On était à
Weekend au Groezrock : du rock, des punks et de la bière nom de Dieu !

Premier pont de mai, nous avons décidé de quitter la mousson printanière de l'hexagone. Voyage pour aller brouter l'herbe verte flamande sous le soleil de Meerhout, où se tient tous les ans le festival phare de la culture punk-rock, le Groezrock. Et nous en avons pris plein les oreilles ! Debrief de nos deux jours de circle-pits avec les keupons.

Jour 1, 14h30, à poil tantôt !

Nous avons des étoiles plein les yeux dès nos premiers pas sur la pelouse encore verte flamboyante du Groezrock, dans la province d'Anvers : cinq magnifiques chapiteaux colorés brillent au soleil, au son de guitares grinçantes et de voix cassées. Une première belle surprise nous attend : le demi de Jupiler à 2€. La bière n'est pas fameuse, mais quel plaisir de ne débourser que la moitié de ce qu'on aurait payé du côté de chez nous pour nous rafraîchir après quatre heures de route.

A peine le temps d'engloutir cet houblon belge que nous voilà déjà devant le premier concert de notre aventure, sous le chapiteau violet de la grande scène, devant les Dwarves (photo) et leur bassiste complètement à poil pour l'occasion. L'entrée en matière est excellente, on sait d'ores et déjà que ce festival sera prometteur.

15h50, de la douceur féminine dans ce monde de brutes !

On a déjà chopé la bougeotte avec le groupe de punk rock américain, alors on se rue de suite vers le tout petit Macbeth Stage juste à côté de la grande scène pour notre première découverte du weekend. Not On Tour (photo), groupe tout droit venu de Tel-Aviv, avec lequel on aura l'occasion de papoter au stand merch après leur concert qui nous a fait danser tout le long. C'est là le grand avantage du Groezrock, où les artistes n'hésitent pas à venir partager un moment avec le public autour d'un verre ou d'une signature de vinyls.

S'en suit Against Me pour un concert très émouvant avec des chansons militantes, un manifeste pour le transgenre interprétées par la merveilleuse chanteuse transsexuelle Laura Jane Grace à la voix pourtant très masculine. On n'est pas malheureux après cette séquence émotions de nous remettre d'aplomb avec une chouette pizza fondante pour trois fois rien, accompagnée de quelques verres du stand « special beers » qui fait rêver.

17h30, parce que nous sommes des punktasses avant tout

Après avoir contemplé de loin la fin de Stick To Your Guns sur le Impericon Stage, qui verra défiler tous les groupes hardcore du weekend, nous courons vers le temple commercial de tout amateur de punk normalement constitué, le Merch-Distro Market (photo), qui abrite toutes les pépites vestimentaires et musicales de l'univers du punk-rock-metal-hardcore qu'on galère à trouver chez nos marchands de quartier. Une heure et demi et un salaire et demi plus tard, on ressort telles des vraies gagnantes de Reines du Shopping et fauchés comme les blés.

Une petite pause pipi dans un vrai centre commercial de toilettes, fourni d'éviers et de papier toilette à gogo, et c'est reparti pour le live d'Atreyu sur la grande scène qui saura nous rappeler nos plus belles années de lycée. Un vrai retour aux sources qui démonte la tête en douceur et un premier petit circle-pit à la fraîche pour bien entamer la soirée.

19h34, laisse tomber le brushing

On rêve maintenant d'une bonne petite séquence de son malpropre et avec Iron Reagan (photo) sur le Back To Basics Stage, on sera servi ! Dans la boue jusqu'aux genoux, bien qu'abrités sous un chapiteau de champions, on se joint à la foule pour des headbangs qui nous démonteront les neurones plus efficacement que toutes les bières consommées, et on regrette de ne pas avoir la belle chevelure de Tony Foresta pour la secouer au rythme gonflé de testostérone.

Le besoin de se ressourcer d'infinies calories appelle déjà et on serait presque déboussolé par le choix de stands de nourriture qui s'offrent à nous. On choisit malheureusement le burger 3 sauces qui pourrait être mieux confectionné sur place dans un Franprix avec des steaks à la viande de cheval, mais l'ambiance du « coin réfectoire » avec ses longues tables et ses Flamands bourrés poussant la chansonnette punk au coucher du soleil, nous adoucit au plus haut point.

21h13, Guitar Hero grandeur nature

Y'a bien un stand qui nous intrigue depuis notre arrivée, c'est celui de Monster, la boisson énergisante. Les mecs n'y sont pas allés à moitié pour le Groezrock et toute l'équipe de sécurité de l'événement se la coule douce ici, gage de qualité, on en est certain. Un DJ tatoué de la tête aux pieds y passe les grands classiques de l'histoire du punk alors que le public soutient de tout cœur les participants de la compétition de bpm de drums mis en place par la marque. Le champion de la journée atteint les 1500 beats en une minute, on n'ose pas tester pour pas passer pour des noobs. Mais pas le temps de flâner, on empoigne une barquette de frites sauce tartare et on va fondre devant un des premiers grands noms de la soirée, Lagwagon (photo). On est tout amour.

23h04, « Canton, Colvin, Nichols, this one's for you »

Il fait déjà bien froid sous le grand chapiteau du festival, mais on peut certainement mettre la faute sur un excès de pogos sur tous les concerts de cette fin de soirée et la sueur sexy qui en découle sous les perfectos. C'est Pennywise (photo) qui instaurent le chant du festival sur leur tube, le Bro Hymn, que l'on chantera en chœur pendant 10 bonnes minutes pendant le live et qu'on entendra partout tout le reste du weekend.

On finira la soirée avec le concert de grandes légendes du punk sur le son desquelles on imagine bien nos parents tout donner dans les années 80 et qu'on a nous-mêmes saigné sur Guitar Hero III, nous avons nommé Social Distortion. Bien que ça pogotte bien moins que les concerts précédents, on pourra raconter ce grand moment de culture à nos vieux au retour, et donc hautement justifier cette virée belge de deux jours.

Jour 2, 14h04, dale a tu cuerpo une punkeria macarena ?

Le journée qui déboîte appartient à ceux qui se lèvent tôt. C'est ainsi qu'on prend notre café-croissant, remixé en pinte-quatre-euros, sur le live de Off With Their Heads. On avait bien la tête dans le cul avant d'arriver mais on n'aurait pas pu rêver d’un meilleur réveil. En référence à leur premier clip, Fuck This, I'm Out, le chanteur balance au beau milieu du live un « Fuck this, I'm coming down » et vient continuer le concert dans le public qui le porte à bout de bras.

En nous baladant à travers l'immense pelouse, moins verte qu'au premier jour, nous tombons sur un groupuscule fort étrange devant le stand Jaegermeister (photo), déjà bien imbibé, qui se donne à cœur joie sur une chorée immense et endiablée au son de … la Macarena. Il y en a pour tous les goûts et ici, lorsqu'on en a ras-les-pâquerettes du scream hardcore, on peut s'enivrer de la fameuse potion magique allemande tout en dansant sur de la musique « plus-mainstream-tu-crèves ».

15h15, un esprit punk dans un corps sain

Décidément soucieux qu'on ne soit pas trop dépaysé après ce choc culturel, sur la grande scène les Teenage Bottlerocket, trolls légendaires par excellence, entament leur live au son des Black Eyed Peas, faisant marrer toute la fosse et nous font shaker nos postérieurs comme il se doit. Si ça continue comme ça, nos gambettes risquent de capituler avant le début de la soirée. Grand temps de faire vivre une douce aventure à nos estomacs et bien qu'on soit des carnivores de conviction, nous ne pouvions passer à côté des innombrables stands végétariens du Groezrock. On opte pour celui qui est pris d'assaut depuis le début des festivités, les chili burgers vegan de Just Like Your Mom. On aurait presque honte de dire qu'on s'est régalé, la culture straight edge est en train de s'emparer de nous. C'est la journée famille-punk au Groezrock le samedi, et on déguste notre petite merveille alors que des mini-crust aux crêtes multicolores courent dans tous les sens (photo). Une idylle...

17h41, et une Vans dans ta gueule, une !

On avait choisi de digérer sur The Loved Ones et leur lead singer aux allures de Bono, mais leur pop-punk un peu trop molle peine à nous remettre en forme alors on opte pour la Back to Basics Stage et le live de Banner Pilot (photo) qui en soi ne paye pas plus de mine que ça mais on est ravi de se prendre des pieds de slammers de folie dans les pommettes toutes les 10 secondes. Deux des plus petites scènes du Groezrock n'ont, en effet, pas de crash barriers, comme on a l'habitude d'en voir même dans les plus petits festoches du côté de chez nous, et le public est vivement invité à monter sur scène pour crowdsurfer, une invitation qu'il honore avec grande énergie. On en ressort les narines pleines de poussière mais ressourcés.

20h15, Fuck yeah, aangus burgers !

Après avoir déboursé notre salaire 2016 à nouveau sur les soldes du dernier jour au marché du festival, on est attiré par le vacarme qui se produit sous le chapiteau du Revenge Stage où on découvre le punk-hardcore à la bonne franquette de Bane, groupe qui selon nous, l'agglomération massive dans la fosse et leur énergie à revendre, aurait mérité une bien plus grande scène en ce deuxième jour. C'est aussi le moment de découvrir notre coup de cœur gastronomique du weekend au stand des aangus steak burgers, partagés avec de nouveaux copains flamands qui ne louperont pas l'occasion de nous inviter à prolonger ce moment au Ieper Hardcore Fest en août prochain. Et pourquoi pas ! On digérera sur les screams éternels de Comeback Kid sur l’Impericon Stage, bien trop blindé, et où on est bousculé dans tous les sens pendant tout le concert.

21h40, la seule chose que la Suède a fait de mieux qu'Ikea, Millencolin !

Du coup on préfère aller danser plus tranquillement sur le ska tout en politesse de The Mighty Mighty Bosstones sur la grande scène pour nous mettre en forme avant la fin de la soirée qui s'annonce endiablée. L'orchestre tout de carreaux rouges vêtu nous fait swinguer comme on ne s'attendait pas à le faire ici et on serait presque gênés de ne pas connaître toutes les paroles par cœur comme nos voisins. Mais nous attendons en réalité depuis le début du festival un groupe phare de notre adolescence et qui nous mettra la banane jusqu'aux oreilles, Millencolin (photo), avant-dernier groupe à se produire sous le chapiteau du Monster Energy Stage ce soir et pour lequel on n'hésitera pas à se lancer dans un des circle-pits inarrêtables de l'avant-scène. La fin de soirée nous épatera moins avec Refused sur la grande scène. On chipote certainement, mais on a vu tellement de gros lourd ce weekend qu'on n'a plus l'énergie ni la patience pour survivre à ça. On quitte les lieux sur une superbe note et on saoulera tous nos copains avec ce festival au moins jusqu'à l'année prochaine. Alors, vous venez ?

Côté concert

La confirmation
Millencolin, malgré ce qu’on a pu nous dire de la voix soit-disant en déclin de Nikola Sarcevic, nous avons été amplement conquis.

La découverte
Stick to your guns, le groupe qui fera aimer le hardcore à votre grand-mère.

Les mecs qui déchirent
Teenage Bottlerocket, ça ne se prend pas au sérieux mais c’est sérieusement bon.

Les petits à suivre
Not On Tour, ce n’est pas la dernière fois que vous entendez parler d’eux, croyez-nous !

La déception
Refused, pas assez emblématiques à notre goût pour clôturer le festival.

Côté festival

On a aimé :
Les consos et la nourriture à un prix plus que raisonnable qui permettent de se mettre bien à foison pendant les deux jours.
Les fêtards flamands, faciles d’approche et dociles à tout point de vue.
Les scènes assez grandes pour accueillir tous les intéressés mais à la fois assez bien insonorisées pour ne pas empiéter sur les voisins.

On a moins aimé :
Un esprit très peu écolo malgré le grand nombre de poubelles à disposition sur le site, ça a très vite viré à la porcherie.
Les problèmes de balance sur certaines scènes qui cassent un peu l’enthousiasme.

Conclusion 

Un festival qui sort de l’ordinaire et au grand potentiel de sympathie qui permet de découvrir ou redécouvrir la culture du punk-rock dans la plus pure de ses formes. Que ce soit pour la musique ou pour l’ambiance folle, un événement immanquable du début de l’été en Belgique.