On était à
Premier week-end au Chorus : festival de banlieue chic parisienne

Le Chorus n’est pas le festival typique où on se roule dans la boue pendant 3 jours. Au contraire, vous allez y croiser des traders en costard-cravate qui sortent tout juste du 56e étage d’une des tours de La Défense. Ceci étant dit, il n’a pas grand-chose à envier aux festivals «champêtres» : une programmation pointue, un public de rêve, un cadre bien atypique … Du 28 mars au 5 avril, le Chorus ouvre la voie de la saison des festivals !

Jour 1. 19h35, Lancement des festivités

Alors que s’ouvre devant nous une queue traversant quasiment tout le parvis de la Défense, on entend au loin les premières notes de la musique onirique de Bachar Mar-Khalifé (photo). Heureusement, l’organisation est bonne, l’entrée est fluide et nous arriverons quand même à la moitié du concert de cet artiste tant attendu et qui décidément, ne déçoit jamais.

21h20, Soirée musique du monde

On poursuit cette belle promenade musicale avec le concert d’Ibrahim Maalouf qui nous apprend la mélodie de sa chanson « Beyrouth ». Malheur à celui qui ose discuter pendant la chanson, il sera châtié par les fans dans le public. Le prochain concert ne sera pas moins haut en couleurs : en effet, c’est l’excentrique Magic Malik (photo) qui prend possession de la petite scène, le Magic Mirror. Une voix rappelant Pharrell Williams et une flûte magique au bec, il nous coupe le souffle avec son « growl » (à savoir, un procédé vocal et sonore, très apprécié dans le jazz, qui exprime un grognement, comme ceux d’Armstrong).

22h40, la soirée bat son plein (ou pas)

Après un petit quart d’heure de repos sur les bancs installés entre les deux salles à siroter notre précieuse bière qui nous aura coûté les yeux de la tête (7€50 avec la consigne), nous allons écouter le grand nom de la soirée : FFF. RAS, le funk, pour nous, c’est toujours aussi chiant. Et puis en plus « faire du bruit pour les quartiers populaires » à deux pas de Neuilly-sur-Seine, on a un peu de mal … Heureusement, Ibibio Sound Machine (photo) et leur splendide chanteuse pailletée nous emmèneront par la suite très loin au rythmes afro-beat- disco-funk groover sous les cocotiers. La soirée se termine par le Dj Set du groupe lyonnais de dub High Tone, dans un nuage de substances illicites. Nous avons loupé la distribution de pilules qui rendent joyeux et ne faisons pas long feu entre les gens désarticulés … mais heureux !

Jour 2. 21h12, Let the rock n’ roll begin

Après avoir loupé Griefjoy que nous n’aurions pas eu la patience de revoir quelques mois après leur passage aux Aventuriers, nous découvrons les super rockeuses punchy de Toybloïd (et leur batteur souriant) qui nous rappellent quelque chose à mi-chemin entre the Yeah Yeah Yeahs et Le Tigre. Le public est déjà chaud et la jeune chanteuse sait bien faire le show. Mais la véritable claque de la soirée vient des londoniens aux sons rockabilly de The Jim Jones Revue (photo) Leur musique et leur énergie débordante nous entraînent dans une danse effrénée, vous savez le genre de danse où vos pieds vous emportent sans vous avoir demandé votre avis. Seul hic, l’ingénieur lumière est parti prendre l’apéro, du coup c’est surtout l’ombre du chanteur qu’on voit, mais qu’importe, c’est pas un défilé de mode.

22h35, Quand l’ambiance retomba

Après le live de Kid Wise, groupe d'indie pop à l’hipsteritude lycéenne dégoulinante mais dont le résultat n’est pas si mauvais que ça, Babyshambles (photo) et leur anti-charismatique Pete Doherty prennent les rennes du Dôme. Nos oreilles saignent un peu sous les faussetés de sa voix. Le public chantonne le refrain en chœur mais le chanteur s’en tape pas mal. Bien que ses musiciens soient très bons, nous optons pour une précieuse bouteille d’eau à pas moins de 3€ avec la vue imprenable sur l’arche de la Défense. L'esthétique, ça se paye !

00h10, La fin de soirée explosive

La qualité de la programmation ne manquera pas de se rattraper en fin de soirée pour notre plus grand plaisir. C’est ainsi que nous découvrons les jeunes et beaux-gosses de Sarah W Papsun (photo, prononcer Sarah dabeul-illou papseunne) qui après avoir déchaîné la Maroquinerie quelques jours plus tôt avec leur électro-pop pétillante, perdent 90% de l’eau de leur corps sur la petite scène du Chorus. C’est le coup de foudre musical, on aurait aimé que l’orga les laisse jouer encore un peu, genre 2 ou 3 heures. Pour clôturer la soirée, les marseillais de Nasser envoient leur électrorock instrumentale pour les courageux qui n’ont pas lâchement poursuivi les derniers métros (sachez que le dernier était à 1h41, bande de nazes). Un beau jeu de lumières et une excellente façon de terminer un samedi soir.

Jour 3. 18h36, une mise en bouche rêveuse

On entame le dernier jour du premier weekend avec la jeune brindille aux lèvres pulpeuses londonienne, Findlay, qui parle de boire du gin sur des sons très rock et une voix déjà bien posée. Un peu timide, elle ne manquera pas de faire des compliments sur la beauté du public mais manque de pot, pas beaucoup de ‘brittanophones’ à bord. Too bad. Dès les dernières notes, la foule se précipite sous le Dôme en poussant des petits cris de plaisir pour Milky Chance au son desquels on se réveillerait bien tous les matins. Une musique qui se mange sans faim, mélodieuse et entraînante, parfaite pour se détendre entre deux concerts de rock.

20h48, le retour du rock

C’est bien beau de rêver mais il va falloir se défouler aussi un petit peu. Pas d’inquiètudes, les Kid Karate et leur humour irlandais sont là pour vous servir ! Un look Nirvana, un son sans chichis : une batterie et une guitare accompagnées d’un son tout puissant. D’ailleurs, le chanteur-guitariste a l’air tellement sympa qu’on irait bien prendre quelques Killkennys avec lui après le live. Mais pas le temps, les guitares de Skip the Use (photo) retentissent déjà sous le Dôme et c’est à nouveau la course pour ne pas louper le début du prochain concert. Rien à redire, une prestation excellente du début jusqu’à la fin, à déguster sans modération.

23h45, comment finir un dimanche soir en beauté

Mais ceux qu’on attendait réellement toute la soirée, arrivent en dernier. C’est les bon copains complètement tarrés de Salut c’est cool (photo) qui déclarent l’ouverture de leur « soirée saveurs » : distribution de menthe, fleurs, bonbons, babouches et morceaux de chemise tout le long du concert et gros pogo sur le son techno de La Purée. Parfois on ne sait pas si les artistes sont sur scène ou dans le public, c’est une joyeuse marrade ou tout le monde se fait des câlins et chante « merci nature d’être là, super sympa ». On est morts de rire et crevés à force de sauter dans tous les sens. Moral reboosté à bloc pour la semaine qui commence !

Photo de Skip de Use par Wily Labre (CG92)
Photos d'Ibibio Sound Machine, Bachar Ma-Khalifé et Magic Malik par Olivier Ravoire (CG92)