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No Logo : quand participer à un festival devient un acte responsable

Le No Logo festival, est un festival indépendant qui, depuis 2013, ne vit que pour la passion de la musique et le goût de sa liberté. Sans sponsors et sans subventions, le festival est une véritable porte ouverte sur la culture musicale pour tous et qui ne rend de comptes à personne. Au delà de l’authenticité de l'événement, le festival s’engage pour la préservation de l’environnement, de la culture et même de l’humain.

 

Quand démarche éco-responsable et festival vont de pair

Créer une ville éphémère où les habitants ne sont là que pour le kiff le temps d'un weekend, ça laisse forcément des traces. L’équipe de No Logo, consciente que la culture ne devrait pas se faire au dépit du respect de l'environnement a décidé de prendre les devants pour changer la donne. Pour être réalisable, efficace mais surtout durable, une transition comme celle-ci doit se faire pas à pas. Cela a commencé par l’installation de toilettes n’utilisant pas d’eau. D’année en année la proportion de toilettes sèches a augmenté jusqu’à atteindre 75 à 80% des sanitaires du festival. La même année, remarquant que les déchets organiques représentaient un poids important, l’équipe a décidé de faire l’effort de les récupérer pour les mutualiser avec ceux des toilettes sèches. Plus récemment le No Logo a ouvertement déclaré la guerre au plastique : le staff sera désormais équipé de gourdes et non plus de bouteilles en plastique et les restaurateurs sont très fortement invités en amont à prévoir de la vaisselle recyclable. Une bonne manière de montrer la voie aux festivaliers. Ces gestes auront permis au festival de significativement réduire leur production de déchets malgré une fréquentation toujours en hausse.


Saba Damas

Mais ça n'a pas suffi à l’équipe No Logo, qui a à coeur d’identifier et de résoudre un maximum de problématiques. Le mobilier utilisé durant les jours de festivités joue également son rôle dans la démarche éco-responsable. Dans l’espace Chill, palettes et autres objets de récup’ meublent et décorent le lieu. Dans les loges des artistes, les meubles ne sont pas achetés mais bien loués aux Emmaüs environnants. Double avantage donc, puisque les meubles seront remis en vente par la suite : pas de gâchis, que du gain.

Mais l’une des clés de cette transition réside dans l’éveil d’une conscience écolo collective. No Logo estime qu’en tant qu’acteur culturel, il a le devoir de sensibiliser ses festivaliers à leur propre rôle dans cet effort environnemental. L’équipe écolo, composée d’une quinzaine de personnes, montre la voie tout au long des festivités : distribution de sacs poubelles de couleurs pour le tri des déchets, nettoyage quotidien du camping, projection et débats… Ces super-héros modernes veillent quotidiennement au bien être des terres du site et incitent les festivaliers à faire de même.

No Logo aura ainsi trouvé sa propre recette pour que le kiff de la musique ne laisse quasiment plus de trace derrière lui. Quelques bons gestes dans l’élan d’un acte collectif et on peut faire des miracles.

 

Le coeur sur (l’hu)main

La démarche de l’équipe de No Logo pour faire de son festival un acte militant ne s’arrête pas à la préservation de l'environnement. Depuis sa création, le festival est engagé en Afrique auprès des jeunes en difficulté. Avec l’association A-Freak-A, No Logo a participé à l’ouverture de deux centres de formation dans le coeur de Dakar. Métallurgie, soudure, couture… Les jeunes peuvent y passer des diplômes et ainsi s’intégrer dans la vie professionnelle. Pour valoriser au mieux leur travail, une partie du merchandising du festival est réalisée directement par les jeunes de ces centres de formation. Une démarche solidaire que les festivaliers soutiennent en choisissant de repartir avec un tote-bag, une écharpe ou encore un porte gobelet.


E+N Photographies

A l'occasion de l'édition 2019, No Logo donnera de la visibilité à une association de sauvetage en mer Méditerranée, SOS MEDITERRANEE. En invitant l’association mais aussi et surtout les personnes qui ont risqué leur vie en mer, No Logo compte bien lutter contre la méconnaissance de la problématique.

 

Au nom de la liberté culturelle

Vous l’aurez compris, l'équipe de No Logo a pour objevtif d'agir concrètement en accord avec valeurs. Signée en mai 2018, la circulaire Collomb qui prévoit de faire payer aux festivals le déploiement des forces de l’ordre lors des évènements, menace la pérennité des festivals les plus indépendants et de taille humaine. No Logo fait partie des premiers festivals à dénoncer les abus de cette loi et lutte aux côtés d’associations et d’autres festivals pour son annulation. Le combat est crucial car, au delà d’une inégalité entre petits et grands festivals, c’est tout l’accès et la diversité culturelle qui est mise en péril. La concentration des grands groupes qui investissent dans les évènements culturels comme des festivals changent doucement leur nature : programmation orientée, augmentation des prix des billets, espaces publicitaires omniprésents… On passe de la culture à l’entertainment, ce contre quoi No Logo milite activement en restant dans cette logique d’indépendance. Cette lutte pour l’accessibilité culturelle remet le festivalier au centre des questions, mais donne aussi l’espoir et la place pour les futurs festivals à naître.


Saba Damas

A travers toutes ces démarches, No Logo se place définitivement comme un festival engagé, dont le seul but n’est pas de d’apporter un bonheur culturel aux festivaliers qui participent, mais de jouer un vrai rôle pour de belles causes et surtout permettre à chacun d’y prendre part aussi.

Merci à Florent Sanseigne et Charlotte Guillot pour les informations nécéssaires à la rédaction de cet article.

Le festival aura lieu du 9 au 11 août à Fraisans dans le Jura, avec Tiken Jah Fakoly, Dub Inc Ziggy Marley...  La billeterie est disponible juste ici.

Crédit photo de couverture : E+N Photographies