en janvier, c'est donc avec beaucoup d'impatience qu'on retrouve le duo et Mc Wrec sur la scène du haut. Un show drum and bass puissant, quelques pointes de trap sans trop en abuser, les autrichiens déroulent les pistes sans erreur avec une parfaite maitrise à quatre mains. Un dj set de qualité accompagné parfaitement par un Mc affuté. L'an dernier le live de Netsky avait mis une claque drum au Double Mixte, cette année au tour de Camo & Krooked de mettre ce style à l'honneur.

2h00, entre didgeridoo et beats techno

Après la drum, la trance ! Changement radical de style, Hillight Tribe (photo) nous fait profiter de sa maitrise du didgeridoo. Des sons entrainants, un beat trance accéléré, on revient deux ans en arrière à l'occasion du septième Reperkusound. Sauf que cette année, la techno minimal  de Worakls dans la salle du bas nous tire des percussions et du didgeridoo. Des sonorités minimales entraînées par des basses ronflantes, c'est un set de qualité que le jeune dj a produit. En pleine tournée européenne, Worakls enchaine les dates (Panormas, Reperkusound et DGTL Festival d'Amsterdam) et cela n'est pas prêt de s'arrêter au vu de sa prestation maitrisée.

3h30, la claque Salut C'est Cool !

Il est 3h30 et la salle du haut est pleine à craquer. Le message est passé très vite, Salut C'est Cool (photo) est le groupe à ne pas manquer ce soir. Punchline assassines "Qui fait du quarante dans la salle ?", paroles de chansons éfficaces "Interdit de jouer au foot au boulot", "Salam aleykum kum, c'est le kiff dans le club du désert" et beat trance, la salle devient très vite un magnifique bordel où tout le monde chante, pogote et danse. Rapidement le groupe fait monter une partie du public sur scène, c'est du grand n'importe quoi et on adore ça. La fatigue commençait à se faire sentir, mais avec une dose de Salut C'est Cool on est reparti au bout de la nuit !

5h30, déjà 5h30 !

Après un show complètement déjanté, la lourde tache de clôturer la soirée revient à Vandal (photo) sur la Secret Stage, scène que l'on découvre pour la première fois du weekend (notre corps n'ayant pas tenu si tard la veille). Dans la continuité des beats trance de Salut C'est Cool, le Dj perché à plusieurs mètres de haut a parfaitement maîtrisé sa Raggatek pour nous offrir un final de toute beauté. Un samedi épuisant mais intense ou l'on n'a pas vu le temps passer. On est prêts pour le troisième et dernier jour !

Jour 3. 23h45, le voyage Fakear

On arrive tard, un peu avant minuit. Le dernier jour est toujours celui ou la motivation est la plus difficile à trouver. On arrive tout de même à temps pour le concert qu'on ne voulait surtout pas rater : Fakear (photo). Le jeune caennais ne nous a pas déçu. Enchaînant ses morceaux qui tournent en boucle dans nos Ipods, Morning In Japan et le remix de Sleepless pour ne citer qu'eux, le jeune Dj nous a emmené dans son univers ou chaque titre est un voyage. Nous sommes restés en apesanteur pendant plus d'une heure. La redescente sur terre se fera salle du haut avec un des concerts les plus attendus du weekend.

01h50, la décéption Klangkarussell

On en attendait trop de Klangkarussell (photo) et on s'était surtout trompé en écoutant les différents mix disponibles des deux djs. Loin d'être le set ensoleillé et estival auquel on s'attendait, c'est un groupe platines-batterie-basse qui débarque sur scène. Scéniquement on n'est pas loin de la version live de Digitalism, la pêche des deux allemands en moins. En effet à aucun moment nous avons été emmené par le groupe comme il a su le faire avec son morceau Sonnentanz. Orienté rock et influencé techno et minimal, le set reste néanmoins de qualité avec une bassiste motivée et un batteur en furie. 

03h00, Saxo et performance

Déçu par Klangkarussell, on décide de se consoler dans la salle du bas avec Klingande. Sur le chemin on croise un artiste (Gaets du studio wonderland)  en train de réaliser une performance sur plexi (photo). Aussi présents depuis pas mal d'années, collectif SMICARTS habille parfaitement la salle, au même titre que tout le travail réalisé par XLR Project pour le Vjing. A peine le temps de s'attarder sur les fresques qu'on se laisse entrainer par le saxophoniste de Klingande. Entre leurs tubes, Punga et Jubel, et les remixs de Milky Chance ou Tom Odell, on passe une heure trente estival au son du duo français. Point positif : l'utilisation avec parcimonie du saxophone qui a tendance à agacer en cas d'abus.

05h00, nos dernières doses de bass 

Après trois jours les forces font défaut. On se dit qu'on va profiter de Fukkk Offf avant de terminer le festival. Sauf qu'une rumeur court et elle nous fait monter très vite les marches du Double Mixte. Orelsan et Gringe des Casseurs Flowters sont venus en invités surprise avec Dj Pone pour la dernière partie de son set. Une très belle surprise avant de lâcher nos dernières forces sur Mr Oizo (photo). Même si la nonchalance du personnage ne nous plait que très peu - avec en prime une cartouche de cigarettes grillée en moins d'une heure - il faut reconnaitre que Quentin Dupieux cartonne ! Ses tubes intergénérationnels, Flat Beat, Vous êtes des animaux et le dernier en date Solid avec Marylin Manson, ont fait bouger le Double Mixte jusqu'à la fermeture. Une très belle clôture, il aurait été difficile de faire mieux.

Côté concerts

La claque
Salut C'est Cool, ils ont retourné le Double Mixte.

La valeur sûre
The Parov Stelar Band, probablement le plus beau show du festival.

La confirmation
Camo & Krooked, toujours au niveau.

La découverte
Fakear, jeune et talentueux on le suit depuis quelques temps, il prouve sur scène le bien qu'on pense de lui.

La surprise
Les Casseurs Flowters sur scène avec Dj Pone, on ne s'y attendait pas !

La déception
Klangkarussell, malgré le très bon show on ne s'attendait pas à ce type de prestation.

Côté festival

On a aimé :

- La guerre entre les deux bars: bon enfant c'est révélateur de l'ambiance qu'il y a dans ce festival
- Le vestiaire géré par une équipe souriante même à 6h30 matin
- L'effort d'aménagement de la salle du haut avec une partie "chill-out"
- Les navettes de bus vers le centre de Lyon pour prendre le relais des tramways

On a moins aimé :

- Les longues minutes d'attente aux toilettes du haut
- Les escaliers vite saturés même si on est loin des problèmes de gestion des flux d'il y a deux ans qui ne sont maintenant que de mauvais souvenirs.
- L'offre de restauration restreinte

Conclusion

Avec une programmation de haute volée le Reperkusound est le rendez-vous printanier des amateurs d'électro-techno et autres dérivés dans la région Lyonnaise. Dans une salle sans charme et à l'acoustique difficile, l'équipe du festival arrive à maitriser et aménager le lieu parfaitement pour proposer trois jours de concerts dans un confort amélioré chaque année. Trois belles soirées qui nous ont fait passer un agréable weekend de Pâques.