On était à
Utopia Festival 2022, cité idéale des cultures électroniques

Le nouveau festival marseillais des cultures électroniques, lancé l’an dernier par le très respecté Cabaret Aléatoire, était de retour à la Friche La Belle de Mai les 23 et 24 septembre derniers. Au programme de cette deuxième édition, des chiffres impressionnants : 45 artistes et 7 scènes réparties sur 45 000m2 de dancefloor avec une programmation pointue et un univers féérique :  On vous embarque à sa découverte avec nous. 

Jour 1. Vendredi 23 septembre. 20h30, plongeon dans la cité idéale de Marseille

Quinze minutes de scooter depuis le Vieux Port pour atteindre l’entrée de la Friche La Belle de Mai. On est immédiatement plongés dans l’ambiance du festival avec les basses qui en émanent. Une fois passés l’entrée, un bénévole nous explique le concept de l’application Safer et son fonctionnement et nous indique la Safe Zone du festival. Ici, aucun comportement déplacé ne sera toléré ou ignoré, la fête sera sûre ou ne sera pas ! En entrant dans la Cour Jobin, on aperçoit un magnifique avion au style cyber-punk battant des ailes à la manière d’un oiseau.

Pas de temps à perdre, on file sur le toit-terrasse où les sets s’arrêtent à 23h pour préserver le sommeil des voisins. On s’approche de la scène derrière laquelle on entraperçoit une partie de la cité phocéenne. Les sonorités deep tech de Marcus Worgull et Denis Horvat nous font planer et on prend le temps d'admirer le jeu de lumières envoûtant des spots derrière la scène et, à sa droite, la projection du logo du festival sur le dôme de la friche. 

22h30, les yeux pleins d’étoiles

On prend la direction de l’antre d’Utopia, le Cabaret Aléatoire. Pour ouvrir le bal dans ce lieu mythique de la nuit marseillaise, c’est le DJ local Jack Ollins qui est aux manettes. Le boss du label Music Designer nous a préparé une sélection tech house dont lui seul a le secret. Le public ne se fait pas prier pour entrer dans la danse, avant de laisser la place au B2B house efficace de Cassy et Francesca Lombardo. On s’extirpe de la foule de festivaliers qui s’est rapprochée de la scène pendant le set pour retrouver un peu d’air frais.

23h30, Utopia in Wonderland

Avant d’aller se perdre dans les méandres du sous-sol de La Friche La Belle de Mai, d'où résonne déjà la techno, on part faire un tour dans l’arène des collectifs locaux. Sur la scène Zion, qui semble inspirée de l’univers d’Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton, on est émerveillé par la scénographie avec ses petits lustres à bougies, ses statues grecques côtoyant les boules à facettes et ses échiquiers au plafond. On se laisse emporter par le set de 42L et SAAB du collectif Aixois Parea, dont le public semble avoir répondu présent.

00h30, Dystopia

On plonge la tête la première dans le sous-sol pour découvrir la très underground scène Nautilus, manifestement logée dans le parking de la friche. C’est Jean Terechkova qui fait office de capitaine, dans une ambiance sombre et humide. On perd rapidement nos repères spatio-temporels, secoués par tant de riffs endiablés, de kicks survitaminés et de stroboscopes bien chauds.

01h30, oeuvre de paix

Après une petite pause bien méritée dans l’un des transats de l’espace chill, on va jeter un œil à l'installation-expérience [con]struire, proposée par Gaëtan Marron, artiste plasticien de Marseille. Le principe : chaque participant doit dessiner une ligne sur un carreau puis l’installer au sol parmi les autres et former ainsi, une grande fresque collective.

Mais on réalise que l’on est déjà en retard pour le final de Stella Bossi et sa techno électrique. On débarque donc à la hâte dans la Cartonnerie, la plus grande scène du festival, après en avoir fait le tour plusieurs fois, pas simple de distinguer l’entrée de la sortie à cette heure tardive. Un peu déçus par le système son qui semble mal réglé, on profite quand même des impressionnants jeux de lumières. On enchaîne sur le set techno de DJ Rush qui aura finalement raison de nos jambes.

Jour 2. Samedi 24 septembre. 21h00, arrivée in extremis

Ragaillardis par une bonne nuit de sommeil et un petit bain dans la Méditerranée, on fait un tour sur les différents stands associatifs qui bordent la Cour Jobin avant de rejoindre le groupe de joyeux fêtards qui se trémoussent sur la scène Risokyo devant le dj set de Jack de Marseille, imperturbable malgré l’orage qui gronde de plus en plus fort laissant la place à un véritable déluge.

On repart en exploration et après pas mal d’escaliers, on arrive à l’entrée de la salle Babel, où on nous demande de déposer nos verres. On entre dans un couloir au bout duquel une pièce ronde et sombre remplie de fumée nous attend. Des éclairs de Vjing illuminent les badauds venus assister au second live du week-end du trio Triceratops au ton ambient. Chacun est à son poste : l’une passe des galettes, un autre s’occupe des boîtes à rythmes tandis que le dernier s’occupe des effets et du mastering. 

23h00, la lucarne de Peligre

Sur notre scène préférée de la veille, la Nautilus, officie Peligre, une jeune recrue du label TAAPION Records. La foule, dans un mouvement organique, oscille de droite à gauche en battant le rythme endiablé du pied. C’est si bon que l’on perd un peu la notion du temps, jusqu’à ce que retentisse ce que l’on peut qualifier d’hymne marseillais : Alors la zone du prince de Marseille Jul. Tout le public se met à chanter ces paroles qui ont rythmé les nuits françaises deux étés durant. On prend part à ce beau moment dont on se souviendra longtemps.

On déchante vite devant l'entrée de la scène Zion, celle des collectifs locaux, où une très importante queue c'est créée. On va soigner notre déception sur la scène Nautilus avec le DJ set de Tim Tama qui, comme à son habitude, envoie une hard techno musclée avec des notes acid et trance.

02h00, sans lendemain

Il commence à se faire tard et nos jambes ont de plus en plus de mal à supporter les sauts que l’on fait à chaque drop depuis de nombreuses heures maintenant. Avant de partir, on repasse sur la scène de la Cartonnerie où l’italienne Adiel partage avec le public une techno mélodieuse. Visiblement, les plaintes des festivaliers de la veille n'ont pas été entendues car on peine toujours à distinguer la finesse du dj set. Un peu tristes de quitter l’ambiance du festival, on en retire plein de découvertes musicales, de belles rencontres et de bonne humeur ! Pour sûr, on sera là l’année prochaine !

Le Bilan 

Côté concerts

L'artiste qui enflamme

Peligre Musicsur "Alors la Zone" de Jul qui a enflammé la scène Nautilus

La coordination incroyable

Le trio Triceratops, sur la scène expérimentale Babel

Le set de bienvenue

Jack de Marseille, imperturbable sous une tempête de pluie

Côté festival

On a aimé : 

- Le lieu et ses multiples coins et de recoins où on aime se perdre
- La pluridisciplinarité, mettant à l’honneur la musique, les arts visuels, les créateurs et les associations marseillaises
- Le grand nombre de toilettes, accès à l’eau et bars qui limitent le temps d’attente et permettent de profiter pleinement des sets

On a moins aimé : 

- Le prix extrêmement élevé de la pinte d’Heineken (et au même prix qu’une IPA)
- Le mauvais réglage sonore dans la salle de la Cartonnerie

Infos pratiques :

Prix du festival : de 33 à 49€ la place / jour
Prix d’une bière : 8€ la pinte de blonde
Prix de la nourriture : 5€ le hot dog / 3€ la barquette de frites
Transports : Marseille / Métro M1 & M2 arrêt Gare Saint-Charles / Arrêt de bus Belle de Mai La Friche 49 - 56 - 582

Conclusion

Après une première édition réussie, les attentes étaient élevées pour le retour d’Utopia, saison 2. La programmation n’a pas déçu, bien au contraire ! Les têtes d’affiches étaient bien là, les collectifs locaux aussi, avec une place pour la création live que l’on a beaucoup appréciée. L’univers du festival séduit toujours autant par son originalité et le cadre de la Friche La Belle de Mai est parfait pour embarquer les festivaliers et réinventer la nuit marseillaise dans la joie et la bonne humeur. On a hâte de voir ce que nous réserve la prochaine édition, on espère y retrouver encore plus de collectifs marseillais et un système son de qualité sur toutes les scènes. 

Récit de Marion Viola & Bastien Litzler
Crédit photos : Bastien Litzler