On était à
Festival Chorus, La Défense qui danse Part 2.

A peine le premier week-end terminé, nous étions de retour à la Défense pour la suite du Festival Chorus. Après y avoir passé un agréable moment agrémenté de soul, RnB et hip hop, c’est cette fois dans un univers davantage tourné vers l'électro parsemée de musique du monde et de dub. Cocktail tropical explosif !

Jour 1. 12h25, casse-croûte musical

Quoi de mieux que quelques concerts pour digérer son plat du midi ? C’est le concept du festival qui propose des lives gratuits tous les midis de la semaine. Nous avons d’abord eu le droit à quelques balades de Vianney (photo), avant de croquer dans les chansons de Nach. Deux moments attendrissants avec un public attentif même si peu réceptif. Bon seul problème, pas possible d’amener sa bouffe dans le Magic Mirror.

Jour 2. 19h46, sans voix mais pas sans talent

Comme un vrai rush d'afterwork du jeudi, c'est encore une marée de costards cravates qu'on doit esquiver en débarquant sur l'esplanade de la Défense à l'heure de l'apéro. Contrairement à l'année dernière, il n'y a pas d'attente à l'entrée. Déjà pas mal de monde est regroupé sous le Dôme pour le concert d'Ez3kiel (photo). Le début du live manque de punch et nous rappelle davantage une pub pour 4x4 à gros budget que ce qu'on a l'habitude d'entendre de ce groupe qui connaît bien la scène. Mais heureusement, au fur et à mesure que l'on découvre les sublimes détails de leur scénographie homemade, le rock se garagise et leurs envolées instrumentales grincent de plus en plus fort pour notre plus grand plaisir.

20h42, des petits nouveaux qu'on écoutera en boucle

Traditionnellement, le dernier jeudi du Chorus rime avec l'annonce des gagnants du Prix Chorus, le dispositif de repérage de jeunes talents annuel du festival. Les gagnants de l'année dernière, Feu ! Chatterton, ont cartonné depuis alors il ne faut surtout pas louper la cuvée 2015. Les groupes jouent chacun 2 morceaux chacun pour se présenter avant l'annonce du grand gagnant, rien de mieux pour découvrir leurs univers respectifs.

C'est Bloum (photo) qui ouvrent le bal. Pas trop de surprise sur ce front-là, on avait déjà croisé ces petits magiciens de l'électro à la flûte enchantée à Niort il y a deux semaines. Une pause de dix minutes s'impose entre chaque groupe pour permettre de mettre la scène en place et c'est Oldelaf que le festival a choisi pour meubler ces pauses. Merci à lui d'avoir fait un effort pour tenir le public occupé, mais pour l'humour, on repassera... Le deuxième groupe qui passe se soir s'appelle Alpes et vient du sud. Une rencontre suspecte entre Arctic Monkeys et Pulp Fiction par quatre petits jeunes qui se retrouvent désormais sur notre liste de personnes à suivre de près.

21h23, And the winner is...

Le troisième groupe à prendre la scène c'est Cotton Claw (photo), un de nos gros kifs du Nordik Impakt 2014, qui font enfin bouger les popotins ce soir au Chorus. En même temps, il est difficile de ne pas avoir des fourmis dans les jambes et le fessier qui vous travaille à la moindre mélodie des 4 beatmakers qui scratchent sur leurs pads comme tu frottes ton canapé ikea blanc quand un pote renverse du vin rouge dessus en soirée. La transition est surprenante avec le son déjà hyper pointilleux, mais bien moins dansant de Ropoporose. Des frangins qui cartonnent et qui réussissent à produire une quantité impressionnante de sons avec deux instruments. Agua Roja nous fait moins d'impression avec une pop quelque peu passe partout mais tout de même une chanteuse à la voix déjà bien mûre. Enfin, c'est N U I T qui donneront la note finale avant l'annonce des gagnants avec une musique parfaite pour des ébats endiablés. Mais pas forcément sur la piste de danse. Enfin, c'est vous qui voyez. Sans grande surprise, Oldelaf nous dévoile que les grands gagnants, c'est Cotton Claw. What else !

22h48, 2manydjs, un peu too much vanité ?

Après un passage à la tireuse de Kro précieuse à 7,50€ et une bien jolie longue queue pour un tour aux WC, toujours en petit nombre et plongés dans la pénombre, on rejoint la grande salle du Chorus, le Dôme, pour le tant attendu set de 2manydjs (photo). C'est un peu avec surprise que nous découvrons un set bien plus pop et mainstream que d'habitude qui débute avec … Plastic Bertrand. Les parrains de la scène électro belge ne se donnent visiblement pas trop de mal ce soir sur la scène du Chorus et vont même jusqu'à se faire servir une glacière de champagne derrière les platines... Ça virerait pas un peu David Guetta cette histoire quand même ? Dommage de finir la soirée sur cette note-là, très différente du reste de la programmation.

Jour 3, 19h45, soirée disco chez Chorus

Sous la pluie battante du mois de novembre … ah non, avril, nous rejoignons à nouveau le Dôme, ce soir totalement vide, à l'exception d'une horde de collégiens surexcités qui sautillent et courent dans tous les sens. Ils ne prêtent pas trop attention au trio italien chevelu sur scène, à savoir JoyCut, leurs doubles percussions piquantes et une new-wave électronique qui donne la patate. La suite se passe sous le magnifique chapiteau du Magic Mirror, à deux pas de la grande salle où nous découvrons le concept de la jeune Verveine (photo). Des mélodies de soirée lounge beach bar et une voix qui s'envole avec la brise estivale … mais on n'est pas dans un transat les pieds dans le sable sur une île des Cyclades mais bel et bien à Paris où il pleut des cordes ce soir, alors le sex on the beach vire vite au vinaigre et on s'ennuie ...

21h18, de Puteaux à Rio

La suite est bien plus prometteuse et nous fera définitivement oublier les intempéries du weekend. Sous le Dôme, les quatre hyperactifs d'Isaac Delusion auront besoin de tout au plus 5 secondes pour nous faire shaker nos booties. Leur son surfe sur la même vague tropicale et acidulée que le concert précédent mais cette fois-ci l'esplanade de la Défense se transforme bel et bien en plage des Caraïbes et son arche en cocotier géant. Les collégiennes ont entamé la chenille dans le public, les pintes auraient presque le goût de ti punch et, cerise sur la Margarita, il n'y a pas que les instruments qui sont plaisants à regarder sur cette scène.

Et on est pas prêt d'arrêter le bootyshake parce qu'on enchaîne avec une découverte explosive : Alo Wala (photo), une M.I.A. danoise de son propre genre, une ambiance « ça bouge ses sseufs », des beats frôlant le Major Lazer et un Magic Mirrors en chaleur, même qu'on a vu un bout de téton sur scène. C'est officiel, la Défense a perdu toute sa pudeur. Pari réussi !

22h58, la fièvre du vendredi soir

Elle nous avait un peu déçu à Rock en Seine l'été dernier, mais ce soir la magie opère décidément sur tout le monde. La Roux (photo) a elle aussi laissé sa timidité et ses maladresses au placard ce soir et se donne à cœur joie pour un concert qu'on aurait aimé apprécier plus longtemps encore. Le public a visiblement fait le déplacement pour elle et c'est un grand moment d'émotion quand on découvre lors des applaudissements finaux qu'Elly Jackson... sait sourire ! On a besoin de se détendre un peu les jambes après tant de swing mais au Chorus il n'y a pas vraiment d'endroit au sec où passer un moment plus calme et reprendre ses esprits.

Tant pis, on traîne pas plus longtemps sous la pluie, et on rejoint le collectif parisien La Mamie's que l'on a davantage l'habitude de croiser en soirée plutôt qu'en festival et pour cause. Un peu étrange de se trouver devant une scène où une bande de copains Dj défilent un à un pour passer le vinyle de leur choix. Une sélection pas très stratégique pour terminer la soirée du vendredi et donner la pêche à une horde de gens qui rentrent du travail, on préfère les revoir dans l'intimité des petits clubs de Pigalle qu'ici.

Jour 4. 19h15, un début en beauté

On commence ce deuxième jour sous un Magic Mirror déjà rempli, une première pour cette saison du Chorus. Et ce n'est pas surprenant, Thylacine est là, armé de ses pads et de son saxo, pour nous envoyer son électro progressive qui nous fera bouger jusqu'à la dernière note sans trop de problèmes. On enchaîne avec Den Sorte Skole qui nous emmène aux quatre coins du monde avec une musique expérimentale et envoûtante. Un petit bémol pour leur manque de visuels, la dernière fois qu’on a croisé le groupe l’expérience était bien plus prenante, d’où notre exigeance.

On continue avec l'ovni de la soirée, CHASSOL. A l’arrière plan, des vidéos dont le son n’avait pas été supprimé, mettent en scène des chanteurs, des musiciens ou encore des fanfares complètes venues du monde entier et on se laisse transporter du côté d’îles paradisiaques grâce au show complexe du pianiste compositeur. Une performance en live plus qu'un simple concert, on apprécie tout en nous interrogeant sur ce qu'on vient de vivre.

21h45,  les Pays-Bas et l'Afrique du Sud fusionnent

Changement radical d'ambiance, après la douceur de CHASSOL, Skip & Die (photo) mettent le bordel dans la grande salle. Cata.Pirata, la chanteuse aux dreadlocks de princesse, se donne à fond sur scène, enchaînant danse, ou plutôt sauts dans tous les sens, chant et passages dans le public. Malgré l'ambiance nous sommes peu conquis, beaucoup de bruit pour peu de musique. Il faut dire que ce soir le niveau sonore de la grande salle à grimpé de quelques décibels ce qui fait qu’on a du mal à apprécier la musique pleinement. On quitte donc la grande salle pour aller voir Kate Tempest sur la petite scène. L'Anglaise de 29 ans est venue ce soir nous livrer son flow à travers un hip-hop poétique et entraînant. On se laisse porter, on en profite assis. Parfait pour se ressourcer avant LE grand nom de ce soir.

23h15, entre douceur et violence

On décide de quitter le Magic Mirror un peu plus tôt et sur la route on croise les membres de Skip & Die, sous le chapiteau avant la grand scène, dansant avec les festivaliers, original ! Mais ce soir, c’est Rone (photo) le boss. Le français va nous mettre claque sur claque durant tout son live. Tout est réussi dans ce cocktail mêlant scénographie imposante avec un DJ booth placé en hauteur et sa musique violemment douce. En admirant le maître là-haut devant ses platines, on se laisse porter par sa musique électronique venue d'une autre planète. Le temps passe sans que l'on s'en rende compte, c'est déjà la fin et pourtant on aimerait que cela continue une bonne heure encore. Dix petites minutes de pause avant de finir la soirée avec Yuksek qui nous balance un bon petit dj set sans chichis comme on les aime. C'est propre, ça bouge, c'est funky, le top pour une fin de soirée réussie !

Jour 5, 16h23, les chocolats de Pâques rasta vibration

C'est le grand retour du soleil et on flâne un peu sur le parvis de la Défense avant de gagner l'enceinte sombre et enfumée du Dôme où l'après-midi gratuite du Chorus se termine avec Le Peuple de l'Herbe (photo) et des beatbox incroyables qui nous laissent sans voix. L'herbe, il n'y en a pas que dans le nom du groupe ici et on n'a jamais vu le Chorus aussi ambiancé dès l'après-midi ! Le public est plutôt jeune et branché sur Jah mais on nourrit un respect éternel pour quelques papis babos qui n'ont plus un cheveu sur le caillou mais encore blinde de « ridim » dans les genoux. Impossible de ne pas être tout de suite de bonne humeur, et ça n'a rien à voir avec les vapeurs d'origan dans la salle.

18h25, l'envolée africaine du dimanche

On s'attendait au vu de la programmation à voyager aujourd'hui et pourtant on se prend tout de même une claque au Magic Mirror avec la prestation de l'adorable Pierre Kwenders (photo), un jeune Canadien d'origine congolaise qui mélange musique traditionnelle africaine à une pop-électro mystique mais acidulée et qui sait choyer son public. Décidément, cette salle enchanteresse nous fait passer de l'autre côté du miroir à tous les coups. Le public est lui, visiblement conquis, mais n'est pas encore tout à fait prêt à se déhancher sans raison.

Le concert suivant continuera donc sur cette note de douceur du public avec Nneka, la chanteuse de soul nigériane et allemande, suave comme un nuage et à la voix hyper puissante, mais qui branche davantage les couples qui s'enlacent amoureusement que nous-mêmes. En revanche, si vous avez envie de revoir le concert à distance, aucun problème ! On ne voit presque pas la scène tant il fuse de Snapchats à tout va...

20h29, une fin de festival faya burning

Ça se passe le mot dans le public, c'est au tour d'un 'ancien' de passer sur la petite scène du Magic Mirror. Vous l'aurez compris, on n'est pas des grands amateurs du monde musical de Jah, mais tout conseil est bon à prendre et visiblement ce live n'est pas à rater ce soir. Ça se sent d'ailleurs dans l'ambiance, le petit chapiteau se transforme une fois de plus en piste de danse estivale et ça se déhanche sensuellement les yeux fermés au son de la voix parfaite de ce grand monument jamaïcain, Clinton Fearon, et ses musicos du Boogie Brown Band. Le reggae mon frère, le vrai !

Pour nous, la soirée va se terminer avec le live de Biga Ranx (photo) très attendu et pourtant plutôt décevant. Le public du premier rang change radicalement entre ces deux concerts, perdant une vingtaine d'années et se féminisant drastiquement. Un live sans trop de surprises, mis à part éventuellement la guest appearance de Big Red de Raggasonic pour une chanson. Le plus français des Jamaïcains a certes une voix complètement bluffante et étonnante et un charisme certain mais on s'attendait à bien plus de feux d'artifices pour le grand nom de la soirée. On est très déçu et on opte pour le RER A plutôt que pour le closing avec Asian Dub, c'est pour vous dire.

Côté Concerts

La claque
Rone, du haut de son trône, il nous enseigne comment se déroule une vraie soirée électro.

Le cocktail détonnant
Isaac Delusion, sortez les bikinis, ça va chauffer.

La découverte
Alo Wala, une nana qui sait imposer son style en toutes circonstances.

La déception
2manydjs, on ne sait pas vraiment qui se fait trop vieux dans cette histoire...

L’affaire à suivre
Cotton Claw, des scratchs sur des pads qui promettent un bel avenir musical.

Le gars sûr des platines
Thylacine, le seul à avoir rempli le Magic Mirror à 19h.

Côté festival

On a aimé :
Le prix (très) correct des billets d’entrée.
Un line-up passé au peigne fin, comme toujours.
Des groupes en compétition pour le Prix du Chorus au top du top.
Le Magic Mirror dans lequel on aimerait pouvoir bootyshaker toute l'année.

On a moins aimé :
Les jeux de lumière sous le Dôme qui cachent l'artiste et nous brûlent la rétine.
Encore et toujours, ces fichus prix des consommations et le manque de restauration. Zut. 
Il n'y a aucune autre activité dont on peut profiter pendant les pauses et aucun endroit où se poser tranquillement pour se reposer. Dommage.
Pas possible d’y entrer avec son repas du midi pour la pause déj et profiter des concerts gratuits… On ne comprend pas la logique.

Conclusion

Le Chorus fait partie du genre de festivals dont la programmation ne nous parle pas trop au départ mais qu'on est bien content de découvrir chaque année. Entre le Prix Chorus et les groupes dont on entendra très certainement parler à partir de cet été, les petites pépites dénichées à l'autre bout du monde et des valeurs sûres mais pourtant peu programmées ailleurs, ici la sélection est éclectique et on en prend plein les oreilles. Une parfaite mise en bouche pour l'ouverture de la saison des festivals 2015 !  

 

Récit d'Anja Dimitrijevic et Kilian Roy
Photos de Kilian Roy et Morgan Canda - Festival Chorus 2015