On était à
Woodstower, comment attaquer la rentrée complètement claqué

Pour son 20ème anniversaire et pour célébrer la fin de l’été, le festival Woodstower a mis les petits plats dans les grands. Une programmation alléchante en ce lieu paisible et verdoyant qu’est le Grand Parc de Miribel Jonage, à quelques petites minutes de navette depuis Lyon. Entre chants de supporters et complaintes mélancoliques, on revient sur notre expérience de 3 jours.

Jour 1. Jeudi 30 août. 20h20, prêts pour le décollage ?

Pour cette édition d’anniversaire, Woodstower nous régale en nous proposant une soirée supplémentaire à base de popopopop. Arrivés sur le site, nous tombons d’emblée nez-à-nez avec une grande marée humaine sous forme de queue qui se déploie d’un bout à l’autre du festival, celle du stand de recharge des cartes cashless - nouveauté de cette édition. Comme l’attente semble longue et interminable en ce début de soirée, nous décidons de prendre plutôt le temps de découvrir le nouvel agencement du site et ses diverses installations festives et funky, comme des balançoires décorées de froufrous colorés (photo). La soirée du jeudi étant spéciale, seules la scène du Chapiteau et la grande scène sont ouvertes ce qui n’aide pas à dissoudre le nombre important de festivaliers présents en ce premier soir.

20h30, Disiz fait péter les plombs à Miribel

Depuis la colline vers l’arrière du site, nous nous posons pour découvrir le premier concert de la soirée. La programmation des 20 ans est nostalgique, et elle nous renvoie vers nos années collège, au doux parfum de Skyrock et d’Urban Peace. Disiz La Peste est au volant de la machine à faire remonter le temps de la Grande Scène de Miribel Jonage, sapé d’un gilet parre-balles qui, bien qu’il illustre certaines de ses paroles, nous semble de si mauvais goût . Le père du Poisson rouge, album emblématique de la scène rap française du début des années 2000 fait pourtant le taf et termine en apothéose sur son titre phare “J’Pète les Plombs”.

23h15, mais qu’est-ce qu’on attend ?

Mais le public ce soir n’est pas chaud bouillant pour rien. Après un interlude hip-hop sous le Chapiteau animé par Cut Killer, c’est les darons de Seine-Saint-Denis, funk funky fresh qui s’apprêtent à prendre le mic sur la Grande Scène. Le cocktail Supreme NTM, qui n’a pas fait une seule pause sur sa tournée de festivals cet été, déboule en trombe avec un Joey Starr qui n'oublie pas d’être lui-même, à savoir tout plein de bienveillance et de douceur : “Lâchez vos portables, bordel de merde !” Et on ne peut qu’encourager ce genre de pétage de câble. Bien que la foule soit compacte ce soir, on n’a pas de mal à Woodstower pour se frayer un chemin jusqu’à l’avant-scène pour mieux en prendre plein la gueule des strombis et des vrombissements de voix du Jaguarr et du flow sivin de son compère Kool Shen. Cerise sur le gâteau, c’est une ribambelle de guests de folie qui s’enchaînent sur scène avec eux : Raggasonic, Busta Flex, Lord Kossity, DJ Pone, et même Disiz qui revient pour le dernier titre

A la fin du concert, des étoiles pleins les yeux mais exténués, on se dirige vers la sortie pour prendre un Uber qui, pour certain, n’a pas oublié de pratiquer un tarif x4. Ca nous apprendra à esquiver la navette comme des princesses.

Jour 2. Vendredi 31 août. 17H30, sur la plage, aou tcha tcha tcha

Malgré le vent glacé, nous profitons des derniers rayons de soleil pour nous poser sur la plage au bord du lac et déguster quelques bières (ou smoothies, au choix, pour ceux qui auraient poussé le vice un peu trop loin le jeudi soir) et nous ambiancer aux sonorités tropicales des DJ’s programmés gratuitement sur la scène de la Plage tous les après-midi. Porno Disco et Elisa Elisa ambiancent la plage et c’est sur des rythmes old school que nous tentons de combattre les frissons alors que la canicule de la semaine précédente semble déjà bien loin. L’espace “Chill on the Beach” propose un totem à livres et sa zone de lecture, un espace coloriage et jeux de société ainsi qu’un espace d’animations dédié aux touts petits. De quoi offrir un programme aux petits oignons pour toute la famille.

20h12, entrée sur le site et du côté obscur

Ce soir, toutes les scènes se dévoilent au grand jour : le Woodsfloor, la Scène Saint Denis, ou encore l’espace de la Prairie. La navigation pédestre est plus fluide et pour cause, le site semble désert en ce début de soirée. Les lyonnais bouderaient-ils une programmation peut-être un chouia trop pointilleuse ? En guise de réchauffement pour nous dès l’entrée du jeu, un combo frites et hot dog pour 7€ qu’on avale en regardant au loin les gens suspendus du haut de la grande tyrolienne qui traverse le festival. Après s'être délectés de ce très bon met, élu “meilleure frite du festival” par nous-mêmes, nous partons à l’aventure du côté de la Prairie, sous le chapiteau de Mlle Maki (photo) qui aura su piquer notre curiosité et nous aura aspergé de paillettes et d’ondes mystiques le temps d’une consultation de groupe dans la pénombre.

22h17, bourrasque automnale et poom-poom short

On tente de se déglacer devant le live de Chaton sous le chapiteau, qui n’arrivera qu’à nous agacer en un temps chrono. À quelques pas de là, sur la grande scène, MNNQNS font leurs balances alors que le set de Cleim Haring bastonne sur la Scène Saint Denis juste à côté, générant un brouhaha désagréable et déconcertant. Il y a beaucoup de scènes à Woodstower. Pour un espace un peu restreint, n’y en aurait-il pas de trop justement ? La fosse de la Grande Scène est un peu déserte quand le groupe de rock rouennais MNNQNS entame son live. Malgré un réglage son un peu approximatif, et une voix qui peine souvent à se faire entendre, la prestation et simple et efficace, et nous fait headbanger suavement en réactivant l’usage de notre bassin.

Petit détour par la scène électro, le Woodsfloor, rebaptisé “la pointe du raz” à cause de son exposition (ultra) venteuse, pour une session de danse sportive devant le set de La Fine Equipe, au cours de laquelle nous négocions un échange de bière contre cash à nos voisins, la file du cashless étant décidément toujours trop insurmontable à notre goût.

1h30, pogos sous chapiteau

“Bonsoir, nous sommes Bagarre”. Sous le Chapiteau, il fait maintenant 1000°C. Les parisiens Bagarre envoient une sauce explosive et délirante. Les bass tremblent, les bières se renversent, les slams débordent, les pogos se multiplient, un wall of death se monte… On en ressort trempé, de sueur ou de bière, personne ne le saura jamais.

Il aurait fallu attendre une heure tardive pour nous réchauffer définitivement, mais le programme nocturne de ce soir ne nous laissera pas une seule seconde de répit. On s’envole donc directement pour la messe du Pape de la high tech minimale, le tant attendu Boris Brejcha qui prêche ce soir sur la Main Stage et qui nous convertira à son set atomisant en deux temps, 3 equalizers. Surement trop hyperactifs, nous ferons même une pause dans son set pour claquer la bise à Popof sur le Woodsfloor, mais les bass de l’allemand sont impénétrables, et comme hypnotisées, nous reviendrons rapidement tels des martyrs se prosterner devant la Grande Scène.

Jour 3. Samedi 1er septembre. 19h30, vous êtes des animaux

Comme les jours précédents, nous nous donnons rendez-vous au métro Hôtel de Ville à 18h15 faire route jusqu’à Vaulx-en-Velin où nous attend la navette et ses 40 minutes de trajet du jour. Prévoyants nous sommes cette fois-ci, afin de nous soustraire au froid polaire de la veille, c’est équipés comme une expédition alpine que nous débarquons à Miribel, et on ne cessera de s’en féliciter toute la nuit. Sur la plage, suite à l’apéro musical de l’après-midi, des poubelles de bouteilles et autres emballages répugnant s’entassent sur le sol alors que les poubelles débordent à quelques mètres de là. Les bénévoles s’activent pour essayer de remettre de l’ordre sur la pelouse mais les festivaliers, déjà bien éméchés, ne cesseront d’en rajouter. Les aléas du manque d’éduc… des événements gratuits.

20h25, et c’est parti pour le show

On commence la soirée par la découverte de Texas Menthol sous le Chapiteau. Deux gars à la pêche acidulée, aux paroles barrées et au look total rétro. Un très bon kif pour l’heure de l’apéro. Juste à côté, une énième scène voit le jour en ce samedi, le Podium, sur laquelle spectacles en tous genres s’enchaineront toute la soirée. Voilà justement que commence le show de Breakdance (photo), assuré par une école de danse de Villeurbanne. Ambiance street, battles à la pelle et jeunes danseurs souriants et craquants, la formule du 20/20, et un point bonus pour l’originalité attribué à Woodstower !

21h42, le Woodstower Comedy Club

On ne va pas s’arrêter en si bon chemin du coup. La veille, une festivalière nous a mentionné un stand un peu particulier, décoré à la façon d’un mobile-home fantasque, dans lequel oeuvrent des personnages hauts en couleurs. Nous voilà donc partis à la découverte de “Katapulta”, stand animé par Vegas et Johnny et qui propose une activité de lance pierre sur cible mouvante dans une ambiance Las Vegas Parano Disco. Malheureusement pour nous, nous ne remportons ni le lave-linge, ni un voyage pour deux à Moulin, mais nous profitons d’une bonne barre de rire et remportons la joie d’un enfant qui arrive à la fête foraine.

On enchainera la soirée avec une petite session d’Escape Game gratuite et personnalisée au thème du festival et qui suppose d’aller chercher des indices sur le site afin de retrouver la dent en or de Joey Starr. On va pas se mentir, on a un peu galéré, les quelques pintes descendues pendant nos précédentes activités n’ont pas dû aider, mais on l’a retrouvée sa molaire.

22h45, et tu chantes, chantes, chantes ce refrain qui te plait

Retour en trombe (et en retard) sur la scène du Podium où un karaoké coloré bat déjà son plein. Nous n’avons pas pu nous inscrire à temps pour “casser la voix” en déguisement sur la scène, mais nous admirons de courageuses stars amatrices qui défilent devant nous, boa autour du cou et micro en main, accompagnées du groupe Karaoké Live Band du Marché Gare, et entonnant les tubes Nostalgie que nos parents nous imposaient dans la voiture pendant toute notre enfance. Les Enfoirés du Woodstower, en somme.

On prend un petit moment pour nous rassasier avec une petite assiette créole végétarienne sur l’une des nombreuses grandes tables disposées sur le festival… alors que tout autour de nous, les festivaliers et festivalières se soulagent la vessie dans tous les coins, à quelques pas seulement des toilettes aménagées, mais prises d’assaut. Bouffer dans des WC publics, une nouvelle expérience pour nous, dont on se serait bien passés.

23h14, le grand Krach de 2018

Et alors que nous n’avons pu charger notre cashless qu’une fois depuis le début du festival, profitant d’un léger temps de pause le vendredi pendant le set de Petit Biscuit, et étant totalement à sec sur nos finances, voilà qu’on découvre que les machines à carte sur-sollicitées font des caprices et que le réseau, saturé, se met en grève. Les bénévoles du stand gardent le sourire, et une patience sans limite, alors qu’ils essayent tant bien que mal de trouver une solution pour satisfaire la soif de tous les festivaliers, tout en restant courtois, et même drôles. Merci les mecs !  

00h05, it’s tutti flutti time

La suite de la soirée se fera sur le Woodsfloor ou ne se fera pas. En guise d’amuse bouche ce soir, l’une des figures de l’électro française, Joris Delacroix nous fait voyager avec un set éléctro progressif comme on les aime. Il faudra attendre minuit pour atteindre le climax de la chaufferie, avec l’arrivée du tant attendu Vladimir Cauchemar, son masque, ses platines et son pipeau, qui nous met une énorme tarte dans la face. On passe de la techno à du rnb old school, d’un Major Lazer à des interludes flûte, le tout dans un joyeux bordel sans queue ni tête mais avec un dancefloor en feu et prêt à en découdre.

C’est des fourmis dans les pieds qu’on navigue vers la scène du Chapiteau pour chopper la toute fin du live de Kiddy Smile, un show strass et paillettes, avec danseurs et décors haut en couleurs, on regretterait presque de ne pas être arrivés plus tôt…

2h30, la sortie elle est où ?

Heureusement, et allez savoir comment, nous avons réussi à économiser quelques dernières petites forces pour vivre à pleins poumons le final sur la Grande Scène avec cette légende de Boys Noize et nous ne sommes pas déçus. L’allemand prend les commandes de la navette avec une facilité déconcertante et nous emmène immédiatement très loin dans son délire. Le set durera 2h, on ne les verra pas passer.

Et ainsi regonflés à bloc pour… la rentrée qui n’attend pas et après avoir sympathisé avec des compères munis d’ombrelles illuminées, et chanté des chansons de Coupe du Monde (d’ailleurs, nous profitons de cette parenthèse pour vous rappeler qu’on est encore champions), il est temps pour nous de reprendre le large. Et la sortie elle est où ? Elle est là....”la, la, la, la”...

Le bilan

Coté concerts 

Le flûtiste d’ambiance
Vladimir Cauchemar

Les darons indétrônables du rap game
Supreme NTM,

Tes coachs de crossfit
Bagarre

Le gars qui sait te clôturer un festival en beauté
Boys Noize

Côté festival 

On a aimé

- Le plein de jeux et activités pour nous occuper à toute heure : escape game, grande tyrolienne, Karaoké Live, photomaton..
- les stands atypiques à tout va : Mademoiselle Maki, Katapulta...
- La rapidité du service aux bars du festival.
- les poubelles de partout  

On a moins aimé

- les effroyables queues pour les toilettes et un stand cashless en constante alerte rouge
- Des toilettes sèches un peu “faites-main” et franchement casse-gueule
- L’impression qu’on a parfois que les scènes se chevauchent et s’empiètent et les chaotiques bouchons humains que la circulation entre celles-ci créé.
- Les festivaliers qui balancent leurs déchets et leur urine un peu partout sur le site. Non, on n’est pas chez votre maman là.

Infos pratiques 

Prix de la nourriture
Repas réunionnais, assiette végétarienne = 8€, rougail saucisse & riz au curcuma =  9€, Menu Hot-dog-frites : 7€.

Prix des boissons
Pinte de IPA 7€, pinte de blonde 6€.

Prix du festival
Le Pass 3 soirs à 85€

Transports
Navette TCL depuis Vaulx-en-Velin

Conclusion

Pour ses 20 ans, Woodstower a mûri en termes de programmation musicale, a pris un jour de plus dans son calendrier et 33 000 invités à sa fête d’anniversaire. Si nous sommes ravis d’avoir (re)découvert certains artistes qu’on avait moins vu sur le terrain de festivals français cet été et qu’on s’est éclaté à profiter des nombreuses animations et spectacles proposés par le festival, des couacs considérables dans l’organisation ont quelque peu terni l’image globale de notre weekend. On aurait préféré pouvoir charger notre cashless depuis chez nous, aller aux toilettes sans avoir à anticiper 1h de queue et ne pas nager dans les déchets de tout un chacun. Better luck next time ?

Récit et photos : Elodie Roy et Anja Dimitrijevic